MATTHIEU, V, 6.

La faim et la soif de la justice.

(Lire Ps. LXXXV.)

 

La Parole de Dieu nous dit que Christ est «notre justice.; » qu'il faut que sa justice nous soit imputée pour que nous puissions être réconciliés avec Dieu; que quand nous la possédons, nous sommes faits «justice de Dieu par lui), et devons «accomplir toute justice.» Ces divers sens du mot justice nous montrent que dans le passage qui nous occupe il désigne d'une manière générale toutes les grâces spirituelles qui ne se trouvent qu'en Jésus-Christ, et plus spécialement peut-être ce qu'on entend par la sainteté.

Avoir « faim et soif de la justice, » c'est être rempli d'ardeur pour les choses qui appartiennent au règne de Dieu en nous et autour de nous, et mettre à la recherche de ces choses l'avidité que l'homme naturel met à poursuivre les biens, les plaisirs, les honneurs de la terre. Ah! qui peut dire qu'il a véritablement faim et soif de la justice, qu'il la désire, qu'il en a besoin, qu'il soupire et languit après elle, qu'il ne peut être satisfait que par les bénédictions célestes, de même que l'homme qui a faim et soif ne peut être satisfait que s'il mange et boit?

Et pourtant il faut que nous réalisions cet idéal, nous qui sommes appelés à vivre selon l'Esprit. Il faut, pour répondre à notre vocation, que nous sentions les besoins de notre âme comme nous sentons la faim et la soif physiques, et que nous mettions à les apaiser autant de zèle et de persévérance qu'à nous procurer les aliments nécessaires à nos corps. Ce n'est pas une fois pour toutes, c'est chaque jour, et plus d'une fois par jour, que nos corps ont faim et soif; et nous saurons bien, s'il le faut, nous donner de la peine pour trouver de quoi les nourrir; de même, une âme vivante a besoin jour après jour et moment après moment de paix, de force, de communion avec le Seigneur, de joie, de foi surtout; et il faut, pour obtenir ces grâces, qu'elle les recherche, qu'elle les demande, qu'elle mette en oeuvre tous les moyens dont elle peut disposer.

Ceux qui ont ainsi faim et soif de la justice sont bienheureux, parce que ces désirs, qui ne peuvent venir d'eux-mêmes, prouvent l'action de l'Esprit de Dieu dans leur âme; bienheureux aussi parce qu'ils soupirent après les choses qui peuvent réellement les nourrir et les désaltérer, et parce qu'ils. les demandent. Dieu, qui leur inspire ces désirs, y répondra lui-même; sa fidélité y est engagée, sa promesse est formelle : « Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés. » « Cherchez l'Eternel, cherchez la justice, cherchez la débonnaireté (1). » L'Éternel aime celui qui s'adonne soigneusement à la justice (2). » « 0 cieux ! envoyez la rosée d'en haut, et que les nuées fassent pleuvoir la justice; que la terre s'ouvre, et qu'on produise le salut, et que la justice germe en même temps (3) ! »

 

PRIÈRE.

Fais-nous éprouver, Seigneur, cette faim et cette soif de la justice que tu promets de rassasier; rends-nous persévérants à te prier jusqu'à ce que nous sentions nous-mêmes que par ta grâce nous soupirons après les biens célestes. Nous savons bien travailler pour la nourriture qui périt, mais comme nous nous lassons vite de travailler à genoux, pour obtenir les grâces spirituelles sans lesquelles notre âme languira loin de toi! Seigneur, que chacune de nos journées soit marquée par un pas en avant dans le chemin de la sanctification, par un progrès dans la foi et l'attachement aux choses du ciel, par un renoncement plus complet à la terre et aux choses de la terre. Nourris notre âme du pain de vie, Dieu bon et fidèle, et rends-nous par là capables de te servir fidèlement. Nous te le demandons au nom de Jésus. Amen.


Table des matières
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1, Soph., Il, 3.

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2. Prov., XV, 9.

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3. Ésaïe, XLV, 8.