MATTHIEU, 5, 7.

La miséricorde.

(Lire Rom., XII.)

 

La miséricorde dont parle ici le Seigneur Jésus-Christ consiste en une pitié tendre, profonde, active, pour les misères dont nous sommes témoins. Hélas ! elles sont nombreuses et faciles à découvrir ! Misères du corps, misères du coeur et de l'âme ouvrent un vaste champ à l'exercice de la charité chrétienne; mais pour que cette charité soit réelle, il faut qu'elle vienne de l'influence du Saint-Esprit. Il est facile de sympathiser jusqu'à un certain point aux afflictions de ses frères, parce qu'il y a dans le seul spectacle de la souffrance quelque chose qui remue le coeur : mais comme nous sommes au fond légers et égoïstes, ces impressions s'évanouissent promptement. «Pleurer » réellement « avec ceux qui pleurent; se souvenir de ceux qui sont maltraités comme étant soi-même du même corps; » faire, non pas de temps à autre, mais d'une manière soutenue et pendant tout le cours de la vie, des efforts réels pour soulager ceux qui souffrent; s'imposer pour cela des sacrifices et payer de sa personne : voilà ce qui est plus difficile, et ce qui nous rend indispensable le secours du Seigneur.

Et les misères spirituelles ! ce sont bien celles qui méritent le plus notre compassion; mais est-il rien de plus pénible, de plus décourageant, que de s'occuper du bien spirituel et éternel de ses frères et de les voir toujours attachés à la terre, indifférents, rebelles aux appels du Seigneur et livrés au péché? Il faut, pour persévérer dans ce travail de la charité, une mesure peu commune de patience, d'amour des âmes et de pitié pour la misérable condition de ceux qui repoussent ainsi la grâce de Dieu. Qu'est-ce qui peut agir le plus efficacement pour exciter en nous cet amour qui supporte tout, qui espère tout? C'est le sentiment du besoin que nous avons nous-mêmes de la miséricorde du Seigneur.

Ah! les gens qui se montrent le plus insensibles et le plus endurcis, ne parviendront pas à l'être à notre égard autant que nous l'avons été, que nous le sommes souvent encore à l'égard de notre Dieu. Se décourage-t-il ? perd-il patience ? nous abandonne-t-il à nous-mêmes ? Les miséricordieux sont donc sur la terre les imitateurs de Dieu. Ils sont bienheureux en cela, et le Seigneur leur promet une 'part toujours plus riche et plus abondante de ses compassions divines. « Que celui donc qui exerce les oeuvres de miséricorde s'en acquitte avec joie.» « Qu'est-ce que l'Éternel demande de toi, sinon que tu fasses ce qui est bon, que tu aimes la miséricorde et que tu marches en toute humilité avec ton Dieu (1)? » « La sagesse qui vient d'en haut est pleine de miséricorde (2). » « Soyez), donc «tous d'un même sentiment, remplis de compassion l'un envers l'autre, vous aimant fraternellement, miséricordieux et doux (3). Faites ce qui est vraiment juste, et exercez la miséricorde et la compassion chacun envers son frère (4). »

 

PRIÈRE.

Tu es bon et miséricordieux à notre égard, ô notre Dieu et notre tendre Père céleste; autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant tes compassions sont grandes sur nous. Tu nous supportes dans nos infidélités, tu nous fortifies dans notre faiblesse, tu nous relèves dans notre abattement, et ta grâce surabonde là où abonde notre péché. Que nous agissions de même à l'égard de notre prochain, Seigneur; apprends-nous à pardonner comme tu nous as pardonné par Christ. Donne-nous cette charité patiente, indulgente, persévérante, inaltérable, dont tu as fait preuve envers nous depuis le commencement de notre vie, malgré nos misères, nos péchés, notre manque d'amour, même notre manque de foi. Seigneur Jésus, que ton exemple et ton influence bénie fassent en nous cette oeuvre qui ne peut venir de nous-mêmes! Nous t'en supplions au nom de ta charité. Amen.


Table des matières
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1. Michée, VI, S.

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2. Jacques, III, 17.

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3. 1 Pierre, III, 8.

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4. Zach. VII, 9.