MATTHIEU, V, 17-20.

La justice des Scribes et des Pharisiens.

(Lire Rom., III, 19-fin.)

 

Les Scribes et les Pharisiens, cherchant, selon l'expression de saint Paul, « à établir leur propre justice, » prétendaient se sauver par leur obéissance à la loi de Dieu. Or, comme nul homme n'est capable d'observer dans toute son étendue cette loi sainte et redoutable, ceux qui veulent se persuader qu'ils s'élèvent jusqu'à elle, commencent inévitablement, au contraire, par l'abaisser jusqu'à eux. C'est ce que faisaient les Scribes et les Pharisiens, qui détournaient de son vrai sens la loi de Moïse en y mêlant une foule de traditions humaines; c'est aussi ce que font de nos jours les gens à propre justice, lorsque, pour se rassurer eux-mêmes et pour échapper à ceux qui leur parlent de leurs péchés, ils interprètent à leur façon les commandements de Dieu, et disent, par exemple, que le péché consiste à faire tort à son prochain, que la sincérité suffit pour le salut, etc.

Cette loi ainsi tronquée et faussée n'est plus la vraie loi de Dieu, c'est la justice des Scribes et des Pharisiens; et la vraie loi de Dieu, parfaitement observée , pourrait seule ouvrir le ciel à ceux qui veulent y entrer par leurs propres efforts. Béni soit donc le Dieu de miséricorde qui a mis à notre portée une justice surpassant celle des Scribes et des Pharisiens! Quelle est la vraie justice? C'est celle de Jésus, qui nous est imputée par la foi. Dieu nous en revêt pour que nous puissions nous présenter devant lui sans crainte, et elle nous donne droit à la vie éternelle.

Cela signifie-t-il que le croyant n'ait plus rien à raire avec la loi de Moïse, et que celle-ci soit abolie? Nullement. La partie morale de cette loi, les préceptes de sainteté qu'elle renferme, subsistent avec toute leur divine autorité pour que le racheté de Christ dirige vers leur accomplissement toutes les forces de son âme régénérée et vivifiée. Ayons soin de n'en affaiblir, de n'en fausser aucun; les chrétiens qui le font, même sincèrement, sont « estimés petits dans le royaume des cieux. »

Ne nous affranchissons donc jamais de la lettre de la loi de Moïse, si ce n'est réellement pour en observer l'esprit, et non pour la négliger ou pour nous élever au-dessus d'elle. Christ nous a donné l'exemple du respect pour cette loi morale, qu'il a accomplie dans toute son étendue, et. accomplie comme notre représentant, tout en réalisant cette foule de types, d'emblèmes, de prophéties, qui formaient la partie cérémonielle de la loi et qui se rapportaient à lui. C'est en cela qu'il est « la fin de la loi, pour justifier tous ceux qui croient. »

Recourons donc à lui avec toujours plus d'ardeur! « Voici le nom dont on l'appellera : l'Éternel notre justice (1), » lui « qui nous a été fait de la part de Dieu sagesse, justice, sanctification et rédemption (2). » Ah! puissions-nous vraiment le recevoir comme tel, lui donner non-seulement l'accès de notre coeur, mais la direction de notre vie, suivre ses traces dans les plus petites choses, et laisser son Esprit accomplir en nous, pour sa gloire, « tout le bon plaisir de sa volonté et l'oeuvre de la foi »

 

PRIÈRE.

Oui, Seigneur Jésus, Éternel notre justice, tes rachetés de tous les temps aiment à te donner ce nom glorieux. Mais que nous ne te le donnions pas seulement des lèvres ! Fais-nous cette grâce, que chacun de nous, sentant son état de péché et de condamnation, renonce véritablement à toute propre justice et mette en toi seul son espoir de salut. A qui irions-nous qu'à toi? Toutes nos justices sont comme le linge le plus souillé. Mais tu veux nous recevoir et nous t'en rendons grâces et gloire. Que nous allions à toi dans la foi pour être revêtus de ta parfaite justice, de la robe blanchie dans ton sang, du vêtement de noces qui nous permettra d'entrer dans ton royaume. Béni sois-tu, Seigneur Jésus, pour la justice que tu imputes à tout croyant; donne à tous ceux sur lesquels ton nom. est invoqué de la recevoir pour leur salut. Amen.


Table des matières
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1. Jér., XXIII, 6.

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2. 1 Cor., 1, 30.