MATTHIEU, V, 21-26.

Le sixième commandement.

(Lire 1 Jean, III.)

 

Afin de convaincre ses auditeurs que la loi de Dieu est infiniment au-dessus de la justice des Scribes et des Pharisiens, le Seigneur Jésus cite quelques-uns des commandements, et montre que les Juifs non-seulement ne les observaient pas dans toute leur étendue, mais ne soupçonnaient pas même cette étendue, parce que ces commandements ont une portée spirituelle dont la lettre de la loi ne peut donner qu'une faible idée.

Si les gens qui répandent le sang violent plus ouvertement que d'autres le sixième commandement, ils ne sont pourtant pas seuls à le violer ; ce qui porte au meurtre, c'est la haine, c'est la colère, c'est un mauvais sentiment quelconque à l'égard du prochain : il en résulte que devant Dieu, qui regarde au coeur et juge des pensées et des intentions, « celui qui hait son frère est un « meurtrier.» Il y a loin de là aux appréciations du monde, qui prononce à la légère tant d'injures, tant de propos méprisants ou simplement contraires à la charité!

Apprenons à nous faire des idées plus sérieuses et plus vraies de ce qu'est la sainteté, et de ce que le Seigneur veut de nous. Ces paroles de Jésus nous révèlent de plus toute l'importance qu'il attache à ce que nous soyons, en bonne harmonie avec nos semblables. « S'il se peut faire, et autant qu'il dépend de « vous, ayez la paix avec tous les hommes, « dit saint Paul. Ce n'est pas toujours possible, puisque les mauvais sentiments peuvent n'être pas de notre côté; mais ce qui est indispensable, c'est que nous ne prenions pas notre parti des mésintelligences qui peuvent survenir entre nous et d'autres, que nous fassions tout ce qui est en notre pouvoir pour les faire cesser, et que si nos frères ont vraiment lieu de se plaindre de nous, nous ne nous donnions pas de repos avant d'avoir obtenu leur pardon.

Dieu ne veut pas que nous apportions notre offrande a l'autel, c'est-à-dire que nous lui présentions nos prières, pendant que nos coeurs renferment quelque racine d'amertume. Si tous les chrétiens suivaient cette règle, comme ils donneraient moins de scandales au monde, comme ils seraient plus réellement unis entre eux! « Accorde-toi donc au plus tôt avec, ta partie adverse. » - Ce précepte a aussi un sens spirituel. Il signifie que nous devons regarder comme ce qu'il y a de plus important pour nous d'être «réconciliés avec Dieu» pendant qu'il en est temps encore. Si nous sommes en paix avec lui, tout va bien pour nous; s'il n'en est pas ainsi, rappelons-nous que le moment viendra où Jésus notre Sauveur sera notre juge, car «il nous faut tous comparaître devant le tribunal do Christ, afin que chacun reçoive selon le bien ou le mal qu'il aura fait...

N'est-il pas touchant, n'a-t-il pas lieu de remuer jusqu'au fond notre coeur et notre conscience, cet appel de notre Dieu Sauveur au pécheur encore éloigné de lui : « Qu'il fasse la paix avec, moi, qu'il fasse la paix avec moi (1) ! » « Nous l'aimons parce qu'il nous a aimés le premier... Mes bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres (2). »

 

PRIÈRE.

Seigneur notre Dieu, ouvre nos coeurs à tes appels, et daigne faire qu'aucun de nous ne se donne du repos avant d'être bien assuré qu'il est réconcilié avec toi par Jésus, et qu'ainsi il n'y a plus de condamnation pour lui. Nous te rendons grâces de ce que la pensée si solennelle de la mort et du jugement n'a plus de terreurs pour ton enfant en Jésus-Christ. Mais que la joie avec laquelle nous nous répétons que nous avons en Jésus la rédemption par son sang, la rémission clos péchés, selon les richesses de ta grâce, ne nous fasse jamais perdre de vue l'obligation de croître sans cesse dans la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur. Donne-nous des consciences délicates, et remplis-nous de cette charité qui est l'accomplissement de la loi. Nous te le demandons pour l'amour de Jésus. Amen.


Table des matières
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1. Ésaïe, XXVII, 5.

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2. 1 Jean, IV, 19...