Si la sainteté que Dieu demande de ses enfants est tellement absolue, si les mauvaises pensées, les mauvais mouvements d'un coeur naturellement rempli de corruption sont de véritables péchés, qu'il est donc vrai que la vie chrétienne ne peut qu'être un train de guerre ! Qu'il est donc vrai que, sans « la loi de l'Esprit de vie qui est en. Jésus-Christ » et qui nous affranchit de la loi du péché et de la mort (1),» nos efforts les plus sincères n'aboutiraient qu'à ce douloureux aveu d'impuissance : « Misérable que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort (2) ! »
Anéantir en nous l'homme naturel, voilà le but que nous devons atteindre; mais, hélas ! cet homme naturel n'est pas facilement détruit; trop souvent, quand nous le croyons vaincu, il se relève avec une force que nous ne lui soupçonnions pas, et nous n'avons pas trop, dans cette lutte, de toute notre vigilance, de toute notre énergie, surtout de toute notre foi. C'est chose redoutable que d'avoir à combattre un ennemi puissant; mais combien il est plus redoutable encore d'avoir à se combattre soi-même, à faire saigner son propre coeur pour en extirper des sentiments, des goûts, des habitudes, qui y tiennent par les racines les plus profondes. C'est à cela cependant que Jésus nous appelle quand il nous parle de couper la main ou d'arracher l'oeil qui nous font tomber dans le péché, ce qui signifie que nous ne devons reculer devant aucun sacrifice pour résister à la tentation et accomplir la volonté de Dieu.
Dans le passage qui nous occupe, Jésus applique cette recommandation à un seul commandement; mais il l'a renouvelée ailleurs, et il est évident qu'elle s'adapte à une foule d'autres cas. D'ailleurs, aux péchés condamnés par ce commandement s'en rattachent beaucoup d'autres, qu'une scrupuleuse attention fera trop souvent reconnaître même dans des coeurs sincèrement désireux de vivre de la vie du Saint-Esprit; péchés de paroles, péchés de sentiments, péchés de pensées : « Nettoie-moi des fautes cachées, » disait David. Coûte que coûte, il faut éviter tout ce qui pourrait donner prise à l'ennemi de notre âme quand. il cherche à faire naître en nous des mouvements contraires à la sainteté.
Gardons-nous des conversations, des sociétés, gardons-nous des lectures, qui plaisent au vieil homme mais que l'homme nouveau rougirait d'avouer à son Père céleste. Il faut souvent beaucoup de courage pour résister à ces tentations, d'autant plus dangereuses qu'elles revêtent mille formes séduisantes et ne se présentent pas toujours comme des tentations. Mais ce courage est indispensable: « Garde ton coeur plus que toute autre chose qu'on garde, car de lui procèdent les sources de la vie (3). » Puisque nous avons le bonheur de n'être plus sous la loi, mais sous la grâce (4), mettons-nous bien dans l'esprit que nous sommes morts au péché, mais que nous vivons à Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ (5). et , prenons toutes les armes de Dieu afin que nous puissions résister aux embûches du diable (6). »
PRIERE.
Soutiens pour nous, ô Seigneur notre Dieu, ce rude combat contre le péché que nous ne serions pas capables de soutenir livrés à nos seules forces; rends-nous fermes et inébranlables, nous si faibles et si vite lassés ; fais-nous résister au diable pour qu'il s'enfuie loin de nous; revêts-nous toi-même de toutes tes armes, afin que nous puissions résister au mauvais jour, et ayant tout surmonté, demeurer fermes; donne-nous par-dessus tout le bouclier de la foi par le moyen duquel nous puissions éteindre tous les dards enflammés du Malin. Seigneur, pour nous fortifier encore dans cette sainte guerre, augmente notre horreur pour le péché; fais que nous ne prenions jamais notre parti de le subir comme un mal inévitable. Que la vue de Jésus sur la croix nous montre réellement combien le péché est odieux devant toi, et nous excite à nous offrir à toi en sacrifice vivant et saint, ce qui n'est que, notre service raisonnable. Amen.
1. Rom. VIII, 2.
2. Rom. II;11, 24.
3. Prov., IV, 13.
4. Rom., VI, 14.
5. Rom., VI, Il.
6. Ephés., VI, 11.