MATTHIEU, VI, 6-8.

La prière.

(Lire Ps. V.)

 

Revenons maintenant sur la portion de notre chapitre que nous avons laissée de côté pour réunir les instructions du Sauveur sur l'hypocrisie. Des trois sujets qu'il a traités, l'aumône, la prière et le jeûne, le plus important est la prière; aussi Jésus s'y arrête-t-il plus longtemps que sur les autres, et, après avoir montré ce qui caractérise les mauvaises prières, prend-il soin de nous enseigner comment il faut prier. Étudions d'abord les recommandations spéciales dont il fait précéder la prière qu'il nous a laissée comme modèle, nous examinerons ensuite cette prière elle-même. « Quand tu pries, entre dans ton cabinet, et ayant fermé la porte, prie ton Père qui te voit dans le secret. »

Ces quelques mots, pris dans leur sens spirituel, nous donnent de précieuses leçons. Le cabinet où il nous faut entrer ne désigne pas uniquement une retraite qui nous dérobe aux yeux des hommes; la porte qu'il nous faut fermer doit avant tout nous cacher à -nous-mêmes la vue du monde extérieur, pour que nous restions dans le calme et le silence de l'intimité avec Dieu. Ce qui fait la prière, ce ne sont pas les démonstrations extérieures qui l'accompagnent, ni les paroles qui l'expriment; c'est la communion de l'âme avec le Seigneur, ce sont les sentiments, les désirs, les aspirations qui remplissent le coeur et l'esprit du chrétien lorsqu'il se sent sous le regard de son Père céleste. I

Il faut donc, lorsqu'il veut prier, qu'il écarte soigneusement tout ce qui pourrait troubler cette communion; qu'il fasse taire ses préoccupations terrestres, ses soucis comme ses joies, afin que rien de charnel ne se glisse dans sa retraite, retraite spirituelle qu'il se ménage, même au milieu de la vie la plus active et la moins propre, semble-t-il , au recueillement. Il est facile de comprendre, d'après cela, que les «vaines redites » doivent être exclues de nos prières.

Qu'y a-t-il qui favorise la communion avec Dieu dans une formule répétée fréquemment, mais sans que le coeur y prenne une part directe? Remarquons pourtant que Jésus ne condamne pas absolument les longues prières, ni même la répétition des mêmes demandes ou des mêmes formules d'adoration ; il peut y en avoir qui 'ne soient nullement de vaines redites parce que le coeur y met toute sa chaleur et toute sa sincérité. D'ailleurs, Jésus nous a lui-même donné une prière modèle dont ses disciples aiment à se servir. Mais prenons garde au formalisme sous quelque apparence qu'il se dissimule; la prière du Seigneur, cette admirable et touchante prière, est précisément celle dont les chrétiens de nom abusent le plus et qui donne le plus souvent lieu aux vaines redites.

 

PRIERE.

Nous te le disons avec tes disciples, Seigneur Jésus : enseigne-nous à prier! Fais-nous sentir la puissance de la prière, fais-nous sentir aussi la responsabilité de la prière; fais-nous faire de précieuses expériences de ta fidélité à nous exaucer; fais de la vie de chacun de nous une vie de prière ! Que ce soit pour nous, non-seulement un devoir, mais un besoin, que de répandre le plus souvent possible notre coeur en ta présence; que la prière fréquente, constante même, nous soit vraiment nécessaire. Seigneur, tu veux que nous te priions dans le recueillement et dans l'oubli des choses de la terre; fais-nous donc trouver souvent, même dans nos journées les plus remplies et dans les circonstances les moins favorables, des moments où notre âme s'élève à toi et se sente en ta présence bénie. Nous te le demandons au nom de Celui qui nous a tout mérité de La part. Amen.


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