MATTHIEU, VI, 9-15.

L'oraison dominicale ou prière du Seigneur.

(Lire Ps. IV.)

 

En disant à ses disciples : «Vous donc, priez ainsi,» Jésus montrait que la prière qu'il leur donnait comme modèle était exclusivement destinée à leur usage, non à l'usage du monde, qui en a tant abusé. En effet, les rachetés de Christ peuvent seuls appeler le Seigneur « notre Père qui es aux cieux, » parce qu'ils ont reçu « l'Esprit d'adoption par lequel nous crions Abba, Père. » Qu'il est donc triste de voir cette douce et filiale invocation devenue pour tant de chrétiens de nom une vaine formule !

Si tous ceux qui prient dans les termes de l'oraison dominicale se demandaient avant de le faire s'ils ont vraiment le droit d'appeler Dieu leur Père, le plus grand nombre, hélas! devrait répondre non; mais, n'en doutons pas, beaucoup seraient amenés par là à un sérieux examen de leur condition spirituelle, puis à la repentance, et par la repentance à Jésus-Christ. Il est évident, en outre, que les enfants de Dieu doivent seuls lui présenter cette prière, parce que seuls ils peuvent le faire en sincérité.

Sur six demandes qu'elle renferme, trois, et les trois premières, se rapportent uniquement à la gloire de Dieu et à l'avancement de son règne, et sur les trois qui nous concernent directement, une seule est relative à notre vie terrestre; quel est l'enfant du monde assez soucieux de la gloire de Dieu, assez occupé de son âme, assez détaché de la terre, pour n'éprouver, en se mettant à genoux, que le besoin de demander au Seigneur le pardon de ses péchés, la force de résister au mal et le pain quotidien?

Les chrétiens les plus sincères eux-mêmes, ceux qui ont le plus appris à « chercher premièrement le royaume des cieux et sa justice,» ne peuvent pas prononcer l'oraison dominicale sans faire un sérieux retour sur eux-mêmes, pour examiner si leurs sentiments et leurs désirs sont bien en harmonie avec les paroles de cette belle prière. Mais aussi, quand on ne se contente pas de la répéter des lèvres, quels trésors elle renferme, que d'enseignements précieux en même temps que de demandes sûres d'être exaucées; et comme en la prononçant l'enfant de Dieu apprend à faire réellement dans son coeur la première place à la gloire de son Dieu, à s'affectionner « aux choses qui sont en haut, » et enfin à être aussi sobre que confiant dans ses désirs terrestres.

Comme il apprend aussi l'importance immense de la charité qui pardonne et qui supporte tout : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés! » C'est là un cri de supplication que nous avons bien besoin de faire monter chaque jour vers le trône de la grâce, en même temps qu'un hommage rendu à la miséricorde de Dieu, qui doit nous servir d'exemple dans nos rapports avec nos frères. Ce point a une telle importance que Jésus le reprend à la suite de sa prière.

 

PRIÈRE.

Notre Père qui est aux cieux, fais à chacun de nous la grâce de sentir tout ce que renferme cette précieuse prière que Jésus nous a laissée, et de te l'adresser souvent, non-seulement des lèvres, mais du fond de son coeur. Que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien, pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés, et ne nous laisse pas tomber en tentation, mais délivre-nous du mal, car c'est à toi qu'appartiennent dans tous les siècles le règne, la puissance et la gloire. Amen.


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