« Affectionnez-vous aux choses qui sont en haut et non à celles qui sont sur la terre:» voilà ce qui résume la pensée du Sauveur dans notre texte. Ces exhortations à placer notre trésor dans le ciel 'et à veiller sur l'oeil intérieur qui nous guide, c'est-à-dire sur notre coeur, « d'où procèdent les sources de la vie, » ne sont pas aussi étrangères qu'elles le paraissent tout d'abord au sujet que Jésus a traité précédemment, l'hypocrisie.
En effet, l'hypocrisie provient du besoin de chercher dans nos rapports avec le prochain la satisfaction de notre égoïsme, tout en paraissant meilleurs que nous ne sommes. Aussi longtemps donc que nous tenons nos yeux arrêtés sur la terre et sur les créatures, aussi longtemps que nous sommes aveuglés sur notre vraie situation et nos vrais intérêts, l'orgueil et l'égoïsme, avec tous les péchés qu'ils entraînent, se développent en nous au point de devenir souvent de véritables passions.
Le moyen d'échapper à ce danger, c'est d'attaquer le mal dans sa racine, et, par un effort souvent difficile et douloureux, d'arracher notre coeur au monde pour le donner au Seigneur et vivre en vue du ciel. Cet effort s'accomplit au moment de la conversion; mais comme notre vieil homme n'est jamais détruit tout d'un coup, il faut,. pour que nous tenions nos yeux fixés en haut., nous si terrestres, qu'un attrait puissant nous aide sans cesse à nous tourner vers les « choses invisibles qui sont éternelles. » Il faut que notre trésor soit dans le ciel, afin que notre coeur y soit aussi. Mais que devons-nous entendre par ce trésor?
Nous pouvons certainement dire que, lorsque le Seigneur nous reprend ou nous demande de lui sacrifier un objet quelconque de notre affection, parce que notre coeur risque de s'en faire une idole, cet objet contribue à former pour nous dans le ciel un trésor que ni ver ni rouille ne peuvent gâter. Mais ce n'est pas tout, ce n'est pas même le principal, car le vrai trésor, le plus propre à nous faire vivre par la foi dans le ciel dès maintenant, c'est Jésus; Jésus, qu'il nous faut non-seulement connaître, mais posséder; Jésus, seul capable de remplir notre coeur; Jésus, qui ne se donne pas « sans donner aussi toutes choses avec lui, » et sans faire connaître aux siens, par une bienheureuse expérience, « quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints. »
En Jésus, « toutes choses sont à nous., » et tout ce que nous avons sur la terre, temps, fortune, forces, affections, mis à son service, concourt aussi à nous amasser « un trésor placé sur un bon fonds, pour la vie éternelle (1) .» Ces richesses spirituelles, assurées, inépuisables, combien ne sont-elles pas au-dessus des biens de la terre., de ces biens si incertains que nous quittons s'ils ne nous quittent pas les premiers?
PRIÈRE.
Seigneur Jésus, nous sentons le besoin que nous avons de toi et de ta grâce pour que notre coeur ne s'attache pas à la terre et lux choses de la terre; aussi désirons-nous que tu accomplisses à notre égard cette magnifique promesse de ta Parole : Ouvre ta bouche et je la remplirai. Accorde-nous ces biens spirituels qui seuls sont éternels et qui peuvent seuls satisfaire notre âme. Donne-toi toi-même à nous, Seigneur Jésus, et donne-nous, avec le bienheureux sentiment de ta présence, une abondante mesure de ton Saint-Esprit. Aide-nous toi-même à placer notre trésor dans le ciel, afin que notre coeur y soit aussi. Puisque notre grand ennemi nous tend si souvent des pièges dans nos jouissances même les Plus légitimes, mets-nous en garde contre l'influence que ces jouissances exercent sur nous, et fais-nous sentir que nous possédons le suprême bonheur dans l'assurance que tues à nous et que nous serons avec toi pour l'éternité. Amen.
1. I Tim. VI, 19.