SECTION IV. - Analyse des livres du
Pentateuque et tables chronologiques.
.
§ 19. Comment il faut étudier
l'Ecriture. - Si l'on étudie la
Bible au point de vue pratique, on la considérera comme une
révélation de Dieu, de l'homme et du salut, et chacun
de ces sujets est de nature à répandre de la
lumière sur les autres. Mais on peut l'étudier sous un
autre rapport, plutôt scientifique et systématique, et
dans ce cas on distinguera les différentes portions de la
Bible suivant leur forme extérieure ou suivant leur contenu :
livres ou fragments biographiques, renfermant la vie d'hommes
fidèles ou d'infidèles, et racontant l'histoire de leur
influence ou de leur exemple; livres historiques, avec leur double
division , l'histoire du monde et celle de l'Eglise; livres de
doctrine, révélant graduellement la
vérité divine ; livres de morale, qui
développent et enseignent tout l'ensemble des devoirs de
l'homme livres des institutions positives, fondées sur la
volonté de Dieu et par conséquent muables et
transitoires, comme les règles de morale sont immuables, parce
qu'elles reposent sur son caractère; livres de sagesse
pratique, résultats de l'expérience chrétienne,
indiquant et recommandant les préceptes de vie et de conduite
de la prudence divine et de la prudence humaine.
En se rappelant ces distinctions, on peut lire
l'ensemble de la Parole de Dieu, et l'on se demandera toujours quelle
est la lumière que chaque passage jette sur le
caractère personnel ou national de celui dont on s'occupe, sur
une question morale, sur une vérité spirituelle, sur
une institution, sur la conduite à tenir en
général , etc. Il faut avouer cependant que la
première division indiquée a quelque chose de plus
simple, de plus naturel et de plus pratique. Qu'on étudie la
Bible pour apprendre à connaître Dieu , sa nature, ses
perfections, ses conseils; l'homme, sa condition et ses
destinées, ses devoirs et ses privilèges; Christ dans
son oeuvre et dans ses mérites , on verra facilement qu'on
peut réunir et rattacher à l'un ou à l'autre de
ces trois chefs ou sujets tout ce que l''Ecriture nous enseigne et
nous révèle.
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§ 20. Objet spécial d'une
lecture. - Un pieux évêque
de Londres a posé cette règle excellente,
qu'après avoir lu d'un bout à l'autre un livre de
l'Ecriture, il faut le relire, mais en en rapportant toutes les
portions à un objet spécial déterminé,
à l'un des sujets indiqués plus haut. Ce n'est qu'en
envisageant une même vérité sous plusieurs faces
qu'on prévient des erreurs et des malentendus, sans cela
inévitables ; c'est de cette manière aussi qu'on en
épuise le sens pratique et qu'on en grave dans son coeur les
salutaires enseignements. Appliquée au Pentateuque, cette
règle, éclairée et fécondée par
les révélations plus claires de l'Evangile , nous y
fait découvrir d'abondantes lumières sur les trois
sujets autour desquels se concentre toute la révélation
; les livres de Moïse renferment , en germe. tout ce qui sera
développé plus tard.
L'étude sérieuse de l'histoire en
général, et de l'histoire sainte en particulier, ne
consiste pas tant à grouper les faits qu'à les
comparer, et à les rattacher aux motifs et aux principes dont
ils découlent, puis à en déduire les
leçons qu'ils renferment. De même l'étude des
doctrines et des devoirs a pour but, non-seulement de les faire
comprendre, mais encore de les rendre plus sensibles et de les faire
pénétrer dans le coeur, l'intelligence et la
conscience. Les faits doivent nous ramener aux principes, et les
principes doivent se traduire en faits; les uns doivent s'expliquer
par les autres. Voyez ce qui sera dit plus loin , dans les notes sur
la Genèse et sur les Proverbes.
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§ 21. Observations sur les tableaux
chronologiques. - On trouvera
ci-après, dans une série de tabelles chronologiques,
l'histoire complète de la Bible, arrangée
chronologiquement; il importe, en effet, beaucoup de tenir toujours
compte de l'ordre des temps. Ces tableaux seront, en outre, presque
toujours divisés en sections, suivant le sens. Les notes qui y
sont jointes ont pour but d'expliquer le texte sacré ; elles
ne sont pas un commentaire proprement dit, mais elles sont
destinées à mettre le lecteur en mesure de se faire son
commentaire à lui-même, et d'appliquer les principes
d'interprétation qui ont été posés. - On
a marqué en italiques, de manière à frapper au
premier coup-d'oeil, tout ce qui dans l'Ancien-Testament peut
être considéré comme préfigurant ou
annonçant le Messie , sa personne, son oeuvre, son sacrifice.
Malgré l'importance de ce sujet, il n'y a cependant que peu de
notes qui s'y rapportent; il est donc d'autant plus important pour le
lecteur d'accorder une grande attention à la simple mention
qui en est faite.
Pour l'étude pratique et
dévotionnelle (1) de la
Bible, nous n'avons qu'à renvoyer ici à ce qui a
été dit ire partie, chap. VII. Il est souvent bon que
le lecteur, laissant là tout secours extérieur,
s'attache à méditer un petit nombre de versets, en les
analysant avec soin et en notant toutes les vérités qui
lui paraissent ressortir de chaque mot et de chaque phrase. Dans
beaucoup de cas cette étude simple, modeste et
sérieuse, sera plus utile qu'un travail plus scientifique,
mais l'un et l'autre système sont bons, et ils peuvent
parfaitement se concilier, quoique la faiblesse de notre nature
humaine nous les fasse quelquefois regarder comme incompatibles. Si
nous pouvions n'étudier qu'au point de vue de la
piété et laisser là toute autre science, sonder
les Ecritures avec succès sans aucun secours extérieur,
et voir partout et toujours, et sans en rien perdre, tout ce que la
Bible nous révèle sur Dieu , Christ et nous-mêmes
, il est évident que le coeur et l'esprit y gagneraient
également.
.
§ 22. Premier tableau
chronologique.
Depuis la création (4004 avant
Christ) jusqu'à la mort de Noé (2006 ans).
Notes. - On peut sur tout ce paragraphe, et
spécialement pour ce qui concerne les noms d'hommes et de
lieux , consulter les dictionnaires de la Bible et les ouvrages
spéciaux.
Gen., I, Il.
La création est ici attribuée à Dieu. Tous les
philosophes païens ont affirmé l'éternité
de la matière , même ceux qui reconnaissent que c'est
Dieu qui lui a donné ses diverses formes. Ce premier chapitre
nous en apprend plus sur la création que toutes les
cosmogonies païennes combinées ; il sert ainsi à
prouver la folie de l'idolâtrie. Ce que nous voyons ici comme
créature de Dieu, et comme son ouvrage, les Egyptiens et
&autres l'adoraient comme Dieu et créateur.
Gen., II, 2,
24. L'institution du mariage et celle du jour de repos sont
toutes les deux antérieures à la chute. Le sabbat fut
le premier consacré par le fait de l'achèvement de la
création. Il continua d'être observé, comme on le
voit par la division du temps en semaines
(VIII , 8-13 ;
XXIX , 27 ,
28) par la reconnaissance du jour de repos avant la loi
(Exode, XVI,
22-30 ), et par la forme même du commandement -
Souviens-toi ! Depuis la sortie d'Egypte le sabbat fut encore
consacré par le fait que c'est en ce jour que furent
délivrés les Israélites
(Exode, XX.
Deut. , V ,
15 ). Sous l'Evangile ce jour sert à rappeler une plus
grande délivrance et à introduire une nouvelle
création. Le jour est changé quant à sa date,
mais il est conservé dans la semaine ; c'est toujours le jour
du Seigneur (
Actes, XX, 7.
Apoc., I,
10 ). Il doit être observe comme jour de repos , de
sanctification et de joyeuses dévotions
(Exode , XXXI ,
13.
Esaïe,
LVIII, 13, 14 ).
Gen., III. Le
caractère et la personnalité du tentateur, ses ruses,
ses mensonges, son influence, sont décrits dans des termes qui
prouvent que cette histoire n'est pas une pure fiction. Ce fragment
doit être étudié à la lumière de la
révélation ( cf.
2 Cor. , II ,
11 ; XI,
3-14.
Ephés., VI,
11. Luc, XXII,
3. Actes, V,
3. Matth.,
XIII, 25 ). - Notez encore la justice de Dieu, qui punit le
péché partout où il se rencontre, et comparez
l'histoire de Caïn ( chap.
IV ) ; celle du
déluge (chap.
VI) ; de Sodome
(chap. XIX) ;
et même celle de tous les patriarches. Mais notez aussi sa
miséricorde ; la promesse est donnée avant la sentence
; la malédiction du travail devient une
bénédiction; Noé prêche, il avertit; un
délai de cent vingt ans est accordé aux coupables ;
Sodome sera sauvée s'il s'y trouve seulement dix justes. Dieu
n'attendra pas plus longtemps; il est patient , mais il est juste.
Gen. , IV ,
4. Le premier et le second sacrifice mentionnés dans
l'Ecriture sont l'un et l'autre ostensiblement acceptés (
IV, 4.
; VIII, 20 ).
Ceux qui suivirent le furent sans doute aussi , bien que ce ne soit
pas dit expressément (
XII, 7 , 8 ;
XIII , 18 ).
L'institution des sacrifices est établie comme divine (
Gen. , XV , 9
). Le Nouveau-Testament dira ce qu'ils signifiaient. Ils exprimaient
et excitaient les mêmes sentiments que ceux que la croix
réveille aujourd'hui , à un degré bien
supérieur, dans le coeur des fidèles.
Gen., V, 24.
Remarquez les trois ascensions merveilleuses d'Enoch, d'Elie et de
notre Seigneur ; chacune fut, pour sa dispensation, une preuve de
l'immortalité; la dernière en fut, le gage et le titre.
Abel est tué, Enoch enlevé, Jacob élu ; Elie
monte au ciel , Jean-Baptiste, qui le représente dans le
Nouveau-Testament, est lâchement assassiné. Pourquoi ces
destinées diverses? Il en est ainsi , ô Père,
parce que telle est ta volonté. C'est la seule réponse
que nous donne la Bible (
Ps. CXXXV, 6.
Rom., IX, 20.
Dan., IV, 35 ).
Gen,, VIII,
20. La nature même est une preuve de la
fidélité de Dieu.
Gen., XI,
9, doit précéder le chapitre X qui nous montre les
hommes dispersés, tandis que
XI, 9, ils
n'ont encore qu'un même langage. § 23.
Second tableau.
Table des
matières
Page précédente:
SECTION III. - La
poésie hébraïque et les livres
poétiques.
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SECTION IV. - Analyse des
livres du Pentateuque et tables chronologiques. - Tableau: De
la mort de Noé à la naissance de Moïse (417
ans).
.
(1) Mot tout anglais, qui n'a pas son
équivalent dans notre langue, mais qui se comprend cependant (
Trad. )
.
(2) Les passages placés ainsi entre deux
crochets [ ] sont , ou des répétitions , ou des listes
chronologiques; ils ont par conséquent moins
d'intérêt pour une lecture publique ou pour un culte de
famille.