Grégoire de
Nazianze (24),
originaire de cette ville (située, dans la Cappadoce du sud-ouest) ou
des environs, naquit dans une famille aisée, vers l'an 327. Son père,
Grégoire dit « l'Ancien », qui appartenait à une secte judéo-païenne,
cédant aux instances de sa femme Nonna, avait demandé le baptême (en
325) et était même devenu évêque de Nazianze. Grégoire eut, une soeur,
Gorgonie, et un frère, Césaire, qui devint médecin, savant et
fonctionnaire bien en cour, et dont il devait faire l'oraison funèbre.
Après un séjour a Césarée (en
Cappadoce), il alla visiter la, Palestine et l'Égypte. Au cours d'une
violente tempête dans les parages de Chypre, il résolut de se
consacrer
à la vie religieuse, mais, avant de réaliser ce voeu, il s'arrêta
longtemps à, Athènes, temps heureux, dit-il, où il étudia l'éloquence
en compagnie de Basile. Vers 358, il regagna, Nazianze. Il y fut
rhéteur, mais sans conviction. Il était attiré vers la vie ascétique,
celle des moines du moins et non celle des solitaires égyptiens. Il
finit par rejoindre Basile dans sa retraite au bord de l'Iris, mais il
le quitta bientôt pour aller aider son
père qui était âgé et tourmenté par les moines de la région parce
qu'il
avait signé la. formule semi-arienne de Rimini. ordonné prêtre, contre
son gré, il se révolta contre cet « acte tyrannique », il se réfugia
auprès de Basile, pour rentrer à Nazianze trois mois après, le jour de
Pâques 362. Il fut désormais pour son père le meilleur des
collaborateurs.
En 372, Basile voulut que Grégoire
occupât le poste d'évêque de Sasimes qu'il venait de créer en
Cappadoce, pour faire échec à Anthime, évêque de Tyane. Son ami, qui
s'était laissé, consacrer à Nazianze, ne put s'habituer à sa ville
épiscopale bruyante, sans eau et sans verdure, et à cette Église
composée de « voyageurs » et de « vagabonds », et il se retira « dans
la montagne ». Puis il revint à Nazianze, où son père mourut en 374,
et
il géra provisoirement cet évêché. Voyant que les évêques voisins ne
se
hâtaient pas de lui choisir un successeur, il se réfugia dans une
région assez éloignée, où il resta trois ans. Il n'en sorti que pour
aller diriger à Constantinople, en 379, la petite Église nicéenne,
perdue au milieu des ariens, possesseurs de Sainte-Sophie et de
l'église des Apôtres.
Grégoire commença ses prédications
dans l'église de la Résurrection, et son éloquence attira de nouveaux
auditeurs, parmi lesquels Jérôme,qui l'appelait son maître (proeceptor
meus : De Viris, 117). C'est là qu'il prêcha ses cinq Discours
théologiques, qui lui ont valu le surnom de Théologien. Mais ces
brillants débuts furent troublés, d'abord par les menaces des ariens
qui, à deux reprises, attentèrent à sa vie, puis par les intrigues de
l'aventurier Maxime. Ce dernier, soutenu par Pierre, patriarche
d'Alexandrie, jaloux de Grégoire, essaya de se faire conférer
l'épiscopat dans l'église même de la Résurrection, pour supplanter son
chef qui n'avait pas encore été sacré évêque de Constantinople. Mais
il
fut chassé de cette ville et même d'Alexandrie. À la fin de 380,
Théodose enleva à Démophile,
évêque arien, les églises de la capitale, et il conduisit en
procession
Grégoire et ses fidèles à Sainte-Sophie. Un grand concile, convoqué
par
l'empereur à Constantinople en mai 381, sous la présidence de Mélèce,
évêque d'Antioche (Socrate, H. E. V, 8), écarta Maxime, soutenu à tort
par Damase, et il intronisa Grégoire. Son ami Grégoire de Nysse
prononça son panégyrique. Mais ce triomphe fut court. Mélèce étant
mort
après avoir présidé les premières séances du concile, Grégoire,
toujours pacificateur, conseilla aux Mélèciens de mettre fin au
déplorable schisme d'Antioche et de se rallier au survivant, Paulin.
Mais ils furent sourds à ses appels,
et ils opposèrent à Paulin, soutenu par les Occidentaux, le prêtre
Flavien. De plus, Timothée, successeur de Pierre sur le siège
d'Alexandrie, et quelques autres, combattirent l'élection de Grégoire,
sous prétexte qu'il était régulièrement évêque de Sasimes. Las et
écoeuré, ce dernier, dans un admirable discours (31 mai 381), résigna
ses fonctions et fit ses adieux à son Église, puis il repartit pour la
Cappadoce, après avoir rédigé son testament (dont une copie a été
conservée). Il laissait tous ses biens « à l'église catholique de
Nazianze, pour le soin des pauvres ». Il fut remplacé aussitôt, à
Constantinople, par un haut personnage, Nectaire, qui n'était même pas
baptisé. Puis, au dire de' Grégoire, le concile continua à « jacasser
comme une troupe de geais ou à s'acharner comme un essaim de guêpes »
(De sa Vie, vers 1681 ss). Il prit la direction de l'Église de
Nazianze, puis il se fit donner un successeur, en 383. Il se retira
dans sa propriété d'Arianze, près de la ville, et, d'après Jérôme,
mourut vers la fin de 389.
Grégoire n'avait pas les qualités de chef de son
ami Basile. Impressionnable et rêveur, il était peu fait pour
l'action,
du moins pour une action continue et obstinée,
mais il lui a été supérieur en éloquence. « Il a été, dit Puech dans
sa
très belle étude sur ce Père, un orateur ascétique, dans toute la
force
du terme. Toutes les recherches de couleur, de sonorité, de rythme,
tous les procédés d'amplification, toutes les habiletés de dialectique
que les sophistes enseignaient, il en connaît le secret,... mais il
joint à cet art trop raffiné une inspiration fraîche et jaillissante,
l'imagination la plus vive, la passion la plus sincère et la plus
émouvante... Grégoire est, avant tout, une sensibilité toujours
frémissante... Aussi son éloquence a-t-elle excité une admiration
enthousiaste. Le nombre et souvent aussi la beauté des manuscrits qui
nous ont conservé son oeuvre en témoignent » (Littér. grecque, p. 339,
364, 395).
Les discours authentiques qui ont
été conservés (quarante-cinq) se placent d'abord à son retour à
Nazianze, après sa retraite auprès de Basile, en 362. Le premier,
prêché le jour de Pâques, est bref, d'un style trop artificiel, déparé
par des jeux de mots. Le second a plus d'ampleur et de dignité. Il dit
que, s'il s'est enfui, c'est pour se perfectionner dans la solitude.
Il
dépeint avec émotion la grandeur du ministère, et flétrit l'ambition
et
l'inconduite des mauvais prêtres, On doit mentionner aussi quatre
discours (IXe, Xe, Xle et Xlle) qui ont trait à la pénible affaire de
Sasimes . il s'y montre agité, irrésolu, tour à tour repentant et
plein
d'amertume, et finalement démissionnaire. L'homélie « sur les soins à
donner aux pauvres » est une pathétique description de la misère et
une
brillante réfutation des sophismes chers aux égoïstes.
Parmi ces discours se détachent des
panégyriques ou oraisons funèbres. Ici encore, Grégoire est tributaire
de la rhétorique profane (25),
mais il renouvelle le genre en y
versant l'esprit chrétien. L'oraison funèbre de son frère Césaire
(Disc. VII), n'est pas sans grandiloquence,
mais ses consolations ont un bel accent évangélique. Celle de sa soeur
Gorgonie (VIII) la peint comme la femme chrétienne idéale. Celle de
son
père (XVIII) est pleine de vie et de vérité. L'Éloge de Basile (XLIII)
contient des pages animées et attrayantes, malgré la longueur des
parallèles entre l'évêque de Césarée et tous les saints bibliques (26).
Il y a beaucoup de vigueur, déparée
pourtant par l'emphase, dans le Panégyrique d'Athanase, prononcé en
379
(XXI). À ces éloges, où les hyperboles étincellent, se mêlent deux
invectives d'une violence outrée, peu habituelle à Grégoire. Elles
furent écrites contre Julien, aussitôt après sa mort, mais n'ont pas
été prononcées. Il fait de l'Apostat un Achab, un Pharaon et un
Nabuchodonosor. Il raille, non sans motif, sa tentative de galvaniser
le paganisme expirant, et, dans l'excès de son ressentiment, il va
jusqu'à maudire, avec Julien, toute la civilisation antique.
Les derniers discours conservés se
rattachent au séjour à Constantinople. Les plus importants sont les
cinq dits théologiques, prononcés en 380 (XXVII-XXXI), où l'éloquence,
gâtée par la rhétorique (27),
n'en a pas moins de belles
envolées. ils sont dirigés contre les anoméens. Le premier blâme le
rationalisme théologique et la fureur des controverses. Le second
insiste sur le mystère de l'essence divine, méconnu par Eunome. Dans
les deux suivants, Grégoire aborde le problème de la Trinité. Il nie
l'antériorité du Père par rapport au Fils. Il discute les textes
invoqués par les ariens (surtout Prov.
8,
22), et réplique à leurs objections par d'autres versets,
et « quand il est trop embarrassé, en faisant appel à la foi, qui doit
avoir le dernier mot contre la dialectique » (Puech, p. 357). Dans le
Ve discours, il soutient, en termes prudents,
la divinité du Saint-Esprit. Sa théologie est celle d'Athanase et de
Basile, celle du Dieu unique en trois personnes (mia ousia en trisin
hypostasesin). Il les définit par leur mode d'origine. La première est
inengendrée ; la seconde est engendrée, la troisième procède des
autres
(ecporeusis, procession, terme qui a fait fortune). Mentionnons enfin
le sermon d'adieu adressé au concile de Constantinople, brillante
apologie, pleine de dignité et d'émotion. Il y revendique l'honneur de
n'avoir pas été un évêque fastueux « rivalisant avec les consuls et
les
préfets », et il présente ses voeux chrétiens à l'Église qu'il a tirée
de la torpeur.
Il nous est parvenu 244 lettres de Grégoire (28).
Il
en avait publié un certain nombre à la suite de la correspondance de
Basile. Elles étaient polies avec soin, selon des règles précises de
rhétorique qu'il a formulées lui-même dans une lettre à son neveu
Nicobule. Il y recommande la concision sans sécheresse, la clarté, la
grâce, la simplicité qui n'exclut pas l'ornement. Sa langue est celle
d'un atticisant qui recourt le moins possible aux tours
post-classiques, mais il abuse quelque peu des figures et des
antithèses. Les sujets qu'il traite sont très divers. Il y a des
lettres de recommandation, de condoléances (29),
de félicitations. Il en est
d'humoristiques, comme celle où Grégoire dépeint le vallon de l'Iris
où
Basile l'avait attiré : il le qualifie de « trou à rats » et raille
les
brouets pleins de pain dur. Il en est enfin de théologiques, comme
celle (lettre 101) qu'il adressa, en 382, au prêtre Clédonius, sur les
progrès de l'hérésie apollinariste
à Constantinople. Elle a été utilisée par les conciles d'Éphèse et de
Chalcédoine. On y trouve un exposé de la doctrine orthodoxe sur
l'union
des deux natures et une mention de la « sainte Marie » comme « mère de
Dieu » (théotocos).
Poète fécond et délicat, Grégoire a
composé de nombreuses poésies, surtout vers la fin de sa vie (30).
Il
écrivait volontiers en vers afin d'attirer les jeunes gens et les
lettrés, et pour montrer que « les profanes ne nous surpassent pas,
même par leur talent d'écrire ». Il ajoutait : « Dans ma souffrance,
j'ai trouvé ce remède à mon mal, comme un, cygne vieilli, de me faire
entendre à moi-même le murmure de mes ailes ». À la suite des
Bénédictins, on classe son oeuvre poétique en deux sections :
théologique et historique. La première comprend les poèmes dogmatiques
et les poèmes moraux ; la seconde, les poésies sur lui-même et les
poésies relatives à d'autres. L'intention didactique apparaît souvent
dans les morceaux de la première section. On y trouve des pièces
théologiques, des conseils aux moines et aux vierges, l'éloge des
vertus chrétiennes, relevés par des passages brillants. bans la
seconde
section, les poèmes les plus remarquables sont les deux qui
constituent
une véritable autobiographie de Grégoire, surtout celui qui a reçu le
titre de Sur sa Vie (1949 vers). On doit en admirer la spontanéité et
la fraîcheur et sympathiser avec la mélancolie qui s'y épanche. La
forme de ces poèmes est très variée. Les pièces théologiques ont le
ton
épique, les méditations la forme de l'élégie, les hymnes sont des
morceaux lyriques, certains ont le genre dialogué. Cette oeuvre
poétique eut une grande vogue et d'importants commentaires lui furent
consacrés (31).
Grégoire de Nysse (32),
troisième fils de Basile l'Ancien
et frère de Basile, qu'il aimait à appeler son « maître », après avoir
été nommé « lecteur », recula devant l'état ecclésiastique. Il
professa
la rhétorique et se maria. Ébranlé par les appels de Grégoire de
Nazianze, il rejoignit les ascètes du vallon de l'Iris. C'est là que
Basile le prit, en 371, pour le faire élire évêque de Nysse (partie
orientale de la Cappadoce). Il s'y distingua vite par son orthodoxie.
Attaqué par les ariens, il fut déposé par un synode tenu à Nysse en
376, et il ne, put rentrer dans son Église qu'en 378, après la mort de
Valens. Selon son propre récit (épître 6), il y reçut un accueil
triomphal. L'année suivante, un synode réuni à Antioche lui confia la
mission délicate d'inspecter les Églises du Pont. Il intervint (en
380,
d'après Bardenhewer), dans les affaires ecclésiastiques de l'Arabie.
Il
prononça de nombreuses oraisons funèbres. En 394, on le retrouve au
concile de Constantinople. La date de sa mort est inconnue.
On a caractérisé les trois
Cappadociens, écrit Tixeront, en disant que Basile était le bras qui
agit Grégoire de Nazianze la bouche qui parle, Grégoire de Nysse la
tête qui pense. La formule est juste, à condition de n'être -pas
entendue d'une façon trop exclusive, car Basile savait aussi penser et
parler. Mais il est vrai que Grégoire de Nysse ne possédait ni la
science des affaires de son frère aîné, ni l'éloquence claire et
élégante de Grégoire de Nazianze. Basile s'est plus d'une fois plaint
de ses maladresses, et les critiques peuvent lui reprocher son style souvent
obscur et sa rhétorique de
convention. Mats c'était un philosophe. Il s'est, efforcé de
justifier,
au regard de la raison, les enseignements de la foi. Il s'est plu à
définir, à classer, à mettre partout de la logique et de l'ordre » (p.
231-232).
On peut distinguer dans son oeuvres
des écrits exégétiques et homilétiques, polémiques et dogmatiques,
ascétiques, et des discours et des lettres.
Parmi les premiers, nommons le
traité sur la Formation de l'Homme, et l'Apologie pour l'Hexaéméron,
composés peu de temps après la mort de Basile. Le traité sert de
conclusion à l'Oeuvre des six jours de son frère, à, laquelle manquait
le commentaire sur la création de l'homme (33).
Grégoire y proclame, avec Origène,
le triomphe universel du bien et la résurrection, mais il rejette ses
vues sur la préexistence des âmes ainsi que la croyance hellénique à
la
métempsycose. Dans l'Apologie , composée à la demande de son jeune
frère, Pierre de Sébaste, en réponse à quelques critiques adressées à,
l'Hexaéméron, de Basile, Grégoire de Nysse, après un grand éloge de ce
frère aîné, dont les ouvrages, d'après lui, ne le cèdent en autorité
qu'aux Saintes Écritures, s'attache à esquisser une théorie bien liée
de la création. Il cherche à concilier cette notion avec celle de
développement, en insistant sur « la force technique et savante,
inhérente à chaque chose créée, selon laquelle se réalisent les
merveilles de la nature ». Malgré son respect pour le texte sacré, ces
aperçus l'amènent à l'interpréter assez librement.
La Vie de Moïse le Législateur, qui
date de sa vieillesse, est un récit adressé à un jeune homme, Césaire,
qui lui avait demandé de lui tracer le tableau de la vie parfaite.
Grégoire lui propose l'exemple de Moïse, qui enseigne à l'âme
l'ascension vers l'incompréhensible, où Dieu se trouve. Ici encore, il
use de la méthode allégorique,
qu'il pousse trop loin (34).
Cette tendance néo-platonicienne
et ce goût pour le symbolisme reparaissent dans celles de ses homélies
qui ont été conservées, les huit sur les Béatitudes, qui décrivent la
montée vers le bien, et les quinze sur le Cantique des Cantiques, où
il
déclare que « dans bien des cas le sens littéral risque de nuire, en
ce
qui touche la pratique de la vertu ».
Grégoire écrivit aussi des traités
de polémique. Le plus intéressant est le Contre Eunome, riposte à cet
hérétique qui avait répliqué au traité dirigé par Basile contre lui
par
une Apologie de l'Apologie, pleine de logique et d'un style soigné (35).
Dans
le Contre Eunome, on trouve, avec des extraits abondants qui ont
permis de reconstituer à peu près le livre qu'il combat, une ardente
apologie de Basile, à qui son adversaire avait reproché des fautes de
logique et des faiblesses d'expression, mais cet ouvrage est diffus et
traînant, et, au jugement de Puech, la lecture en est fort pénible (36).
On lui doit aussi deux écrits
dogmatiques. Le Discours catéchétique (vers 383) est un exposé
synthétique et clair de la doctrine de l'Incarnation. Pour Grégoire,
elle n'a rien d'inconcevable. On peut se faire, en effet, une idée de
l'union de Dieu avec « notre nature » en songeant à celle de l'âme
avec
le corps. Elle est prouvée, d'ailleurs, par ses effets : défaite de
l'idolâtrie et transformation du monde (37).
Le Dialogue
sur l'Âme et la Résurrection (éd. Krabinger, Leipzig 1837) est une
sorte de Phédon chrétien. En un langage émouvant, qui n'exclut pas la
subtilité, Grégoire raconte, dans un esprit néo-platonicien, la
conversation qu'il dit avoir eue avec sa soeur Macrine sur son lit de
mort, en 379. Macrine le prie de se faire l'avocat du diable, et elle
se charge de le réfuter. « Supprimez les sens, dit-elle, reste l'âme
».
- Ne faut-il pas croire à l'Hadès ? demande son frère. - Non, car les
âmes n'ont pas de lieu ». Macrine parle ensuite de la purification
progressive de l'âme, et, avec Origène, elle affirme l'anéantissement
complet du mal et la victoire du bien.
Le plus important des écrits
ascétiques de Grégoire est son traité De la Virginité. Il la
recommande
comme un moyen d'éviter les malheurs qui peuvent atteindre les gens
mariés. La fin de l'ouvrage est meilleure : il conseille un ascétisme
modéré, à la façon de celui de saint Paul.
Il fit aussi des biographies, la Vie
de Grégoire le Thaumaturge, et la Vie de Macrine la jeune (ainsi
nommée
pour la distinguer de sa grand-mère), femme d'une piété austère, qui
portait au cou une croix (le fer, et qui fut pour son frère Basile une
conseillère spirituelle et une précieuse collaboratrice à ses oeuvres
de charité. Parmi les discours de Grégoire, relevons ses sermons
contre
l'usure et la débauche, ses cinq homélies sur Pâques, son panégyrique
d'Étienne, le premier martyr, ses oraisons funèbres, émouvantes mais
non sans rhétorique, de Basile, de la jeune princesse Pulchérie et de
sa mère l'impératrice Flaccille. Des vingt-huit lettres qui nous
restent de lui, les plus intéressantes sont les deux à Libanius, où se
déploie un art épistolaire raffiné, et celle à Censitor (utilisée par
les Réformés) sur les inconvénients des pèlerinages en Palestine.
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