Les fiançailles de la Capitaine
Miriam Booth à l'Adjudant (1)
Cordon
Simpson furent annoncées dans le Cri de
Guerre de septembre 1913. Pour beaucoup,
informés de la maladie de la Capitaine, la
nouvelle leur causa une profonde surprise; mais les
salutistes sont humains, et ils ont leurs affaires
d'amour comme le reste des mortels. Celle-ci datait
de plusieurs années.
Cordon Simpson avait ses petites et
grandes entrées au « Homestead »
comme ami d'enfance de Bernard (2).
La joyeuse
Miriam avait toujours été sa
favorite; mais, vers l'âge de dix ans, un
incident de la vie de Cordon plaça Miriam au
premier plan dans
la
pensée du jeune garçon.
Après le thé, les enfants
du « Homestead » avaient l'habitude de
prier ensemble. À ce moment-là ils
présentaient à Dieu dans leurs
prières tous ceux qu'ils pensaient avoir
particulièrement besoin de la
bénédiction divine. Un
après-midi, quelqu'un demanda à
Cordon de prier à haute voix. Il avait
l'habitude de dire ses prières matin et
soir, et il croyait vaguement que Dieu l'entendait,
mais la pensée de prier à haute voix
devant tous les autres le remplit d'effroi. Un
souffle froid lui glissa le long de
l'échine, puis une bouffée de chaleur
lui monta au visage, cependant il fit un effort
pour répondre à l'invitation. Il
avait balbutié quelques mots sans suite
quand, au milieu de sa confusion, il entendit une
petite voix claire et perçante qui priait.
La prompte sympathie de Miriam pour quelqu'un en
peine, l'avait poussée à venir au
secours de Gordon, et à continuer
elle-même l'hésitante supplication.
Gordon écouta, et pour la première
fois de sa vie, il eut conscience de la
présence de Dieu, le Père
tout-puissant, tout près de lui pour le
bénir. Cette nuit même, il
s'agenouilla près de son
petit lit et il promit à Dieu de l'aimer et
de le servir toute sa vie.
À partir de ce moment, sans
qu'elle le sache Miriam devint l'ange gardien de
Gordon. À travers son adolescence et pendant
sa jeunesse, il porta dans le sanctuaire intime de
son âme l'image d'un visage pur, radieux, et
il décidait de sa ligne de conduite
après s'être pose cette question :
« Que dirait Miriam? » Il conformait ses
actes à sa réponse.
À l'âge de dix-huit ans,
Gordon passa par une expérience spirituelle
définitive, dont il dit :
Depuis quelque temps, ma vision
spirituelle devenait de plus en plus claire, et je
commençais à réaliser combien
j'étais loin de l'idéal du disciple
du Christ. Les choses du monde s'étaient
emparées de moi et de ma vie. Je me sentais
tiraillé de droite et de gauche, et je
souffrais de véritables détresses
spirituelles. Un dimanche matin, à la
réunion de sanctification de East Finchley,
j'eus une vision céleste. Jésus
m'appela à me donner entièrement
à lui, et il promit de me purifier de tout
péché. Je lui consacrai
complètement mon âme et ma vie. Mais,
même avant que j'aie pu trouver la moindre
joie dans cette nouvelle consécration, je
fus tenté par l'incrédulité :
« Comment saurais-je que j'étais
sanctifié ? » je demandai à
Dieu, en signe de ma complète consécration,
qu'il me
permette de lui gagner une âme ce
jour-là. Je n'avais jamais essayé de
gagner des âmes à Dieu auparavant;
leur sort ne m'inquiétait guère; je
préférais accompagner le chant avec
mon instrument. Je savais que je ne
possédais pas le pouvoir d'influencer les
perdus. Ce soir-là, un jeune homme
absolument indifférent aux choses
spirituelles vint à la réunion. Je
lui parlai de son âme, et pendant notre
entretien, je sentis une puissance nouvelle en moi.
Après une longue conversation, le jeune
homme s'approcha du banc des pénitents. Il
fut réellement sauvé et devint un
soldat, plus tard membre de la musique; il est
aujourd'hui officier de l'Armée du Salut,
accomplissant une oeuvre bénie. Ce
soir-là, je connus quelque chose de la joie
d'être non seulement ouvrier pour Dieu, mais
encore ouvrier avec Dieu, son collaborateur, et je
compris qu'il avait une oeuvre pour moi.
L'idée n'était pas encore clairement
définie, mais je sentis qu'en gagnant ma
première âme, j'avais commencé
l'oeuvre de toute ma vie.
Peu après, Cordon Simpson posa sa
candidature comme officier de l'Armée du
Salut. Il fut accepte. Miriam, il en était
certain, approuverait sa démarche, bien
qu'elle diminuât, il ne l'ignorait pas, ses
chances de l'entrevoir.
Pendant sa préparation, et plus
tard, officier du Champ de Bataille, la
pensée de celle qu'il aimait d'un amour
profond l'inspira dans chacune
de ses épreuves et de ses
difficultés. Gordon fut heureux dans ses
diverses nominations; il crut que Dieu conduisait
tous les événements de sa vie,
jusqu'à ce qu'une épreuve inattendue
s'abattit sur lui. Il fut convoqué au
Quartier Général pour apprendre qu'il
était choisi pour servir dans l'Afrique du
Sud. Une seule pensée remplit son esprit :
« Je quitte l'Angleterre probablement pour de
nombreuses années, Miriam va sortir de mon
existence sans même soupçonner les
sentiments qu'elle m'inspire. Que ferai-je ?
»
Il retourna à son poste pour
livrer le plus rude combat de toute son existence.
Il s'adonna toute la journée à la
prière, et enfin il comprit, non sans
larmes, que Dieu lui demandait, une preuve
particulière de son amour et de sa
consécration au service du
Maître,
- Ta volonté, soit faite,
Seigneur ! s'écriât-il. Si c'est ta
volonté que, Miriam ne connaisse jamais mon
amour, je m'abandonne entre tes mains. Mais, si tu
veux me donner cette grande joie, alors nulle
puissance sur la terre ne pourra
l'empêcher.
La paix rentra dans son coeur. Il
était prêt pour le
service n'importe où. Mais combien
merveilleuses les voies de Dieu! Au lieu de
l'Afrique, l'ordre vint de se rendre à
l'École Militaire internationale, et Miriam
y était en qualité de
cadette.
Pendant six mois, l'Adjudant Simpson et
la cadette Booth se rencontrèrent
occasionnellement aux réunions ou à
des cours d'élèves officiers. L'amour
croissait dans le coeur de Gordon. Mais, disons-le
à son honneur, pas un mot, pas un geste ne
manifesta ses sentiments, bien qu'il dût
faire appel à toute sa volonté pour
garder son secret.
Il se confia d'abord à son
père, le Colonel Simpson, et plus tard, sur
le conseil de son père, au père de
Miriam, notre Général aujourd'hui.
Mais on pensa qu'il valait mieux, pour le moment,
n'en point parler à Miriam, et de laisser la
cadette-sergente, c'était son grade en ce
moment-là, achever sa préparation,
suivant les promesses qu'elle avait faites
lorsqu'elle avait posé sa candidature
à l'École Militaire (3).
Puis vint la maladie de Miriam. Pendant
les premiers mois, la patience de l'Adjudant
Simpson fut mise à rude épreuve.
Miriam souffrait et il ne pouvait la visiter, elle
ignorait tout de son amour; il ne pouvait ni lui
écrire ni lui parler. À plusieurs
reprises, il demanda à son père de
revenir sur sa décision première.
Mais la santé de Miriam amenait de nouveaux
empêchements imprévus la veille. Tant
que le médecin n'exprima pas son assurance
dans la guérison complète de la
malade, son père ne lui accorda pas la
permission de lui écrire.
Après sept ans de silence
imposé, et dans la ferme assurance d'avoir
attendu le temps marqué par Dieu, Gordon
écrivit, le jour de son anniversaire, la
lettre d'importance capitale. Il contait ces
années où elle avait
été pour lui une véritable
bénédiction et il lui demandait si,
malgré les difficultés actuelles, il
pouvait espérer d'être
aimé.
Miriam reçut cette lettre pendant
une absence de la maison paternelle, et sa
réponse révèle son état
d'esprit ordinaire :
Je suis certaine que vous me
comprendrez; j'ai besoin de quelque temps pour
prier et réfléchir,
écrit-elle, avant que je puisse vous
répondre. Nous devons
être certains de la direction de Dieu en une
circonstance si importante. J'aimerais m'entretenir
avec mon père et ma mère avant de
vous écrire à nouveau; mais, en
attendant, vous saurez que je prie pour que nous
puissions, tous deux, avoir le courage de mettre le
Royaume de Dieu au premier plan, quoi qu'il puisse
nous en coûter.
Quelques jours plus tard, Miriam et
Gordon se rencontrèrent à Hadley
Wood. Dans une lettre à son père,
Cordon raconte ainsi cette entrevue, :
La pensée, que le moment, que
j'avais attendu pendant des années,
était enfin venu, m'était
précieuse et m'émerveillait. Mon
esprit était calme, sans inquiétude,
assuré que cette rencontre était
arrangée par la bonne main de notre
Père céleste. Pendant le thé
nous parlâmes d'affaires
d'intérêt commun, et comme je
regardait son visage et vis combien elle avait
souffert, je fus plus que jamais conscient de mon
grand amour pour elle... Naturellement, toute la
conversation tourna sur cet unique point : comment
Miriam me considérait ?
Puis, joyeux et étonné,
Cordon poursuit en contant comment il
découvrit que leur affection était
mutuelle. En vérité, comme il
l'apprit plus tard, ce que Miriam avait
été pour lui, Cordon l'avait été
pour Miriam pendant ces dernières
années :
Je suis infiniment heureuse,
lorsque
je pense à votre amour, écrit Miriam
plus tard. Il semble que le soleil se soit
levé sur ma vie. Je sens que notre amour
l'un pour l'autre nous vient de Dieu. Vous dites
que vous sentez que Dieu m'a mise à part
pour une grande oeuvre. Priez pour que je sois bien
préparée.
De la correspondance
échangée pendant les années
qui suivirent, nous nous permettrons quelques
extraits. Il est intéressant de noter
qu'elle révèle le même esprit
que celui qui inspira les lettres d'amour de la
grand'mère (4)
de Miriam,
deux générations auparavant.
Avec son esprit pratique, elle
commença à suivre le ministère
public de l'Adjudant Simpson, avec un tendre
intérêt et beaucoup de prières.
Dans une de ses premières lettres, elle lui
écrit :
Quelle journée occupée
vous aviez mercredi! Quelle source de joyeuse
satisfaction de sentir, à la fin de la
journée, que chaque moment a
été rempli par la meilleure
activité. Chéri, je ne puis dire ma
joie de savoir qu'une de mes pensées vous a
été d'une véritable utilité.
Chose particulièrement étrange : je
pensais hier à ce sujet : « Les
discours de l'estrade », et je souhaitais que
vous me confiiez le thème sur lequel vous
aviez parlé, et comment vous vous en
étiez tiré. juste à ce moment,
votre chère lettre me parvint. Je me sentais
folle de joie. J'aimerais vous aider en vous
fournissant quelques pensées pour votre
discours pendant la campagne actuelle. Je crains
fort n'être pas dans un bon moment
d'inspiration, ce soir; mais je me suis mise
à réfléchir, l'autre jour, sur
un texte qui m'a particulièrement
frappée : « Je suis le Dieu
tout-puissant, marche devant moi et sois parfait.
» (Genèse ch. 17, v. 1
.)
La raison pour laquelle
Dieu peut
nous commander d'être parfait se trouve dans
la première partie de cette phrase : «
Je suis tout-puissant. » Notre faiblesse est
engloutie dans sa Toute-Puissance. Si vous prenez
ce thème pour la réunion de
sanctification, vous pouvez y trouver les
différents aspects de la perfection que Dieu
demande de nous, mettant en face des « je ne
puis pas » le fait que Dieu est le
Tout-Puissant. Si vous parlez aux cadets, je pense
que vous pourriez prendre les points suivants
:
1° Parfaits en
loyauté. Les mettre en garde contre les
conversations inutiles.
2° Parfaits dans les
motifs
de leurs actions. Vivre et combattre pour gagner
des âmes, et non pour les statistiques et les
apparences.
3° Parfaits dans nos
talents
et dans nos moyens. Dieu désire que nous
apprenions à faire notre oeuvre de la meilleure
façon
possible; la bonté ne suffit pas, le tact
est nécessaire; apprendre le secret du
succès, que vous conduisiez une
réunion de plein air, ou quoi que ce soit
autre que vous fassiez, apprenez à le faire
parfaitement.
4° Parfaits dans la
sainteté. Les gens regardent aux officiers
de l'Armée du Salut comme à des
modèles de sainteté.
Tout cela est possible
parce que
Dieu dit : « Je suis le Tout-Puissant.
»
J'ai jeté ces
pensées sur le papier en songeant à
ma propre brigade de cadettes.
Un certain programme,
préparé pour l'Adjudant par une
âme un peu trop zélée est
critiqué avec humour :
Je prierai pour vous
particulièrement samedi et dimanche, et je
crois fermement que vous aurez une bonne fin de
semaine. Oh! puisse-t-il y avoir des âmes
réellement convaincues de leur
péché à chacune des
réunions. Je suis plutôt amusée
par le programme de l'après-midi :
Allocution du président, six contributions
musicales, en plus des invocations et
introductions. Comment donc trouverez-vous le temps
de parler? Je raierais du programme quelques-unes
des contributions musicales, et même alors
vous n'aurez pas encore assez de temps pour dire,
je le sais, ce que vous avez à dire. Je
prierai pour vous samedi soir, pendant
l'expédition à la recherche des
ivrognes. Le Seigneur vous aidera. Allez à
la recherche des âmes et
des pires. Combien je désire ardemment
être à vos côtés, mon
très cher. Cependant la foi et les oeuvres
sont nécessaires, aussi je puis croire
tandis que vous travaillez.
Sur la question des
voyages le
dimanche, Miriam écrit :
Je suis si heureuse que
vous vous
soyez rendu à pied à votre
réunion de dimanche. La marche matinale vous
fait du bien. Bien que ne désirant pas
être étroite sur ce point, car je sais
qu'il y a des circonstances qui certainement
changent tout, je ne puis pas croire qu'il soit bon
de voyager le dimanche, lorsqu'on peut
l'éviter, et je ne pense pas que Dieu soit
content de ces voyages dominicaux.
Tout en aspirant à être
a ses côtés, elle désirait
encore plus qu'il réussisse de toutes
façons :
J'ai pensé à vous
dimanche, écrit-elle. Je me sens
terriblement paresseuse, quand je songe à
vous, luttant au loin, tandis que je suis
étendue ici. Mais, de toute façon, je
puis avoir la foi tandis que vous accomplissez les
oeuvres. Je m'efforce de croire que Dieu a des
desseins favorables en permettant ce temps
d'épreuve. Parfois il est difficile de tout
supporter patiemment, surtout maintenant que je
vous ai, je sens la nécessité de me
guérir deux fois plus vite. Pour vous et
pour vôtre oeuvre, mon chéri, je prie
Dieu instamment qu'il vous fasse croître en
sagesse, en courage et en
zèle. Je suis consciente de tout ce qui vous
manque encore. Soignez-vous bien, cependant ne
croyez pas que je veuille vous empêcher de
donner toutes vos forces et de vous dépenser
entièrement au service du Seigneur. Dieu
m'en garde! Mais ce n'est pas sa volonté que
vous gâchiez vos forces en ce prenant pas
soin de voire santé quand vous le devez. Un
véritable sermon. Si vous ne le
méritez pas, mettez-le de côté
pour le moment où vous en aurez besoin. Plus
je vous aime, plus je dois vous stimuler au bon
combat.
Après la lecture d'un livre
que l'Adjudant lui avait envoyé, elle lui
écrit ce commentaire :
Quelle responsabilité
repose sur moi, si j'ai réellement le
pouvoir de vous influencer et de vous aider. Je
prie Dieu qu'il Me fasse vivre selon l'idéal
de la femme que vous entretenez en vôtre
esprit. Je veux que vous puissiez toujours dire :
« Ne suis-je pas meilleur, à cause de
ton amour ? » Dieu nous aidera, vous et moi,
à apporter l'un à l'autre ce qui nous
manque pour atteindre à la plénitude
de notre personnalité chrétienne, ce
que seuls nous ne pourrions acquérir. Merci
à nouveau, mon chéri. pour le livre
rendu doublement précieux par vos
annotations.
Lorsque les intérêts du
Royaume de Dieu étaient en question, Miriam
pratiquait le plus complet
désintéressement et oubli de
soi-même. Un projet qu'ils avaient
caressé tous les deux ne
semblant pas facilement réalisable, elle
écrit :
Nous l'abandonnerons.
Nous ne
perdons rien à mettre le Royaume de Dieu au
premier plan. J'espère que vous avez des
moments bénis et que vous gagnez des
âmes. Le véritable amour des
âmes est le secret de ce qu'il y a de plus
noble dans la guerre du Salut. Je prie Dieu
d'augmenter toujours cet amour dans nos coeurs,
quelle que soit notre position ou nos
circonstances.
À un certain moment, la
nomination à Londres de l'Adjudant Simpson
parut probable, et Miriam lui écrivit
:
Je me demande si ce
sera bien le
meilleur pour vous d'être nommé
à un poste si près de moi. Ne vous
serai-je pas une distraction? Ne serez-vous pas
tenté de venir me voir plus souvent que vous
ne le devez ? Je me demande si Londres est la
meilleure place au point de vue de
l'expérience, et si vous ne trouveriez pas
un champ d'expériences plus variées
ailleurs. Je sens toujours plus que je ne dois pas
entrer en ligne de compte quand il s'agit de votre
carrière. Si je retrouve la santé,
alors très bien. Sinon, je ne dois pas vous
être une entrave ou causer le moindre retard
à l'oeuvre du Royaume de
Dieu.
À une observation de
l'Adjudant, où il déclarait
préférer le contact direct avec les
âmes, au travail de bureau, Miriam
répond :
Je ne crois pas que
votre
sentiment soit difficile à comprendre et
à expliquer. Je suppose que quiconque est
occupé « au service des tables »,
selon l'expression biblique, à plus ou moins
ce sentiment, et sans doute c'est pour cette raison
que les apôtres pensèrent que, pour ce
travail indispensable, associé indirectement
avec le salut des âmes, certaines
qualités particulières étaient
nécessaires, être « plein de
grâce et de force », comme
Étienne. La manière dont nous
considérons notre travail y apporte de
grands changements. Si nous sommes en heureux
état d'âme, notre vision
s'élargit et nous apercevons par-delà
nos machines à écrire et nos fiches,
par-delà le collage des affiches ou le
balayage, les résultats aussi importants que
ceux de la prédication ou du
chant.
Après tout, ce n'est
pas
tant notre travail à l'oeuvre de Dieu qui
plaît au Seigneur, mais l'accomplissement de
sa volonté. J'ai besoin de graver cela
toujours plus profondément en mon âme.
Je crois que cela me rendrait plus heureuse. Je
languis toujours de faire, et cependant
peut-être puis-je Lui plaire davantage tout
simplement en souffrant. Ils servent aussi, ceux
qui attendent patiemment sans broncher. Il y a
parfois un grand péril dans nos
préférences pour tel ou tel travail,
quand nous devrions seulement être anxieux
d'accomplir la 'volonté de Dieu. Ce qu'est
cette volonté, c'est son affaire et non la nôtre.
Pour certains, sa
volonté est qu'ils gagnent des âmes,
pour d'autres qu'ils reposent sur un lit de
souffrances, emprisonnés dans leur chambre
de malade ayant bien peu, peut-être pas du
tout, l'occasion de gagner une seule âme;
pour les uns, l'estrade, les réunions de
plein air, les foules, le banc des
pénitents, pour d'autres la machine à
écrire, les chiffres, les fiches, la
dictée de la correspondance. Mais si nous
accomplissons Sa volonté,
c'est-à-dire si nous remplissons la mission
qu'Il nous assigne, qu'importe? Sans doute, il est
bien plus facile de travailler pour Dieu, d'agir,
si monotone que soit notre travail, que d'attendre,
de souffrir et de croire. Cherchons toujours plus
de réconfort tous les deux dans cette
pensée. S'inquiéter bien moins de Le
servir que de Lui plaire
parfaitement.
L'affection la plus tendre pour
son
bien-aimé inspire toutes les lettres de
Miriam, comme le révèle l'extrait
suivant, le dernier que nous nous permettrons
:
Oh! combien, j'aspire,
chéri, au moment où nous commencerons
notre pèlerinage en commun, quand nous
pourrons être l'un pour l'autre, non
seulement une plus grande source de joie, mais
aussi nous aider à porter davantage dans
notre vie les fruits de l'Esprit. Néanmoins
Dieu connaît le meilleur, et cette
période d'attente doit être pour
chacun de nous une excellente éducation. Je
sens que nous avons fait de grands progrès
dans la pratique de la patience.
dans l'Art de supporter, et dans cette
qualité que vous appelez « martialerie
», un mot que j'aime beaucoup. Et cependant,
ô chéri, si vous saviez comme je me
sens à certains moments! La nuit
dernière, je rêvais que j'étais
à une grande réunion, et je vous
attendais dans une allée. Le flot de joie
qui m'inonda, lorsque je vous vis venir à ma
rencontre, et le baiser rapide que vous me
donnâtes avant de me conduire à ma
place, étaient si réels que je ne
pouvais croire que je rêvais. Je fus
déçue, car je m'éveillai et je
découvris que tout cela était un
rêve. Les gens qui ont joui de ces choses
sans aucune des amertumes que nous avons connues
doivent vivre d'une vie paradisiaque. Mais
peut-être ne sauront-ils jamais, comme nous,
apprécier les dons de Dieu! Il me semble que
mon coeur va éclater sous la pression de
l'amour merveilleux qu'Il nous a
donné.
Sûrement, comme ces brefs
extraits de leur correspondance le
révèlent, les fiançailles de
la Capitaine Miriam et de l'Adjudant Simpson
étaient selon la volonté de Dieu. En
vérité, le travail qu'ils se
proposaient ne fut jamais leur, mais pendant ces
cinq longues années de souffrance,
l'Adjudant eut le privilège d'être le
don spécial de Dieu à son enfant, lui
apportant lumière et inspiration par son
immuable affection. Il est certain que leurs
fiançailles ajoutèrent quelques
touches délicates à cet exemple de
« foi triomphante » que Miriam
légua à l'Armée du
Salut.
Pour ce qui est de l'Adjudant
Simpson, ces années furent remplies d'un
amour plus doux, plus pur, plus abondant que ne le
connaissent ceux qui arrivent ensemble à la
célébration de leurs noces d'or dans
la blanche vieillesse. Enrichi par le souvenir de
la communion avec une si belle âme, il
s'avance dans la vie remplissant la double
tâche de leur double consécration.
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