UN jour, dans un Conseil d'Officiers,
parlant de sa fille, le Général
remercia ses auditeurs pour l'aide qu'ils avaient
apportée à Miriam. « Mes
officiers ont grandement béni et enrichi sa
vie ». dit-il. Le Général aurait
pu ajouter que, si la mère forma son esprit,
Miriam lui devait, à lui, l'inspiration qui
exerça ses mains au combat, ses doigts
à la bataille.
De puissants liens d'affection
unissaient le père et la fille. Dès
la plus tendre enfance de Miriam, il existait entre
elle et le Général, une grande
affinité.
Elle lui causait de continuelles
surprises et lui offrait ainsi
un sujet d'études à
l'intérêt intarissable. Un jour, il
souriait tendrement. en retrouvant sa mère
sous les traits et les manières de l'enfant;
un autre jour, il riait des plaisanteries et des
mimiques qui lui rappelaient sa propre enfance; ou
bien encore quelques preuves de la survivance du
caractère de l'un des grands-pères,
qui lui avaient légué leurs
caractéristiques les plus marquées,
l'amusaient grandement. Parfaitement inconsciente
de posséder quelque talent particulier, elle
discutait tout naturellement avec son père
les questions d'intérêt universel et,
en un certain sens, partageait ses fardeaux, tout
au moins, dans sa communion avec lui, dans le
désir du salut et du relèvement du
peuple. De bonne heure, elle connut plusieurs des
problèmes de la vie humaine. Lorsqu'elle
commença à visiter les pauvres, les
salaires insuffisants, les taudis, les
misères causées par la boisson, la
troublèrent et la firent souffrir. Elle
accourait à` la maison, près de son
père, toute bouillonnante d'indignation
:
- O papa, tentez quelque chose!
s'écriait-elle dans le mouvement impulsif de
la jeunesse. Ne pouvez-vous pas intervenir d'une
façon ou d'une autre pour
rendre la vie moins pénible à ces
gens ?
L'esprit de discernement spirituel de
Miriam semblait particulièrement remarquable
à son père. Instinctivement, elle
semblait comprendre comment estimer et
évaluer la conduite d'après les
motifs cachés, Toujours
généreuse dans cette
évaluation, elle ne voulait pas
éteindre le lumignon qui fume encore, et
là où quelque faiblesse
héréditaire, où le manque
d'éducation étaient évidents,
elle plaidait en faveur même des pires et
réclamait pour eux la plus grande patience.
Mais elle croyait en l'utilité d'une franche
et intrépide méthode envers ceux qui
refusaient délibérément de
marcher dans la lumière, ou commettaient
quelques fautes. Un exemple de cet esprit se trouve
dans une lettre à un camarade, à
propos d'un jeune salutiste à la veille de
faire un mariage insensé :
Il a été si franc avec
vous, écrit-elle, ne pourriez. vous lui
parler très nettement et clairement ?
Essayez de lui faire comprendre qu'il ne doit pas
envisager le mariage avec quelqu'un qui n'est pas
salutiste. Son idée qu'elle viendrait
à l'Armée, s'il le lui demandait,
prouve qu'elle n'a pas compris l'esprit de
l'Armée du Salut. Ne comprend-il pas que du
choix de son épouse dépend pour
beaucoup l'avenir de sa carrière dans l'Armée ?
Il doit choisir
une camarade de combat à qui il pourra
recourir dans toutes les circonstances, dont la foi
restera inébranlable, quand la sienne
vacillera; une épouse qui ne sera pas une
entrave à son activité, mais toujours
l'entraînera plus haut et lui criera : «
En avant ! » une femme nourrie des principes
de l'Armée du Salut, elle-même
officière de conviction. Montrez-lui que
beaucoup de nos jeunes gens ruinent leur avenir en
ne choisissant pas une épouse
véritable guerrière, une inspiratrice
qui, dans la vie conjugale, place Dieu et
l'Armée au premier plan.
Mais son père ne s'aveuglait pas
sur les limitations de Miriam, et il vit en elle,
dès sa jeunesse, les défauts de ses
qualités. Sa nature sensitive et vibrante la
poussait à grandir et à
exagérer les misères du monde, y
compris les siennes.
Jusqu'à ce qu'elle eût
appris « la voie excellente »,
mentionnée dans les chapitres
précédents, elle savait riposter
promptement, et remettre à leur place, ceux
qui, parce qu'elle était une Booth, venaient
l'ennuyer. Plus tard, elle découvrit la
méthode pour les gagner et les transformer
en ses plus ardents et fidèles amis.
Miriam dut combattre aussi sa tendance
à la contradiction, et
son penchant à tout monopoliser pour
elle-même. Ces faiblesses, si la grâce
divine n'était intervenue, auraient fait
d'elle une obstinée et une
égoïste. Son père vit avec
beaucoup de joie la puissance divine triompher de
ces mauvaises tendances.
Mais le Général trouva sa
plus grande satisfaction dans le salutisme de
Miriam. Elle croyait au salut par
Jésus-Christ pour les plus déchus.
Elle aspirait après le jour où Il
régnerait sur tous les pays et gouvernerait
toutes les nations. Elle croyait de tout son coeur
que l'Armée du Salut pouvait aider à
l'avènement du Royaume de Dieu sur la terre.
L'extrait ci-dessous d'une de ses lettres pourrait
être signé de sa
grand'mère.
Je suis absolument d'accord avec
vous
au sujet du but de nos réunions de plein air
et de nos autres réunions. Oh ! si nous
pouvions faire comprendre cela à tous nos
salutistes ! Cela ouvrirait les yeux des aveugles
et les oreilles des sourds, et donnerait à
ceux qui ont l'esprit mercenaire et dont les
méthodes sont stériles et insipides,
le dévouement, l'originalité et la
hardiesse entreprenante. Puisse Dieu nous donner
toujours plus 6 passion des âmes qui, selon
moi, fait partie de la sanctification.
Pas un pouce, pas une once de son
être qui ne soit salutiste. Sur ce point, le
Général se réjouissait de voir
comme elle savait s'adapter à toutes les
conditions. Elle était à son aise
avec les membres de toutes les classes sociales,
elle incarnait l'esprit exprimé dans ces
vers du Commissaire Railton :
À la première ou à la dernière place,
Dans l'abondance ou dans la pauvreté,
Que je combatte sur terre ou sur mer,
Sauveur, je suis heureux de te suivre.
Miriam regardait son père comme un
sûr asile. Elle recourait à lui dans
toutes ses perplexités et ses
misères, assurée de sa patience, de
son intérêt et de son aide.
Écrivant un article pour un des journaux de
l'Armée, à l'occasion du
soixantième anniversaire du
Général, elle décrit ainsi
l'influence de son père sur les
premières années de sa vie :
Lorsque j'en viens à
écrire sur le Général, je sens
qu'au lieu de parler d'un seul homme, j'en
décris une dizaine. Chef, écrivain,
prédicateur, organisateur, etc. Le
Général est tout cela et bien plus
encore pour la grande Armée du Salut
confiée à ses soins. Mais tout le
monde sera d'accord avec moi sur ce point; je le
connais encore mieux comme père que sous les autres
aspects. Père non
seulement pour sa petite famille à la
maison, mais pour cette grande famille aussi vaste
que le monde, notre bien-aimée
Armée.
Le Général, notre
père, le premier à la maison, nous
enseigna à nous occuper des créatures
faibles et impotentes, et particulièrement
de celles dépendant de nous pour leur
confort et leur bien-être. Il nous montrait
les beautés des rats blancs et des lapins
qu'il nous rapportait, et nous expliquait comment
les loger et les nourrir. Une fois, au milieu de la
nuit, père se leva, malgré son besoin
de sommeil, pour venir soigner un cochon d'Inde
blessé par un hérisson; il le pansa
lui-même, soir et matin, jusqu'à sa
complète guérison. Il manifesta ce
même caractère paternel envers sa
grande famille de l'Armée, en
s'efforçant de lu; enseigner la même
leçon. Il nous dit maintes et maintes fois
que le berger est inutile s'il ne prend soin des
brebis. Les souffrants, les endeuillés, les
blessés de la bataille de la vie ont droit
les tout premiers à notre attention. Il nous
commande affectueusement de soigner les sans amis,
les sans foyer, les vieillards et les malades
à notre portée. Il
répéta cet ordre dans les Conseils
d'officiers, dans les thés pour officiers
locaux et dans les réunions de soldats. Nous
devons veiller comme des bergers sur ceux que Dieu
nous a donnés à soigner, nous devons
les aimer avec un coeur
régénéré par Dieu, les
servir comme Jésus désire que nous
servions. Et lui, notre père, le
Général, donne l'exemple à son
Armée, il est lui-même le serviteur de
tous.
Père nous aime tous
tendrement, mais son amour ne
s'adresse pas seulement à l'être
physique et intellectuel, à l'être
extérieur qui est transitoire, mais il aime
en nous l'être éternel, notre
âme.
Pendant plusieurs
années,
avant mon entrée à l'École
Militaire, j'allais chaque matin porter une tasse
de lait chaud à mon père, et nous
avions à ce moment-là une
conversation sur toutes sortes de sujets. Je garde
les meilleurs souvenirs de ces causeries matinales;
mais, entre tous, je me rappelle nos entretiens sur
les thèmes spirituels les plus
élevés. Quand je m'agenouillais
auprès de son lit pour lui verser son lait,
il me disait de son accent le plus
tendre
- Mim, comment va votre
âme
?
Ou bien encore :
- Pensez-vous que vous
priez
suffisamment?
Lorsque j'étais
couchée dans une clinique, dans l'attente
d'une opération des plus sérieuses,
mon père vint me voir. Il s'entretint avec
moi, m'égaya et m'encouragea. Il pria avec
moi, demandant au Seigneur de bien vouloir non
seulement me sauvegarder, me faire sortir saine et
sauve des mains du chirurgien, mais encore de me
soutenir pour que ma foi ne défaille point,
et que je sorte de l'épreuve victorieuse, et
même plus que victorieuse.
Et avec sa grande
famille
salutiste, il est exacte. ment le même. Il
convoite les âmes. Nul fardeau n'est trop
lourd à porter, nulle difficulté
n'est trop grande à surmonter, nulle
opposition à affronter trop puissante, si,
de cette façon, il peut gagner des
âmes pour son Maître. Notre
Général ne se contente pas de nourrir
les affamés. de consoler les
attristés, de réformer les pervertis;
non, il dépense ses forces pour chercher et
sauver les âmes et il commande à
chaque salutiste d'agir comme lui. « Venez,
dit-il, et joignez-vous au Libérateur. Il
est sorti pour sauver, à n'importe quel
prix. » C'est le Général qui
nous incite à chercher les faibles, les plus
déchus, les déshérités
et les désespérés. C'est lui
qui imprime dans nos esprits et nos coeurs les
besoins de millions de gens qui vivent sans Christ
et qui demeurent dans les ténèbres de
l'Inde, de la Chine et des autres
pays.
Les lettres écrites par
Miriam pendant sa maladie abondent en affectueuses
allusions à l'amour de son père
:
Cher papa, il est
rentré
de bonne heure à la maison, et il a pris le
thé avec moi, écrit-elle. Une
véritable fête pour
moi.
Ou bien encore :
Hier soir, je souffrais
terriblement des dents; mon cher papa vint et me
mit de l'essence de girofle sur, ma dent. Cela me
soulagea merveilleusement.
En vérité, pendant ces
années, malgré l'emprise des besoins
du monde, le Général ne laissa jamais
sa pensée s'égarer loin de Miriam. Un
officier nous raconte qu'une fois le
Général était occupé,
lorsqu'il sursauta tout à coup, tira sa
montre de son gousset et la regarda, semblait-il,
longuement,
puis
tournant son visage, où se lisait une
profonde anxiété, vers son aide, il
dit gravement :
- Les docteurs sont en
consultation
au sujet de notre chère enfant. Prions
!
Lorsqu'il était dans le
train, par de chaudes journées accablantes,
ses pensées s'envolaient vers la malade
à la maison, et un court billet était
expédié à l'arrivée
à destination. Une fois, le
Général trouva quelqu'un dans une
très grande peine et après la
réunion il écrivit à Miriam
:
Je désire vous parler
à mon retour à la maison d'une
correspondance avec certaines personnes à
qui vous pourriez, j'en suis certain, apporter aide
et bénédiction.
Par ces moyens, il aidait
constamment Miriam à se sentir une
unité combattante dans notre grande
Armée. Dans une de ses lettres de nouvel an,
il écrit :
Ma chère
Miriam,
Je vous aime et prie
pour vous,
je demande à Dieu que cette année
puisse être l'an de votre délivrance
des liens de la fatigue et des souffrances qui vous
entravent, une année d'amour, de paix et de
force renouvelée jour après jour.
Vous êtes une bénédiction pour chacun de nous.
Une
heureuse nouvelle année vous soit
donnée par la bonne main de Dieu qui repose
sur vous. Avec tout l'amour de votre
père.
Au milieu du grand Congrès
International de 1914, lorsqu'il était
occupé par les réunions et les
entrevues, presque tout le jour et une partie de la
nuit, le Général dut rester quelques
jours à Londres, mais il n'oublia jamais la
malade retenue loin des joyeuses assemblées.
Entre les réunions il s'efforçait de
lui envoyer quelques lignes, un joyeux message
écrit de sa propre main.
Rien qu'une ligne
affectueuse.
Nous avons eu une magnifique procession et de
telles foules que la police était
débordée.
Ou encore :
Nous avons eu des
heures
précieuses hier. Maman fut magnifique
à chaque réunion. L'Esprit de Dieu
l'aida puissamment. Des milliers de personnes ne
purent entrer dans la salle du Strand. Des marches
de la façade de la salle, j'ai parlé
à une foule de plusieurs milliers de
personnes de 9 h. 30 à 10 h. 45.
Alléluia ! pour toutes ces
occasions.
Ou une autre fois
:
Ce matin les Canadiens.
Cette
réunion ne pouvait qu'être triste (1),
mais
ils
exercèrent une bonne influence, et treize ou
quatorze personnes s'approchèrent du
trône de la Grâce. L'agitation et la
curiosité s'opposent au banc des
pénitents, mais Dieu nous aidera. Priez pour
nous. J'espère, chérie, que vous
allez mieux. Vous ne pouvez pas vous imaginer
combien j'ai pensé à vous et combien
je vous aime et désirerais vous avoir avec
nous. Je pense vous envoyer, avec cette lettre, un
journal qui a publié un article sur notre
réunion de samedi. Vraiment bien cet
article. J'ai reçu quelques bonnes lettres,
et quelques-unes vraiment amusantes au sujet du
Congrès.
Avec tout l'amour de
votre
père.
W. B. B.
Miriam sondait la profondeur de la sympathie et la puissance de l'aide de son père, surtout dans ses heures de luttes les plus rudes. Tous ceux qui passèrent par la fournaise de la souffrance savent qu'il existe des heures où les ténèbres pèsent lourdement, même sur les plus vaillants. À ces moments-là. le. Général s'appliquait de tout son coeur pour comprendre les angoisses physiques, mentales ou spirituelles de Miriam. À l'influence et à la foi de son père, Miriam doit quelques-unes de ses expériences les plus profondes, faites aux heures de désappointement. Deux extraits de ses lettres, écrites vers la fin de sa maladie, montreront mieux que nos paroles la maturation de son esprit sous le soleil de la douleur.
À une officière qu'elle avait
connue à l'École Militaire, et qui
avait perdu la santé, elle écrit
:
Votre dernière lettre
m'a
révélé que vous étiez
un peu déprimée, ma pauvre amie. Je
sympathise avec vous, obligée d'abandonner
le Champ de Bataille. J'ai subi tant de
désappointements moi-même, ces cinq
dernières années, que je pense
pouvoir comprendre ceux des autres. Je prie Dieu
qu'il vous donne ses compensations pour la perte
des choses qui vous semblent si précieuses.
Priez pour moi, afin que je me montre patiente.
Parfois, j'aspire ardemment à la
guérison pour me remettre au travail;
cependant, je désire marcher sur le chemin
que Dieu m'assigne et attendre son heure. J'aurais
aimé assister à la retraite
spirituelle au I. H. Q. (2).
Je m'imagine
combien vous avez dû jouir de cette
rencontre. Mon âme se sent parfois si
altérée, elle soupire après le
rafraîchissement d'une réunion, bien
que je ne sache pas ce que j'y ferais. Je pense que
la joie me submergerait.
Votre lettre fut une
véritable bénédiction pour
moi. et je me suis décidée à
essayer de faire de ma chambre un véritable
sanctuaire.
Je pense avoir
réalisé tout dernièrement,
plus que jamais, que la chose importante pour
chacun c'est l'accomplissement de la volonté
de Dieu; ceci est d'une importance bien plus grande
que la consécration à des oeuvres
multiples. D'une manière merveilleuse, nous
collaborons tous à l'exécution de ses
plans, et nul travail particulier ne possède
à ses yeux Plus d'importance qu'un autre,
aussi longtemps que noua faisons ou souffrons sa
volonté, et que nous restons fidèles
au poste où il nous a
placés.
Connaissez-vous les
poèmes
de Whittier ? On y trouve quelques beaux vers sur
cette pensée. Par exemple :
- Car l'un agira et l'autre se résignera;
- L'un boira la coupe amère de la vie et l'autre son nectar;
- Mais Dieu balancera les deux comptes.
- 0 puissante de l'action, espérances déçues,
- Prière et activité, vous êtes les deux pôles d'un tout harmonieux;
- Celui qui ne peut combattre peut néanmoins accomplir
- La tâche la plus difficile, se tenir tranquille;
- Et le bien, même seulement désiré, aux yeux de Dieu est accompli.
Je ne suis pas tout à fait d'accord
avec le poète sur la pensée
exprimée par le dernier vers. mais je sais
que nous sommes parfois tentés de
désirer tel ou tel travail Combien de fois
ai-je succombé à cette envie.
inconsciente du fait que nous étions bien
plus utiles lorsque nous
acceptions la place où Sa sagesse nous
veut.
« Prière et
activité, vous êtes les deux
pôles d'un tout harmonieux », et nous
pouvons encore accomplir à Son service la
tâche la plus difficile. Rappelons-nous que
nul ne peut faire de nous des machines, pas
même X... pour vous, ni les docteurs et les
infirmières pour moi, aussi longtemps que
nous gardons la liberté d'esprit pour nous
attendre au Seigneur.
Une autre fois, elle écrit,
par rapport à la foi, au sujet de laquelle,
comme nous l'avons vu, elle avait livré de
terribles combats :
Je sens le besoin d'une
foi plus
grande. Quel merveilleux et glorieux mystère
est révélé dans cette parole :
« La prière du juste est d'une grande
efficace. » Ce matin, j'ai ouvert ma Bible sur
ce texte. « Il vous à fait la
grâce non seulement de croire en lui, mais
encore de souffrir pour lui. » je
commençais à me demander en mon
esprit : « Pourquoi, ô Éternel ?
» Et le Seigneur me rappela le verset de
l'Épître aux Hébreux : «
Il convenait que Celui par qui et pour qui sont
toutes choses, élevât à la
perfection, par les souffrances, l'auteur et le
chef de leur salut ! » Si, d'une
manière incompréhensible,
Jésus lui-même fut rendu parfait par
la souffrance, certainement la souffrance doit
avoir beaucoup à m'apprendre. Mais c'est une
question difficile. J'ai été
aidée puissamment par la lecture du chapitre
XI de l'Épître aux Hébreux. Il
me semble que, dans tous ces
merveilleux exemples de héros de la foi qui
nous sont proposés dans ce chapitre, nous
trouvons que leur héroïsme se montre
bien plus en suivant aveuglément les
directions divines, dans l'obéissance
implicite. en souffrant l'affliction, en endurant
la persécution, plutôt qu'en plaidant
auprès de Dieu pour qu'il change les
circonstances de leur vie... Je pense que
l'épreuve de notre foi nous vient dans les
choses et les événements qui semblent
contredire la nature de Dieu, quand les choses que
nous désirons et pour lesquelles nous
prions, et qui nous paraissent devoir concourir
à la gloire de Dieu et à
l'accomplissement de ses desseins, nous sont
refusées.
Alors, pouvons-nous
encore nous
fier à Lui, avoir foi en sa sagesse, et en
son amour, et continuer à croire qu'à
son heure, et par son moyen, ses promesses
s'accompliront? Cette foi inébranlable fut
celle de Jésus. Écoutons sa
requête : « S'il est possible que cette
coupe passe loin de moi... » puis l'acte
suprême de foi : « Toutefois, non pas ce
que je veux, mais ce que Tu veux.
»
Malgré la longue et fatigante
épreuve de la maladie de Miriam, le
Général, soutenu et encouragé
par les opinions favorables des médecins, et
reconnaissant les talents de sa fille pour l'oeuvre
publique, espérait toujours la voir un jour
soulever les foules en prêchant le message de
l'entière
sanctification, comme le fit sa grand'mère.
On comprend l'agonie qu'il souffrit, lorsqu'il
fallut soudainement se séparer de sa fille
qui était la lumière de la maison.
Mais cette mort permit au Général
d'offrir à l'Armée du Salut un
exemple de résignation parfaite à la
volonté de Dieu. Il se tint au milieu de ses
officiers et soldats, au Congress Hall et sur le
bord de la tombe, non point tant comme
Général d'une organisation
universelle, mais comme un père
endeuillé, se tournant vers ceux qu'il aime
et leur demandant leur sympathie, leur
participation à sa douleur. Son attitude,
celle de sa famille, pendant ces tristes jours de
deuil, parlent, plus haut que toutes les paroles
humaines, du Sauveur qui est le grand
guérisseur des coeurs blessés, et
déclarent que la paix se trouve dans
l'accomplissement de la volonté
divine.
Les extraits suivants de
l'allocution du Général au service
funèbre de Miriam, mettent l'amen final
à cette brève et magnifique vie
:
Ma chère fille a
été, vous le savez, malade pendant
les six dernières années.
jusqu'à tout récemment, nous
gardâmes l'espoir de sa guérison. Son
activité fut toujours limitée par
l'épreuve et la souffrance.
Malgré
toutes ses misères, elle nous offrait une
merveilleuse réalisation du spirituel et du
divin.
Sa vie nous enseigne une grande
leçon. elle nous démontre la
puissance d'un but élevé, clés
saintes pensées et des nobles ambitions pour
donner aux plus faibles, au point de vue physique,
la force pour triompher des difficultés, et
pour accomplir de grandes choses pour
Dieu.
À n'importe quel moment que
nous l'approchions, dans n'importe quelle condition
physique se fût-elle trouvée, nous
découvrions toujours sa complète
consécration aux choses d'en haut. Elle fut
aidée sur ce point par la plénitude
de l'oeuvre du Christ en son âme. Elle
était entièrement consacrée
à Dieu et vraiment saisie par
Jésus-Christ, Et elle le savait. Elle
possédait une assurance inébranlable
et une conscience très nette de son propre
salut.
Elle fut aidée aussi par sa
conception de la vie, Elle se la
représentait comme un don qu'elle pouvait
offrir à Dieu pour le service du prochain,
de manière à servir les autres
plutôt qu'elle-même, sachant qu'il y a
plus de bonheur à donner qu'à
recevoir.
À tous ceux qui sont
réunis ici, je voudrais dire puisse
l'exemple de sa vie fortifier votre foi.
Malgré les douloureuses conditions de son
existence, elle connut la vie triomphante,
manifestation d'une consécration au Royaume
de Dieu.
Notre perte est grande, c'est la
première brèche dans notre cercle de
famille, Sans doute, nous comprenons difficilement
les desseins de Dieu, lorsque nous le voyons
cueillir une telle fleur dans la beauté du matin
de la vie. Mais
nous
croyons au service là-haut comme au service
sur la terre, et notre chère fille est
allée servir Dieu dans l'au-delà,
concourir à l'accomplissement de quelque
grand dessein où l'Éternel, dans sa
grande sagesse, a jugé bon de l'employer.
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