40 ans d'Israël - 70 ans de communisme

 

Tandis qu'Israël peut jeter un coup d'oeil sur 40 ans de succès, Gorbatchev, le chef du Kremlin, est obligé de reconnaître publiquement («Glasnost») 70 années de banqueroute du communisme. Tandis que le désert en Israël se transforme en un jardin fertile, le géant agricole russe devient un désert. Alors qu'Israël, avec une densité de 207 habitants au kilomètre carré, arrive à se suffire à lui-même, la population ouvrière soviétique, avec une densité de seulement 13 habitants au kilomètre carré, doit «mendigoter» du blé auprès du capitalisme occidental. Lorsque les premiers Juifs commencèrent à rendre cultivables les marécages et les déserts de sable, les bolchévistes prirent en charge, en 1917, l'économie tsariste qui, à l'époque, exportait du blé en Europe.

Cependant, une propagande habile transforma le putsch militaire bolchéviste de 1917 en «grande révolution d'octobre». On camoufla le fait que les bolchévistes ne renversaient pas, en 1917, une dictature tsariste, mais voulaient effacer un gouvernement démocratique de plusieurs partis en développement. Tandis qu'Israël est devenu la patrie des Juifs persécutés de 102 nations différentes, le communisme chassa des millions de personnes de leur pays, Plus de 90% des réfugiés dans le monde (environ 14 millions) ont fui le communisme. Alors que le Kremlin rend Israël seul responsable des 7 200 victimes de guerre issues des conflits imposés de force à Israël au cours des 40 dernières années, et qu'il condamne intensément les agitations en Israël, il se tait habilement sur les quelque cent victimes arméniennes des récents troubles en Azerbaïdjan, avant interdit à la presse l'accès à ces régions. 70 ans de communisme accusent un bilan meurtrier de 140 133 700 victimes.

L'occupation militaire russe en Afghanistan, à elle seule, coûta, depuis 1979, c'est-à-dire en 9 ans seulement, la vie à 1 500 000 hommes. Des 151 guerres qui ravagent le monde depuis 1945, 135 ont été déclenchées et favorisées par le communisme. Et avant même l'existence d'Auschwitz, les goulags étaient toujours pleins à craquer.

 

Alors que, depuis 40 ans, Israël constitue la seule démocratie au Proche-Orient, dans aucun Etat communiste il n'existe, après 70 ans, d'élections libres selon la pensée démocratique. Voici, à ce sujet, une boutade soviétique pertinente: «Qu'est-ce qu'un communiste?» «Un homme qui a lu Marx et Lénine!» «Et qu'est-ce qu'un anti-communiste?» «Un homme qui a connu le marxisme et le léninisme!» La recherche léniniste de créer un nouvel homme a abouti à l'échec. Tout ce que le communisme a été capable de faire, c'est de diviser l'être humain et d'en faire un homme public et un homme privé. Après 70 ans de despotisme communiste, on en arrive à se dire que le communisme est l'une des plus dangereuses formes du fascisme. Ce serait toutefois aller trop loin que de comparer les 40 ans d'Israël et les 70 ans du communisme, les qualifiant de bon et de mauvais. Mais de l'autre côté il faut, face à l'abominable propagande contre Israël, mentionner aussi ces facteurs comparatifs. Précisément aujourd'hui où, dans le monde occidental, on accuse Israël d'une façon globale et où, parallèlement, on apprécie toujours plus le communisme, il faut mettre en garde contre une banalisation du communisme.

 

Après 70 ans de banqueroute communiste, Mikhaïl Gorbatchev, qui est le septième Secrétaire général du PCUS depuis la fondation de l'URSS, entre maintenant dans l'arène pour redonner vie à la bête rouge, blessée à mort. Par le rayonnement qui lui est propre, il lui est facile de faire changer d'avis le plus dur opposant au communisme. La chute du dollar américain a. déclenché une réaction négative mondiale. Cependant la dévaluation tout aussi rapide du rouble ne préoccupe personne. La facilité d'élocution de Gorbatchev pour faire croire à une restructuration («Perestroïka») du communisme, rend beaucoup de politiciens imprudents. Gorbatchev connaît son heure, selon ses propres paroles: «Car c'est notre dernière chance. Si la perestroïka' n'intervient pas, nous sommes perdus». Cela sonne très bien, en effet! Et c'est vrai, son livre «Perestroïka» est devenu un best-seller car bien des déclarations ont changé par rapport aux «morceaux de glace moscovites» distribués jusqu'à présent.

On pourrait se laisser aller à l'enthousiasme en lisant les paroles de Gorbatchev au sujet des Juifs: «Le problème des Juifs (soviétiques) fait partie de notre propagande anti-soviétique effrénée. En URSS, l'antisémitisme comme toute autre forme de discrimination de races sont défendus par la loi et sont considérés comme crime»! Mais ensuite, Gorbatchev attaque avec véhémence l'Etat juif: «Je pense que dans une société civilisée, il n'y a de place ni pour l'antisémitisme, ni pour le sionisme (c'est-à-dire: l'Etat juif) ni pour aucune trace de nationalisme, de chauvinisme ou de racisme. D'ailleurs, la question quant à une extirpation globale de ce mal est hautement actuelle» (tiré de «Mes vraies intentions» de Mikhaïl Gorbatchev).

 

C'est ici qu'Israël devrait réaliser l'importance de se protéger contre le blindage de la Perestroïka, et reconnaître que le Kremlin «cherche à liquider Israël tel un grand ghetto juif». Le fait que depuis l'arrivée de Gorbatchev quelques combattants sionistes connus ont pu quitter l'URSS ne devrait pas faire perdre de vue que, en même temps, l'antisémitisme se radicalise visiblement en Russie. Le mouvement de jeunesse Tamyat, soutenu par Gorbatchev, agit contre les Juifs, comme autrefois la jeunesse hitlérienne.

La grande masse de la population russe se nourrit de gros titres tels que: «Israël, l'avorton d'Hitler». Face à l'exigence de Gorbatchev (mai 1987) «d'intensifier la lutte contre la religion», les célébrations du millénaire de l'Eglise orthodoxe russe, mises en scène par l'Etat, relèvent de la moquerie. Si, en 1917, il existait encore 55 000 églises, aujourd'hui seuls 7 000 édifices chrétiens peuvent ouvrir leurs portes à une population comptant 282 millions d'individus. Au-delà, le communisme athéiste cherche à saper la croyance des autres, et à implanter de manière déterminée ses propres gens au sein des Eglises occidentales. Quoi d'étonnant alors si des gens qui, auparavant, enseignaient la doctrine marxiste et léniniste, occupent subitement une position-clé en qualité de conseiller pour le Proche-Orient dans les oeuvres missionnaires de certaines Eglises. Habillé d'un costume taillé à la façon occidentale, le chef du Kremlin se présente comme l'ange de paix afin de limoger les Etats-Unis.

C'est ainsi que Gorbatchev fut proposé, outre Waldheim et Vanunu, comme candidat au prix Nobel de la paix. Au moyen de cette tactique, Moscou veut entrer en lice au Proche-Orient. Le ministre des Affaires étrangères soviétique, M. Chevardnadse, exige sans équivoque un rôle plus actif des Soviets au Proche-Orient. A l'instar de l'Angleterre lors de la première guerre mondiale, l'Allemagne hitlérienne se recommanda, lors de la deuxième guerre mondiale, comme libératrice des Arabes. Cette tactique trouve aujourd'hui une suite chez les Soviets. La damnation d'Israël est aujourd'hui l'occasion de la canonisation des Arabes. En dépit du fait que, dans beaucoup de pays arabes, le parti communiste soit interdit ou que seule une fraction végète misérablement dans ces pays, l'URSS est devenue, depuis 1964, le principal fournisseur d'armes des Etats arabes qui se trouvent en état de guerre officielle avec Israël.

Puisque le communisme est flexible, il ressort des faits que, malgré l'anathématisation du sionisme par Lénine, l'URSS soutenait en 1947 le plan de partage de l'ONU. Et même, en 1948, avec la Tchécoslovaquie, elle fournissait des armes au Yichouv juif lors de la guerre d'indépendance. Cependant, en guise de reconnaissance, les communistes en Israël n'ont jamais obtenu, parmi les 120 sièges de députés, plus de 3 à 6 mandats. L'espoir initial du Kremlin que l'Etat juif deviendrait un bastion communiste fut déçu par le socialiste David Ben-Gourion, qui arracha de justesse son parti au bolchévisme. Après avoir rompu ses relations diplomatiques avec «l'agresseur Israël», l'URSS a contribué avec puissance à la structuration de l'OLP.

M. Snech, ancien chef du parti communiste Amaki en Israël, reconnut que le danger proprement dit pour Israël ne provenait pas des Arabes mais des Soviets. A la question de savoir pourquoi précisément lui, fonctionnaire communiste, pensait de la sorte, il répondit sans plus: «Je les (les communistes) connais trop bien!» Il y a 70 ans, alors que la déclaration Balfour préparait l'apparition de l'Etat juif, la prise de pouvoir du communisme mettait au monde un vampire qui se présente aujourd'hui à l'humanité dans son nouvel habit de pacifiste. 40 ans d'Israël et 70 ans de communisme ne s'accordent pas. Ils ont une origine différente et des buts diamétralement opposés. L.S.

Nouvelles d'Israël Juillet 1988

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