Les adieux du roi Hussein à la «Cisjordanie»

 

Carte

 


Les Palestiniens de «Cisjordanie» ont retenu leur haleine lorsque, le vendredi 29 juillet, ils écoutèrent le discours de leur roi à la télévision jordanienne. Dans son allocution, le roi Hussein (53 ans) annonça la sécession de la «Cisjordanie» d'avec son royaume hachémite jordanien. Ainsi, en un instant, il fit des 800 000 Palestiniens de «Cisjordanie» des apatrides. Certes, ils peuvent encore utiliser leur passeport jordanien jusqu'à l'expiration de celui-ci, cependant sans possibilité de renouvellement.

Parallèlement, le roi allait dissoudre la chambre basse du Parlement élu par le peuple. Sur les 60 députés, les 30 de la «Cisjordanie» furent destitués de leur fonction. Dans l'interview qui suivit, le roi ajouta: «D'abord, je ne veux pas être en travers du chemin de l'OLP, ensuite Israël verra où trouver une patrie pour les Palestiniens - en tout cas plus chez nous». Le lendemain, le roi résilia toutes les obligations de versement à la population résidant en «Cisjordanie». De cette manière, il congédia d'un seul coup 21000 fonctionnaires gouvernementaux, payés jusqu'alors par la Jordanie, soit des conseillers municipaux, des enseignants, des personnes responsables du service de la Santé, des médecins, etc. Même des religieux musulmans, y compris des employés du WAQF. A des personnes âgées (au nombre de 3 000) il coupa les rentes; ce qui signifie qu'actuellement plus de 120 000 Palestiniens sont sans ressource. En tout, le roi Hussein supprima pour plus de 200 millions de dollars de paiements annuels. Il enterra aussi son projet de développement négocié avec les Etats-Unis pour la «Cisjordanie», qui aurait coûté 1,3 milliards de dollars. Soulagé, le roi conclut: «Voilà chose faite!»

Cependant, à qui le petit roi rusé remit-il le «nain jaune»? A Israël? A l'OLP? D'abord, la séparation juridique et administrative du roi Hussein d'avec la «Cisjordanie» provoqua un dangereux vide. Promptement, certains partis israéliens, comme, le TECHIYA, ont réclamé l'annexion immédiate de la Judée et de la Samarie («Cisjordanie»), indiquant qu'il «fallait saisir l'occasion, faute de quoi on pleurerait ce manquement encore des générations plus tard». Les ministres du LIKOUD, MM. Sharon et Modale, sollicitèrent aussi une offensive israélienne. Mais le chef du gouvernement, M. Shamir (LIKOUD), mit un frein à cette proposition, car que ferait Israël face à 1700 000 Palestiniens? Y compris les citoyens de Gaza qui, à la Knesset, occuperaient environ 35 des 120 mandats?

Que deviendrait l'Etat juif? Ainsi, au sein de la population israélienne, nous entendons des rumeurs d'une solution de transfert. 49% de la population israélienne, ou encore 58% des habitants de diverses villes israéliennes en développement, plaident pour le transfert des Arabes de «Cisjordanie» au-delà de la frontière vers des pays voisins arabes. Car entre-temps, les Israéliens ont été amèrement déçus des Arabes. Les contribuables d'Israël ont investi, pendant des années, plus de 300 000 millions de dollars par an en «Cisjordanie» . En outre, l'«Intifada» arabe coûta cette année au peuple juif environ 425 millions de dollars, soit 2% du produit national israélien. A cela s'ajoutent les plus de 800 Israéliens tués par les terroristes arabes lors des combats acharnés de ces derniers contre l'Etat juif. Face à cela on déplore, du côté palestinien, 183 morts, victimes de l'«Intifada». Sans parler du tort fait, dans le monde entier, à l'image d'Israël. Au cours de cette année, les israéliens ont dû subir 252 incendies criminels et 1004 attentats à la bombe, perpétrés par les Arabes avec lesquels ils travaillaient et pour lesquels ils souhaitaient pourtant une solution de paix.

A présent, Israël ne désire plus garder les Palestiniens - et, surprise, la Jordanie aussi les refuse! La Jordanie craint l'«Intifada», qui pourrait aussi atteindre la côte est. C'est pourquoi le roi Hussein prit des mesures préventives en appliquant l'«Insisa» (sécession). Le vice-premier Ministre et Ministre des Affaires étrangères, M. Shimon Peres, (MAARACH) maintient toujours son «option Jordanie» malgré la déclaration du roi Hussein qu'elle serait morte, ajoutant que «Peres, en tant que politicien, était trop mou, que jamais les Arabes ne pourraient négocier la paix avec lui». Depuis, en Israël, on est toujours plus convaincu que, si le LIKOUD parvient au pouvoir en novembre sans le MAARACH, «l'Intifada sera terminé en l'espace d'une semaine». A cause de ces querelles internes, il est plus que douteux que l'OLP forme, avec ses 66 membres du Comité central, un gouvernement en exil. De l'autre côté, Israël devrait s'attendre à la reconnaissance, par 30 à 40 nations, d'un tel Etat de l'OLP, Cependant, quel profit en tirerait l'OLP? Même ses cartes d'identité et ses passeports d'apatrides ne serviraient à rien, sinon à éveiller la curiosité des collectionneurs, On pourrait aussi vérifier si l'OLP est en mesure de payer, de gérer et de construire, car jusqu'à présent elle n'a fait que démolir. L'OLP connaît ses lacunes; aussi cherche-t-elle une issue par l'entremise de l'ONU, qui devrait patronner la Judée et la Samarie. C'est là qu'Israël s'interpose, sachant que l'OLP ne reconnaîtra pas les résolutions 242 et 338 de l'ONU.

Le roi Hussein pourra-t-il définitivement se protéger du virus de l'«Intifada»? Tout dépend si les citoyens palestiniens en Jordanie 1 million se désolidarisent de leurs frères de l'autre côté du Jourdain, car ils portent en eux toujours l'amer souvenir du «septembre noir de 1970», où le roi fit tuer 10 000 Palestiniens. Des politiciens et experts pensent que le roi Hussein verrait plutôt Israël prendre la responsabilité de la «Cisjordanie», et non l'OLP. Peut-être même (Joue-t-il avec la pensée qu'un jour les Palestiniens, inquiets en Cisjordanie, reconnaîtront qu'ils ne peuvent se passer de lui». Pour l'instant, des politiciens de la droite israélienne se sont rassemblés près du pont d'Allenby (Jourdain) à l'occasion d'une conférence de presse, en clamant: «Merci, roi Hussein!»

 

Les vieilles racines qui repoussent

Ni les contrées autour d'Ashkalon, ni Nazareth ou Haïfa ne constituèrent, aux temps bibliques, le coeur du peuple juif; mais ce furent précisément la JUDEE et la SAMARIE, tant controversées aujourd'hui. En effet, ces régions formèrent la base et le sol du royaume judéo-israélite des deux et dix tribus d'Israël. L'Israël biblique et historique se trouvait exactement dans cette prétendue «Cisjordanie», actuellement contestée aux Juifs avec véhémence.

Cette zone, d'une surface de 5 900 km' seulement, a été de tout temps l'une des plus convoitées du monde: les Assyriens, les Babyloniens, les Egyptiens, les Perses, les Romains, les Croisés, les Mamlouks, les Turcs et les Anglais, tous se battirent pour ce bout de terre relativement stérile et sans richesses minières. La valeur de cette contrée réside dans sa position de tête de pont très favorable vers l'Asie, l'Afrique et l'Europe. Des peuples étrangers ont passé, ont construit leurs forteresses et leurs postes de police en Judée et en Samarie, effaçant chaque fois les traces de leurs prédécesseurs. Mais il leur fut impossible de faire disparaître les racines du peuple juif.

Partout en Judée et en Samarie on «trébuche sur les racines de la culture juive reprenant vie». Certaines localités arabes même portent aujourd'hui encore des noms judéo-bibliques. Qu'il s'agisse des vieilles ruines de Silo, autrefois le lieu de la tente d'assignation, ou d'Hébron, où se trouvent les tombeaux des ancêtres du peuple juif - d'Abraham, d'Isaac et de Jacob - ou qu'il s'agisse d'Elon - Moreh, ce berceau de l'Etat juif près de Naplouse habité de nouveau par des Juifs, tous se nourrissent de cette promesse de Dieu éternellement valable: «Je donnerai ce pays à ta postérité» (cf. Gen. 12, 6-7). Comme autrefois, les Juifs d'aujourd'hui entrèrent dans un pays déjà occupé. C'est au prix de grandes luttes qu'ils ont dû acquérir leurs possessions. «Celui qui possède la Judée et la Samarie possède le coeur même du pays, la ville de Jérusalem», expliqua un Arabe en citant Mahomet.

Carte

Nouvelles d'Israël Octobre 1988

© Nouvelles d'Israël