«Chez beaucoup de Juifs en Allemagne, l'angoisse qui paraissait vaincue réapparaît, face aux réactions de l'entourage concernant la situation au Liban.» Voilà ce que déclarait le Conseil Central des Juifs en Allemagne en l'an 5743. Considérons simplement ce qui se passe depuis quelques semaines à Hambourg qui, avec 1,8 million d'habitants, est la deuxième ville de la République fédérale. Il y a de quoi être stupéfait. Voici un aperçu des événements:
Les malfaiteurs sont arrivés pendant la nuit. Ils dévastèrent la bijouterie «Schalom» au centre de la ville et reconnurent - bien sûr anonymement - .leur acte de vandalisme. Mais le langage de leur «confession» révéla qu'ils étaient sympathisants «anti-impérialistes» de la fraction «armée rouge» (RFA). Ils parlaient d'un «génocide au Liban», et c'était à un petit propriétaire de boutique à payer le prix avec ce qui lui appartenait.
Un «groupe d'affichage» de l'extrême-gauche collait des affiches représentant l'étoile de David entourée du slogan: «Hier victime aujourd'hui meurtrier.» Dans le journal de la gauche, le même groupe tenait des propos du genre «les Israéliens ont tué 50 000 personnes au Liban et en ont blessé 100 000, dont 70% de femmes et d'enfants . . .» La «Grùn-Alternative-Liste» (CAL), qui représente neuf députés sur dix au parlement de Hambourg, lança 30 000 tracts invitant à une manifestation contre Israël. Sur ces feuilles, le public pouvait lire le mensonge que Begin aurait donné le «feu vert» à Israël pour tuer 5 Libanais et 10 Palestiniens pour chaque combattant de l'OLP (existant)... La CAL ne diffère en rien de ses camarades du «groupe d'affichage», sinon dans la question du nombre des victimes au Liban, qu'elle fixa à 20 000. L'extrême gauche, comme l'extrême droite, n'attache pas d'importance à quelques zéros de plus ou de moins. L'essentiel reste la provocation contre l'Etat juif.
Car si les Juifs résistent, il faut les insulter. Le Juif, comme bouc émissaire, voilà qui est habituel et tellement plus agréable . . .
Le quotidien dont il était déjà fait mention, laisse une grande marge dans ses colonnes aux provocations qui parlent d'« holocauste» comme à Auschwitz. Et, lorsqu'un journaliste, reconnu pour être de la gauche, Johann Legner de Berlin, cherche à trouver des paroles plus modérées quant aux événements au Liban, on ravage son appartement pendant son absence, en exprimant le regret de ne pas avoir rencontré ce «cochon de sioniste» Legner, qu'on aurait traité de la même manière que l'appartement.
«Action», un groupe ne se reconnaissant pas de la gauche, ose écrire: «Toute armée qui lancerait des fusées atomiques contre Israël servirait d'instrument entre les mains de Dieu destiné aux assassins fous et pervers en Israël. A Beyrouth, l'armée israélienne est en train d'aborder la question des Palestiniens, selon l'idée de la conférence de Wannsee.» Il est intéressant de voir se fermer la boucle entre l'extrême gauche et l'extrême droite.
L'Israélien Dani Brecher, qui a écrit au quotidien, l'exprime en ces termes: «Votre histoire du Liban a sa source dans un autre monde.
Vous êtes des gauchistes venant d'une autre planète. Même si votre étiquette trompe: votre esprit est marqué de la droite.» Ces paroles étaient adressées - et avec raison - à ceux qui> dans leurs rassemblements et dans leurs gazettes, n'ont jamais dit un mot au sujet des attaques contre la Galilée, n'ont jamais fait allusion au massacre de l'OLP parmi les écoliers juifs, ou aux attentats contre les Juifs en Europe. A Hambourg, les commerçants de religion juive reçoivent toujours des lettres de menaces. Dans les entreprises, circulent des tracts antisémites. Un nouvel antisémitisme est né - celui de la gauche. L'Ancien APO Daniel Cohn-Bendit, si «actif» à la fin des années 60, qui ressent des craintes à ce sujet, met ses amis politiques en garde: «Si dans notre pays, on ne sait pas différencier la guerre du Liban de la guerre des Allemands avec tout leur passé, les écluses de l'antisémitisme seront lâchées!» - Elles sont déjà lâchées!
DAVID BLUMENFELD
Nouvelles d'Israël 02 / 1983