Antisémitisme en Pologne

 

De très nombreuses personnes se demandent aujourd'hui pourquoi tout va si mal en Pologne. Voici ce qu'écrit par exemple O.K. à W. dans la NZZ:

Est.ce que les Polonais sont paresseux ?

Les fréquentes grèves en Pologne ont conduit maintes personnes en Occident à porter des jugements défavorables sur les Polonais: «Ils font toujours la grève, ils ne veulent pas travailler, ces paresseux; ils tirent en bas le pays qui est déjà si mal en point!» Ce sont des reproches qui ont pu être aussi entendus en Suisse. Il est vrai que la conscience professionnelle laisse beaucoup à désirer, non seulement en Pologne, mais en général dans tous les soi-disant pays socialistes - l'économie planifiée communiste revendique tous les droits sur la production entière d'un pays. Tout écart aux règles immuables est à peine toléré, toute saine initiative de l'individu est soigneusement coupée à la racine.

L'homme n'est qu'un rouage d'une énorme machine, et n'a pas le droit d'avoir un jugement autonome. C'est pire encore, si son propre esprit d'entreprise devait lui apporter un peu de profit, ou lui procurer quelque indépendance par rapport à l'ordre social établi.

Au terme de la guerre dévastatrice régnait en Pologne un enthousiasme exemplaire pour la reconstruction du pays. Cet élan aurait pu transformer la Pologne en un pays florissant, et cela dans un court laps de temps. La reconstruction de Varsovie et des autres villes en ruines, en est la meilleure preuve. Mais cette euphorie générale au travail ne devait pas durer longtemps; elle fut brisée méthodiquement et définitivement, car elle ne convenait pas au modèle d'économie socialiste de type soviétique. Même les méthodes visant à briser chaque personnalité humaine étaient étudiées avec un raffinement cruel et «scientique». Seuls, les opportunistes purent tenter leur chance. Ceux-là firent carrière dans le parti, et purent s'établir dans l'opulence.

Le citoyen moyen n'avait qu'à travailler et à obéir. C'était inéluctable: personne ou presque n'arrive à trouver son équilibre. «Debout ou couché, le salaire reste le même.» Ce dicton a rapidement déterminé la conscience professionnelle. Il n'est pratiquement resté qu'une possibilité de se maintenir à la surface, par la corruption, la tricherie ou le vol.

Près de 40 ans de «rééducation» ne pouvaient entraîner que des conséquences déplorables, comme on l'imagine facilement. A cela s'ajouta le pire:

l'intégration totale dans l'économie soviétique. L'édification tout entière de l'industrie fut planifiée de telle sorte que le géant soviétique puisse tout diriger. Les intérêts nationaux n'existent pas; il n'y a que ceux du Comecon, c'est-à-dire de l'Union Soviétique. Est-il étonnant que le principe moral en vigueur en Pologne pendant la guerre: »Ce qui nuit à l'Etat (allemand) est bon», se soit bientôt appliqué à la nouvelle situation en place dans le pays? Ces phénomènes sont en fait le pire héritage qui puisse être offert à une nation de la part d'un «ami». Le mouvement récent de la classe ouvrière était né essentiellement dans le but de lutter contre ce mal, analogue à un cancer. «Solidarnosc» luttait pour les droits de l'homme les plus élémentaires, pour un changement des gouvernants et des gouvernés. Il s'agissait d'éliminer les fruits terribles de cette fatale rééducation. Les travailleurs découvraient qu'ils n'étaient pas des robots. Maintenant, ils voulaient obliger le pouvoir corrompu à renoncer à employer des méthodes inhumaines, et prendre en main leur propre destin et le destin du pays. Ils découvraient leur force dans l'unité et la solidarité, et aussi cette méthode qui avait été au départ, l'arme des révolutionnaires marxistes: la grève.

L'été 1980 offrit une nouvelle chance à la Pologne. Il se dessina un espoir d'épuration des cadres économiques incompétents, ainsi que le rétablissement des valeurs morales, celles de la foi chrétienne. Mais il était évident que cela ne convenait pas aux représentants de l'ordre établi. Lorsque des manoeuvres tactiques consistant à démontrer la puissance réductrice de l'armée Rouge ne réussirent pas à intimider les polonais, l'Union Soviétique utilisa la dépendance économique mise en place depuis longtemps, au risque que cette arme ait des conséquences néfastes sur tout le bloc «socialiste». C'est ainsi que même les grèves perdirent leur effet. L'industrie de la Pologne fut paralysée davantage par le manque de matières premières en provenance de l'Union Soviétique, que par les grèves.

Aussi clair que soit cet exposé, les causes des souffrances de la Pologne sont beaucoup plus profondes. Un rapport de presse dit ceci:

NOUVELLES MARQUES D'ANTISEMITlSME EN POLOGNE (a.s.) Dans une interview télévisée à Vienne, retransmise également en Israël, le directeur du centre de documentation sur les crimes nazis et le destin juif, Simon Wiesenthal, soulignait que les signes d'un antisémitisme croissant en Pologne sont de plus en plus inquiétants. Il montrait des caricatures du genre: un «Juif assaillant» expliquait: «J'ai été gazé une fois, non, deux fois, non, trois fois, non . . . » Toutefois, ce ne sont pas seulement les souffrances des Juifs qui sont présentées comme une duperie juive.

Les Juifs sont également accusés d'avoir causé la pénurie de marchandises en Pologne, en achetant d'énormes stocks d'alimentation, Wiesenthal faisait, entre autres, allusion au fait qu'une partie de la campagne antisémite était déjà en cours, avant la proclamation du régime militaire. Wiesenthal, quant à lui, aurait toutefois usé alors de retenue lors de cette publication, pour ne pas gêner «Solidarité». Il. s'agit manifestement d'une tentative délibérée de discréditer «Solidarité».

«Die Zeit» annonce de Pologne que «l'antisémitisme a déjà accompagné les premières actions ,nuit et brouillard organisées par le régime militaire». Des «forces saines», libérées, de la junte militaire peignirent une potence à laquelle était suspendue une étoile de David à l'entrée du théâtre juif de Varsovie. L'étoile de David et le signe du dollar étaient aussi gribouillés sur les dernières affiches de «Solidarité», avant qu'elles ne disparaissent des rues. Tacek Kurton, co-fondateur du comité des droits de l'homme KOR et conseiller radical de «Solidarnosc», qui doit maintenant être condamné en toute hâte comme étant le principal meneur, est apostrophé de «Juif» et de «fils de rabbin». Un speaker de la radio, qui lisait la liste des arrestations, ajouta, après avoir mentionné le géologue Kunicki: «Son véritable nom est Goldfinger.» Parmi les personnes arrêtées se trouve aussi Marek Edelmann, «héros du ghetto de Varsovie», communiste et antisioniste.

Le correspondant de «Die Zeit» à Varsovie, Christian Schmidt-Haüer, rapporte aussi que les milliers de personnes arrêtées qui furent traînées dans la nuit et le brouillard dans des camps de concentration, n'avaient souvent sur le corps qu'un pyjama au moment de leur arrestation. On les mit dans des baraques d'été et dans des tentes en plein air.

La Pologne est traditionnellement antisémite. Si l'on s'en tient strictement aux statistiques, C'est le pays qui a le plus de sang juif sur les mains. Un peuple qui est antisémite, et qui hait ainsi Israël se met inéluctablement sous une malédiction, comme Dieu l'a dit au tout début de l'histoire d'Israël, au patriarche Abraham:

« Et je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront». (Genèse 12, 3a).

Tout en étant touchés et émus de Compassion pour les Polonais que nous plaignons beaucoup, nous ne devons pas perdre de vue les lois de Dieu.

Nouvelles d'Israël 04 / 1983

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