En Amérique, le journalisme, comme bien d'autres activités, s'est transformé, dans bien des éditions, en un article de consommation sans valeur.
Les communiqués sont changés en «Stories», les rapports objectifs en pièces à sensation, la vérité devient tromperie, et les faits sont déformés en mensonges. Toute cette propagande massive est distribuée à vil prix au peuple, dont le besoin de suspense et de violence est ainsi satisfait. Des journaux qui, jusqu'à présent, pouvaient se féliciter de leurs reportages exacts et objectifs des faits, ne se fient plus uniquement à leur propre témoignage oculaire n'ayant subi d'autres influences, mais acceptent les diffamations contre Israël, fournies par l'OLP, comme monnaie courante.
Le correspondant qui, autrefois, présentait des articles équilibrés, est devenu un rapporteur de publicité payé.
Ainsi, 20 000 réfugiés deviennent tout d'un coup 600 000 sans patrie; ainsi, des femmes et des enfants mouraient dans un village dans lequel aucun coup de feu n'avait été tiré. Les journaux nous renvoient des images d'innombrables ruines avec des enfants ensanglantés, images qui en réalité, sont les résultats de la guerre au Liban, qui avait duré sept ans. Elles n'ont rien à voir avec les récents événements au Proche-Orient.
On ne s'étonne pas de ce que l'ensemble du public refuse de mettre en question la crédibilité des reportages pour connaître la vérité.
Totalement différent fut le comportement du procureur général canadien Donald Carr. Profondément choqué par une interview propagée dernièrement au Canada, qui cherchait à prouver les horreurs commises soi-disant par Israël au Liban, Carr s'employa pendant deux mois de vacances à déceler les bases sur lesquelles était fondée l'interview. Avec beaucoup de peines - la bureaucratie israélienne n'est pas facilement disposée à donner des renseignements - Carr avait pu dévoiler l'une des plus dangereuses accusations contre Israël, et donner enfin la preuve que tout n'était qu'un infâme mensonge.
Cette interview, provoquée par un certain Dr Giannou, Canadien, fut l'objet des gros titres dans les principaux journaux locaux comme dans la presse nationale et internationale. On l'a diffusée à la radio et à la télévision, et elle a trouvé une oreille attentive à l'ONU.
La «Story» était tissée de mensonges, de ces mensonges qui font aujourd'hui l'arme la plus puissante de l'OLP.
La «Story»
Le Dr Christopher Giannou, médecin canadien, revenait du Liban, et se présenta à la presse avec les affirmations suivantes: Il aurait été témoin d'impitoyables bombardements israéliens dirigés contre les civils libanais à l'hôpital de Sidon. L'armée israélienne lui aurait refusé la permission d'évacuer ses patients avant les bombardements qui lui avaient été signalés.
L'hôpital, ainsi qu'un camp de réfugiés tout proche, Ein AI Hilwe, aurait subi des attaques sanglantes. Plus tard, les Israéliens auraient fait prisonniers le Dr Giannou et ses patients - dont beaucoup de blessés dans un état sérieux auraient été abandonnés sans surveillance à l'hôpital.
Au camp israélien, Giannou aurait vu des tortures et des bagarres systématiques. Il aurait été, selon ses dires, témoin de quatre meurtres provoqués par des coups, et par deux fois, les gardes l'auraient contraint de confirmer un décès.
La réalité
Le procureur général examina l'arrière-plan de cette histoire. Lors de son séjour en Israël, il fit des annonces dans tous les journaux, et sollicita tous ceux qui, à l'époque, avaient séjourné à Sidon, près du camp d'Ein AI Hilwe, de se présenter à lui. Des soldats, des médecins et des officiers se mirent en relation avec Carr. Peu à peu, la vérité se fit jour.
Le Dr Jaov Mathan, médecin de 30 ans, s'était trouvé à Sidon avec sa troupe.
«Une ambulance au croissant rouge arriva un jour dans le camp de notre armée. Un homme parlant anglais se présenta comme le Dr Giannou. Il nous pria de l'aider à l'évacuation de son hôpital qui se trouvait à proximité du camp des réfugiés d'Ein AI Hilwe.
(Après deux jours de négociations infructueuses avec l'OLP pour laisser partir les civils du camp, les Israéliens décidèrent de se saisir du camp.) Les bombardements étaient prévus pour le lendemain à 6 heures du matin.
Moi, Jaov, j'insistai auprès du Dr Giannou pour qu'il fasse évacuer immédiatement ses malades. Mais il disait ne pas avoir assez de temps pour transporter ses malades de l'hôpital à la ville la plus proche. Giannou me pria de provoquer un retardement de l'attaque prévue. Je fis des demandes auprès de mon commandant. D'autre part, nous proposâmes à Giannou d'utiliser notre camp militaire comme station intermédiaire pour ses patients, puisque l'hôpital palestinien que Giannou pensait occuper était trop loin. Giannou était d'accord.
Pendant toute la nuit, nous installâmes des lazarets et effectuâmes le transport des Patients. Des médecins israéliens soignaient aussi bien des civils libanais que des terroristes de l'OLP blessés.
L'attaque planifiée fut retardée jusqu'à 9 h. 30. Peu à peu, tous les malades étaient transférés à l'hôpital palestinien - pas un seul ne fut oublié, aucun d'eux ne mourut en route. Le bombardement commença bien longtemps après l'évacuation.»
Après cela, le Dr Jaov Mathan avait perdu de vue le Dr Giannou. Ce fut plus tard, à la télévision, qu'il le revit, lorsque le Dr Giannou raconta son histoire qui qualifiait les Israéliens d'agresseurs barbares, qui volontairement, avaient bombardé son hôpital, et refusé toute possibilité de logement à ses malades...
Un autre médecin, le Dr Dani Simon, urologue à l'hôpital Beilinson, répondit à l'annonce de Carr.
«L'hôpital dans lequel Giannou transféra ses malades était l'un des 12 hôpitaux sur la côte. Nous avions examiné chacun d'eux pour nous rendre compte de leur niveau médical. Ils possédaient tous un personnel de valeur, et fournissaient un excellent travail. Seul, l'hôpital de Giannou révéla des conditions lamentables. Nous en étions choqués. Les médecins appliquaient des méthodes du 19 ème siècle. Des malades dans des plâtres non achevés, gisaient sur leurs couchettes. Il y avait un manque de transfusions, des plaies dues aux brûlures restaient sans protection et on exécutait des opérations sans gants. Nous cherchâmes à convaincre tout de suite Giannou et son team (des médecins et des infirmières norvégiens, belges, irakiens et palestiniens) de remédier à ces inconvénients. Lorsque nous y retournâmes le lendemain, nous étions témoins d'une appendicectomie pratiquée sur un garçon de 11 ans qui n'avait reçu qu'une très légère anesthésie. Sans délai, nous évacuâmes l'hôpital en répartissant les patients dans le reste des hôpitaux. Plus tard, nous avons découvert des médicaments et du matériel inutilisés!
Pendant ce temps, tous les habitants de cette partie de la côte devaient se soumettre à un contrôle militaire israélien, pour que les israéliens puissent démasquer les terroristes qui se trouvaient cachés parmi la population. Des officiers de l'OLP, qui avaient offert leurs services aux Israéliens, donnaient un coup de main lors de ce contrôle.
Quatre officiers de l'OLP étaient stationnés - séparément - le long de la plage. Les habitants devaient passer devant eux à la file indienne. Quand deux officiers pouvaient identifier indépendamment l'un de l'autre - un terroriste de l'OLP, ce dernier était emmené au monastère St-Joseph. Là, quatre autres officiers de l'OLP se trouvaient en stationnement et les personnes concernées devaient de nouveau passer devant eux. Si, cette fois encore, deux officiers - indépendamment l'un de l'autre - pouvaient identifier les supposés terroristes, ces derniers - et seulement eux - étaient gardés au monastère pour d'autres interrogations. Tous les autres étaient libérés.
Au début, les Israéliens ne voulaient pas inclure les médecins dans ce contrôle. Mais, pour des raisons de sécurité, on décida finalement de faire subir cette inspection aussi aux médecins.
Cela ne devait être qu'une formalité par acquit de conscience. Pour pouvoir retourner à leurs devoirs médicaux au plus tôt, les médecins ne devaient pas faire la queue dans la foule.
En voyant le Dr Giannou et son équipe, les quatre officiers de l'OLP, stationnés le long de la plage, avaient pu identifier - indépendamment l'un de l'autre - toute l'équipe comme étant composée de terroristes. Giannou et ses médecins furent dirigés vers le monastère St-Joseph pour un autre contrôle. Là encore, les quatre officiers de l'OLP, séparément, ont pu identifier cette équipe médicale comme étant composée de terroristes.»
Parmi les personnes interviewées par le Dr Carr, aucune n'était au courant d'une torture ou d'un meurtre au monastère St-Joseph.
Ni Salim Mamlook, fonctionnaire libanais et collaborateur de l'OLP arrêté par les Israéliens, ni les nonnes du monastère, ne savaient quelque chose sur des mauvais traitements. «C'était la guerre, et beaucoup de soldats étaient nerveux et peu aimables - mais personne n'a été maltraité. Plusieurs fois par jour, les prisonniers recevaient de la nourriture et de l'eau. » Supplément: Le Dr Giannou est actuellement en train de parcourir l'Amérique du Nord pour vendre sa «Story» accompagnée de mensonges. Pendant ce temps, le procureur général cherche à établir les faits par une commission judiciaire pour les présenter à l'ONU et au public. Mais, aussi rapidement que le rapport de Giannou a été saisi par les médias, aussi lente est actuellement leur réaction pour annoncer la vérité.
L'équilibre et la réalité trouvent difficilement une place parmi les gros titres.
Nouvelles d'Israël 03 / 1983