Détresse des Juifs en Russie

 

Le refusnik Valery Pevsner, 38 ans, fut interrogé un jour à son poste de travail pendant plus de trois heures par le responsable du KGB d'Odessa. Pevsner est ingénieur mécanicien, spécialiste en métallurgie. On le menaça d'un procès criminel pour «transmission d'informations secrètes», et pour «infraction d'une loi reconnue partout».

Zachar Zunsheim, sioniste détenu, a reçu la visite de sa femme Tanya au camp d'Ekhirit, en Jrkutskaya Oblast. On suppose que cette rencontre a été permise uniquement en prévention d'une manifestation dans la banlieue de Riga, où des discussions américano-soviétiques se tenaient simultanément. Tanya raconte comment le responsable du camp, le Major Yuri Korenev cherche à prolonger le séjour de son mari, fixé à trois ans, et à appliquer l'article 188/3 récemment entré en vigueur.

La sollicitation auprès des autorités soviétiques de la part des 66 activistes de I'Alijah, en collaboration avec les femmes de prisonniers sionistes et de nombreux anciens détenus pour la libération de Yosef Begun, a été considérée comme un acte encourageant, particulièrement dans cette période de répression sévère. La situation de Yosef Begun est devenue alarmante. Physiquement, on le démolit, ceci uniquement pour son travail en faveur des Juifs, et pour avoir défendu ouvertement son point de vue.

Son épouse Ina Begun n'a plus le droit de correspondre avec son mari pendant sept mois. Cependant, elle vient de recevoir une lettre de lui - comptant une centaine de pages. Dans cet écrit dont le volume correspond à celui d'un livre, Begun ne parle jamais de lui-même ni de sa santé. C'est plutôt une description ou des analyses de livres qu'il a lu. La famille de Begun considère ce manque d'informations personnelles comme inquiétant. En outre, Ina vient d'apprendre par des personnalités autorisées que ses droits de visites seront suspendus jusqu'en mai 1987.

Semion Borovinsky, 38 ans, refusnik depuis 1981, a été entendu publiquement à Léningrad, pour avoir refusé en mars 1986 de témoigner lors de l'interrogatoire du refusnik Vladimir Lifshits - condamné à trois ans de détention pour avoir «critiqué l'Etat soviétique». La Cour interrogea Borovinsky pendant vingt minutes, après quoi elle lui infligea cinq mois de «travaux correctionnels», et quinze pour-cent de déduction de son salaire au profit de l'Etat.

Selon les informations données à son épouse Anya, Lifshits aurait été transféré entre-temps dans un hôpital de prison dans la région de Kamtchatka, probablement pour un contrôle médical après les bruits répandus sur sa mauvaise santé, même à l'étranger.

L'ancien détenu sioniste Alexander Paritsky, de Kharkov, dont l'état de santé s'était sérieusement détérioré dans un camp de travaux forcés, a été soigné dans un hôpital spécialisé en cardiologie à Moscou. Le bureau d'émigration Ovir lui fit savoir que lui, sa femme Polina et ses deux filles pouvaient attendre encore une fois quinze ans, avant l'obtention de leur visa de sortie.

Après douze ans de refus, Leonid Vainshtain, 38 ans, ingénieur mécanicien de Moldava, a quitté l'Union soviétique à Kishinev pour retrouver sa famille en Israël.

Des femmes de prisonniers sionistes et des familles de refusniks de diverses villes ont envoyé des voeux au président et au peuple d'Israël, souhaitant une paix durable pour Israël, et pouvoir bientôt réintégrer le pays de leurs ancêtres.

Dans une autre missive pour la nouvelle année, Ida Nudel qui se voit refuser depuis quinze ans le permis de sortie, remercia les amis du monde entier qui expriment leur souci et leur sympathie à l'égard des Juifs soviétiques. «Je suis persuadée», écrit-elle entre autres, «que les efforts de bonne volonté des nombreuses personnes aboutiront à une solution des problèmes humains, qui portera ses fruits». Binyamin Bojomolmy, 40 ans, l'un des plus anciens refusniks - son nom est mentionné dans le livre des records «Guiness» - a obtenu, ainsi que sa femme Tatanya, une permission d'émigration en Israël. Bojomolmy, victime pendant de longues années des terreurs du KGB, retrouvera enfin ses parents qui, eux, étaient arrivés en Israël en 1970.

L'activiste juif Abram Markman, 26 ans, son épouse Tzilia, ainsi que leurs deux filles ont bénéficié d'un permis d'émigration. Les parents d'Abram, Olga et Maetevi Morkman, vivent en Israël depuis 1980.

Inessa Fleurov, d'Union soviétique, sollicita un visa pour Israël, dans le but de secourir son frère Michaël Shirman souffrant de leucémie, par une transplantation de la moelle osseuse. Elle arrivera en Israël en passant par Vienne.

Madame Fleurov est en possession de son visa depuis août dernier. Elle ne voulait cependant pas quitter Moscou avant que son mari ne reçoive aussi l'autorisation d'émigrer. Le départ fut bloqué par le père de ce dernier, qui refusa de signer les obligations financières, imposées à tous les émigrants de l'Union soviétique. De son côté, Victor Fleurov lutta pour une décision soulignant que, dans le passé, les autorités avaient souvent passé outre ces règles. Il s'adressa directement à la personne responsable de l'attribution des visas, afin d'obtenir la permission d'émigrer avec sa femme et ses enfants.

Shirman fit connaître sa demande lors des conférences de presse de la rencontre au sommet à Reykiavik, espérant que sa fille puisse rapidement quitter l'Union soviétique.

Selon les dernières nouvelles de Shirman à Tel Aviv, la famille Fleurov arrivera prochainement en Israël (N.d.r.: Entre-temps, elle y est arrivée).

Nouvelles d'Israël février 1987

© Nouvelles d'Israël