Les enfants yéménites

 

Zila, une dame âgée d'une cinquantaine d'années et habitant en Californie depuis bien longtemps, tombant en pleurs dans les bras de Margalit Omiassi (67 ans), de Ramat-Gan: voilà une scène qui a profondément ému de nombreux Israéliens à la fin de l'été dernier. Des examens génétiques avaient établi que cette personne du Yémen était sa mère. Les deux femmes, séparées depuis plus de 48 ans, ne s'étaient jamais revues.

Zila, qui avait été prénommée Masal à sa naissance, avait été enlevée à sa maman à l'âge d'un an et demi; et elle avait été adoptée par un couple sans enfants du kibboutz Eyn Hamifraz. A l'époque, on avait dit à la mère que sa petite fille s'était «perdue». Depuis lors, Margalit Omiassi avait inlassablement cherché son enfant. Zila grandit dans le kibboutz. Dès son jeune âge, elle fut mise au courant de son adoption. jeune femme, elle essaya de trouver trace de son origine et de localiser ses parents naturels. Elle se maria en Israël et alla s'installer aux USA il y a 17 ans avec son mari et ses enfants. Mais elle ne renonça pas pour autant à ses recherches. A son retour en Israël à la fin du mois d'août, elle chargea un avocat de l'aider dans cette tâche.

L'histoire de Zila a été publiée par un journal israélien. En réaction, 15 familles lui téléphonèrent au cours des 24 heures qui suivirent: elles supposaient qu'elle pouvait être leur fille disparue. Parmi ces gens, il y avait Margalit Omiassi qui affirmait être la mère. Les deux femmes se soumirent à un test génétique; et une semaine plus tard, elles reçurent cette information en provenance d'un laboratoire: «Les méthodes de calcul statistiques, qui ont cours aux laboratoires de médecine légale dans le monde entier, ont donné pour résultat que Zila Levin est à 99,99143% la fille de Margalit Omiassi. »

Le drame personnel vécu par Zila et Margalit a montré au peuple israélien l'ampleur de la tragédie qui marqua une période difficile et particulièrement pénible de l'histoire du pays - la disparition des enfants yéménites. Il s'agit manifestement de centaines de cas de familles émigrées du Yémen ayant «perdu» leurs enfants. Ceux-ci leur avaient été enlevés pour toujours par erreur ou parce qu'ils étaient malades. Et on informa les parents traumatisés que leurs petits étaient morts de maladie et avaient été enterrés. On indiqua même à certains d'entre eux où se trouvaient les tombes. Il s'est avéré par la suite que, dans plusieurs cas, les enfants avaient été proposés à l'adoption dans le pays ou à l'étranger.

Il y a trois ans environ, le problème des enfants yéménites enlevés se posa avec de plus en plus d'acuité à la conscience du peuple israélien. A l'époque, un groupe issu du Yémen et dirigé par le rabbin Uzi Meschulam décida que tous les moyens seraient bons pour forcer l'ouverture d'une enquête dans cette affaire. Ils parlèrent d'un «holocauste yéménite». Meschulam et ses adeptes organisèrent de très importantes manifestations et firent même usage de leurs armes à feu contre la police et les soldats après que ceux-ci voulurent les rappeler à l'ordre. Dans ces échauffourées, un membre du groupe fut tué. Les adeptes et le porte-parole de ce groupe furent arrêtés provisoirement pour être ensuite condamnés à des peines de prison.

Récemment, le groupe fit de nouveau la une des journaux israéliens. Un de ses sympathisants avait essayé de faire sauter le tribunal de Petach Tikva. Quelques jours auparavant, neuf policiers en patrouille avaient été durement attaqués par des partisans du charismatique Meschulam, à la suite de quoi la police et les services de sécurité se réunirent à la fin août pour des consultations. La possibilité fut envisagée de qualifier le groupe de Meschulam d'organisation terroriste et de le déclarer illégal.

Il ne fait aucun doute que le groupe de Meschulam a réussi à mettre à l'ordre du jour national le problème des enfants yéménites disparus. Déjà en janvier 1995, le gouvernement de l'époque avait décidé d'installer une commission officielle chargée d'enquêter sur la disparition des enfants yéménites et d'autres nationalités au temps de la fondation de l'Etat d'Israël. Cette commission reçut 678 plaintes de parents dont les enfants avaient subitement disparu. Dans le cadre des enquêtes, les actes d'adoption ont été examinés et les tombes ouvertes, dans lesquelles, affirmait-on, des enfants yéménites devaient se trouver. Mais plusieurs d'entre elles étaient vides; manifestement, personne n'y avait jamais été enterré.

Les résultats de ces investigations ainsi que l'histoire des familles de Zila Levin et Margalit Omiassi renforcèrent l'impression qu'il s'agissait d'une affaire extrêmement pénible et sombre, comme un ministre du gouvernement l'a exprimé. Il est aujourd'hui certain que de nombreux enfants - peut-être même quelques centaines - ont été enlevés illégalement et sans raison à leurs parents naturels. Il y eut là exploitation de la naïveté, de la soumission et de la maladresse d'un bon nombre de Yéménites, qui ne s'étaient pas encore adaptés à une société moderne. Il n'est pas certain que quelqu'un doive jamais rendre des comptes dans cette triste affaire.

Commentaire:

C'est là un bien sombre chapitre de la jeune histoire d'Israël. Au cours des presque 50 années d'existence de l'Etat juif, il y a eu bien des hauts et des bas que Dieu a permis. En tant que croyants néotestamentaires et amis d'Israël, nous ne devons nous faire aucune illusion. Mais malgré ces événements, Dieu n'a jamais perdu de vue le but qu'Il se proposait avec Son peuple: la restauration de l'Etat d'Israël au retour de Son Fils, qui établira, à Jérusalem, Son règne de paix messianique millénaire comme Roi des rois sur le monde entier (cf. Es. 2, 2-4).

Cependant, dans un avenir proche, Israël ne sera pas préservé de graves tempêtes. Mais comme déjà dit, Dieu ne laissera plus jamais Son peuple faire naufrage. Il se tient derrière Israël: une merveilleuse image pour nous, croyants de la nouvelle Alliance: c'est par beaucoup de tribulations que nous entrerons dans le royaume de Dieu (Actes 14, 22b). Malgré toutes les épreuves qui fondent sur nous, le Seigneur est toujours à nos côtés, que nous le remarquions ou non. Ses promesses à cet égard sont très sûres (cf., par exemple, Hébr. 13, 5)! Un proverbe hollandais affirme: «Dieu ne nous a pas promis un voyage tranquille, mais bien une arrivée certaine.» CM

Nouvelles d'Israël 11 / 1997

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