Interview de Fredy Rom

avec l'adjoint au maire de Nabatiyeh, Mohammed Ghandur

 

Au Liban, le processus de paix avait déjà commencé avant que les armes ne se taisent.

J'ai rencontré, le 18 août, l'adjoint au maire de Nabatiyeh, Mohammed Ghandur, avec son épouse et sa fillette, dans une maison privée à Tel-Aviv. Bien qu'il refusât d'être photographié, il consentit spontanément à répondre à quelques questions pour Beth-Shalom:

 

Monsieur le maire, comment vous sentez-vous en Israël ?

«Il nous semble qu'un vieux rêve se réalise.Après avoir subi pendant sept ans un pouvoir de violence, de meurtre et de chantage, on éprouve des sentiments particulièrement agréables à être parmi des amis.»

 

Lorsque vous parlez de sept ans de pouvoir de violence, nous ne réalisons pas vraiment ce que vous voulez dire par là. Pourriez-vous nous donner des explications plus précises ?

«Pendant sept ans, l'OLP tua, déporta et viola journellement environ 50 personnes. Au cours de toutes ces années, plus de 100 000 humains - enfants, femmes et hommes ont été victimes de ces sévices. Je vous assure que nous avons prié pour que les Israéliens arrivent. Nous étions nombreux à être déçus, sinon fâchés de ce que Tsahal (l'armée d'Israël) n'ait pas avancé jusqu'à Beyrouth lors de son action «Litani», il y a quelques années.Maintenant enfin, ça y est!»

 

Mais en Europe et aux USA, on se fait une idée toute différente de la guerre au Liban. Israël est condamné et calomnié. Comment expliquez-vous ce fait?

«Je vous répondrai par un exemple. Le premier jour de la guerre, on avait annoncé que dans ma ville, il y avait 5000 tués. C'est pure folie! Nous n'avions même pas 5000 habitants à cette époque. Concernant les victimes parmi la population civile, je peux les compter sur les doigts d'une main.»

 

Vous affirmez toujours combien ces sept ans avaient été terribles, et que les 100 000 victimes, et davantage encore, sous le régime de l'OLP parlaient d'elles-mêmes. Malgré cela, la question se pose: Pourquoi ne vous êtes-vous pas défendus, ou n'avez-vous pas - au moins alarmé l'opinion publique ?

«Nous vivons dans un pays occupé. Nous n'avions ni armée ni police. Nous étions entièrement à la merci des bandes de l'OLP. Tous les ministres - y compris le président du Liban - étaient des otages de l'OLP. En tant que Juif qui connaît son histoire, vous devriez comprendre cela. Les USA et les Européens ont livré des armes à l'OLP et non à l'armée libanaise - ils sont tous complices de ce terrible massacre.»

 

Votre pays est totalement déchiré, il y a 26 armées différentes au Liban. Les soldats israéliens veulent retourner à la maison, compte tenu du consensus national de ne pas laisser l'armée israélienne éternellement au Liban. Comment voyez-vous une solution dans cette situation ?

«Nous désirons la paix autant qu'Israël. Pour cela, nous avons besoin d'une armée. Israël ne peut pas être indifférent à la paix au sud du Liban. Israël porte aussi de l'intérêt à notre sécurité, car elle est directement liée à celle d'Israël. C'est pourquoi nous espérons que l'armée d'Israël restera encore longtemps chez nous.»

 

Comment la présence israélienne dans votre ville se manifeste-t-elle dans la vie quotidienne ?

Comment la vie communale se normalise-t-elle dans votre ville ?

«Les Israéliens sont arrivés l'après-midi. Deux heures avant l'entrée de l'armée israélienne, les combattants de l'OLP avaient quitté la ville en laissant tout leur matériel de guerre. Le lendemain déjà le marché était à nouveau ouvert en ville. Depuis quelques jours, de nombreux habitants de la ville qui s'étaient enfuis devant l'OLP, reviennent. Bientôt, notre ville retrouvera sa beauté d'autrefois. Mais le plus important pour nous, c'est que, grâce à l'arrivée des Israéliens, nous possédons pour la première fois depuis sept ans, une police libanaise. Ce n'était pas possible sous le régime des troupes d'occupation de l'OLP.

Nos autorités libanaises collaborent de nouveau étroitement avec les autorités militaires israéliennes.»

 

Monsieur le maire, les combattants de l'OLP sont en train de quitter le Liban. Quel avenir voyez-vous pour votre pays ?

«Lorsque la grande majorité de l'OLP aura quitté notre pays, ce sera à nous, Libanais, de trouver des solutions à nos problèmes. Cependant, nous désirons que la présence israélienne se prolonge jusqu'à ce que les Syriens, eux aussi, aient quitté notre pays, car ils ont travaillé activement avec la garnison de l'OLP.

Je pense qu'ensuite, une solution pacifique durable sera possible dans toute la région.»

 

Monsieur le maire, beaucoup d'amis chrétiens de Beth-Shalom auraient désiré se renseigner personnellement sur les lieux quant à la situation au Liban. En existe-t-il une possibilité ?

«Dites à vos amis de Suisse et d'Allemagne qu'ils seront les bienvenus chez nous - si les circonstances le permettent. Nous nous réjouirons d'accueillir les touristes de Beth-Shalom.»

Nouvelles d'Israël 12 / 1982

© Nouvelles d'Israël