Le Premier ministre Rabin a lancé récemment une mise en garde, lors d'un discours prononcé devant la Knesset, en affirmant que l'Iran pourrait bientôt être plus dangereux que l'Iraq pour Israël et la paix mondiale.
Rabin a indiqué que l'Iran est en possession d'un potentiel tant humain que technique, qui lui permettrait de construire des armes nucléaires en l'espace de 10 ans. Israël se rend parfaitement compte que l'Iran s'efforce, en collaboration avec d'autres Etats de la région, de développer des missiles à longue portée. Ces missiles sol-sol permettront d'ici cinq à dix ans d'attaquer Israël à partir de pays qui sont beaucoup plus éloignés que l'Iraq. D'après Rabin, la Corée du Nord-est à l'origine tant des missiles "Scud C" que de la technologie nécessaire à leur fabrication, qui a été fournie à une partie des Etats de la région. D'autre part, la Corée du Nord développe actuellement un missile d'une portée de loin supérieure à celle des missiles "Scud C". Selon Rabin, la réponse à cette menace est la suivante: une collaboration internationale pour empêcher un transfert des technologies correspondantes à des Etats "aux tendances mégalomanes"; le développement de missiles anti-missiles israéliens de type "Chetz" (flèche), ainsi qu'une "collaboration américaine active à la sécurité d'Israël".
D'après le magazine allemand "FOCUS", l'Iran serait déjà en possession de la bombe. Nous reproduisons ci-après les informations diffusées à ce sujet par ce magazine:
"En se dotant d'armes nucléaires, Téhéran veut occuper la première place des Etats du camp islamique. Le matériel de guerre provient des Etats de la CEI. Ce faisant, le président de l'Etat et du gouvernement iraniens, Ali Akbar Haschemi Rafsandschani, se rapproche un peu plus de son objectif, qui est de faire de l'Iran une "puissance mondiale". Cet Etat islamique s'est procuré des armes nucléaires à l'insu du monde entier et travaille actuellement au développement de missiles porteurs. D'après des informations des services secrets américains en Iran, deux têtes nucléaires portant chacune une charge de 40 kilotonnes de TNT (Hiroshima: 21 kilotonnes) sont déjà opérationnelles. Elles peuvent être montées sur un missile porteur de type Scud. Une bombe atomique pouvant être lancée d'un avion de type MiG-27 est également opérationnelle.
La quatrième arme nucléaire dont dispose Téhéran est un projectile d'artillerie équipé d'une charge de 0, 1 kilotonne de TNT. On ignore si ce projectile est déjà opérationnel. Ces armes proviennent des républiques d'Asie centrale de l'ex-Union soviétique. Selon l'hebdomadaire arabe publié à Paris 'AI-Watan al-Arabi', en-dehors de la Corée du Nord et de la Chine, des entreprises allemandes ont également apporté leur aide.
D'après des informations émanant de membres du Congrès proches des services secrets américains, les principaux composants des têtes de missiles - y compris la matière fissible - proviennent du Kazakhstan. D'autres pièces ont été envoyées par d'autres républiques d'Asie centrale. Des livraisons ont aussi été effectuées via le Turkménistan. A la mi-décembre 1991, toutes les pièces des têtes de missiles étaient arrivées en Iran, où elles ont été prises en charge par le corps des gardiens islamiques de la révolution.
Le corps qui a, il y a peu, acquis le statut militaire et qui s'est vu charger non seulement de l'exportation de la révolution islamique mais aussi de la constitution des forces militaires, en dépit des regrets amers de nombreux militaires, a également accueilli parmi ses membres des spécialistes de l'industrie des armements.
Il y a un an, les têtes de missiles ont été entreposées dans des casernes militaires près de Téhéran, où elles ont été examinées par des spécialistes iraniens et ex-soviétiques. Ceux-ci ont constaté que tous les composants nécessaires étaient présents, mais qu'il manquait les instructions du code pour aimer les têtes. Téhéran a alors engagé d'autres experts russes. Ceux-ci ont court-circuité les dispositifs de sécurité des têtes des missiles. Des parties d'une bombe atomique pouvant être lancée à partir d'un avion sont arrivées à Téhéran par le district militaire oriental du Kazakhstan, près de la frontière chinoise.
D'autres éléments clés sont venus du Tadjikistan. La bombe a été amenée dans une base de l'année de l'air située près de Téhéran. Des vols expérimentaux du MiG-27 qui devra transporter la bombe ont déjà eu lieu à la base aérienne de Schiras. Ceci donne à penser que l'Iran pointe sa bombe atomique sur la presqu'île orientale arabe, c'est-à-dire sur des pays producteurs de pétrole comme l'Arabie Saoudite, le Koweït, le Bahrein, le Qatar, les Emirats arabes unis et Oman ou sur des unités de la marine opérant dans le golfe Persique, surtout sur les portes-avions américains. Les Iraniens se sont procuré au Kazakhstan des obus d'artillerie à tête nucléaire.
Actuellement, les Iraniens ont lancé un programme d'urgence avec le soutien de la Chine et de la Corée du Nord pour la production de missiles a moyenne portée munis de têtes nucléaires, ce qui leur permettrait d'atteindre Israël depuis ces rampes de lancement. D'après l'hebdomadaire 'AI-Watan al-Arabi', la République fédérale d'Allemagne aurait également apporté une aide à Téhéran dans le développement des missiles porteurs. Des systèmes de guidage auraient été livrés à partir de l'Allemagne. Des pilotes militaires iraniens ont été formés à la base aérienne de Won San, en Corée du Nord. Ces pilotes sont stationnés sur la base aérienne proche de Téhéran où se trouvent déjà les armes nucléaires. Lorsque l'Iran a fait l'acquisition d'un plus grand nombre d'avions de combat soviétiques et chinois de haute technologie, de nombreux pilotes iraniens ont suivi une formation sur ces nouveaux appareils. Plus tard, environ 500 pilotes iraniens ont été envoyés à l'académie de l'armée de l'air de Shanghaï. 80 pilotes et techniciens expérimentés des gardiens de la révolution étudient actuellement à l'Académie de l'année de l'air de Moscou. Naturellement, les Israéliens, qui ont été frappés pendant la guerre du Golfe par les missiles irakiens, suivent de très près ces événements. Ils ne voient pas cette évolution de manière aussi dramatique que certains membres conservateurs du Congrès proches de l'industrie de l'armement.
L'adjoint au chef de l'état-major général israélien, Shahak-Lipkin, a toutefois déclaré que la lutte contre la menace nucléaire qui pèse sur Israël constitue le défi le plus grand et le plus important que le pays a à relever: 'En ce qui me concerne, pratiquement tous les moyens nécessaires à cette mission (qui consiste à empêcher tout Etat arabe d'accéder à la puissance de feu nucléaire) sont permis et légitimes'. En 198 1, des avions israéliens
avaient attaqué et détruit le réacteur irakien Osirak, à Tammus, près de Bagdad. Les Israéliens ont justifié leur attaque en affirmant qu'une bombe atomique irakienne était en cours de développement dans ce réacteur construit avec l'aide des Français.
Nouvelles d'Israël 03 / 1993