Londres rompit avec Damas

 

Margaret Thatcher décidée à combattre le terrorisme

Le 17 avril 1986, Nisar Hindaui, 32 ans, originaire de Beth-Schean en Israël, cherche à introduire une bombe pesant plus de quatre kilos dans un avion d'EL-AL prêt au départ à l'aéroport londonien de Heathrow. Son amie irlandaise, Ann Murphy - enceinte de lui - sera la porteuse inconsciente du sac à main renfermant le puissant explosif. L'attention d'un agent de sécurité d'EL-AL empêchera l'une des plus grandes catastrophes aériennes. Madame Murphy est arrêtée et mise sous protection policière. Au début, Hindaui réussit à prendre la fuite, puis il se rend à la police. Le frère de Hindaui, soupçonné de participation à un attentat à l'explosif contre un club de nuit américain, est arrêté à Berlin.

L'explosion de la machine d'EL-AL, qui devait se produire au-dessus de l'Autriche, aurait tué plus de trois cents personnes. Le verdict du jugement témoigne du fait qu'on ne se contenta pas de l'indignation internationale. Le «Old Bailey» condamne l'accusé à 45 ans de prison pour son projet meurtrier.

Le juge Mars-Jones dit qu'il est «impossible d'imaginer supercherie plus inhumaine et massacre plus horrible». il souligne le fait que l'Angleterre «ne connaît pas de grâce» à l'égard des terroristes.

Pour ne pas en rester là, le gouvernement de Margaret Thatcher annonce, peu après le jugement, la rupture des relations diplomatiques avec la Syrie. La «dame de fer» s'engage sérieusement dans la lutte contre le terrorisme international. La Syrie était impliquée dans ce projet criminel. Il existe assez de preuves à ce sujet, même si, par la suite, le gouvernement syrien a pris de la distance, et cherché à se débarrasser de toute responsabilité dans cette affaire.

LA REALITE

1. Hindaui reçut les directives du général Muhammad al-Chouli, chef du service secret de l'armée de l'air syrienne, et l'homme fort après le président d'Etat Hafez el-Assad à Damas.

2. L'ambassadeur syrien à Londres, le Dr Loutouf al-Chaidar était l'homme de contact d'Hindaui. C'est lui qui remit à ce dernier la bombe, transportée jusqu'en Grande Bretagne dans un avion de la «Syrien Arab Airlines». C'est encore lui qui, après l'attentat manqué, offrit l'hospitalité à Hindaui, à l'ambassade. Les Britanniques semblent connaître ces faits grâce à l'écoute clandestine de certaines conversations.

3. Hindaui obtint son visa pour l'Angleterre à l'ambassade britannique à Damas, par un Palestinien en accord avec les Syriens.

4. Pendant longtemps, Hindaui fut instruit par le service secret syrien. Sans aucun doute, la Syrie a elle-même planifié et soutenu activement ce complot meurtrier contre cet avion israélien transportant des personnes civiles. Si Hindaui est coupable en tant qu'individu, la Syrie, elle, est responsable du terrorisme d'Etat. De là la décision ferme et immédiate du gouvernement britannique, approuvée par la presque totalité du parlement. C'est grâce au sens d'honneur des Anglais, grâce à leur désir de combattre sans compromis le fléau international du terrorisme, et grâce à leur volonté d'aller au-delà des simples promesses verbales que ces mesures univoques ont pu être prises. C'est ainsi que l'ambassadeur al-Chaidar, et tout le personnel de l'ambassade avec lui, furent expulsés. L'ambassade, qui abrite un immense arsenal d'armes, a été l'objet d'une surveillance sévère par Scotland Yard. Il fallait absolument éviter, après le départ des Syriens, que des armes circulent parmi les groupes terroristes. Aujourd'hui l'on sait - et Hindaui, qui s'est adouci depuis son arrestation l'a crié bien haut - que la Syrie et la Libye soutiennent du point de vue logistique des organisations terroristes, telles que le FPLP (Front populaire pour la libération de la Palestine), l'ira, ou les Brigades Rouges, par des livraisons d'armes.

Les journaux londoniens, ainsi que la presse israélienne parlent d'un procès que la Syrie intenterait contre al-Chaidar pour avoir échoué lors de la tentative de l'attentat et, avant tout, pour ne pas avoir éliminé à temps Hindaui afin d'éviter ses aveux dénonçant les Syriens. A présent, la question se pose: Le président Assad avait-il été informé? Si oui, la responsabilité lui incomberait entièrement. Sinon - ce qui est peu probable pour la seule raison que le général AI-Chouli n'agirait pas à l'insu du chef d'Etat - son ignorance témoignerait d'un affaiblissement de sa position à la tête de l'Etat. Ainsi Assad, gravement malade, ne serait plus au courant de certains événements, même dans des affaires touchant directement la situation politique de la Syrie sur la scène internationale.

La décision de Londres de rompre ses relations diplomatiques avec la Syrie, a servi de signal. Les USA, ainsi que le Canada ont rappelé leurs ambassadeurs de Damas en vue de discussions. En outre la C.e.e, sous l'impulsion britannique, a pris des mesures limitées à l'encontre de la Syrie.

Les Britanniques ont agi de la bonne manière au bon moment. A ce sujet, le Premier ministre israélien Yitzhak Shamir s'exprima, lors d'une émission télévisée, en ces termes: «C'est une évolution extrêmement importante et positive. Depuis toujours, Israël affirme que le soutien des divers Etats aux organisations terroristes favorise considérablement les actions de ces dernières, et constitue une des conditions préliminaires de leur réussite ... il faut donc empêcher l'aide de ces Etats ... Il faut qu'ils reconnaissent que l'assistance aux terroristes ne paie pas».

Nouvelle d'israël février 1987

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