Rien n'a été changé à la charte de l'OLP
Lorsqu'on exécute des assassins aux Etats-Unis, comme récemment les frères Karl et Walter La Grand, l'opinion publique, le gouvernement et les médias allemands s'en inquiètent. Lorsque la même chose se passe dans «I'Etat palestinien qui n'en est pas encore un», où Yasser Arafat, le chef de L'OLP, doit donner une autorisation écrite à cet effet, seuls quelques quotidiens y consacrent un petit entrefilet. Par contre, l'Organisation pour la libération de la Palestine (OLP) obtient, en même temps, de nouveau 100 millions de DEM de la part de Bonn. Berne aussi envoie régulièrement des francs à Ramallah et à Gaza.
Même la preuve de corruption massive parmi les dirigeants palestiniens n'empêche guère les gouvernements occidentaux de continuer à donner des millions, sans pour autant contrôler l'usage que les destinataires en font.
Arafat est sans doute un excellent tacticien. Une biographie d'Arafat, écrite par le Palestinien Saïd K. Aburish et publiée en 1998, décrit comment Arafat est devenu un dictateur qui ne recule pas devant le mensonge.
Une des tromperies les plus manifestes de l'opinion publique concerne la charte de l'OLP. Mais qui s'en soucie?
L'objectif de l'OLP est de détruire Israël
La charte de L'OLP, qui date de 1968 et s'appelait alors le «Manifeste national palestinien», était considérée jusqu'il y a quelques semaines comme la déclaration de principe la plus importante de l'OLP. On pouvait y lire que l'objectif était de mener une lutte armée contre Israël en vue d'anéantir cet Etat et de fonder sur ces terres un Etat palestinien. Certains passages de la charte ne laissaient planer aucun doute sur le caractère irrévocable de cet objectif, par exemple les articles 9 et 21. Ainsi, l'article 9 dit:
«La lutte armée est la seule possibilité de libérer la Palestine. Le peuple arabo-palestinien est fermement décidé à poursuivre cette lutte armée et à déclencher une révolution populaire en vue de la libération de son pays et de son retour sur ses terres». L'article 21, quant à lui, exclut à cet effet toute espèce d'«internationalisation.»
Supprimer les passages hostiles à l'égard d'Israël? A l'instar de presque tous les médias de langue allemande et de la plupart des médias internationaux, la «Basler Zeitung» a elle aussi signalé le 25 avril 1996: «Le passage contre Israël a été rayé de la charte de l'OLP». Seul l'«International Herald Tribune», qui est imprimé à Zurich, se montrait plus prudent: Le Conseil national palestinien aurait constitué une commission chargée de rédiger dans les six mois un nouveau projet de charte. Personne ne sait ce qui s'est exactement passé, le 24 avril, à Gaza, car tout s'est déroulé à huis clos. Cela n'empêche pas les médias de répandre la nouvelle selon laquelle la charte aurait été modifiée.
En cas de modification de la Constitution suisse par la suppression ou l'adoption d'un article quelconque, cette modification fait l'objet d'une justification et tout le monde peut prendre connaissance de la version modifiée. Tel n'est pas le cas pour la charte de l'OLP. Voici plusieurs mois, j'ai essayé d'obtenir le texte révisé en arabe et en anglais en contactant et en interrogeant par écrit des instituts politiques et journalistiques, mais même l'OLP ne m'a pas fourni ce texte révisé de la charte. Depuis avril 1996, l'opinion publique est constamment trompée relativement à ladite charte. Les dirigeants politiques israéliens demandent instamment la suppression explicite et définitive par l'OLP des passages en question. Les médias d'expression allemande supposaient que tout ce qui était hostile à Israël avait été rayé. Mais en demandant de nouveau cette suppression, les accords d'Oslo ont montré qu'elle n'avait pas encore été faite. Et Jérusalem avait raison d'exiger cette suppression, car la volonté explicite d'anéantir Israël ne peut servir de base à une coexistence pacifique. Les journalistes auraient eu beau demander au Département de la presse du Conseil national palestinien un exemplaire du texte révisé, ils ne l'auraient jamais reçu, du simple fait qu'un tel texte n'existe pas!
L'OLP renonce-t-elle à la destruction d'Israël?
Lors du voyage de Clinton à Gaza, en décembre 1998, les médias annoncèrent tout à coup que les plus hautes personnalités palestiniennes avaient, en présence du président américain, supprimé de la charte les articles controversés qui s'opposaient à la paix. La «Basler Zeitung» écrivait: «Clinton a reconnu le vote par son allocution presque émotionnelle devant l'assemblée, disant: 'Je vous remercie d'avoir renoncé à la destruction d'Israël'» (15.12.1998). Mais aucun quotidien ne s'est demandé pourquoi il lui fallait dire cela en décembre 1998, alors que la chose avait été décidée soi-disant en avril 1996!
On pourrait croire qu'il existe depuis ce vote une «version révisée» de la charte de l'OLP. Nos médias ayant en effet explicitement signalé la suppression des clauses contre Israël, ils n'ont jamais dit que la charte même avait été supprimée. J'ai donc à nouveau contacté par écrit le ministère de l'Information du Conseil national palestinien à Ramallah pour lui demander un exemplaire du texte révisé en arabe et en anglais.
L'OLP affirme qu'il n'y a pas de charte révisée, mais...
En février, j'ai reçu une réponse claire de la part du «Directorat des relations extérieures et des médias» à Ramallah et Gaza. Faisant mention des votes de 1996 et de 1998 concernant «certains articles» de la charte, l'administration me dit: «Il n'y a pas de version révisée de la charte de l'OLP, mais il y a un comité chargé d'élaborer le projet d'une nouvelle constitution palestinienne.»
Est-ce de la diplomatie ou simplement une tromperie de l'opinion publique internationale? Il demeure en tout cas une question qui n'intéresse pas seulement les juristes spécialisés en droit international: Comment peut-on rayer de la charte certains articles hostiles à Israël sans disposer par la suite d'un texte révisé de cette même charte?
Un avenir politique porteur de conflits
Il n'y a pas de charte révisée et l'OLP n'a toujours pas de constitution. En 1996 déjà, on avait promis de déposer dans les six mois un texte révisé - chose qui n'a pas été faite. En 1999, on parle de nouveau d'un tel comité. Arafat veut... proclamer son propre Etat palestinien souverain. Mais où est donc la constitution de celui-ci? A moins que l'OLP n'espère obtenir d'abord la reconnaissance internationale de son Etat, avant d'en publier la constitution, afin de mettre la communauté internationale devant un fait accompli.
Que l'OLP ait une charte ou non, son drapeau (en même temps le drapeau du nouvel Etat?) arbore une carte du pays qui montre depuis belle lurette qu'il n'y aura pas de place pour l'Etat d'Israël. Arafat et ses amis veulent en outre toute la ville de Jérusalem comme capitale. Tout comme Israël, ils n'acceptent pas une «internationalisation» de la ville. Mais voilà exactement ce que L'UE veut et en faveur de quoi le Vatican plaide - de préférence pour l'an 2000. Il semble que l'avenir promette peu de paix mais beaucoup de conflits dans toute la région. Dommage!
Mais telle est exactement la raison pour laquelle nous devons prier, en tant que chrétiens, pour la paix et pour que le dessein de Dieu soit réalisé.
LE PASTEUR REINHARD MOLLER
SOURCE: EDU-STANDPUNKT, No 4/99
Appel de Minuit 07 / 1999