Le Premier ministre Benjamin Netanyahou n'est pas particulièrement aimé dans le gouvernement américain. Telle est la conclusion à laquelle sont parvenus la plupart des commentateurs de politique intérieure et extérieure en Israël suite à la brève visite faite début avril à Washington par Netanyahou.
En principe, Netanyahou n'était à Washington que comme hâte du congrès annuel AIPAC - le très influent lobby juif. Il y eut cependant au cours de sa visite une rencontre de deux heures avec le président Bill Clinton ainsi qu'avec sa ministre des Affaires étrangères, M. Albright. Le but de cette rencontre était, selon des sources américaines, de «sauver la paix». De son côté, Netanyahou désirait que les Américains condamnent le terrorisme palestinien, qui, quelques jours auparavant, avait frappé dans le café «Apropo», à Tel-Aviv (voir l'édition précédente). Pour atteindre ce but, le Premier israélien montra à Bill Clinton la photo d'un blessé: celle d'un bébé de trois mois, Shani, dont la mère avait perdu la vie lors de l'explosion.
D'après la presse israélienne, le sommet avec le Président Clinton a été un échec, Netanyahou ne se montrant nullement disposé à accepter des compromis sur les problèmes de politique étrangère; de plus, il a maintenu son refus de diviser Jérusalem et de renoncer à la construction de nouveaux logements dans cette ville ainsi que dans les colonies. Et il ne manqua pas d'exprimer ses intentions sur ces thèmes dans des déclarations publiques, ce qui mit les Américains dans une situation très difficile, même si ces derniers déclarèrent ne pas vouloir mettre de pression sur Israël.
Après de telles assertions de la part des Israéliens, Clinton envoya son négociateur pour le Proche-Orient, Dennis Ross, dans cette région du monde, afin de «sauver la paix»: une entreprise, qui, selon ce diplomate, serait, cette fois, fort compliquée. Chacun des deux clans désirait des concessions de la partie adverse, tout en ne se montrant pas personnellement prêt à des compromis. C'est ainsi que Ross, peu avant les fêtes de Pâques, dut rentrer aux USA les mains vides, avec, cependant, ce message: Israël va annoncer la construction d'un nouveau quartier palestinien dans la région de Har-Homar.
Quelques jours avant Netanyahou, Yitzhak Mordechaï s'était rendu à Washington, où il avait aussi eu un entretien avec Albright, dans lequel le problème de Har-Homar avait été abordé - une discussion particulièrement ardue, semble-t-il. Par contre, la conversation avec le ministre de la Défense US, un juif, fut fort encourageante. Le ministre israélien, un traditionaliste, fut surpris de voir son collègue américain, Cohen, ouvrir le dîner par l'ancienne formule hébraïque de bénédiction pour le pain.
Au cours de leur entretien antérieur sur des problèmes concrets, la promesse avait été faite du maintien du soutien américain dans le développement de systèmes d'armement de haute technologie comme le projet Nautilus contre les missiles Katiuscha. Les Américains promirent également de garder l'avance qualitative d'Israël. Mordechaï put aussi leur arracher cette autre promesse: mettre, en cas d'urgence et aussi vite que possible, des dépôts d'armes de tous genres à la disposition de l'armée israélienne.
Commentaire: Au plus tard après l'enlèvement, les USA également se tourneront contre Israël, qui sera de plus en plus seul. Il en sera ainsi jusqu'à ce qu'Israël - comme le patriarche Jacob, en cette nuit mémorable - rencontre son Dieu et Lui crie: «Je ne te laisserai point aller que tu ne m'aies béni» (Gen. 32, 26). Alors se lèvera le soleil pour le peuple juif: «Le soleil se levait, lorsqu'il passa Peniel (J'ai vu Dieu face à face) » (v. 3 1). CM
Nouvelles d'Israël 06 / 1997