un allemand sur deux est contre les Juifs
Nous recevons souvent des communiqués de la République fédérale allemande, parlant de faits bouleversants au sujet des excès antisémitiques. Il y a déjà plusieurs années, la presse allemande publia le résultat d'un sondage:
Lors de ce sondage, organisé par une société de recherches, un citoyen sur deux des 60 millions vivant dans la République fédérale, est contre les Juifs - moins de 30 000 en Allemagne. Une étude établie par l'Institut de recherches de Cologne, sous la direction du Docteur Alphons Silbermann, directeur du Département de communication de masses, a révélé qu'il subsistait dans le pays un antisémitisme latent, malgré les trente ans écoulés depuis le régime national-socialiste.
Lors de la publication de cette étude à Stuttgart, le Dr Silbermann insiste sur le fait qu'il ne s'agissait pas de justifier le «Lobby des Juifs», mais plutôt de contribuer à plus de démocratie et de tolérance. Cette étude fournit une preuve que l'antisémitisme latent ne se limitait nullement aux groupes marginaux de tendance politique extrémiste.
15 à 20% de la population allemande nourrissent des préjugés antisémites très prononcés, 30% restent latents, mais disposés, à chaque instant, à la virulence. La cause de cet antisémitisme serait un manque d'information de la population parmi laquelle on cultivait de tout temps des préjugés favorisant les manipulations. L'estimation du nombre des Juifs vivant en Allemagne exprimé par le sondage - soit 268 000! - en est un exemple typique.
Cette étude révèle que les préjugés les plus marqués se trouvent parmi les agriculteurs dans les régions sud de l'Allemagne, moins parmi les employés de commerce: 47% des agriculteurs manifestent leur hostilité antisémite, 23% parmi les employés. 52% des paysans croient encore que la persécution des Juifs était un jugement à cause de la crucifixion de Jésus. Plus le sujet interviewé était âgé, plus il manifestait de l'antisémitisme.
Environ 20% sont d'avis que les Juifs exercent une influence spéciale sur le théâtre, la télévision et le cinéma, ainsi que dans la littérature. 17,8% pensent que l'influence juive est trop forte en politique. Silbermann voit une explication claire pour ces «préjugés transmis et recueillis», dans le fait que 14,3% déconseillent les relations dans les affaires avec les Juifs; 38,7% conseillent la prudence et seulement 35,9% déclarent qu'il n'existe pas de différence entre un homme d'affaires juif et non-juif.
Le Dr Silbermann donna libre cours à son opinion et proposa une meilleure information et un cours d'histoire allant au-delà du temps de Bismarck, pour réduire l'antisémitisme. Il ajoute que, jusqu'à présent, les institutions de formation n'avaient pas apporté de contribution notable à la solution de ce problème. Il rappela que ce climat d'antisémitisme avait déjà été créé par la littérature, le théâtre et les caricatures. Des pièces telles que «Ordures, la ville et la mort», ont retrouvé le même essor qu'avant, explique le sociologue.
L'Eglise en Allemagne devrait prendre au sérieux le fait que, malgré l'holocauste. il n'y a pas de véritable repentance devant le Seigneur, raison pour laquelle il n'y a pas d'authentique amour national envers le peuple d'Israël. C'est aussi la cause de la misère économique croissante dans la République fédérale allemande, comme nous l'avons mentionné dernièrement. Il serait de la plus grande importance que chaque croyant de la RFA adresse une lettre au gouvernement de Bonn, pour le rendre attentif au fait qu'un essor serait possible par une attitude droite et secourable envers Israël, selon ce qui est écrit dans la Genèse, chapitre 12, verset 3: «Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront.» Bien des nations ont expérimenté ces réalités extraordinaires, aussi bien dans le sens négatif que positif. Mais individuellement aussi, chaque croyant qui soutient Israël par l'intercession et par des dons, éprouve par la suite la merveilleuse bénédiction de Dieu et il reconnaît que cette bénédiction est directement liée à son attitude bienfaisante face à Israël.
L'article suivant, paru dans le «Nürnberger Nachrichten» du 2 février, est une autre preuve de la recrudescence de l'antisémitisme en Allemagne:
Le président de la communauté israélite Arno Hamburger - cible d'insultes et d'éclats de haine dans des lettres anonymes.
Après son accusation contre Franz Schönhuber, l'auteur de «J'étais présent», le conseiller municipal a reçu des menaces de mort contre lui-même et ses deux petits-enfants.
Les pamphlets les plus terribles remis à la police politique
Nuremberg - «Si je ne peux plus vivre, comme chaque citoyen, en paix et en sécurité dans le pays de mes aïeux, s'il faut craindre pour ma propre vie et celle de ma famille, il y a une erreur déterminante quelque part.» Ainsi s'exprima Arno S. Hamburger, président de la communauté israélite et conseiller municipal de Nuremberg, après les menaces de mort contre lui-même et ses deux petites-filles, âgées respectivement de un et trois ans. Il sait, par sa propre expérience, de quoi il parle. Au mois d'août 1939, à l'âge de 16 ans, Hamburger avait dû quitter sa ville natale tout seul. Il partit comme émigrant pour la Palestine et revint en été 1945 comme soldat britannique à Nuremberg, ville ensevelie sous la cendre et les débris. Beaucoup de ses proches avaient disparu, semblables aux centaines de milliers d'autres Juifs allemands; ils avaient été entraînés par les nazis dans les camps de concentration, et exécutés.
Les menaces de vouloir assassiner Hamburger et ses petites-filles, sont le triste et dramatique couronnement d'un flot de lettres injurieuses anonymes, envoyées au président de la communauté israélite depuis le 19 décembre 1981. Ce jour-là, notre journal imprima une lettre ouverte d'Hamburger à Franz Schönhuber, qui remplace le rédacteur en chef du «Bayrischen Rundfunk». Dans cette lettre, le conseiller municipal de Nuremberg accuse Schönhuber d'avoir minimisé, dans son livre:
«J'étais présent», de façon impardonnable les crimes du régime national-socialiste national contre les Juifs européens, et d'avoir ainsi poussé, en qualité de «coupable bureaucratique», «la jeunesse dans les bras de la droite extrémiste».
Dans près de 50 lettres adressées à Hamburger, les expéditeurs qualifient leur compatriote juif de «cochon juif à l'hôtel de ville» que «les nazis avaient oublié d'asphyxier». L'une des cartes est signée par «Adolf II». Une autre lettre contient le faux nom d'Horst Jörgens, Horst-Wessel-Platz à Oldenburg.
Un autre écrit à Hamburger: «La foi juive ne produit que des escrocs et des criminels. Vous ne méritez rien d'autre que d'être chassés de tous les pays avec des gourdins.» A la place d'une signature se trouvent les mots: «Juda crève ! » A la suite de cette terrible parole nazie, on peut lire le mot «Shalom», écrit avec un cynisme révoltant; Shalom signifie paix en hébreu ! Arno a transmis les pamphlets les plus terribles à la police de Nuremberg, qui tente de trouver les traces des malfaiteurs. Jusqu'à présent, cette recherche n'a abouti à rien de tangible. La famille de la fille d'Hamburger, qui vit à Nuremberg avait été mise pendant quelques temps sous la protection de la police, et leur maison est toujours surveillée. Hamburger lui-même, porte, depuis ces menaces de mort, un revolver «Schmith et Wesson» sur lui.
Depuis l'attentat à la fête d'octobre, et le double meurtre à Erlangen de l'éditeur juif Shlomo Levin et de sa compagne Frieda Poeschke, le conseiller municipal avait déjà été mis en garde anonymement, et depuis 1978, il est en possession d'un permis de port d'armes. Il est la personne la plus exposée aux risques.
Parmi les lettres envoyées à Hamburger, il n'y a pas que des insultes et des menaces. Une quinzaine de citoyens se rallièrent à la pensée d'Hamburger, exprimée dans sa réplique à Schönhuber. Leurs lettres reflètent à peu près ceci: «J'ai l'impression, plus que jamais, que nous devons veiller en tant qu'aînés, à ce que la génération future ne soit pas entraînée dans un courant qui commence par le chauvinisme pour se terminer par un grand fiasco.» Le conseiller municipal menacé fit remarquer avec insistance que les injures antisémites du camp de l'extrême droite ne pouvaient pas être considérées comme de petites fantaisies. Bien avant 1933, Adolf Hitler parla, dans son livre:
«Mein Kampf», de l'anéantissement des Juifs, qui se réalisa plus tard. Pourtant, nombreux furent ceux «qui n'avaient pas pris au sérieux» ces terribles «caprices passagers!» Hamburger est décidé à ne pas «se cacher» et à faire face à tout ce qui pourrait se dresser contre lui.
Peter Abspacher
Nouvelles d'Israël 06 / 1982