Le conflit libanais apparaît souvent aux observateurs de l'extérieur confus et contradictoire. Cependant, ces dernières années, et plus particulièrement depuis 1984, une évolution fondamentale se dégage toujours plus nettement de cette situation: le rôle dominant des Syriens. La Syrie est aujourd'hui la seule puissance étrangère qui occupe, par des forces militaires, une grande partie du Liban, notamment de l'est et du nord-est. Les contingents européens des troupes multinationales ont quitté Beyrouth au printemps 1984. Israël acheva son retrait en 1985. Il ne reste que les troupes syriennes.
Tous les partis libanais, issus de la guerre civile, tournent leurs regards vers Damas. Il est toujours plus évident que, parmi les nombreuses fractions, aucune ne remportera la victoire militaire. Ainsi ils sont tous dépendants de la Syrie. De sa position dans la montagne libanaise, la Syrie a la possibilité d'attaquer tous les domaines des diverses communautés et milices. Les chrétiens de Beyrouth Est et dans les centres maronites, l'ont expérimenté plus d'une fois. Depuis peu, les Syriens se servent des chi'ites qu'ils ont munis de chars T54. Les attentats meurtriers des chi'ites ont fait fuir même les Israéliens. Sans avoir obtenu le retrait simultané des Syriens, les troupes israéliennes ont quitté le Liban où elles avaient perdu, au cours des trois années d'occupation, 650 soldats.
La Syrie se rapproche de son but
Ainsi, la Syrie est la seule puissance étrangère qui, plus que jamais, s'implante au Liban. Après avoir brisé la force des chrétiens, des druses et des sunnites, les Syriens ont aussi détruit la présence armée des Palestiniens à Beyrouth, non sans avoir chassé auparavant, après l'éclatement de l'OLP, son chef, Yasser Arafat et ses adeptes. Même la milice chrétienne du Sud-Liban, armée et payée par Israël, au mois de mars encore révoltée contre la trop forte dépendance du président de l'Etat chrétien Gemayel, a dû signaler, au mois de mai, son assujettissement à la Syrie. Pour la première fois, son nouveau chef s'est rendu à Damas.
Pour Assad aussi, une intervention directe serait dangereuse
Il serait sans doute erroné d'admettre qu'il appartient à Damas de planifier et de diriger chaque phase de guerre au Liban, voire de provoquer un règlement du conflit à court terme. Pour cela, la situation est trop peu contrôlable. Après les expériences des Etats-Unis et de la France, le président syrien Assad hésite quant à une intervention directe, bien qu'elle soit demandée du côté libanais. Les hostilités au mois de septembre entre divers groupes musulmans à Beyrouth et à Tripoli, démontrent de façon frappante que l'influence syrienne, elle, est aussi limitée. C'est pourquoi Assad ne tient pas à s'engager pleinement et prend pour bouc émissaire le si faible gouvernement - mieux vaut un président libanais sans couleur que le renversement d'un gouvernement qui n'a plus de pouvoir.
Pièges pour le président Assad
Le Liban est un Etat artificiel pour les Arabes, créé par les puissances occidentales. La Syrie - comme d'ailleurs de nombreux Libanais musulmans - n'a jamais accepté le partage en plusieurs Etats de cette surface fertile, ressentie comme une unité. C'est pourquoi Damas et Beyrouth n'ont jamais engagé des relations diplomatiques entre elles, d'autant plus que la Syrie était toujours présente au Liban, tant sur le plan économique que sur le plan familier.
Le conflit qui éclata au Liban en 1975 a toujours inquiété la Syrie, car sa population aussi se divise en plusieurs communautés religieuses, ayant droit les premières au loyalisme de leurs membres. Assad a intérêt à être prudent, s'il veut éviter qu'une polarisation religieuse s'introduise dans son pays comme au Liban. Déjà en 1981, mais plus particulièrement en 1982, des soulèvements ont eu lieu parmi les frères musulmans, surtout dans la ville syrienne d'Hama. Il est donc d'autant plus important pour le président, lui-même membre de la minorité des Alawites - une secte musulmane - de mener une politique plutôt arabe et marquée de laïcisme (indépendant de la religion). Lui-même, arrivé au pouvoir par le moyen d'un putsch en 1971, doit, à présent, veiller à ce que le puissant appareil militaire ne le dépasse pas. Cela explique pourquoi la Syrie, l'Etat le plus acharné qu'Israël doive affronter, manifeste autant d'hostilité envers ce dernier. Mais pour le moment, il faut occuper l'armée au Liban.
Bien que ce communiqué soit intitulé «Damas à l'approche d'un grand Etat syrien», la réalité se trouve ailleurs si l'on considère la prophétie, car: C'est Jérusalem qui, bientôt, sera réunie avec le Liban, selon ce que dit la Parole! (cp. p.ex. De. 1, 7; Jos. 1, 4). Ce qui est cependant révélateur, c'est que la Syrie cherche à prendre le Liban au moyen de détours et de ruse. Pauvre pays. Pauvre peuple. Pauvre président impuissant, qui est sans cesse contraint à se présenter devant Assad à Damas! C'est la situation dans laquelle se trouvait jadis Israël, lorsque les Syriens le menaçaient.
Dans la situation actuelle, il est impensable qu'un jour l'Egypte et la Syrie se convertissent au Seigneur et fassent alliance avec Israël. C'est ce qui arrivera cependant, et tous les trois seront une bénédiction pour toute la terre (cp. Es. 19, 25). Les Syriens sont, de toute façon, les sémites les plus purs parmi tous les autres peuples. Ils sont les parents les plus proches des enfants d'Israël. Abraham, le père d'Israël, n'était-il pas Syrien d'origine?, selon ce qui est écrit en Deutéronome 26, 5: «Tu prendras encore la parole, et tu diras devant l'Eternel, ton Dieu. Mon père était un Syrien, près de disparaître. Il descendit en Egypte ... » (trad. allem.). W.M.
Nouvelles d'Israël Janvier 1986