Le Vatican présente des excuses

Rome fait quelques pas en direction de Jérusalem

 

 

Avec un retard de 50 ans, l'Eglise catholique romaine s'est officiellement excusée et a demandé pardon «pour les péchés que ses membres ont commis à l'égard des Juifs pendant l'Holocauste».

Elle n'assume cependant pas la responsabilité de l'attitude adoptée par le pape Pie XII.

Le document du Vatican «En mémoire des Juifs de l'Holocauste» a été rédigé par la commission du Vatican pour les affaires religieuses concernant les Juifs. C'est le cardinal Edouard Idris Cassidy qui la préside. Ce document fut établi après que le pape Jean-Paul II eut promis, en 1987 déjà, à différentes organisations juives de se pencher sur «l'histoire douloureuse des relations entre Juifs et chrétiens».

La commission a analysé le comportement des chrétiens vis-à-vis des Juifs pendant l'Holocauste. Elle en est venue à la conclusion que «les chrétiens n'ont pas accordé aux persécutés toute l'aide que l'on était en droit d'attendre des disciples de Jésus». Par contre, elle loua (!) le pape Pie XII pour ce qu'il fit personnellement ou fit faire par ses représentants afin de sauver des milliers de Juifs.

Dans la préface de ce document, le pape écrit que l'Holocauste «restera à toujours une tache de honte ineffaçable dans l'histoire des nations du vingtième siècle». Il demande aux chrétiens de se juger personnellement et de considérer tout le mal qui a été fait durant cette période.

La publication de ce document a amené diverses réactions en Israël, certaines de colère et d'autres d'indifférence. Dans ce pays, on attendait que le Vatican prenne sur lui la responsabilité de ceux qui, au nom de l'Eglise comme institution, n'avaient rien fait pour sauver des Juifs. On attendait aussi du pape qu'il exprime un profond regret devant l'attitude du pape Pie XII, qui s'était tu et n'avait pris aucune position officielle en faveur des Juifs et des autres persécutés du régime nazi.

De nombreux Israéliens furent irrités par ce manque de courage ainsi que par la tentative de louer le pape Pie XII. Il y eut entre autres la prise de position vis-à-vis de ce document du Grand Rabbin d'Israël Lau, lui-même un survivant de l'Holocauste. Il pense que le Vatican essaye maintenant de justifier le comportement du pape Pie XII. «C'est un document historique, mais il n'est pas encore pour autant question d'une réconciliation définitive avec l'Eglise.» L'ancien président de la Knesset, Shevach Weiss, est également un rescapé de l'Holocauste.

Son avis est que la publication de ce document papal est importante, mais que cet écrit n'explique pas le silence dont le Vatican s'est enveloppé durant toute la période du nazisme et du fascisme.

Au sujet de la réaction israélienne peu enthousiaste, le patriarche latin de Jérusalem, Michel Sabah, a déclaré que le Vatican ne doit pas s'excuser pour l'Holocauste, «parce que nous ne l'avons pas fait». Et d'ajouter que des chrétiens ont également été exécutés par les nazis.

Le patriarche a fait ses déclarations lors d'une conférence de presse, qu'il a tenue après un entretien avec le Grand Rabbin d'Israël. Le rabbin Lau a dit ensuite, une fois encore, sa déception de ce que le document du Vatican ne présente aucune excuse, ni aucune condamnation du silence du pape Pie XII pendant l'Holocauste. Si l'Eglise s'était dressée contre la destruction des Juifs, «il y aurait aujourd'hui des milliers de Justes qui auraient sauvé des vies juives», dixit Lau.

Commentaire: La manière dont on se comporte vis-à-vis des Juifs est de la plus haute importance. Pensons à Matthieu 25, 3 1-46.

Nous avons souvent abordé ce sujet par le passé.

L'Eglise catholique romaine est-elle vraiment sincère dans ses excuses? On peut, hélas, avoir des doutes à cet égard. Elle n'a agi que sous de fortes pressions: «s'excuser auprès des Juifs dans la ligne des événements. » Que les Juifs soient dès lors déçus est tout à fait compréhensible. Mais cela n'a pas porté préjudice à l'image de Rome . . . De plus, ces excuses doivent être placées sous l'éclairage prophétique, de sorte qu'elles étaient inévitables: quand l'Antichrist paraîtra en Israël, l'Eglise catholique romaine, l' «autre bête» (Apoc. 13, 11) , favorisera probablement ses desseins (cf. Apoc. 13, 12 et suiv.). Elle ne pourra le faire que si les relations avec les Juifs s'améliorent dans une mesure certaine, étant donné que l'Antichrist sera au début accueilli comme le Messie par les Israéliens. Ces excuses s'inscrivent donc dans la ligne de l'accomplissement des prophéties bibliques et de la prochaine venue du Seigneur. CM

Nouvelles d'Israël 05 / 1998

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