La vérité sur le massacre dans les camps de réfugiés palestiniens

 

De Ludwig Schneider, Jérusalem

La nouvelle année juive 5743 commença avec un bain de sang dans le camp de réfugiés «sabra» à Beyrouth et provoqua un immense choc parmi les Israéliens.

Une nouvelle fois, on accuse Israël d'être le coupable. Mais celui qui connaît les vraies raisons ne juge plus avec légèreté. Je vais les énumérer brièvement:

Lorsque le président Beschir Gemayel, élu le 14 septembre, fut assassiné par les terroristes de gauche de I'OLP, Israël se rendit compte immédiatement qu'une vengeance suivrait cet acte sanguinaire - comme c'est malheureusement toujours la coutume en orient - aussi chez les soi-disant chrétiens.

Pour cette raison, des troupes israéliennes entrèrent à Beyrouth-ouest juste après l'attentat contre Beschir Gemayel, pour veiller à ce que le calme revienne. Et Beyrouth-ouest jouit en effet d'un calme relatif excepté les fusillades quotidiennes. Puis vint le changement fatidique:

Le jeudi 16 septembre, Washington envoya à Israël l'ordre de quitter Beyrouth-Ouest dans le plus bref délai, prétendant que la présence israélienne n'était pas justifiée dans cette partie de la ville. La première réaction des Israéliens ne se fit pas attendre:

«Les Américains sont naïfs. Ici on ne tire pas, comme à Hollywood, avec des cartouches à blanc. Il y aura une vengeance du côté libanais.'» Israël chercha par la suite à retarder son retrait forcé, au moins jusqu'à la prise en charge de Beyrouth-Ouest par l'armée officielle libanaise. Mais Drapper, l'ambassadeur des USA qui, jusque là, avait empêché toute prise directe de contact entre Tsahal (l'armée israélienne) et l'armée officielle libanaise, repoussa énergiquement les préoccupations d'Israël, donnant pour motif qu'Israël ne cherchait qu'à gagner du temps et du territoire. C'EST AINSI QU'ISRAEL CEDA SOUS LA PRESSION DES USA ET PRIT UNE ATTITUDE VISIBLEMENT PASSIVE, NE SURVEILLANT PLUS QUE LES POSTES DE CONTROLE HABITUELS. Aujourd'hui, on est tenté de joindre notre voix à celle de nombreux Israéliens, et de dire: «Il aurait mieux valu pour Israël se retirer de Beyrouth, ce qui, bien sûr, aurait provoqué un immense bain de sang et plusieurs milliers de tués, mais sans la possibilité d'impliquer Israël dans cette affaire. » Enfin, les choses se sont passées autrement.

Les phalangistes chrétiens, chargés immédiatement après l'élection de leur Beschir Gemayel de ratisser les camps de réfugiés, avaient pour tâche de dénicher des terroristes et leurs armes encore cachés, qu'on supputait au nombre de 4000 environ à Beyrouth. Cependant, après l'attentat contre Beschir Gemayel, cette action des phalangistes fut tout de suite interrompue.

L'armée libanaise (ne pas confondre avec les phalangistes chrétiens), partiellement dépendante du Premier musulman El Wazzan, refusa de continuer ce ratissage. Israël ne voulait pas non plus si risquer, à cause de l'ordre reçu de Washington. Après les obsèques de Beschir Gemayel, les phalangistes reprenaient leur travail commencé et Israël resta fidèle à la passivité exigée par les USA.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, les phalangistes venaient auprès des Israéliens, dont le poste de contrôle se trouvait à 500-700 mètres de là, et réclamaient un laissez-passer au camp de Sabra - pour, comme ils le prétendaient, trouver d'autres armes dans le camp. Les Israéliens n'y voyaient qu'une suite du travail amorcé. A cela s'ajoutaient les fusillades quotidiennes à Beyrouth. Jour et nuit, on tirait plus ou moins fort. Plus personne ni prenait garde aussi longtemps que le coup ne tombait pas à proximité. On comprend aisément pourquoi les Israéliens ne soupçonnaient rien de particulier lorsqu'ils entendaient les coups de feu du côté du camp des réfugiés. C'était facilement possible au cas où des terroristes cachés auraient été découverts. 36 heures plus tard, le samedi, on découvrit, épouvantés, les cadavres du massacre. Jusqu'à cet instant, on a compté 253 morts. Il est possible que ce chiffre ait encore augmenté, mais dire qu il s'agissait de milliers de victimes - comme cela fut annoncé généralement par les média occidentaux - est faux.

Les réfugiés palestiniens, paniqués, couraient vers les postes de contrôle israéliens et criaient: «Protégez-nous !» Les soldats israéliens s'en étonnaient fort, car jamais encore ils n'avaient entendu pareille chose de la part des Palestiniens. Pourtant, l'armée d'Israël se trouvait encore sous l'ordre d'ultimatum de Washington, de ne pas accéder aux camps des réfugiés. C'est ainsi qu'une deuxième vague de massacre se déclencha.

Ce qui est grave, c'est que les phalangistes avaient obtenu le laissez-passer au camp par le mensonge et, plus que cela, les Israéliens leur fournirent l'éclairage pour leur prétendue recherche d'armes pendant la nuit. Le commandant israélien en question, Amin Drori, sous la couverture du ministre de la Défense Ariel Sharon, donna le feu vert au ratissage d'armes et de terroristes effectué par les phalangistes. Mais il aurait dû se douter qu'après le meurtre de Beschir Gemayel, la vengeance ne se ferait pas attendre. Au camp, on avait aussi aperçu un homme d'Hadad (Hadad est le chef de l'armée chrétienne libanaise au sud du Liban, étroitement lié avec Israël) qui, pour avoir refusé de quitter cette zone interdite pour lui, fut blessé par les Israéliens. Ce fait fut l'occasion d'inventer l'histoire que ce massacre avait été commis par des gens d'Hadad.

Au Liban, on est choqué par la révolte internationale. Où donc étaient les protestations du monde lorsque, pendant les huit ans de terrorisme de l'OLP, 98 500 Libanais étaient victimes des massacres.7.' Actuellement, les Libanais soupçonnent fortement que le massacre ait été perpétré par les gens de l'OLP eux-mêmes, pour empêcher l'élection du phalangistes Amin Gemayel, frère de Beschir. Mais les premiers sondages révèlent avant tout la culpabilité des phalangistes.

Tout le reste n'est que du domaine de l'hypothèse.

Navon, le président de l'Etat d'Israël, exigea une commission d'enquête convaincante et impartiale, pour que cet acte de sauvagerie soit élucidé avec exactitude. Ici à Jérusalem, le choc nous reste dans les membres, car une nouvelle fois, c'est d'abord Israël qu'on accuse sans avoir aucune preuve. Pour les Libanais qui avaient assisté aux obsèques du phalangistes Beschir Gemayel et pour lesquels le ciel rouge sang de l'après-midi était de mauvais augure, commence une nouvelle période angoissante de panique et de misère, peut-être même une nouvelle guerre civile.

Pendant le bref stationnement des Israéliens à Beyrouth-Ouest, qui n'a duré que quelques heures, CES DERNIERS ONT DECOUVERT DES RESERVES SOUTERRAINES D'ARMES, DE QUATRE A CINQ ETAGES, RELIEES PAR DES COULOIRS SECRETS. EN PLUS DE CELA, UNE STATION DE RADIO COMPLETE DE LA PUISSANCE DE L'EMETTEUR ISRAELIEN «KOL-ISRAEL», INSTALLEE DANS UNE MOSQUEE, a également été découverte. Au Liban, on suppose que ce massacre qui, d'après l'ordre et l'exécution, ressemble à une action de suicide de l'OLP aurait commis pour empêcher Israël de découvrir d'autres secrets. Ces bases d'armes et de terroristes ne pourront jamais être trouvées par l'armée «d'opérette» libanaise (comme on l'appelle si plaisamment). Elles appartiendront au domaine public - prêtes pour un nouveau terrorisme.

A la Knesset à Jérusalem, on se reproche les divergences et on se querelle en ce moment.

«Navon, Begin et Sharon n 'ont qu'à partir» c'est le refrain qui s'intensifie, bien que le dernier sondage d'opinion accordât 54 % des voix au Premier ministre Begin et seulement 3,4 % au chef du parti travailliste Peres.

Nous n'avons plus qui attendre les événements.

Nouvelles d'Israël 12 / 1982

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