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Les sénateurs néerlandais s'apprêtent à voter une loi légalisant l'euthanasie Les sénateurs néerlandais devraient voter mardi une proposition de loi légalisant l'euthanasie sous certaines conditions, levant les ambiguïtés autour de cette pratique médicale.
Le projet de loi, déjà approuvé par les députés le 28 novembre, devrait entrer en vigueur dans quatre mois si une majorité de sénateurs lui donnent son aval.
Le vote de la chambre haute ne devrait pas poser de problèmes, estime un porte-parole du ministère de la Justice, Wijnand Stevens.
"De même qu'à la chambre basse, les partis en faveur du texte constituent la majorité au Sénat. Comme il s'agit d'un vote qui en appelle à la conscience de chacun, la discipline de parti pourrait être moins forte, mais sans faire la différence", a-t-il poursuivi.
La légalisation de l'euthanasie est assortie de plusieurs conditions:
Les médecins devront s'assurer que le malade est affligé de "souffrances insupportables", qu'il n'a aucun espoir de survie et qu'il veut effectivement mettre fin à sa vie.
Ils devront ensuite se soumettre au contrôle de commissions régionales chargées de veiller au respect de ces conditions.
Les mineurs entre 12 et 16 ans auront également la possibilité de recourir à l'euthanasie, s'ils bénéficient de l'accord de leurs parents. Pour les jeunes âgés de plus de 16 ans, ce consentement parental ne sera plus nécessaire.
Lors du vote en première lecture, le texte avait soulevé l'opprobre attendue du Vatican qui avait qualifié de "triste primeur" l'initiative néerlandaise, estimant que la loi "violait la dignité humaine".
Le rapporteur de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe sur l'euthanasie, Edeltraut Gatterer (Autriche, chrétienne-démocrate) avait jugé la loi contradictoire avec l'article 2 de la convention européenne des droits de l'Homme.
Celui-ci stipule que "la mort ne peut être infligée à quiconque intentionnellement (ce qui) garantit le droit à la vie, notamment en ce qui concerne les malades incurables et les mourants".
Les partis de l'opposition (chrétiens-démocrates et petits partis confessionnels) sont hostiles à la loi ainsi que différents groupes de pressions émanant des confessions religieuses.
Mais la polémique est jusqu'à présent restée feutrée dans ce pays habitué à innover en matière sociale. L'opposition s'est surtout exprimée par une pétition signée par 25.000 personnes, et par des prises de position de responsables des Eglises.
Les parlementaires ont reçu quelque 40.000 lettres sur la question dont une majorité en faveur de la loi, selon l'agence néerlandaise ANP.
Le Premier ministre Wim Kok a souligné "le travail consciencieux" effectué pour parvenir à l'élaboration de cette loi, dont, a-t-il dit, "nous n'avons pas à avoir honte".
Le débat interne a notamment porté sur la difficulté de cerner la notion de "souffrance intolérable et sans issue".
Le ministre de la Santé, Mme Els Borst, a souhaité qu'"un réel débat de société" s'ouvre sur l'application de l'euthanasie aux personnes en profonde dépression qui souhaitent mourir.
Les opposants à la loi prévoient une "marche silencieuse" dans les rues de La Haye mardi.
L'approbation vraisemblable de la loi sur l'euthanasie sera une "première" mondiale supplémentaire à l'actif de la majorité gouvernementale actuelle, composée des libéraux et des socio-démocrates.
La coalition de centre-gauche au pouvoir a déjà ouvert le mariage civil aux homosexuels et légalisé la prostitution.
La consommation des drogues douces est autorisée depuis longtemps aux Pays-Bas.
(AFP) ajouté le 10/04/2001