Quel Dieu les Juifs orthodoxes prient-ils?

 

Question: Je ne saisis tout simplement pas à qui les Juifs orthodoxes s'adressent actuellement par la prière. Ce ne peut plus être le Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, puisque Jésus a dit: «Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au Père que par moi» (Jean 14, 6). En tant que chrétien croyant, j'ai accès auprès du Père dans l'Esprit Saint par Christ. C'est ce que ne connaissent pas les Juifs orthodoxes qui, par exemple, prient au pied du Mur des Lamentations. Adoreraient-ils donc une Idole?

 

Réponse: Le concept «orthodoxe», qui signifie exactement «dont l'opinion est droite», met à l'étroit; pour beaucoup, il est synonyme de caftan (un long survêtement), toque de fourrure, rouflaquettes et attitude antisioniste. C'est pourquoi nous utilisons de préférence l'interprétation «Juifs pieux». Le juif pieux prie selon ses connaissances du Dieu de ses pères, c'est-à-dire d'Abraham, d'Isaac et de Jacob. Souvent il le fait par des paroles tirées des Psaumes. Un juif ne peut prier autrement tant qu'un voile est sur son coeur et qu'il ne confesse pas Jésus. Nous devons savoir que nous ne pouvons mettre le peuple de l'ancienne Alliance de Dieu et l'Eglise du Seigneur dans le même sac. Lisez, à cet égard, 2 Corinthiens 3, 12-16 et Romains 11, 25. La diversité des caractères et les niveaux différents sur lesquels Israël et l'Assemblée se trouvent constituent un mystère; et il est bon de se rappeler constamment les chapitres 9 à 11 de l'Epître aux Romains. Dans le judaïsme, des heures sont prévues pour la prière, et il y a des prières obligatoires. Ces périodes bien déterminées sont le matin (dès le lever du soleil), l'après-midi et le soir (après le coucher du soleil); mais aucune heure n'est indiquée très précisément. En général, ces prières sont dites, dans la mesure du possible, au début de la période indiquée, afin de ne pas négliger ce devoir. A propos des prières obligatoires quotidiennes, voici ce qu'écrit Johann Maier dans le livre «Le judaïsme - depuis les temps bibliques jusqu'aux temps modernes», dans le chapitre consacré au judaïsme au Moyen Age:

Les prières obligatoires quotidiennes sont exception faite des bénédictions voeux de bonheur ou de bénédiction; Réd.) - le «Ecoute, Israël» suivi des bénédictions qui en font partie, deux avant, une (le soir, deux) après, ainsi que les «Dix-huit prières» il s'agit d'une série de dix-neuf bénédictions - anciennement, il y en avait dix-huit. Le «Ecoute, Israël» (voir Deut. 6, 4) est récité matin et soir, les «Dix-huit prières» - appelé également «Amidah Stehen», parce qu'on prie debout - lors des trois temps de prières.

A ces prières de base sont venus s'ajouter, au cours des siècles, de nombreux éléments - bénédictions, textes bibliques, surtout des Psaumes et des hymnes - en partie pour la seule prière personnelle, en partie en rapport avec le culte dans la synagogue, dont le fondement fut fixé au début du Moyen Age.

Comme troisième complexe de prières, on ajouta, pour les jours ouvrables, après le «Ecoute, Israël» et les «Dix-huit prières», le «Tahanun», la «Supplication», qui contient, entre autres, la confession des péchés et la prière en vue d'obtenir la miséricorde et le pardon; on avait coutume de se jeter par terre pendant sa récitation ... Mais dès le Moyen Age, le «Tahanun» cessa d'être dit le soir.

La dernière phrase l'indique: bien des choses ont changé également dans le judaïsme, sans parler des différences et des nuances dans diverses directions, comme, par exemple, celles du judaïsme des Sephardim ou celui des Ashkenazim ou encore du nouveau courant du judaïsme réformé, etc. Cependant, chaque juif - quels que soient son pays d'origine, la langue qu'il parle ou la synagogue à laquelle il appartient - est capable de lire la Thora et de réciter les prières hébraïques contenues dans un livre de prières.

 

Vous vous intéressez au contenu des prières juives; nous vous en citerons donc quelques extraits. Au réveil ainsi qu'à la fin de chaque journée, le Juif pieux se souvient de son Créateur, le Dispensateur de la vie et du repos. C'est ainsi qu'il commence la matinée en disant:

je reconnais devant Toi, le Roi du monde éternellement vivant, que Tu m'as rendu mon âme dans Ton grand amour fidèle.

 

La première partie d'une prière prononcée au repas:

Loué soit notre Dieu, Maître du monde, qui nourrit le monde entier dans Sa bonté, Sa grâce, Son amour et Sa miséricorde. Il donne du pain à toute chair, car Son amour est éternel ...

 

A la fin d'un repas, on dit ceci:

... que le Tout-Miséricordieux règne sur nous éternellement! Que le Tout-Miséricordieux soit béni dans le ciel et sur la terre! Que le Tout-Miséricordieux soit loué par toutes les générations, glorifié parmi nous pour l'éternité et honoré parmi nous à jamais! Que le Tout-Miséricordieux nous accorde notre subsistance! Que le Tout-Miséricordieux brise le joug qui pèse sur notre nuque et nous conduise sûrement dans notre pays! Que le Tout-Puissant envoie de nombreuses bénédictions sur cette maison et sur cette table à laquelle nous sommes assis ...

Le juif pieux dit aussi des prières personnelles où il intercède pour sa famille avec ses joies et ses peines, avec ses soucis et ses souffrances; il connaît naturellement aussi la prière d'assemblée qui, par-dessus ses besoins personnels, englobe tout le judaïsme.

Dans tout cela, une chose doit être claire: tout comme dans la chrétienté, il y a dans le judaïsme des gens superficiels ou athées, mais également des croyants sérieux. En conséquence, des prières sont prononcées dans les deux systèmes: certaines formelles et vides, d'autres venant du plus profond du coeur. Sachons bien que Dieu considère l'état du coeur! EV

Nouvelles d'Israël 11 / 1994

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