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Pendant des semaines la presse a écrit sur ce sujet; des représentants d'Églises officielles et libres, ainsi que d'autres chrétiens, ont adressé des lettres de critiques et déposé plainte contre les responsables devant la justice. Il s'agit du livre «Das Paradies kann warten» (Le paradis peut attendre) qui a été édité en décembre dernier par le Pestalozzianum de Zurich «à la demande et avec le soutien de la Direction de l'éducation du canton de Zurich». Le but présumé était de sortir pour les professeurs et parents, autorités et jeunes, un guide spécialisé sur les «groupements totalitaires». Que l'on y trouve l'Eglise de Scientologie et la secte du Coréen Moon ne surprend pas.
Diffamation des évangéliques
Un chapitre avec le titre sarcastique «Les évangéliques - difficultés respiratoires sous le corset biblique» fit toutefois sensation. Cette contribution de la journaliste Rosmarie Gerber est un exemple type de subjectivité, de citations rassemblées superficiellement et de mentions arbitraires d'Eglises libres et d'oeuvres.
Celles-ci sont traitées de manière diffamatoire, de groupements «à tendance totalitaire», bien qu'aucun fait n'ait pu être avancé à ce sujet. Les communautés de Chrischona et de l'Action Biblique, l'église libre, le Mouvement pour l'évangélisation des enfants et quelques autres oeuvres évangéliques, ainsi que l'ARMA et l'UDF, sont nommément mentionnés. L'église réformée d'Eglisau (Église réformée zurichoise) est aussi attaquée; elle refuse apparemment de «prendre en considération les besoins de paroisses pluralistes» (p. 153). Pour prouver la prétendue «tendance totalitaire» des évangéliques à l'intérieur de l'Eglise réformée, on éveille même des émotions en reprenant de l'islam le terme de «guerre sainte» (p. 165) et en l'attribuant sans raisons aux évangéliques!
Multiples critiques fondées et acérées
R. Gerber compare même les évangéliques avec les adeptes de la secte Moon (p. 153) et leurs responsables avec le fondateur de la scientologie (p. 157). Que cela n'a plus rien à voir avec une «information objective fiable sur les arrière-plans» (p. 5) a été aussi admis par le Parti Evangélique Populaire du canton de Zurich qui a déclaré que cette initiative fut une «erreur». A son avis, il s'agit là d'une diffamation de personnes et d'Eglises par la Direction de l'éducation, qui a par cela perturbé le «dialogue inter-évangélique et la paix confessionnelle». Le PEP a demandé des éclaircissements au gouvernement.
Le pasteur Dr Oswald Eggenberger (il était directeur du «bureau d'orientation évangélique sur les Eglises, groupes spéciaux et mouvements religieux» jusqu'à fin 1992) a été cité en ces mots: Il ne lui serait jamais venu à l'idée de mettre le Moon, les Enfants de Dieu, Hare Krishna avec les communautés de Chrischona, l'Action Biblique et les cercles évangéliques à l'intérieur de l'Église réformée dans le même sac. A «ldea Suisse» il a dit - ce qui est mentionné dans l'impressum du livre - qu'il n'a jamais supervisé un manuscrit. L'Action biblique a démontré catégoriquement dans sa protestation, que «plus grave encore est l'incompétence de la rédactrice en matière d'objectivité. Ici, le devoir d'objectivité journalistique a été gravement enfreint, en effet, beaucoup de citations ne sont tout simplement pas vraies et sont blessantes». Le professeur titulaire de droit public et administratif à l'École supérieure de St-Gall, Paul Richli, a reproché à la Direction de l'éducation de Zurich des «ingérences de l'État», là où il aurait dû se comporter de manière neutre. Il a particulièrement formulé des objections sur les chapitres concernant l'Opus Dei et les évangéliques, et mis l'accent sur la liberté de croyance et de conscience (cf. Neue Zürcher Zeitung, 29.12.92).
Le livre avait tout d'abord été interdit
La «Société pour le développement de la connaissance psychologique de l'homme» (de laquelle un chapitre se trouve également dans le livre) a entre-temps porté plainte avec succès contre ce livre. Il ne peut plus être diffusé sans rectifications de ses 1 ère et 2 ème éditions.
Dans le no de février 93 de «Bibliorama» (Organe d'information des bibliothèques suisses) le livre a été recommandé dans la rubrique «en dernière minute» mais il ne fut jamais livré. On continue à suivre la procédure; les évangéliques et l'Union Démocratique fédérale ont également déposé plainte. Il paraît qu'une troisième édition du livre est en préparation. Jusqu'à maintenant il ne semble pas que les critiques étendues et objectivement fondées, aient trouvé des oreilles attentives à la Direction de l'éducation de Zurich, au Pestalozzianum et chez l'éditeur. On serait toutefois en droit d'attendre d'une autorité de l'état plus de compétence en la matière et un respect illimité de la liberté de croyance et de conscience. Il reste à espérer que les tribunaux s'en occupent et donnent ainsi aux fonctionnaires et politiciens responsables les leçons de rattrapage nécessaires. Mais qui va réparer les dégâts causés dans l'opinion publique? Ou bien ceux-ci étaient-ils même programmés?
Reinhard Möller, pasteur publié avec son autorisation
Extrait d'«ARMA»
La Bonne Nouvelle 5/93
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