Source: Impartial

Initiation à la tolérance religieuse

 

Education: les enseignants romands disposent désormais d'un document pédagogique sur les textes sacrés. Un précieux outil d'intégration social

 

Qu'elle s'appelle Dharma, Torah ou Charia, la loi au sens large est une composante essentielle de l'héritage culturel et religieux de l'humanité. A l'attention des enseignants romands, un nouveau document pédagogique présente les différents textes sacrés comme un outil de tolérance et d'intégration sociale.

Depuis l'antique code babylonien de Hammourabi (vers 1700 avant J.-C.) jusqu'à la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, les êtres humains se sont efforcés de se fixer des règles de conduite leur permettant de vivre ensemble. Des lois d'inspiration divine, mais aussi des droits ont ainsi été édictés, au nom de valeurs telles que amour, justice, humanité, détachement, non-violence. Si chaque texte a été circonscrit dans une région du globe et parfois dans une culture précise, les. migrations ont fait de notre société un espace résolument pluraliste et multiculturel où les codes se multiplient. Pour palier l'incompréhension qui en résulte, un nouveau document pédagogique à l'attention des enseignants propose un panorama des différents textes de référence qui existent dans le monde. Sous la forme d'un calendrier interreligieux, il invite au respect des convictions de chacun, tout en défendant le droit de tous à l'égalité, à la justice et à la paix.

«Les religions devraient être capables de dépasser le secondaire pour arriver à l'essentiel, qui est le respect de l'autre, la capacité de l'accepter tel qu'il est tout en restant soi-même», exprime à Lausanne le pasteur Claude Schwab, président de l'association Enbiro (Enseignement biblique romand) qui coédite la publication. «Pour aimer son prochain, il faut le connaître».

 

Un outil qui donne des pistes

Le document présente les différentes lois en douze volets, sans jugement de valeur. Un bémol: si la diversité et la tolérance 'sont de mise, aucune piste n'indique comment aider l'enfant à s'enraciner dans sa propre culture et religion, enracinement qui lui permettrait justement de se structurer et de pouvoir par la suite se confronter à l'autre de façon stable et réfléchie.

Pour Sandra Modiano, enseignante en histoire, français, au collège de Prilly et dotée cette année de périodes en histoire biblique, le calendrier est avant tout un outil qui donne des pistes et non un ouvrage sur lequel baser son enseignement. «C'est un document qui présente une ouverture au monde d'une façon très novatrice et qui permet à l'élève de se décentrer», se réjouit-elle.

Il s'agit en fait d'entrer dans la diversité et de réaliser que celle-ci présente aussi des similitudes (lire encadré). «Les mises en situation proposées aux classes suscitent le débat, ce qui est très formateur», poursuit-elle. Ainsi demande-t-on par exemple aux élèves de réfléchir aux lois qui régissent leur vie en classe. « Cet exercice prend tout de suite du sens pour eux et leur permet de réfléchir à leur manière de vivre ensemble, à ce qui les gêne chez les autres. En parlant de leur quotidien, on parvient à discuter de ce qui les distingue et les rapproche.»

«L'idée de ce calendrier répond au souci de prendre la mesure de la diversité religieuse et culturelle qui marque chaque année davantage la société occidentale, en rupture avec la tradition établie d'une Europe très majoritairement sinon unanimement chrétienne», estime à Genève Jean-Claude Basset, l'un des auteurs du document.

 

Sous les feux de l'actualité

Par rapport aux événements gravissimes survenus aux Etats-Unis le 11 septembre, il est ainsi essentiel que les enfants comprennent qu'il y a plusieurs islams. «La guerre sainte est inadmissible», exprime à ce propos Claude Schwab. «Pour moi, c'est la religion qui dérive, une perversion fondamentale. Pour le dire, il faut toutefois passer par une reconnaissance des autres et réaliser que les musulmans ne sont pas tous des extrémistes et qu'ils ne sont pas au bout du monde, mais autour de nous».

Jean-Claude Basset lui fait écho: «Il y a dans le monde trop de foyers de conflits à connotation religieuse pour que l'on ne s'efforce pas de développer une culture de la paix interreligieuse». /GAD

Calendrier interreligieux, éditions Enbiro-La Plateforme Interreligieuse (www.enbiro.ch)

Par Gabrielle Desarzens

InfoSud

Impartial 29 septembre 2001

© Impartial

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Un principe universel

En préambule au calendrier, ses auteurs ont tiré de dix traditions religieuses une même pensée qui laisse entrevoir une convergence morale. En voici quelques formulations:

«Ne blesse pas les autres avec ce qui te fait souffrir toi-même» (Bouddha: Sutta Pitaka, Udanavagga 5, 18).

«Ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse, ne le fais pas aux autres » (Confucius: Analecta 15, 23).

«Ce qui est détestable pour toi, ne le fais pas à ton prochain. C'est là toute la Loi, le reste n'est que commentaire» (Hillel: Talmud bab, Shabbat 31a).

«Comme vous voulez que les gens agissent envers vous, agissez de même envers eux » (Jésus: Evangile selon Luc -6, 3 1).

«Aucun d'entre vous n'est vraiment croyant tant qu'il n'aime pas pour son frère ce qu'il aime pour lui-même» (Muhammad: 13e des 40 Hadiths de Nawawi).

«Ce qui vous irrite dans la conduite des autres à votre égard, ne le faites pas à autrui» (Isocrate, Nicoclès 61).

/GAD