Un soir d’été,
alors que nous étions dans notre salon nous
aperçûmes des flammes derrière une des
fenêtres de l’immeuble d’en face. Rapidement
elles dévorèrent les rideaux tout en
noircissant légèrement la façade.
L’instant de surprise passé, nous fîmes
notre devoir en appelant les pompiers.
Ensuite, installés à la fenêtre, comme
beaucoup de nos voisins, nous regardions le
“spectacle”. Tout à coup il me vint
à l’esprit que dans cet immeuble il y avait aux
étages supérieurs des personnes qui pouvaient
devenir prisonnières des flammes si l’incendie
n’était pas maîtrisé rapidement. Il
fallait les avertir!
Quoique prévenus, les locataires, ne voyant ni
flammes ni fumée, restèrent chez eux et se
penchèrent à leur tour à la
fenêtre lorsqu’ils entendirent la sirène
des pompiers.
Cette tranche de vie est riche d’enseignements pour le
chrétien; en effet, elle dépeint fort bien le
domaine spirituel qui enveloppe de plus en plus notre
vieille Terre.
Il y a bien longtemps que les flammes de l’enfer ont
commencé à lécher le monde qui nous
supporte, il y a bien longtemps que des hommes,
poussés par le Saint-Esprit, ont prévenu
l’humanité sans obtenir beaucoup de
résultats!
Partout nous avons des
personnes averties qui restent dans leur petite
vie, qui ne veulent pas
changer leurs habitudes et qui pourtant se mettent “aux
fenêtres” et commentent l’enterrement
d’un voisin, la mort d’un proche, la fin imminente
d’un autre rongé par une cruelle maladie.
Leurs discussions vont bon train et quoique leurs cheveux
blanchissent, que leurs forces diminuent, que le cercle des
anciens s’amenuise, que leurs contemporains s’en
vont les uns après les autres, ils continuent
à se croire hors de danger et vivent en ignorant les
flammes de l’enfer qui leur sont destinées
s’ils n’écoutent pas les avertissements
qu’ils ont maintes et maintes fois entendus!
... celui qui ne
croit pas est déjà
jugé,
parce qu'il n'a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
Jean 3. 18
... celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la
vie, mais
la
colère de Dieu demeure sur lui. Jean 3. 36
Partout nous avons aussi des
chrétiens qui sont aux fenêtres et qui laissent les “pompiers de
Dieu” annoncer le message de l’Évangile
alors qu’ils ne font rien pour leurs proches, ces
êtres aimés qui sont en danger de mort
éternelle!
Ne devraient-ils pas les saisir par la main, comme les anges
ont saisi Lot et sa famille afin de les mettre à
l’abri d’un jugement inéluctable,
un jugement sur lequel Dieu ne
reviendra pas! Ne
devraient-ils pas insister, revenir à la charge,
faire tout leur possible pour que ces âmes se joignent
aux camps des rachetés?
Leurs proches sont dans le train de la perdition et eux ils
agitent leur mouchoir pour leur dire un adieu
définitif! Quel amour!
Partout nous avons des
chrétiens qui deviennent de plus en plus
tièdes et qui ne
bougent plus pour témoigner de l’état des
lieux. Ils s’assoupissent au son des sirènes
mondaines qui les bercent au nom d’un amour qui excuse
tout, un amour qui accepte toutes les déviations,
toutes les entorses faites à la saine Parole de
Dieu.
Tous ces compromis au nom d’une tolérance qui ne
tolère pas que des chrétiens soient
intransigeants quant à la marche avec Dieu mais dont
l’odeur du roussi ne les dérange plus!
Partout nous avons des enfants
de Dieu, des rachetés qui ont besoin de combattre une
indifférence qui tel un
soporifique les endort ou du moins les paralyse suffisamment
pour donner l’illusion d’une vie chrétienne
alors qu’ils n’avancent plus, qu’ils ne vont
plus de progrès en progrès. Ils sont dans un
état de somnolence qui n’est ni sommeil, ni
éveil!
Attention ce danger nous guette tous si nous ne sommes pas
vigilants!
... parce que tu
es tiède, et que tu n'es ni froid ni bouillant,
je te vomirai
de ma bouche.
Apocalypse 3: 16
Une telle inconscience, une telle
légèreté pourrait nous choquer quand on
connaît la valeur du salut qui nous a
été offert.
Alors que nous voulons avancer - et nous le voulons
n’est-ce pas? - que nous voulons résister
à l’ennemi de nos âmes, nous pourrions
bien nous perdre dans le désert de
l’indifférence!
Ce masque de
l’indifférence n’est-il pas le visage que
certains découvrent en se regardant dans la
glace, une indifférence
qui pousse l’Esprit-Saint à nous faire des
reproches si nous prenons le temps de nous examiner
sérieusement à la lumière du Seigneur?
Nous examiner particulièrement lorsque nous pensons
à nos ex-ennemis!
Ce masque de l’indifférence n’est-il pas
celui que je porte dans mon coeur?
Certes nous avons bien
avancé dans l’étroit chemin! Par la
grâce de Dieu, nous avons
appris à ne plus demander la destruction de nos
ennemis (voir les deux
derniers messages), nous avons
même appris à ne plus les haïr!
Avant de poursuivre, il est temps de souligner que bien des
frères et soeurs dans la foi n’ont pas ces
problèmes de conscience, ce sont des personnes douces
qui ne ruent pas dans les brancards, qui acceptent
l’injustice; des personnes qui semblent bien plus en
avance dans la perfection que d’autres:
Nous bronchons
tous de plusieurs manières. Si quelqu'un ne bronche
point en paroles, c'est un homme parfait... Jacques 3: 2
Malheureusement, tous n’en
sont pas rendus à ce point-là, et sans aucun
doute, je dois aussi reprendre ce parcours du combattant
où maintenant une nouvelle difficulté se
dresse sur le chemin. Une difficulté qui, à
première vue, ne semble pas porter à
conséquence: l’indifférence!
Une indifférence qui semble ne faire de tort à
personne!
En effet, si nous avons trouvé la paix en
déposant notre fardeau au pied de la croix, nous
n’avons plus de rancoeur, NOUS N’AVONS PLUS
D’ENNEMI selon la chair! Nous sommes libres, tellement
libres que notre ancien “tortionnaire” nous laisse
indifférents au point que nous continuons notre vie
comme s’il n’existait plus, comme s’il
était mort!
Les morts sont tous des braves gens et les morts n’ont
pas besoin de prières! (pratique, non?)
Hélas, la Parole de Dieu nous montre que notre
indifférence quant à l’avenir de notre
ex-ennemi est encore un obstacle de taille pour accomplir la
loi de Christ, cette loi d’amour!
Nous avons déjà cité les textes qui
parlaient d’aimer, de bénir et de faire du bien
à nos ennemis, je vous invite à les relire
(Matthieu 5: 44;
Luc 6: 27-35).
L’indifférence que nous pouvons avoir en pensant
à notre ex-ennemi montre qu’il y a encore au
fond de notre coeur un petit quelque chose qui nous pousse
à faire de la discrimination “raciale”. Il
y a encore en nous la marque du prince des
ténèbres qui nous retient en nous faisant
comprendre que c’est impossible, que c’est aller
trop loin que d’aimer celui qui nous a
persécutés.
Lui pardonner? Soit! Ne plus avoir de la haine contre lui?
Passe encore, c’est l’oeuvre de la grâce de
Dieu dans un coeur, mais il ne faut quand même pas
exagérer: Aimer son ennemi c’est tout bonnement
inhumain!
Oui, je le proclame haut et fort:
C’est bien parce que c’est inhumain que je complète cette exclamation en ajoutant:
En réalité
derrière le masque de l’indifférence que
les persécutés peuvent encore porter, il y a
un coeur qui souffre et qui a de la peine à faire le
bien que lui conseillent les Saintes Écritures.
Derrière ce visage artificiel de
l’indifférence, il y a ce cri silencieux de
l’apôtre Paul qui résonne en nous, non pas
comme une excuse, mais comme un terrible constat!
Ce qui est bon, je
le sais, n'habite pas en moi, c'est-à-dire dans ma
chair: j'ai la volonté, mais non le pouvoir de faire
le bien. Romains 7: 18
Quel extraordinaire message que l’apôtre nous
communique en nous montrant à quel point nous avons
besoin du secours divin pour franchir la barrière
charnelle qui fait obstacle à une vie spirituelle;
cette vie de l’Esprit qui s’oppose sans cesse au
sang d’Adam et Eve qui coule encore dans nos
veines!
Je n’ai pas le pouvoir de faire le bien, mais j’ai
le privilège de me laisser envahir par l’amour
de Dieu, cet amour qui laboure mon coeur en profondeur afin
que toutes les mauvaises racines en soient
extirpées.
Notre coeur a donc
été défriché: les ronces, les
épines ont été détruites au nom
de Jésus-Christ! Tout ce qui nous déchirait et
déchirait notre ennemi a été
ôté.
Maintenant la place est nette, elle est propre.
Ce n’est pas un terrain vague où pousserait
n’importe quoi et où l’on jetterait des
détritus. Un coeur nettoyé n’a pas
à devenir une décharge, même si pour le
moment c’est un désert!
Désormais il faut qu’il soit ensemencé
d’une bonne semence afin que par la suite il
reçoive la bienfaisante pluie qui le fasse reverdir,
lui donnant ainsi l’occasion de porter du fruit
à la gloire de Dieu.
Aimez vos ennemis, bénissez, faites du bien...
Notre coeur est-il devenu sec, indifférent
après avoir accepté que la main de Dieu en
arrache toute la rancune et l’amertume qui s’y
était enracinées?
Aimez vos ennemis, bénissez, faites du bien...
Rien ne nous oblige à le laisser dans cet
état! Dieu met à notre disposition ses
réserves d’amour afin que nous portions le
parfum des disciples de Christ qui sont devenus comme des
fontaines rafraîchissantes apportant à tous,
les bienfaisantes eaux de la grâce de Dieu!
Il change le
désert en étang, Et la terre aride en sources
d'eaux... Psaume 107:35
Après avoir servi involontairement dans les rangs du
prince des ténèbres en haïssant notre
ennemi, nous sommes maintenant conduit à devenir un
instrument entre les mains de Dieu pour le conduire au
salut.
Aimez vos ennemis, bénissez, faites du bien...
Vais-je laisser mon coeur désertique en refusant que
Dieu poursuive l’oeuvre qu’il a commencée?
C’est un grand risque car le désert ne reste
jamais désert bien longtemps, il devient vite
l’habitat de scorpions, de serpents et autres bestioles
plus dangereuses les unes que les autres!
Nous pourrions bien vivre une
situation pire que celle que nous avons quittée si
nous ne voulons pas aller jusqu’au bout de
l’amour!
Méditons le texte de Luc 11 24: 26 et
réfléchissons si nous n’entrions pas dans
le même genre de situation en laissant notre coeur
à l’abandon, en cultivant, en entretenant une
dangereuse indifférence!
(Je ne parle pas d’esprits mauvais, mais de
l’état des lieux, d’un coeur nettoyé
de son amertume, un terrain
vierge qui ne demande qu’à être
conquis!)
Lorsque l'esprit
impur est sorti d'un homme, il va dans des lieux arides,
pour chercher du repos. N'en trouvant point, il dit: Je
retournerai dans ma maison d'où je suis sorti; et,
quand il arrive, il la trouve balayée et
ornée.
Alors il s'en va, et il prend sept autres esprits plus
méchants que lui; ils entrent dans la maison, s'y
établissent, et la dernière condition de cet
homme est pire que la première. Luc 11: 24: 26)
Nous désirons tous que nos bien-aimés soient
sauvés! Nous souhaitons que notre famille
entière, aussi large que possible, connaisse et vive
le salut en Jésus-Christ!
Alors pourquoi ne pas y inclure notre “ennemi
bien-aimé”?
Il fait partie de la famille, lui qui a été
dans nos pensées jours et nuits, lui qui a
bouleversé notre coeur.
Bien plus que l’inconnu rencontré au carrefour
d’une rue à qui nous pouvons donner un tract
d’évangélisation, notre intime ennemi
à une place privilégiée dans notre vie.
Certainement avons-nous plus souvent pensé à
lui qu’à tel cousin éloigné!
Allons-nous rester à notre fenêtre et le
regarder sans rien faire alors que nous avons la
possibilité de lui offrir le salut pour
qu’à son tour il soit sauvé des flammes
de l’enfer?
Si nous agissons comme des
spectateurs c’est que le
masque de l’indifférence n’est pas un
masque, il est notre
véritable visage qui se cache derrière un
masque de chrétienté qui cache une nature qui n’a pas envie de
marcher dans l’empreinte des pas du Seigneur
Jésus!
Bas les masques! Que notre coeur..., que mon coeur soit
envahi par l’amour de Dieu pour les pécheurs
qu’ils aient été mes ennemis ou non !
Dieu a
renfermé tous les hommes dans la
désobéissance, pour faire miséricorde à tous. Romains 11: 32
Est-ce que je suis d’accord que Dieu fasse
miséricorde à tous ou est-ce que me contente
d’agiter mon mouchoir en signe d’adieu à
ceux et celles qui ont pris le train de la perdition, un
train duquel je suis sorti?
© J-M Ravé 28 novembre 2003
CP 474 - 2300
Chaux-de-Fonds - Suisse