Alors
tous
l'abandonnèrent, et prirent la fuite. Marc 14: 50
Ils étaient tous les mêmes ! Unis
par le même amour et unis par la même
crainte, désemparés par une
épreuve dont ils ne comprenaient pas la
signification.
Ils étaient tous les mêmes et
pourtant, quoique semblables, chacun avait sa
propre personnalité, chacun s'était
engagé à sa façon pour suivre
le Maître.
Mais alors pourquoi donc Pierre fut-il
interpellé et pourquoi devrais-je aussi
être interpellé par le Seigneur
puisque que je suis un enfant de Dieu comme les
autres ?
Simplement parce que Pierre s'était
engagé, haut et fort, à suivre le
Maître et à le suivre de tout son
coeur, de toute son âme. Il l'avait fait avec
toute la sincérité possible, mais...
en comptant sur ses propres forces !
En effet, il fut le seul à dire qu'il
était prêt à donner sa vie pour
Christ ! Personne
ne s'était engagé verbalement aussi
loin que lui !
Seigneur,
lui dit Pierre, pourquoi ne puis-je pas te suivre
maintenant ? Je donnerai ma vie pour
toi.
Jean 13: 37
De même, la plupart
d'entre nous, nous avons un jour donné notre
vie à Christ en acceptant Jésus comme
Sauveur et Seigneur de notre vie, nous l'avons fait publiquement en
passant volontairement par les eaux du
baptême.
Et, comme Pierre, nous avons eu des moments
où nos propres forces nous ont
abandonnés. Comme lui, nous avons
peut-être eu la crainte d'être reconnus
comme disciples de Christ.
Confrontés à l'adversité, nous
nous sommes retrouvés dans ce jardin rempli
de ténèbres où la seule
lumière visible à nos yeux
était celle des ennemis de Christ,
lumière aveuglante qui ne nous permettait
plus de voir d'où pourrait nous venir le
secours !
Sans doute, une fois ou l'autre, avons-nous
abandonné sur place le témoignage que
nous aurions dû rendre en défendant la
cause de Christ, sans doute avons-nous
minimisé notre engagement pour le Seigneur
et avons-nous tourné les talons à
l'adversité, à l'épreuve de la
foi.
Moments douloureux d'un genre de trahison qui
marquent au fer rouge les âmes et qui
laisseraient de profondes blessures si le regard
aimant du Seigneur Jésus, si la
présence particulière de Dieu, ne
nous faisaient baisser la tête en avouant
notre pitoyable échec.
Pour s'être chauffé un instant
auprès d'un feu étranger, Pierre fut
reconnu, malgré
lui, comme un
disciple du fils du charpentier !
Eh oui ! Si tu appartiens à Christ, tu
ne manqueras pas d'être reconnu quand bien
même ta bouche dirait le contraire. L'odeur
de Christ est en toi !
Nous
sommes, en effet, pour Dieu la bonne odeur de
Christ, parmi ceux qui sont sauvés et parmi
ceux qui périssent : aux uns, une odeur
de mort, donnant la mort ; aux autres, une
odeur de vie, donnant la vie. 2 Corinthiens 2: 15-16
Le drame, le vrai
drame, serait de ne plus être reconnu comme
chrétien par le monde, de pouvoir vivre au milieu de lui
sans qu'il ne voit de différence.
Aujourd'hui, bien des bouches d'enfants de Dieu se
sont fermées afin de nos pas choquer ceux
qui sont perdus !
Si parfois elles bafouillent quelques
pensées chrétiennes, le ton de leur
voix sonne si faux que personne ne peut croire
à la véracité de paroles qui
sont en contradiction avec leur vie.
Sans doute connaissons-nous ce genre de
"chrétiens" qui participent aux
activités du monde et qui ne
dérangent personne de ce milieu tant elles
ont si bien pris leur place, tant elles se sont
bien adaptées aux païens qui les
entourent ! Modelées, moulées
par lui, elles ont repris la forme et les habitudes
qu'elles avaient abandonnées le jour
où elles avaient donné leur vie
à Christ.
Que jamais nous ne nous trouvions dans une
situation semblable !
Il vaut mieux
être pris en faute par le Seigneur et s'en
aller en pleurant sur notre
péché,
plutôt que de vivre dans l'insouciance,
bercés par un entourage mondain qui a tout
mis en oeuvre pour que nous ne puissions plus
entendre l'appel du Maître ou comprendre sa
Parole.
Et
étant sorti, il (Pierre) pleura
amèrement. Matthieu 26: 75
Peu importe la douce chaleur de ce feu
étranger, désormais il y a un autre
feu bien plus brûlant qui travaille
l'être tout entier : l'Esprit de Dieu,
cet Esprit qui sonde les profondeurs de nos
pensées et qui met en lumière ce qui
doit changer dans notre vie.
Cet esprit qui ne vient point pour nous accuser
mais pour réveiller notre
conscience afin que
nous nous accusions nous-mêmes des
dérapages que nous avons commis. Il se
manifeste pour que nous puissions comprendre que la
place que nous occupions, dans notre vie ou dans
nos pensées, n'était pas celle
où nous devions nous trouver.
Conscients de notre faute, pardonnés si nous
avons demandé pardon, la vie va alors
reprendre son cours. Comme Pierre, nous marcherons
de nouveau en compagnie de Jésus, de ce
Jésus ressuscité qui, à deux
reprises, s'était déjà
montré à ses disciples sans avoir
fait de reproche à celui dont l'amour pour
son Maître devait être mesuré,
qualifié.
La vie est donc redevenue comme avant ! On
reprend la lecture de la Parole de Dieu, on passe
du temps dans la prière, mais on met en
oubli le moment du dérapage, cet instant
où nous avons eu honte de nous afficher avec
Jésus, cet instant où nous avons
peut-être préféré la
compagnie des païens, cet instant où
nous n'avons pas voulu prendre une franche position
dans la crainte d'avoir à en subir les
conséquences de la part d'un pouvoir hostile
au royaume de Dieu.
Alors, pour prendre la température de notre
amour, de notre engagement pour Christ, cette
question se fait entendre :
Simon,
fils de Jonas, m'aimes-tu plus que ne m'aiment
ceux-ci ? Jean 21: 15
Étrange question qui s'adresse, non pas
à l'homme surnommé "Pierre", mais au
vieil homme qui n'était que "Simon, fils de
Jonas" et qui, à cette
époque-là, n'avait aucune idée
personnelle de qui pouvait être Jésus
étant venu à lui sur le simple
conseil de son frère André.
(Jean 1: 40-42)
Jésus, l'ayant
regardé, dit : Tu es Simon, fils de
Jonas ; tu seras appelé
Céphas (ce qui signifie Pierre).
Jean 1: 42
Simon, fils
de Jonas, m'aimes-tu plus que ne m'aiment
ceux-ci ?
Étrange question qui va pousser Pierre dans
ses retranchements, qui va l'obliger à
examiner ses sentiments afin de ne pas s'emballer
comme il le faisait autrefois lorsqu'il agissait
sur un coup de coeur.
Simon,
fils de Jonas, m'aimes-tu... ? (En grec: amour "agapao")
Jésus avait
donné sa vie sur la croix pour le pardon de
nos péchés, il avait manifesté
un amour "agapao" comme personne ne l'avait jamais
manifesté avant lui.
Il n'y
a pas de plus grand amour "agapao" que de donner sa vie pour ses
amis.
Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je
vous commande. Jean 15: 13
À cet instant Jésus lui demande si
son amour, cet amour "agapao", est
bien présent dans son coeur.
Ne voulant pas aller aussi loin, Pierre
répondit à la question du Seigneur en
employant une expression différente de la
sienne :
- Oui,
Seigneur, tu sais que je t'aime. (En grec: amour "phileo")
En quelque sorte Pierre lui répondit qu'il
avait de l'affection pour lui. Mais l'affection et
l'amour sont deux choses différentes !
Nous avons beaucoup d'affection pour tel
frère ou soeur, pour tel ami, mais cette
affection ne va pas nous pousser à vivre
avec lui.
Il en est tout autre pour l'amour ! L'amour
nous a conduits à désirer vivre avec
notre conjoint, à tout partager avec lui,
à lui donner notre vie !
Affection ou amour
pour Christ ?
L'affection étant un sentiment moins fort
que l'amour, Dieu désire que nous lui
donnions le meilleur de nous-mêmes comme il a
donné le meilleur de lui-même en
offrant son Fils pour le pardon de nos
péchés.
Si nous n'avons que de l'affection pour le
Seigneur, notre conduite sera bien
différente que si nous lui exprimons notre
amour ! Or Dieu ne peut pas se contenter que
de notre affection, il
veut notre coeur tout entier, il veut MON coeur tout entier tout
comme il a voulu celui de Pierre.
Tu
aimeras (agapao) le Seigneur, ton Dieu, de tout ton
coeur, de toute ton âme, de toute ta
pensée, et de toute ta force. Marc 12: 30
(Tu donneras ta vie..., il n'y a pas de plus grand
amour que de donner sa vie...)
Jésus va donc reposer la même question à son disciple en employant
les mêmes
mots tandis que
Pierre fera la
même réponse sachant qu'à cet instant
précis il lui est impossible d'aller plus
loin dans son engagement.
Parce que le Seigneur connaît nos limites, il
va se placer à notre hauteur, s'abaisser
afin que nous puissions le regarder dans les yeux
et lui dire, sans mentir, les sentiments que nous
ressentons pour lui.
C'est ainsi que le Fils de Dieu va employer le
langage de Pierre, il va lui demander, non pas s'il
a l'amour "agapao", mais si dans son coeur il a
bien l'amour "phileo" qu'il prétend avoir
pour son Maître. (As-tu au moins de
l'affection pour moi ? Voilà ce que
nous pourrions comprendre !)
C'en est trop pour Pierre qui
s'écrie :
Seigneur,
tu
sais toutes choses, tu sais que je t'aime
(phileo). Jean 21: 17
Oui... ! Tu sais
toutes choses Seigneur !
Tu
sais quand je m'assieds et quand je me lève,
Tu pénètres de loin ma
pensée ;
Tu sais quand je marche et quand je me couche, Et
tu pénètres toutes mes voies.
Car la parole n'est pas sur ma langue, Que
déjà, ô Éternel !
tu la connais entièrement. Psaumes 139: 2-4
Tu sais toutes choses Seigneur ! Mais moi j'ai
besoin de savoir si je t'aime de tout mon coeur ou
si j'ai simplement de l'affection pour toi !
J'ai besoin d'avoir l'assurance que tu comptes plus
dans ma vie que n'importe qui ou que n'importe quoi
au monde !
Merci de me poser la question afin que je sache
moi-même si je t'aime (agapao) ou si je t'aime (phileo)!
Comment allons-nous
savoir si les sentiments que nous avons pour celui
qui nous a rachetés de la condamnation
éternelle sont ce qu'il attend de
nous ?
Si vous
m'aimez (agapao), gardez mes commandements.
Jean 14: 15
Celui qui a mes commandements et qui les garde,
c'est celui qui m'aime (agapao) ; et celui qui m'aime (agapao) sera aimé (agapao)
de mon
Père, je l'aimerai, et je me ferai
connaître à lui Jean 14: 21
Voilà la marque de
qualité ! L'estampille qui prouve que
l'amour qui est dans notre coeur est bien l'amour
que le Seigneur désire y trouver !
Avoir les
commandements de Dieu et les garder, veut dire les
mettre en pratique et non les posséder sans
en faire usage.
Voilà pourquoi il est important que le
Seigneur nous pose la même question qu'il a
posée à Pierre et voilà
pourquoi, si nous nous n'avons que de l'affection
pour lui :
Il nous faut faire
comme Pierre, qui a changé de comportement
en vivant pleinement pour Christ.
En effet, par la suite, l'apôtre, dans ses
épîtres, ne parlera plus que de
l'amour "agapao", de cet amour qui avait envahi son
coeur à tel point qu'il mourut comme
martyr.
...
lui (Jésus) que vous aimez
(agapao)
sans
l'avoir vu, en qui vous croyez sans le voir encore,
vous réjouissant d'une joie ineffable et
glorieuse... 1 Pierre 1:8
... aimez-vous (agapao) ardemment les uns les autres, de tout votre coeur... 1 Pierre 1:22
Il va de soi que cet amour ne
saurait être partagé avec le monde si
l'on est enfant de Dieu.
Une raison importante qui va nous pousser à
regarder si les
objectifs de notre vie sont bien
ciblés et si
nous ne gaspillons pas nos forces pour travailler
contre Christ en offrant nos services pour le monde
au lieu de se mettre à la disposition du
Seigneur.
Il n'est pas question de condamner les
activités professionnelles qui obligent la
majorité d'entre nous à se mettre au
service d'entreprises qui ne fonctionnent pas pour
la gloire de Dieu, mais plutôt de
s'interroger sur
toutes nos activités externes qui usent nos
forces sans que le Royaume de Dieu puisse en
bénéficier.
Si le monde a besoin de bénévoles
pour faire fonctionner certaines activités
utiles pour la communauté, l'Eglise, elle aussi, a besoin de bras
pour accomplir la mission qui lui
incombe. Ces
bras-là ne sauraient être pris dans le
monde, dans un monde qui n'a point
intérêt à ce que le Royaume de
Dieu s'étende sur la terre !
Réfléchissons donc à la
façon dont nous employons notre temps.
Pesons les forces que nous mettons à la
disposition du Seigneur et pesons celles que nous
mettons au service d'un monde qui ne travaillera
jamais pour l'avancement du Royaume de Dieu.
C'est en faisant cet exercice que nous pourrons
déjà avoir un aperçu de la
qualité de notre amour pour Christ, un amour
qui, s'il est "agapao" ne saurait être
partagé avec le monde !
Souvenons-nous des paroles du
texte de Jean 15: 13:
"Il n'y a
pas de plus grand amour (agapao) que de donner sa vie pour ses
amis."
Pour terminer, et avant de
répondre à la question du
Seigneur : "m'aimes-tu ?", je dois
m'interroger sur ce que je sais de ma vie, afin d'y
apporter une correction si besoin est :
- Quels sont mes amis ?
- À qui ai-je consacré ma
vie ?
- Mes activités et mon comportement sont-ils
en rapport avec ma déclaration de
foi ?
Si j'ai quelques doutes quant aux réponses
à donner, s'il m'est difficile d'avoir un
jugement impartial sur moi-même, il me
suffira alors de consulter ceux qui m'entourent et
qui me voient vivre.
Eux sauront bien me dire si je vis pour le monde ou
pour Christ, car c'est de l'abondance du coeur que
ma bouche parle (Matthieu 12: 34).
Seigneur, tu sais toutes
choses..., tu sais que je dois marcher de
progrès en progrès afin que je puisse
véritablement t'aimer de tout mon coeur, de
toute mon âme et de toute ma force.
J'ai besoin que tu me donnes la force de me
séparer de tout ce qui pourrait encore
m'empêcher de faire TA volonté.
C'est mon désir le plus ardent car je t'aime
et je t'ai aimé au point de tout miser sur
TOI au risque de n'avoir plus jamais la
possibilité de faire marche
arrière !
© J-M Ravé 07 janvier 2006
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