Mise au point relative à John Stott

 

La note agrafée comme supplément dans le N' 4 Juillet-Août) de la Bonne Nouvelle annonçait un texte relatif aux positions de John R.W. Stott, auteur du commentaire de l'épître aux Galates - Appelé à la Liberté des éditions Emmaüs, dont la recension par M. J.-J. Dubois paraissait dans le même numéro.

--(Appelé à la liberté)

Il pouvait sembler que La Bonne Nouvelle recommandait cet écrit sans réserve. Pour être entièrement honnêtes, nous sommes obligés de faire quelques réserves, non sur le texte du commentaire, ni sur sa recension, mais sur les positions de J. Stott. Nous ne partageons pas l'engouement d'une partie importante du monde évangélique pour cet auteur qui a écrit des choses excellentes dans la plupart de la cinquantaine d'ouvrages qu'il a publiés. Les ouvrages de Stott, qui ont été publiés en français, l'ont été par des éditeurs qui ont la réputation d'être fidèles à notre patrimoine évangélique biblique. Il n'est pas dans notre propos de porter préjudice à ces éditeurs, ni même à John Stott lui-même. Nous déplorons le fait qu'il y a eu chez lui glissement vers des positions néo-évangéliques. Dans le cadre de cette mise au point, nous ne pouvons mentionner que quelques aspects qui nous tiennent plus particulièrement à coeur. Ce sont:

 

¥ l'enseignement sur la création,

¥les positions à l'égard de la dénomination(anglicane), de l'oecuménisme et du catholicisme,

¥ la position relative aux peines éternelles.

Nous sommes essentiellement redevables aux ouvrages suivants pour notre documentation:

 

¥ Authentic Christianity, From the writings of John Stott - Timothy Dudley Smith (IVP 1995),

¥ Comprendre la Bible - John Stott (Grâce et Vérité, 2e édition 1988),

¥ D. Martin Lloyd Jones, The Fight of Faith 1. H. Murray (Banner of Truth 1990),

¥ Alle Wege führen nach Rom, Evangelikale wohin? - Michael de Semlyen (CLV 1993),

¥ Heil on Trial - R. A. Peterson (P & R 1995),

¥ Christianity and New Evangelical Philosophies - R.L. Heldenbrand (\/Vords of Life 1993),

¥ New Neutralism Il - J. E Ashbrook (Here 1 stand 1992),

¥ Essentials, A Liberal Evangelical Dialogue David L. Edwards and John R. W. Stott (IVP 1989),

¥ The Nottingham Statement, Second National Evangelical Anglican Congress, April 1977,

¥ Are we Fundamentalists? - Peter Masters (Londres 1995),

¥ Également à des articles de revues.

 

Pour commencer, nous prendrons le texte

de l'ouvrage « Comprendre la Bible » édité par Grâce et Vérité et imprimé par les soins de la Bonne Nouvelle de Mulhouse. Comme d'autres ouvrages de Stott, ce texte comporte des passages qui ont des qualités incontestables. Mais c'est l'ouvrage qui atteste le mieux les positions de Stott vis-à-vis de ce qu'il appelle « l'érudition classique » (p.50), c'est-à-dire les enseignements de l'évolution. Il affirme que « il est peu de chrétiens aujourd'hui qui pensent encore que les jours de la création doivent être considérés comme ayant une durée de vingt-quatre heures. Personnellement, il ne me semble pas que les thèses avancées par la théorie de l'évolution contredisent, ou soient contredites, par ce que la Genèse nous révèle. L'Écriture nous révèle des vérités d'ordre religieux concernant Dieu, elle nous révèle qu'il a créé toutes choses par sa Parole, que ce qu'il a créé était bon et que l'homme fut le sommet de sa création. La science suggère simplement que l'évolution peut avoir été un moyen employé par Dieu lors de la création (p.51, 52).» Cette dernière phrase ne correspond pas à la vérité. Les hommes de l'érudition classiques, ne cherchent nullement à trouverez un moyen employé par Dieu, la plupart cherchent à éliminer Dieu de toute réflexion ou recherche sur l'origine du monde ou des hommes. Ce n'est certainement pas la révélation divine qui a inventé « différentes formes d'hominiens préadamites plusieurs milliers d'années auparavant.» Un peu plus loin, Stott affirme: « Le déluge semble avoir été un cataclysme local » (p. 53). Ce n'est pas du tout l'impression qui se dégage du texte biblique (Genèse 7 et 8, 2 Pierre 3:5-7).

 

La note 5 p. 92 rapporte un aveu de Stott qui affirme: « Je reconnais cependant que d'autres chrétiens aussi attachés à l'autorité de la Bible rejettent la théorie de l'évolution. À leurs yeux, elle est incompatible avec l'enseignement biblique. Dans ce débat, quelle que soit notre position, il est très important de distinguer entre les faits scientifiques et les théories scientifiques, comme entre ce que la Bible affirme clairement et ce que nous aimerions lui faire dire.,, Il aurait fallu dire ,d'autres chrétiens plus attachés à l'autorité de la Bible rejettent la théorie de l'évolution ». En effet, l'évolution n'a jamais été prouvée. Elle ne peut même pas être prouvée. Il ne s'agit que d'une hypothèse qui subsiste même après la publication d'une série d'ouvrages au cours de ces dernières décennies, qui ont paru sous la plume de « partisans » de l'évolution, qui reconnaissent cependant honnêtement les problèmes que soulève leur théorie, mais qui rejettent la notion de Dieu qui les gêne. On connaît le verdict d'un des illustres partisans de l'évolution « L'évolution est un conte de fées pour adultes ».

 

P-198, Stott affirme: « Paul met délibérément en contraste la désobéissance d'Adam qui fit entrer dans le monde la mort et le péché, et l'obéissance de Christ qui lui assura le salut et la vie. » Sans doute, Stott se réfère au texte biblique de Ro. 5:12 qui affirme que la mort est une conséquence du péché. Comment peut-il concilier cet enseignement avec ce qu'il dit p. 53 au sujet des « différentes formes d'hominiens préadamites » qui ont vécu des milliers d'années avant Adam et Eve et qui ont dû mourir avant la venue d'Adam?

 

John Stott a été pasteur pendant 25 ans d'une importante église anglicane, « All Souls », à Londres, et pendant quelque temps, il a été aumônier de la reine, à partir de 1959. Sa loyauté vis-à-vis de son église d'origine l'a entraîné dans des compromissions dangereuses avec les leaders oecuménisants et libéralisants de l'Église anglicane dans leurs relations avec l'église catholique. Des anglicans connus ont rejoint l'église catholique déjà au XIXe siècle (Cf. Manning. Newman, etc.), c'est de notoriété publique. Aujourd'hui, les efforts de rapprochement allant vers une identification de plus en plus étroite se multiplient. L'hérésie de la succession apostolique facilite ces rapprochements, mais la loyauté de John Stott à l'égard de son église ne date pas d'hier. Un compte rendu de la rencontre de l'Alliance Évangélique du 18 Octobre 1966, présidée par John Stott, dévoile sa détermination de soutenir son église; un des prédicateurs les mieux connus des églises évangéliques en Angleterre, le Dr D. M. Lloyd Jones, a plaidé la cause de l'honnêteté et de la loyauté des églises à l'égard des exigences bibliques de séparation de la fausse doctrine, en recommandant aux évangéliques de prendre position en se séparant et en constituant des assemblées et des associations d'églises fidèles à l'Écriture. John Stott s'est fortement opposé à cette exhortation en affirmant que M. Lloyd Jones avait contre lui l'histoire et l'Écriture. Il a ainsi encouragé à maintenir le mélange de vérité et d'erreur en utilisant des arguments manifestement contraires aux leçons de l'histoire (histoire de la Réformation) et contraires aux enseignements de l'Écriture qui exigent la séparation d'avec la fausse doctrine. (Cf les chapitres « The call to Decision » et « Controversy » dans la biographie du Dr M. Lloyd Jones rédigée par lan H. Murray). Depuis, le rapprochement anglican-catholique s'est encore intensifié (Cf. le document « Évangéliques et catholiques ensemble, la mission chrétienne du 3 e millénaires » que John Stott aurait très bien pu signer s'il avait été publié en Grande-Bretagne. Le « Nottingham Statement » de 1977 affirme sous le titre « l'Église catholique romaine » (p. 45): « Considérant les catholiques romains comme nos frères en Jésus-Christ, nous nous repentons de nos attitudes par lesquelles nous avons l'air de nier cette réalité ». Cette affirmation exprime la position de John Stott, président du comité exécutif du Congrès National Évangélique anglican (NEAC). Il ne faut surtout pas évangéliser les catholiques, mais dialoguer avec eux ,à tous les niveaux ». Au cours des années à venir, nous verrons sans doute les fruits amers des efforts d'unification des protestants et des catholiques au sein du mouvement oecuménique, dont l'église anglicane fait partie. Les résistants évangéliques ne manqueront pas d'être brimés ou même persécutés.

 

Nous abordons maintenant l'orientation de John Stott vers la négation des peines éternelles. Nous donnerons des extraits importants d'un document paru en 1989 intitulé « Essentiels » qui rapporte les réponses de John Stott aux questions posées par David L. Edwards, un libéral qualifié de faux docteur par les évangéliques. Page 314, nous lisons: ,,Vous avez raison de dire que je n'ai jamais déclaré publiquement si je pense que l'enfer, tout en le décrivant comme réel, terrible et éternel, sous-entend aussi l'expérience de souffrance sans fin... La destinée finale du pécheur impénitent sera un tourment éternel conscient, pour toujours ou sera-t-elle une destruction totale de leur être? Dans le premier cas, il s'agit de l'orthodoxie traditionnelle, car la plupart des Pères de l'église, les théologiens du Moyen Age et les Réformateurs étaient les tenants de cette doctrine et probablement la plupart des leaders évangéliques d'aujourd'hui. Cependant, est-ce que moi-même je partage cette doctrine? Eh bien, sentimentalement, je qualifie ce concept d'intolérable et ne peux comprendre que des gens vivent avec cette doctrine sans cautériser leurs sentiments et sans craquer sous cette tension. Mais nos émotions sont changeantes et un guide peu fiable vers la vérité et ne doivent pas être élevées à la place d'autorité suprême pour la déterminer. Comme évangélique engagé, ma question doit être, et est effectivement, non pas ce que mon coeur me dicte -, mais que dit la Parole de Dieu. Pour répondre à cette question, nous devons reconsidérer l'enseignement et ouvrir notre réflexion, et non seulement nos coeurs, à la possibilité que l'Écriture nous montre la voie vers l'annihilation et que la tradition des tourments éternels conscients doit céder la place à l'autorité de l'Écritures il y a quatre argumentations. Elles ont trait au vocabulaire employé, au symbolisme, à la justice et à l'universalisme.,,

 

John Stott arrive à la conclusion suivante:

C'est avec hésitation que j'ai écrit ces choses en partie parce que j'ai un grand respect pour des traditions anciennes qui affirment être une juste interprétation des Écritures que je ne peux écarter facilement et en partie parce que l'unité de la communauté mondiale évangélique a toujours été précieuse pour moi. Mais l'enjeu est trop important pour le supprimer et je vous suis reconnaissant de m'avoir mis au défi de déclarer ce que je crois actuellement. Je ne suis pas dogmatique au sujet de la position à laquelle je suis parvenu, je la considère comme provisoire. Mais je plaide pour un dialogue franc parmi les évangéliques sur les bases de l'Écritures Je crois que l'annihilation finale des méchants devrait au moins être acceptée comme une alternative légitime bibliquement fondée au tourment conscient et éternel.,, (Essentiels p.319)

 

On aurait pu décrire la position de John Stott d'après les textes de Lausanne l et Il (Manille) qu'il a activement contribué à rédiger et dans lesquels il s'oriente vers l'évangile social au lieu de se contenter des implications sociales de l'Évangile! C'est une question de priorité. Le Conseil Oecuménique, auquel J. Stott est inféodé, cherche à établir un royaume de Dieu terrestre grâce, en partie, aux tenants de la théologie de la libération que le Conseil Oecuménique a soutenus au prix de subventions en argent et en vies humaines, notamment de missionnaires.

 

L'influence de John Stott est d'autant plus néfaste qu'il évite d'être dogmatique. Certaines formulations sont adroites comme mélange de vérité et d'erreur, comme « Il me paraît...» , « il me semble...», « l'Écriture semble pourtant suggérer...», etc. Il est incontestablement un instrument de l'adversaire pour semer le doute auprès de ses lecteurs. Son audience est jeune, de préférence. Il affirme: « J'ai premièrement voulu m'adresser aux jeunes chrétiens » (Comprendre la Bible, p.3). Ceux-ci sont influençables, vulnérables, Ils n'ont pas l'expérience, ni le discernement pour identifier les dangers. Il oriente ainsi des vies entières dans des sentiers peu sûrs.

 

John Stott, qui a osé proclamer à une réunion importante de l'Alliance Évangélique en 1966, que l'histoire ainsi que l'Écriture sainte étaient contre des affirmations du Dr M. Lloyd Jones, ce qui était erroné, accepte maintenant, de son propre aveu, d'avoir contre lui «l'orthodoxie traditionnelle, la plupart des Pères de l'église, les théologiens du Moyen Age, les réformateurs ainsi que la plupart des leaders évangéliques actuels.» (Essentiels, p. 314). On peut le ranger, en raison de l'annihilationisme, dans le camp des libéraux et des sectes comme les Adventistes et les Témoins de Jéhova. Par contre, il refuse d'écouter la voix du Seigneur qui demande aux siens de se désolidariser de la fausse doctrine et des faux docteurs.

Si notre intention n'est pas de porter préjudice à John Stott ou à ses éditeurs, nous ne voulons pas davantage que ses écrits portent préjudice à ses lecteurs. D'où cet avertissement solennel et compatissant!

 

F. Buhler, chargé par le comité de La Bonne Nouvelle

La Bonne Nouvelle 5 /98

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