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«1983» année
décisive?
De notre correspondant
à Jérusalem
L'année 1982 fut une
année incapable de se sortir de ses
problèmes. Malgré les efforts
désespérés en vue d'une
détente et d'un essor économique,
elle ressembla à une chaise à bascule
sans cesse en mouvement, sans faire aucun
progrès. Si, en 1982, on a enregistré
neuf foyers de guerre dans le monde, on en craint
davantage en 1983, surtout dans les régions
qui, à l'heure actuelle, vivent dans
l'ivresse du pacifisme. Certains pronostics
prévoient 35 millions de personnes qui, en
1983, chercheront vainement un emploi dans le monde
occidental - par contre l'ordinateur sera la
vedette de l'année.
L'homme s'abandonne toujours
plus à la dictature du monstre silicone, de
la fibre de verre et des ordinateurs qui font peur.
Autrefois, c'était l'homme qui prenait les
décisions et faisait travailler la machine -
aujourd'hui c'est le contraire: la machine, parfois
de la grandeur d'un sou seulement, pense et
ordonne, l'homme - en commençant par
l'enfant avec ses jeux de Pac-Man aux
pépiements aigus - suit comme un pantin.
C'est la norme qui commande, la tendance qui est
maître! Par ce moyen l'homme perd sa
noblesse... et l'espoir. Il n'est pas
étonnant que la jeunesse ne se
prépare plus avec enthousiasme à
l'avenir on ne vit que pour le présent car
«demain sera la grande explosion»' Ils se
laissent effrayer et pousser de côté
et d'autre par tous les vents et tendances, comme
un bateau sans gouvernail, l'ancre coupée.
On cherche à étouffer les conflits
humains par la psycho-pharmacologie. Je pense
à la parole de Jésus-Christ:
«Vous aurez des tribulations dans le monde,
mais prenez courage, j'ai vaincu le monde!»
C'est surtout valable pour ce qui est du
réarmement si dangereux en raison de
l'équilibre, et qui risque d'entraîner
la guerre entre les grandes puissances, si l'ennemi
prend une décision erronée à
la Hitler.
Le conseil de
sécurité, le système
monétaire international et un gouvernement
international semblent être le but captieux
et le «remède universel».
Où est le
«superman», où est le «Big
Brother» (selon l'expression d'Orwell) qui
surveille tout cela? Le terrorisme politique et la
manipulation totale, l'homme numéroté
qui devra sortir pour «1984» -
voilà le résultat. On a pu voir
à quelle vitesse ces choses peuvent arriver,
et nous le constatons aujourd'hui sous l'empire de
Khomeini.
Est-ce que l'année
1983 serait le compte à rebours vers
l'année «1984» d'Orwell?
Aujourd'hui, les événements
historiques sont sujets à une
altération déterminée -
Staline disparaît du vocabulaire pour laisser
la place à Martin Luther comme
précurseur du communisme. S'y ajoute le
mauvais usage des mass-média actuels. Un
exemple:
Au Liban, le terrorisme de
l'OLP provoqua 98 500 morts dans l'espace de huit
ans. Les agences des médias restèrent
muettes. Après cela, des chrétiens
libanais mettent en mouvement un massacre de
vengeance (721 morts) et - chose
incompréhensible c'est l'Etat juif (!) qui
est déclaré coupable par le monde
entier. La propagande mensongère doit
toujours être suffisamment
exagérée pour que le consommateur ne
l'enregistre plus comme mensonge. Telle
était l'instruction donnée par
Goebbels à Berlin.
Mais dans ce cas, les gens
religieux Juifs ou chrétiens - devaient
être des «messagers de la
vérité». Pas question de se
laisser tenter. Il fallait continuer le chemin
solitaire et inconfortable à travers la
jungle du mensonge. Posons la question à
l'un d'eux, par exemple au sage de la Thora,
Shabbatai Shilo, auteur de deux livres et, de temps
en temps, celui qui donne des avertissement
à la télévision
israélienne. Il est aussi spécialiste
de la prophétie. Il m'expliqua que
l'année 1983 serait une année
sélective quant à la nation qui
montera contre Jérusalem pour
«éliminer ce trouble-fête et
cette éternelle pierre d'achoppement».
A cela s'ajoute qu'en septembre 1983 commence
l'année juive «Tischmad», ce qui
signifie destruction. Selon la chronologie
grégorienne, ce serait en 1984. En outre,
Shilo renvoie au Midrasch Tehellim 118 (1.-9. Jh.),
dans lequel il est dit que Gog et Magog constituent
une série de trois guerres. La
première (guerre du Yom Kipour) entrava
l'attitude relativement bienveillante parmi les
nations envers Israël. La deuxième
guerre (la guerre du Liban), poussa les nations
à adopter une opinion contre Israël et
la troisième guerre incitera toutes les
nations à marcher contre Jérusalem.
Où faut-il alors situer la première
guerre? Selon le prophète
Abdias, et ce que Shilo
mentionna, elle pourrait être placée
juste au moment où Israël avait
reconquis la Samarie et le pays de Philistins (la
bande de Gazai, ce qui a été
effectué en 1967 et serait de ce fait la
guerre du Yom Kipour, par conséquent, la
première après celle des six jours.
D'après des calculs cabalistiques,
même la période intermédiaire
de six ans et demi, c'est-à-dire de la
guerre de libération de Jérusalem en
été 1967 jusqu'au Yom Kipour en
automne 1973, a été
déterminée. Dans les écrits
cabalistiques du 13 ème siècle, la
guerre de 1967 est aussi mentionnée comme
point de départ: au bout de huit
années du jubilé (l'année du
jubilé compte 50 années civiles), les
Ottomans qui occupaient la ville sainte de
Jérusalem auraient été
chassés.
Dans l'année du
jubilé qui suivait - la neuvième -
(pendant 50 ans) Jérusalem n'aurait
appartenu à personne et serait redevenue
propriété du peuple juif à la
fin de la neuvième année du
jubilé, selon ce qui était promis.
Nous lisons dans tous les lexiques que ce fut en
1517 que les Ottomans occupèrent
Jérusalem. Ajoutons 8 années du
jubilé= 400 ans. Ce fut en 1917 que le
général Allenby chassa les Ottomans
(Turcs) de la Terre Sainte. Jérusalem fut
mise sous mandat pour redevenir
propriété israélienne
exactement 50 ans plus tard, en 1967. Lorsque je
voulais me dérober aux
interprétations massives et à
l'abondance des chiffres de Shilo, il me renvoya
encore au prophète Michée, où
il est dit dans le chapitre 4 que Dieu
Lui-même interviendra pour Son peuple et la
ville de Jérusalem, et qu'il
anéantira les nations antisionistes. Au
premier verset du chapitre 5, il est fait allusion
à l'apparition du Messie qui devait
naître à Bethléhem et qui est
tant attendu par Son peuple. Les chapitres 38 et 39
d'Ezéchiel deviennent toujours plus actuels
. . . au secours, au secours ! Qui peut comprendre
tout cela ? Des prophètes bibliques,
l'Apocalypse de Jean, Nostradamus, Orwell - est-il
vraiment aussi tard que cela? Cependant, personne
ne veut parler de la fin du monde. On fait
plutôt allusion à un règlement
de compte entre la lumière et les
ténèbres, à la victoire sur le
mal.
Alors, ne craignez rien
!
En pensée, je mets un
point final à ce sujet, mais le moine
judéo-chrétien, Abraham, m'en
empêche en me remettant l'un de ses
écrits. Pour lui, le prince venant du Nord
(Rosch), représente la Russie, l'ennemi
déclaré de Dieu, du judaïsme et,
bien sûr, d'Israël. . . sans oublier -
selon le moine Abraham - que cela concerne aussi
les vrais chrétiens qui, à cause de
leur origine - racines juives - sont des
«sémites» spirituels et comptent
parmi ceux qui sont hostiles aux
antisémites.
Le remplacement du pouvoir au
Kremlin serait-il significatif? Si l'on en croit
d'anciens compagnons d'Andropov, Jouri Andropov, le
nouveau chef de l'Union Soviétique serait
plus rusé et plus dur que tous ses
prédécesseurs. Il serait le symbole
de la destruction du style «police
secrète», qui inspire la peur.
L'homme n'est-il plus qu'une
balle de jeu, manipulé, à la merci de
la violence et du mal? Ou existe-t-il encore un
espoir? - Oui, pour ceux qui ont le courage d'aller
à contre-courant! Ne nous laissons pas
dérouter par les manifestations massives de
paix, car un extrême en appelle un autre. Aux
couleurs vives suivent les couleurs tristes. Au
besoin démonstratif de l'individualisme suit
la tendance du troupeau. Sans opinion propre on se
soumet à chaque dictature, on s'y accommode
pour avoir droit à de tout petits avantages
et - comme d'habitude - seuls, quelques
isolés sont différents.
Dans ce sens, l'année
1983 sera vraiment l'année décisive
pour les nations unies face à Israël -
mais aussi pour l'individu, c'est-à-dire,
pour vous et moi. Le Psalmiste a trouvé la
réponse:
«Je lève mes yeux
vers la montagne (de problèmes). D'où
me vient le secours? Le secours me vient de
L'Eternel qui a fait les cieux et la terre
!»
Discussions inutiles entre
Israël et le Liban - au moment où les
Soviétiques et les Syriens réarment
avec acharnement dans la plaine de la Bekaa
Après avoir
passé à Tyr, Sidon et Damour,
j'arrive enfin à Khalde, à 300 km au
nord de Jérusalem et à 6 km au sud de
Beyrouth. Le chemin jusqu'au «Lebanon Beach
Hotel» est une véritable piste de boue.
Heureusement, je me suis muni de bottes.
L'hôtel, encore partiellement démoli
et sale, sert de lieu d'accueil pendant les
discussions de normalisation, entre Israël et
le Liban, reprises pour la première fois
depuis 1949. Au-dessus de l'entrée flottent
trois drapeaux: au milieu celui du Liban
énorme, flanqué de celui des USA et
celui d'Israël minuscule. Juste
derrière l'hôtel déferlent les
vagues de la Méditerranée. De gros
vaisseaux de guerre, leur canons ajustés
contre l'ennemi éventuel, sont placés
le long de la côte. A l'intérieur de
l'hôtel on cherche, entre-temps, un
ajustement réciproque au nouvel ami
voisin.
On est assis l'un
vis-à-vis de l'autre, en formant un
triangle. Ainsi, chacun peut se considérer
comme base. Si nous sommes du côté de
la délégation israélienne, qui
a pour dirigeant David Kimche, nous voyons à
leur gauche, les Libanais dirigés par
Antoine Fatale. A droite, l'Amérique, avec
son ambassadeur Moris Draper, complète le
triangle isocèle. Les discussions sont de
caractère réservé, avec une
nuance de complaisance. Lorsqu'un journaliste
remarque que les Libanais sont suspects de
duplicité, il se fait corriger par ses
collègues, qui profèrent qu'il faut
se multiplier par 40, puisque la
délégation libanaise doit
défendre 13 armées ethniques et 27
armées privées, toujours en action,
et qui sont en plein désaccord entre elles.
A cela s'ajoute le domaine d'influence d'Amin
Gemayel, qui n'a pas encore dépassé
les limites des régions occupées par
les phalangistes, et qu'il est, de ce fait,
simplement le président phalangiste.
Un «papier de
normalisation», pour ne pas dire un accord de
paix, ne serait alors qu'une note sans
valeur.
Les négociations qui
se déroulent alternativement à Khalde
et à Kiryath Schmona, sont taxées
ironiquement «d'étuve à
incubation». Cela veut dire que l'on couve
ensemble un oeuf, sans savoir ce qui en sortira -
probablement un ours russe car, pendant ces
négociations de longue haleine, où
l'on discute pour savoir quel est le sujet à
négocier, Moscou et Damas réarment
avec acharnement. Dans la plaine de la Bekaa,
connue de beaucoup de touristes par Baalbek, se
trouvent actuellement deux divisions de chars
blindés T-72 soviétiques. D'autres
part, deux rampes de lancement ont
été installées pour les
fusées SA-5. De ces fusées, longues
de 16, 5 m et d'un poids de 10 000 kg, avec une
portée de 250 km, 1200 autres pièces
attendent, dans les abris bétonnés
russes, d'entrer en action pour tuer.
Le réarmement
soviétique en Syrie, qui a trait à la
panique, a pour but d'affirmer l'amitié de
Moscou pour les Arabes et de signaler la
disposition du nouveau président Andropov
pour une passe d'armes, afin de compenser
l'échec de son prédécesseur.
Moscou aimerait consolider son avance au Liban
jusqu'à Tripoli et dans la plaine de la
Bekaa. C'est ainsi que le ministre de la
défense syrien Mustafa Tlass avait
déclaré qu'actuellement, la Syrie
était assez forte pour vaincre Israël -
puisque les amis russes avaient remplacé au
quadruple toutes ses pertes.
Pour l'instant, ces belles
paroles ne servent pas à grand-chose aux 23
000 soldats syriens au Liban où, chaque
jour, plusieurs meurent de froid sur le
haut-plateau couvert de neige. Jusqu'à
présent, les Syriens enregistrent 5000
victimes de la guerre. Les 8000 combattants de
l'OLP se sont retirés sous leur propre
régie dans des endroits plus
cléments, et s'échauffent à
Tripoli. Là-bas, les combats - une fois
parmi les propres groupes de l'OLP (11 groupes),
une autre fois contre les Syriens, chrétiens
ou druses - coûtent chaque jour 20 à
40 vies humaines. Ce sont des combats sanglants qui
rappellent la guerre civile de 1975/76 - loin des
positions israéliennes. Pour une fois, les
Israéliens ne peuvent pas être
accusés! De toute façon, Israël
aimerait se retirer du Liban. La guerre, qui a
duré 7 mois, a causé la mort de 470
Israéliens, en dévorant aussi, 38,2
milliards de IS (environ 3 milliards de DM).
En dépit de tout cela,
les Libanais ont fêté, pour la
première fois depuis sept ans, un
très joyeux Noël: de grandes
quantités de caviar ont été
mangées, le vin français a
coulé à flots, et partout
scintillaient des arbres de Noël, même
dans les quartiers musulmans totalement
détruits de Beyrouth-ouest. Les Libanais
aiment la vie douce. Ainsi ils réclament, au
lieu des 4000 soldats italiens, français et
américains venus par l'ONU, 15 000 de ces
«anges de paix» avec leurs bonnets rouges
à pompons bleus ou leurs casques à
panache. En attendant, l'OLP, loin d'être
inactive, se reconstitue au Liban. Les camps en
Tunisie, où ils s'étaient
installés en septembre dernier, sont
déjà abandonnés. Ils sont
revenus au Liban et cherchent, par le moyen de
nouvelles installations «Katjuscha»,
à empêcher les négociations
entre Israël et le Liban. Dans ce but, la
Libye et l'Arabie Saoudite leur ont fourni une
somme exceptionnelle de 50 millions de dollars,
soit 125 millions de DM. Des pourparlers secrets
avec l'Egypte ont laissé filtrer que, si le
sol libanais devenait trop brûlant pour
l'OLP, elle pourrait faire usage du Sinaï ce
qui, bien sûr, est alarmant pour Israël,
qui ne tient aucunement à engager des
discussions au sujet du retrait de la Cisjordanie.
Arafat, dont la - position est presque nulle dans
le monde arabe, s'efforce
désespérément de souder son
camp, totalement divisé, en faisant des
promesses, comme celles faites à Aden:
« . . . il y aura bientôt, dans la
plaine de la Bekaa, une des plus grandes batailles
de l'histoire, où l'OLP jouera un rôle
décisif. . .» Les organisations
radicales de l'OLP se tiennent du côté
de la Syrie - voire de Moscou - et réarment
avec la ferme intention d'anéantir
Israël dans son ensemble. C'est la raison pour
laquelle Israël insiste pour garder trois
postes d'observation établis au Liban, entre
autres, sur le Djebel Baruch. Les Libanais exigent
jusqu'au 15 février 1983, le retrait de
toutes les troupes étrangères de leur
«Suisse de l'Orient».
C'est une exigence
inconsidérée à laquelle,
momentanément, seul Moscou met en position
une réponse militaire, ce que les USA et
l'Europe ignorent soigneusement. Il faut bien que
l'herbe et le blé sauvent leur
économie et, après tout, on a
déjà contribué à la
paix au Proche-Orient, en envoyant des troupes de
paix de l'ONU à Beyrouth.
L.
Schneider
Nouvelles
d'Israël 05 / 1983
©
Nouvelles d'Israël
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