Il est écrit::
TA PAROLE EST LA VÉRITÉ
(Jean 17.17)
cela me suffit...

REGARD
Bibliothèque chrétienne online

Il est écrit::
TA PAROLE EST LA VÉRITÉ
(Jean 17.17)
cela me suffit...


Langue française uniquement

Articles divers....

Recherche
interne


Archéologie
Histoire

Édification

Témoignages


Environnement

Études bibliques

Famille


Israël

Loisirs

Occultisme


Oecuménisme

Politique
mondiale

Sciences


Sectes Églises Religions

Suisse

Vie sociale

 Accueil chaleureux pour Chtcharanski en Israël

La liberté en passant par le pont

Anatoly Chtcharanski, détenu depuis neuf ans par le régime soviétique - soi-disant comme «espion pour les USA», mais à la vérité comme «prisonnier sioniste» - a été libéré. Il fut accueilli récemment, au milieu de la «Glienicker Brücke», le pont qui relie Berlin-Est avec Berlin-Ouest, par l'ambassadeur américain de la République Fédérale d'Allemagne, Richart Burt, et conduit dans la voiture de ce dernier à l'aéroport. Une machine militaire américaine l'amena à Francfort où sa femme Awital l'embrasse après douze ans de séparation. Elle avait tout fait pour la libération de son mari. L'ambassadeur israélien remet un passeport à Anatoly Chtcharanski et accompagne l'heureux couple jusqu'à l'avion israélien «Westwind», qui les attend. Awital dit: «C'est le plus beau jour de notre vie».

A l'aéroport Ben Gourion à Lod, Anatoly est accueilli avec enthousiasme. Le Premier ministre Shimon Peres, le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Yitzhak Shamir, le ministre de l'Intérieur Yitzhak Perez, le ministre de l'Immigration Jakow Zur, des parlementaires, les deux grands rabbins du pays, des journalistes du monde entier et des milliers de gens, dont de nombreux Juifs russes, sont au rendez-vous. «Loué sois-Tu, Seigneur, Toi qui fais revivre les morts»! Peres et Shamir embrassent ce «combattant pour la liberté des Juifs et de tous les opprimés de l'Union soviétique», qui a été libéré par les Soviets dans le cadre d'un «échange d'espions», - ou, selon l'expression de Chtcharanski dans une brève allocution - des «Pharaons de notre temps». A la radio israélienne, Chaïm Herzog souligne le fait que «Chtcharanski est un exemple et un symbole dans la lutte pour la réalisation des droits de l'homme».

Des milliers de voix chantent «Am Jisrael Chaj» (Le peuple d'Israël vit), et «Hewenu Schalom Alechem» (Nous vous avons apporté la paix). Anatoly leur fait signe de la main, puis il est conduit, avec Awital, dans une pièce spéciale de l'aéroport, où le ministre Jakow Zur lui remet la carte d'identité israélienne. Shimon Peres téléphone au président américain Ronald Reagan et le remercie de son inestimable soutien dans les efforts pour la libération de Chtcharanski. Il demande aussi la communication avec le ministre des Affaires étrangères américain, George Shultz, afin de le remercier aussi. Anatoly profite de l'occasion pour remercier à son tour et aussi pour affirmer une nouvelle fois qu'il n'avait jamais travaillé comme espion et qu'il espérait que maintenant les portes de l'Union soviétique s'ouvriront pour tous les Juifs désireux de quitter ces pays. Peres exprime son estime pour le rôle que le chancelier Helmut Kohl a joué lors de cet échange réussi des «espions».

Une colonne de voitures, escortée par la police, amène à Jérusalem Anatoly et Awital, avec leurs amis intimes. Une foule innombrable se tasse sur le bord de la route et souhaite la bienvenue à Anatoly. Du haut de la montagne des Oliviers, notre nouveau citoyen d'Israël jette un premier regard sur le Mont du Temple et la ville de Jérusalem. Puis il arrive près du Mur des Lamentations où, porté sur les épaules, il devient le symbole de la survie et de l'espoir juifs. Il baise les pierres et dit, doucement, une prière. On les conduit ensuite dans un appartement neuf à Jérusalem, où le couple réuni trouve enfin une habitation durable.

C'est un grand jour pour Israël, comme pour ceux qui espèrent et prient, et pour les Juifs russes qui, toujours angoissés, attendent leur permis d'émigration vers la liberté. La question importante reste ouverte: Est-ce que les puissants du Kremlin suspendront enfin leurs restrictions? Accorderont-ils des mesures plus larges pour l'Aliya vers Israël? Pour le moment, les voix de Moscou sont plutôt décourageantes. Pas d'émigration prévue, ni une reprise des relations diplomatiques avec Israël. Cependant, le professeur Amnon Sela, soviétologue, pense que Mikhaïl Gorbatchev se trouve sous une certaine pression. L'économie russe, fortement ébréchée, aurait besoin de l'aide technologique américaine. Or, Gorbatchev sait que s'il ne desserre pas l'étranglement des libertés, les Américains, qui défendent avec véhémence les droits de l'homme, ne s'engageront pas.

La direction du Kremlin espère d'autres rencontres au sommet entre Gorbatchev et Reagan, et, de ce fait - ainsi pense Sela - serait prête à d'autres concessions dans la question de l'émigration. Le pas humanitaire effectué avec Chtcharanski n'a pratiquement rien coûté aux Soviétiques. Ils l'ont libéré en tant qu'«espion» - et non comme champion de la liberté - afin de garder la face. En même temps, ils exigeaient la libération du champion de la liberté noir sud-africain Nelson Mandela, prisonnier depuis 24 ans du régime blanc de l'Apartheid. Israël est intervenu dans les négociations en faveur de Mandela. Il semble que ce n'est plus qu'une affaire de quelques jours pour que Mandela soit libéré.

A présent, les Soviets peuvent prétendre être des interlocuteurs «honnêtes» qui se mettent du côté des opprimés ... On sait, cependant, que Gorbatchev et ses collègues ne se sont pas transformés subitement en amis de l'homme. Mais, les dures réalités - outre l'économie, la crainte d'une nouvelle guerre mondiale - favorisent le changement. Des manifestations de masse à l'intention du droit d'émigration des Juifs russes, avec le slogan: Schalach et Ami - «Laisse aller mon peuple» - ont démontré au gouvernement soviétique qu'il a intérêt à se raviser s'il veut obtenir quelque chose du côté de l'Occident.

Anatoly Chtcharanski a passé le pont à Berlin, pour retrouver sa liberté. Des centaines de milliers de Juifs russes aimeraient le suivre. Ils attendent le jour de leur liberté. Avec l'aide de Dieu, ce ne sera pas en vain.

Dr. Roland Gradwohl (IW)

.

«Je n'ai jamais pleuré, aujourd'hui je le fais»

Ida Petrowna Milgrom, 77 ans, est assise, accroupie, sur son sofa vert, et répète de sa voix tremblante: «Je ne puis y croire, je ne puis y croire». Cette femme aux cheveux blancs pleure, en essuyant ses larmes avec sa main. «Voilà neuf terribles années où je n'ai jamais pleuré, mais aujourd'hui je le fais».

La mère de Chtcharanski n'arrive pas à saisir le fait que son fils n'est plus détenu dans un camp de prisonniers soviétique et qu'elle aussi est enfin libérée d'un terrible cauchemar. La dernière fois qu'elle avait eu le droit de rendre visite à son fils, c'était en janvier 1985. Pour cette rencontre, la vieille dame avait fait le voyage jusqu'à l'Oural, car Chtcharanski séjournait au camp 35, près de la station Wsewaiatskaja, dans la région de Perm. Elle et son fils Leonid durent attendre là-bas pendant deux jours avant de voir enfin Anatoly, et de lui parler à travers une vitre.

«Nous ne devions parler que de choses personnelles», nous expliqua-t-elle dans l'étroit trois-pièces de son fils Leonid, situé dans le quartier Petschatniki de Moscou. Un récepteur à ondes courtes donnait les dernières nouvelles en anglais sur l'échange des «agents».

La vieille dame raconta que, depuis la dernière entrevue avec Anatoly, elle avait reçu de lui seulement trois lettres. Dans le petit appartement se serraient les cameramen américains et ouest-allemands. Alors que les projecteurs des caméras étaient braqués sur elle, madame Milgrom expliqua qu'elle avait adressé en dernier, le 26 janvier, un télégramme à Mikhail Gorbatchev, afin de solliciter de l'aide pour Anatoly. «Je suis très reconnaissante à Gorbatchev, mais je remercie aussi Ronald Reagan de ses efforts». Elle manifesta sa conviction que ces politiciens avaient «sauvé la vie de Toljas et prolongé un peu la sienne». Les prédécesseurs de Gorbatchev, comme Brejnev, Andropov et Tchernenko, n'avaient pas réagi à ses nombreuses demandes, dit-elle.

Madame Milgrom était visiblement tendue. Cependant, lorsque l'un des caméramen tomba avec sa chaise qui s'écroula sous lui, la mère de Chtcharanski se mit à rire. Son fils Anatoly avait été arrêté en 1977 et condamné, le 14 juillet 1978, à trois ans de prison et dix ans de détention dans un camp pour «haute trahison sous forme d'espionnage» en faveur des USA, ainsi que pour «agitation et propagande antisoviétique». En ce qui concerne sa libération surprenante, sa mère dit: «Je ne le croirai que lorsque j'entendrai sa voix». Elle attendait, en effet, un appel téléphonique d'Anatoly Chtcharanski et de sa femme.

Madame Milgrom affirme que ce n'était pas le gouvernement soviétique qui l'avait informée de la libération de son fils. Quant au communiqué parlant de sa propre émigration de l'URSS, elle expliqua: «Cela non plus, je ne l'ai pas appris par les Soviets. Tout ce que j'ai entendu jusqu'à présent, m'est parvenu par les nouvelles de l'Ouest». En disant cela, elle désigna le récepteur à ondes courtes.

Cependant, Madame Milgrom manifesta l'espoir que l'URSS lui accordera, ainsi qu'à Leonid et à sa femme Raja, avec leur deux enfants Sacha (14 ans) et Boris (8 mois), la permission d'émigrer. «Je ne sais pas comment j'ai pu survivre à ces neuf terribles années». Toutes les nuits, dit-elle, elle avait dû penser à son fils détenu, qui n'avait qu'un moyen de protestation au camp: la grève de la faim.

Elle ajouta que le sort de son fils avait épuisé son mari, qui mourut d'une crise cardiaque dans un trolleybus le 20 janvier 1980, à l'âge de 75 ans - jour des 32 ans d'Anatoly Chtcharanski. A l'époque, les autorités soviétiques avaient refusé à Anatoly de participer aux obsèques de son père. La famille avait juste reçu un télégramme de condoléances du camp.

.

En Israël, Anatoly s'appelle maintenant Nathan

«Sois loué, ô Eternel, Toi qui délivres les prisonniers de leurs chaînes». C'est avec ces paroles de bénédiction de la liturgie juive que réagit le président d'Etat , Chaïm Herzog, lorsque, pendant une séance gouvernementale, un adjudant lui souffla la nouvelle qu'Anatoly Chtcharanski venait de traverser le pont Glienicker à Berlin.

Herzog publia aussitôt un communiqué où il disait: «Anatoly Chtcharanski est devenu un exemple et un symbole. Son courage a redonné espoir à nos frères et soeurs en Union soviétique ... Sois le bienvenu dans ta patrie, Anatoly. Que beaucoup d'autres puissent te suivre»! Avec ces paroles, Herzog avait exprimé les pensées que beaucoup d'Israéliens portaient dans leur coeur.

Le bonheur se lisait sur le visage d'Anatoly Chtcharanski lorsqu'il descendit à l'aéroport Ben-Gourion près de Tel Aviv, du petit avion «Westwind» qui l'avait transporté de Francfort en Israël, accompagné de sa femme Awital et d'un petit groupe d'amis israéliens.

Chtcharanski se jeta dans les bras du Premier ministre Shimon Peres, qui attendait à l'aéroport. En guise de salutations, Peres et son nouveau concitoyen s'embrassèrent pendant 30 secondes au moins. Puis, Awital présenta son mari au ministre des Affaires étrangères, Yitzhak Shamir qui n'hésita pas non plus à l'embrasser.

«Nous sommes tous très émus, comme vous», dit Peres à Anatoly, «comment vous sentez-vous»? «Je suis très heureux d'être maintenant dans mon pays», répondit Anatoly dans un hébreu parfait, qu'il avait appris pendant ses neuf ans de détention, au moyen de livres entrés en contrebande au camp.

Anatoly portait un anorak neuf brun clair, Awital une nouvelle robe brun foncé. Elle avait échangé son foulard gris habituel contre un nouveau avec des fleurs. Les étreintes et les poignées de main n'en finissaient pas. La moitié des membres du gouvernement était à l'aéroport, ainsi que plusieurs anciens co-détenus de Chtcharanski. Le grand rabbin israélien Sapira prononça sur Anatoly cette bénédiction rarement formulée, sinon dans certaines prières: «Loué sois-Tu, ô Dieu, Toi qui ressuscites les morts»!

Le faste que le gouvernement avait réservé à l'arrivée d'Anatoly Chtcharanski en Israël dépassait tous les précédents. On avait non seulement envoyé un avion spécial à Francfort, mais encore préparé une réception d'Etat à l'aéroport de Tel Aviv. De nombreux bus étaient mis en service, afin que tous ceux qui le désiraient puissent se rendre à l'aéroport pour accueillir Anatoly.

A son arrivée, Chtcharanski reçut aussi les documents israéliens d'immigration et adopta le nom hébraïque de Nathan. (SAD)

Ephraim Lahav, Jérusalem

.

«Nous l'avons laissé parler afin que la tension en lui s'en aille»

Même la direction de freinage défectueuse de l'avion qui devait amener de Berlin à Francfort le citoyen russe Anatoly Chtcharanski après sa libération, ne pouvait ternir l'ambiance joyeuse au sein du petit groupe de voyage. Le pilote avait découvert la défectuosité juste à temps et le voyage pouvait être effectué avec une autre machine. Chtcharanski était tellement impressionné par tout ce qui venait de se passer, que personne n'avait l'idée de le questionner sur ses plans d'avenir en Israël. Ludwig Rehlinger, secrétaire d'Etat au ministère de l'Intérieur allemand, qui, avec l'ambassadeur américain à Bonn, Richard Burt, avait conduit Anatoly (37 ans) à travers le pont Glienicker vers la liberté, décrit l'atmosphère qui régnait dans l'avion: «Il était tellement rempli de tout ce qu'il venait de vivre que Burt et moi-même - et cela se comprend - ne lui avons pose aucune question. Nous l'avons laissé parler, afin que la tension en lui s'en aille».

En même temps, à l'aéroport de Francfort-sur-le-Main, 50 journalistes, environnés des techniciens et cameramen de la télévision, attendaient l'arrivée de Chtcharanski avec sa femme. Un vent glacial soufflait lorsque les reporters virent, de la terrasse des visiteurs, atterrir le «Business-Jet Westwind WW 23», venant d'Israël.

Rudolf Zewell, Francfort

.

Awital immédiatement conduite dans le hall des pas perdus

Une belle femme, habillée d'une veste foncée et coiffée d'un foulard noué sous une touffe de cheveux dans la nuque, descendit du Jet. Les journalistes ne purent cependant entrevoir Awital Chtcharanski que pendant un court instant. Elle fut immédiatement conduite vers le hall des pas perdus du secteur de transit B 40.

Des employés de la garde frontières dans leurs habits de combat et des policiers armés de mitraillettes, bouclèrent à clé les entrées de ce secteur. Les chiens policiers faisaient comprendre à chacun qu'ils étaient là pour empêcher toute approche de Madame Chtcharanski. La sécurité d'abord! Les contrôles étaient si sévères que même les gens voulant simplement remettre des fleurs, furent renvoyés sans commentaire.

Peu avant 13 heures, l'avion d'Air-force de Berlin, avec à bord Anatoly Chtcharanski, se posa à l'aéroport de Francfort dans la zone militaire. Le consul américain salua le citoyen libéré dans l'aire d'atterrissage. Ensuite, on se rendit avec une voiture au hall des pas perdus, qui se trouve dans la zone civile de l'aéroport.

.

Un revoir entre quatre yeux

Après l'accueil par l'ambassadeur israélien de Bonn, Yitzhak Ben Ari, Chtcharanski fut conduit dans une chambre où, pour la première fois depuis douze ans, il pouvait serrer sa femme dans ses bras. Aucun reporter, aucun officiel ne devait être présent. C'était un revoir entre quatre yeux.

Puis, Awital Chtcharanski remercia, par des paroles simples et touchantes, Richard Burt et Ludwig Rehlinger. Après une lutte qui avait duré des années, elle était enfin arrivée au but. Sans jamais se lasser, elle avait combattu en faveur de la libération de son mari. Jamais elle n'avait douté qu'un jour elle le reverrait. Pour elle, «l'an prochain à Jérusalem» représentait plus qu'une salutation pieuse.

Enfin, à 14h.23, l'avion bi-réacteurs israélien décolla de la piste à Francfort et transporta le couple Chtcharanski vers un accueil triomphal à Tel Aviv.

Après cet échange sans heurt des prisonniers sur sol allemand, Ludwig Rehlinger dit simplement: «Le gouvernement allemand s'est engagé avec beaucoup de fermeté et a fait son possible afin de mener à bonne fin cette affaire». C'est aussi avec un sentiment de contentement qu'il pouvait se défendre contre la critique que des citoyens allemands avaient été échangés avec des agents. «Si c'est la seule possibilité de faire sortir un homme de prison aussi droit que Chtcharanski, je ne me compromets en rien en agissant ainsi», dit Rehlinger.

Nouvelles d'Israël Mai 1986

© Nouvelles d'Israël

 

haut de page