ARIE DERI
DÉCLARÉ COUPABLE
Deri ne renonce pas
encore
Le chef du mouvement Shas,
Arie Deri, le prodige et l'étoile montante
de la politique israélienne, a
été déclaré coupable
par un tribunal de Jérusalem pour faits de
corruption graves, de tromperies et d'abus de
confiance. Le jugement a été
annoncé à la mi-mars. La
procédure judiciaire contre Arie Deri fut la
plus longue et la plus volumineuse dans l'histoire
de la justice israélienne.
Des griefs furent
formulés pour la première fois contre
lui il y a neuf ans. Il était alors
directeur général du ministère
de l'Intérieur et devint ensuite ministre de
ce même département. Il était
soupçonné d'avoir accepté un
pot-de-vin de 170.000 dollars US ainsi que d'autres
«dons» personnels; en contrepartie
desquels il faisait parvenir de l'argent à
plusieurs organisations orthodoxes et à des
individus en relation avec lesdites
organisations.
Durant les années qui
s'étaient écoulées depuis ces
accusations, Deri et ses avocats ont employé
la tactique de se dérober pour retarder la
procédure juridique. Apparemment, ils
espéraient que serait trouvé un
accord politique, dans le cadre duquel les
accusations ne seraient pas maintenues.
Toutes ces années,
Deri lui-même s'est prévalu de son
droit pour refuser de témoigner, et cela
alors que l'on attendait de lui, étant
donné sa position de ministre du
gouvernement, une entière coopération
avec les responsables de l'enquête. Mais en
raison de la pression exercée par l'opinion
publique et la presse durant toute l'affaire, Deri
n'a pas pu écarter une procédure
judiciaire. Finalement, il renonça à
son droit de refuser de témoigner et il fit
des dépositions détaillées.
Assis sur le banc des accusés, Deri fit en
sorte de laisser croire que l'accusation ne le
visait pas personnellement, mais qu'elle
était plutôt une espèce de
persécution dirigée contre l'ensemble
de la communauté séfarade. Tel un
joueur d'échecs, par petits coups, il est
parvenu à convaincre ses adeptes au sein de
son parti qu'il était la victime d'une
société qui ne peut accepter la
réussite de la communauté
séfarade.
La procédure
judiciaire s'est ouverte il y a un peu plus de
quatre ans pour se poursuivre avec une forte
intensité, même si, par diverses
tactiques de défense, on a essayé
d'en ralentir la marche. Dans leur prononcé
du jugement, les juges ont insisté sur le
fait que Deri a tout mis en oeuvre pour voiler la
vérité et entraver
systématiquement la procédure. Au
cours de plus de 400 jours de session, les juges
ont entendu plus de 150 témoins de
l'accusation et de la défense. Les
protocoles établis durant ces séances
ont nécessité plus de 40.000
pages.
Lors des journées du
prononcé du jugement, Shas a lancé
une ample campagne bien orchestrée
psychologiquement visant à mettre sous
pression tant l'opinion publique que les juges
concernés.
La sentence maximale pour le
genre de corruption dont Deri est tenu pour
coupable est sept ans de prison. Selon la loi
israélienne, il ne pourra pas, après
avoir purgé sa peine, occuper pendant dix
ans de poste ministériel au sein d'un
gouvernement.
Mais tout cela est encore
lointain. Deri a l'intention d'en appeler à
la Cour suprême après le
prononcé de la sentence. Il nourrit l'espoir
d'obtenir un verdict d'acquittement, ce qui est
impensable. Une telle procédure pourrait de
nouveau durer quelques années. Entre-temps,
tout peut se produire, même une grâce
personnelle accordée par le Président
de l'Etat. Dès les premiers jours qui ont
suivi le prononcé du jugement, quelques
personnalités publiques se sont
manifestées dans ce sens. Elles recommandent
une telle solution pour le problème de ce
jeune politicien orthodoxe, qui, en son temps, n'a
pas su faire la distinction entre les biens publics
et privés. Pendant toute la période
de l'appel, Deri continuera à
présider le Shas et à le conduire
dans la campagne électorale de cette
année. Le leader spirituel de ce mouvement
(Shas), Rabbi Ovadia Josef, croit toujours en Deri
et en son innocence; et il a déjà
annoncé que «Arie Deri dirigera le
mouvement Shas jusqu'à la venue du
Messie».
Nouvelles
d'Israël 05 / 1999
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