|
Arafat
déçoit les
Israéliens
A l'heure où nous
écrivons ces lignes - au dernier jour de
l'année 1993 -, les discussions avec l'OLP
à propos de l'entrée en vigueur de
l'accord Gaza-Jéricho semblent s'être
engagées dans une impasse. L'euphorie qui
avait initialement gagné les deux parties -
Israéliens et Palestiniens - s'est
envolée. Elle a cédé la place
à la désillusion et aux accusations
réciproques de non-respect de l'accord
intervenu.
Ce processus de
déception mutuelle atteignit son paroxysme
le 13 décembre dernier, date à
laquelle les forces armées
israéliennes devaient normalement se retirer
de la bande de Gaza et de la région de
Jéricho et où, en fait, rien ne se
produisit. Les négociations intensives,
menées à Taba et au Caire dans le but
de trouver une solution quelle qu'elle soit, ne
donnèrent aucun résultat. Même
une rencontre au soin met entre Yitzhak Rabin et
Yasser Arafat, deux jours avant la date convenue
pour le retrait des troupes, ne permit pas
d'aboutir à un accord. Après cette
entrevue, les deux hommes parlèrent d'un
"léger retard dans l'application de
l'accord", car d'autres discussions étaient
selon eux encore nécessaires à la
résolution du problème.
C'est la raison pour laquelle
de nombreuses autres réunions furent ensuite
organisées: les délégations de
hauts fonctionnaires d'Israël et de l'OLP se
rencontrèrent ainsi au Caire, à Oslo
et à Versailles, près de Paris, pour
tenter de parvenir à un accord. Il
s'agissait en fait de régler trois
questions: le contrôle du passage aux
frontières entre les territoires autonomes
palestiniens et la Jordanie et entre ceux-ci et
l'Egypte; le sort de Jéricho et de la zone
environnante, placées sous autorité
palestinienne, et enfin, les mesures de protection
pour les implantations juives de la bande de
Gaza.
Ces négociations
intensives, qui furent en partie tenues
secrètes, ont permis de réaliser
certains progrès: l'organisation d'une
dernière rencontre au sommet entre la
délégation israélienne,
dirigée par le ministre des Affaires
étrangères Shimon
Pérès, et la délégation
palestinienne, conduite par Abu Mazen, l'homme qui
avait mené avec succès les
pourparlers d'Oslo, côté palestinien.
Cette réunion, qui s'est
déroulée au Caire à la fin du
mois de décembre sous l'égide du
président Moubarak, a permis de parvenir
à un accord.
La zone d'autonomie autour de
Jéricho fut agrandie de 10 km2, le
contrôle du passage aux frontières fut
réparti entre Palestiniens et
Israéliens et des mesures garantissant la
sécurité des colons juifs de la bande
de Gaza furent adoptées. Mais au dernier
moment, Yasser Arafat envoya un fax au bureau du
Premier ministre israélien à
Jérusalem, dans lequel il émettait
certaines réserves à l'encontre des
différentes solutions trouvées.
Yitzhak Rabin, furieux, déclara
qu'Israël ne céderait plus sur aucun
point. Shimon Pérès lui-même,
qui avait pourtant engagé toute sa
crédibilité dans ces
négociations, perdit patience. Dans une
déclaration, qui constituait plus qu'un
avertissement à l'adresse des Palestiniens,
il précisa que le 13 avril, nouvelle date
butoir pour l'entrée en vigueur de
l'autonomie palestinienne, n'était en aucun
cas une date sacrée.
Les menaces et
l'entêtement de Yasser Arafat
amenèrent les négociations au bord de
la crise. Cependant, le processus de paix ne fut
pas interrompu. Au contraire, alors que les
pourparlers israélo-palestiniens
piétinaient, on travaillait aux derniers
préparatifs d'une rencontre au sommet entre
le président américain Clinton et son
homologue syrien Hafez el-Assad. Ce sommet devait
permettre d'accélérer les
négociations entre Israël et la Syrie,
portant sur la signature d'un traité de paix
entre les deux États en contrepartie de la
restitution par Israël à la Syrie de la
totalité du plateau du Golan. Alors que les
travaux préparatoires à cette
rencontre étaient en cours, les Syriens
commencèrent à accorder des visas de
sortie aux Juifs de leur pays.
Des centaines de personnes
profitèrent de cette libéralisation
momentanée pour quitter Damas en l'espace de
quelques jours et s'établir aux Etats-Unis.
Si la situation continue à évoluer
dans ce sens, il est probable que l'axe de
négociation israélo-syrien, en
sommeil depuis la rupture avec les Palestiniens,
sera à nouveau rétabli et
intégré à l'ensemble du
processus de paix.
Nouvelles
d'Israël 02 / 1994
©
Nouvelles d'Israël
|
|