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L'Amérique pour
Israël?
Il ressortait des
thèmes d'élection en Amérique
que, pour les deux candidats à la
présidence, Bush et Dukakis, Israël
représentait un sujet important. Le
républicain Bush n'a pas
hésité à congédier
quelques-uns de ses défenseurs
électoraux qu'on incriminait de tendances
antisémites. De son côté, le
démocrate Dukakis promit aux Juifs
américains (environ 6 mio) de
transférer, s'il était élu
Président des Etats-Unis, l'ambassade
américaine de Tel-Aviv à
Jérusalem. Kitty, son épouse juive,
éprouvait de la joie à la
pensée d'être la première femme
juive à célébrer Pessah
à la Maison-Blanche. Cependant son rival,
Bush, rappelait habilement et avec fermeté
la fidélité éprouvée de
son parti à l'égard d'Israël. Le
8 novembre 1988 aura révélé
l'homme que les Juifs d'Amérique jugent
digne de confiance.
Un sondage effectué
par l'«American Jewish Congress» en avril
1988, touchant toute la population des Etats-Unis,
confirma les résultats d'autres sondages
quant au soutien déterminé des
électeurs américains à
l'égard d'Israël et ce malgré
des divergences quant à certains aspects de
la politique gouvernementale d'Israël. A la
question: «Êtes-vous sympathisant
d'Israël plutôt que des États
arabes?», pas moins de 61 % répondirent
en faveur d'Israël, tandis que 13%
manifestèrent leur préférence
pour les États arabes. En juin 1962, seuls
52% se prononçaient en faveur d'Israël,
contre 10% en faveur des États
arabes.
Le niveau le plus bas de la
sympathie américaine pour Israël se
situa au mois de septembre 1982, lors de la guerre
du Liban, où seulement 32% se
prononcèrent en faveur d'Israël et 28%
en faveur des États arabes. En outre, 44%
des Américains interrogés pensent
qu'Israël est un fidèle allié
des Etats-Unis, tandis que 32% considèrent
Israël comme un ami mais non comme un
allié fidèle. 10% seulement gardent
une attitude neutre face à Israël, ne
considérant l'Etat juif ni comme ami ni
comme ennemi. 51 % des interrogés trouvent
que les Etats-Unis devraient maintenir leurs
relations «à peu près dans les
normes actuelles», tandis que 31% seraient
intéressés à un renforcement
des relations. 13% seulement désirent voir
un affaiblissement de ce
côté-là. En dépit de la
réputation favorable dont jouit l'Egypte
dans le public américain, 19% seulement
pensent que l'Egypte est un allié
fidèle des Etats-Unis.
62% des Américains
interrogés trouvent inutile un changement
dans l'importance des ventes d'armes des Etats-Unis
à Israël. Un petit nombre seulement
(13%) verrait l'intérêt d'une
augmentation, ou (12%) d'une diminution sinon d'une
élimination totale (8%). Les informations
indiquent une tendance croissante au soutien
d'Israël: en janvier 1987, 25% des
Américains se prononçaient en faveur
d'une interruption des ventes d'armes à
Israël, tandis que 42% jugeaient bon le niveau
de vente du moment. Selon certaines confirmations,
les Etats-Unis auraient accordé 3 milliards
de dollars à Israël pour son
réarmement. Interrogés à ce
sujet, 43% estimaient cette somme «à
peu près raisonnable», tandis que 45%
la trouvaient trop élevée, contre 54%
en 1987. Ces informations indiquent une tendance
d'approbation croissante de l'aide militaire
américaine à Israël.
Finalement 34 à 58%
des interrogés approuvaient l'envoi
d'unités militaires américaines pour
la défense d'Israël, au cas où
l'existence d'Israël serait menacée par
l'invasion d'un État arabe. Quelques
centièmes supplémentaires seulement
jugeaient une telle démarche utile aussi en
faveur de la République
fédérale allemande, en cas de menace
soviétique, Les résultats du sondage
montrent nettement combien, dans le fond,
l'attitude de l'Américain à
l'égard d'Israël est favorable.
Simultanément, certaines informations
indiquent une opposition face aux actions
spécifiques du gouvernement
israélien. En effet, malgré les 46%
d'interrogés jugeant raisonnable la prise de
mesures de fermeté par Israël pour
étouffer les agitations palestiniennes dans
les territoires occupés, et pensant
qu'Israël «se servait de la force
uniquement dans les proportions nécessaires
pour éviter une aggravation», 41 %
trouvent «qu'Israël affronte la
révolte palestinienne avec trop de
dureté».
Le 28 décembre 1987,
Stuart Eizenstat, ancien conseiller du
Président Carter, fit cette
déclaration: «Contrairement à
l'idée de quelques ennemis d'Israël, le
soutien d'Israël à l'intérieur
des Etats-Unis ne provient pas des lobbies juifs
américains. Il repose plutôt sur les
larges épaules de l'opinion publique
américaine. C'est sur ses épaules -
bien intentionnées à l'égard
d'Israël - que les administrations du
Président Reagan et des hommes d'Etat
d'Israël, ont commencé à
bâtir leurs relations
stratégiques».
Dans son discours lors de la
réunion annuelle de l'AIPAC le 15 mai 1988,
le Ministre américain de la défense,
M. Frank Carlucci, aborda le sujet de la
collaboration stratégique entre les
Etats-Unis et Israël. Il déclara en
particulier: «Les Etats-Unis et Israël
s'occupent actuellement, ensemble, de quelques
projets de recherche et de développement
dans le domaine de la défense.
Au-delà, Israël s'est
avéré une source importante de
fournitures d'armes pour les Etats-Unis,
L'année passée, les Etats-Unis ont
investi dans des systèmes israéliens
54% de tous les moyens financiers disponibles pour
l'évaluation d'armes
étrangères». Voici quelques
informations de comparaisons qui illustrent
jusqu'à quel point l'assistance
américaine à Israël vaut la
peine pour l'Amérique: sur le premier
tableau nous voyons que l'assistance à
Israël, comparée aux obligations
américaines pour les intérêts
de la défense ailleurs, est minime.
Contrairement aux obligations
des Etats-Unis dans les régions de l'OTAN,
de l'Extrême-Orient et du Golfe persique, les
contacts avec Israël ne sont liés
à aucun engagement militaire
américain. De ce fait, la vie d'aucun
Américain n'est mise en jeu. Concernant
l'importance, les chiffres montrent que la
dépense en faveur d'Israël est
insignifiante, surtout en comparaison des
contributions que fournit Israël
lui-même en faveur de la défense de
l'Occident. Ainsi le tableau 2 montre-t-il
qu'Israël est le seul pays, parmi les plus
importants alliés d'Amérique, qui
dépense plus de 7% de son produit brut
indigène local pour la défense. Cela
signifie que les frais de défense par
habitant dépassent, seulement aux Etats-Unis
et en Israël, les 500 dollars. Cependant on se
rend compte de l'énorme charge qui
pèse sur Israël lorsque l'on
considère que le PNB par tête en
Israël (4 950 dollars) est l'un des plus
faibles parmi les alliés des Etats-Unis;
mais que l'engagement d'individus d'Israël
pour le service militaire régulier est
quatre fois plus grand que pour le pays qui,
à cet égard, se trouve en
deuxième position: les Etats-Unis. Ces
exemples montrent qu'il faut considérer les
problèmes de sécurité
d'Israël sous un autre jour,
c'est-à-dire par rapport à ses
difficultés sociales et budgétaires
comparées à d'autres États
qui, eux aussi, appartiennent au cercle de
défense américain. En fin de compte,
cette compensation évidente anéantit
la fable de la dépendance totale
d'Israël des Etats-Unis. Les Américains
eux-mêmes savent qu'Israël
représente, pour l'intérêt des
Etats-Unis, le point d'appui le plus stable au
Proche-Orient. C'est aussi cette carte-là
qu'ont jouée les deux candidats à la
présidence, Bush et Dukakis. Reste à
savoir combien de temps dureront encore ces
«Hosannah» américains en direction
d'Israël.
Nouvelles
d'Israël Janvier 1989
©
Nouvelles d'Israël
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