J'ÉTAIS AVEUGLE ET
MAINTENANT JE VOIS.
Jean IX, 25.
Il y a un rapprochement parfaitement fondé
à faire entre la vie terrestre de Jésus au sein du
peuple Juif et sa vie spirituelle au sein de l'humanité :
à mesure que la mission divine de Jésus était
démontrée par ses paroles et par ses oeuvres,
l'opposition et la haine des Juifs grandissaient; à mesure que
l'influence bénie du Sauveur dans le monde se fait sentir,
l'opposition et la haine du monde s'accroissent contre le
Crucifié. Chaque manifestation de l'amour infini et de la
puissance souveraine de Jésus était le signal d'un
redoublement de haine ; chaque manifestation de sa miséricorde
est, aujourd'hui encore, le signal d'attaques nouvelles. Voyez
plutôt :
Le Seigneur Jésus rencontre un
aveugle-né; il veut faire de lui un monument vivant de ses
gratuités ; il fait de la boue avec sa salive, et oint de
cette boue les yeux de l'aveugle, et quand celui-ci revient du
réservoir de Siloé, où il est allé se
laver selon l'ordre de Jésus, il voit clair! Aussitôt
les Pharisiens s'émeuvent; ce miracle les irrite; ils
cherchent , dans ce miracle même, un moyen d'accuser
Jésus; les interrogatoires succèdent aux
interrogatoires, les comparutions aux comparutions, et ils finissent
par chasser de la synagogue celui qui avait été
guéri, et par dire de Jésus qu'il était
possédé du démon. - Quelque temps après,
à la fête de la dédicace, Jésus ayant dit
: « Moi et le Père sommes un, » les Juifs veulent le
lapider. - La mort de Lazare survient peu après , Jésus
ressuscite son ami en présence d'un grand nombre de Juifs ;
les uns croient, il est vrai, mais les autres s'en vont vers les
Pharisiens et les sacrificateurs , et ils consultent ensemble pour
faire mourir Jésus. Voilà ce que l'on voyait alors. -
Que voit-on aujourd'hui? L'action bénie de Jésus, dans
toutes les contrées où son nom est prêché,
est manifeste. Avec un poète, nous pouvons dire :
- Quel temps fat jamais si fertile en
miracles?
- Quand Dieu par plus d'effets montra-t-il
son pouvoir?
Le maître apprend la justice, l'esclave
la liberté , l'indigent le sacrifice , le riche la
charité. Un Dieu créateur et père de tous
s'abaisse jusqu'à nous. L'immortalité se lève et
brille au-delà des temps. L'espérance abrège les
courts instants de l'exil de l'homme sur la terre, et la
charité soulève nos fardeaux les plus pesants. Le
mourant que Jésus console, franchit, armé de sa parole,
le seuil de l'éternité. Demandez à l'obole qui
soulage le pauvre en sa misère quelle puissance l'a fait
tomber dans la main du pauvre; demandez à ces larmes de
chrétienne sympathie qui coulent sur les misères
d'autrui quelle force les a fait couler; demandez à ces
malades au nom de qui ils ont trouvé un lit pour mourir,
à ces enfants abandonnés qui leur a donné une
famille, à ces victimes du vice qui leur a ouvert un asile,
à ces païens qui leur a envoyé des missionnaires,
à tous ceux qui souffrent d'où leur viennent leurs
consolations ; interrogez les siècles passés et le
siècle présent. ... Écoutez Il est un nom que
prononcent toutes ces voix, un nom qu'elles répètent
avec adoration : Le nom de mon Jésus ! Le nom de votre
Jésus ! Car j'espère que s'il n'est déjà
vôtre , il le sera bientôt. Ah ! qu'il a dit vrai celui
à qui une sainte inspiration dictait ces paroles :
- Christ! c'est en vain que l'homme ingrat et
las de croire,
- De ses autels brisés et de son
souvenir,
- Comme un songe importun veut enfin te
bannir.
- Tu règnes malgré lui jusque
dans sa mémoire,
- Et du haut d'un passé rayonnant de
la gloire,
- Tu jettes ta splendeur au dernier avenir!
- Lumière des esprits, tu pâlis,
ils pâlissent!
- Fondement des Etats, tu fléchis, ils
fléchissent!
- Sève du genre humain, il tarit si tu
meurs !
- Racine de nos lois dans le sol
enfoncée,
- Partout où tu languis on voit
languir les moeurs;
- Chaque fibre à ton nom
s'émeut dans tous les coeurs,
- Et tu revis partout, jusque dans la
pensée,
- Jusque dans la haine insensée,
- De tes ingrats
blasphémateurs.
Cependant vous le savez, mes frères ,
Jésus est attaqué aujourd'hui avec une force, une
puissance, une habileté, un ensemble que, je crois, on ne
retrouve à aucune autre époque à un degré
semblable. Je ne m'étonne point de ce fait, - je le constate
seulement comme j'ai constaté la haine des Pharisiens, - car
il était annoncé par le Sauveur, et, jusqu'à un
certain point, l'on peut dire qu'il est naturel : Tous les oiseaux ne
saluent pas de leurs chants le lever du soleil. Je me demande
seulement comment nous pourrons résister au flot montant de
l'incrédulité, et je trouve dans l'histoire de
l'aveugle-né l'indication de la marche que nous avons à
suivre.
Armés de l'autorité que leur
donnent la considération dont ils jouissent, leurs
lumières, leur position, le respect qu'ils ont toujours
affiché pour la loi de Dieu, les Pharisiens s'efforcent
d'obtenir de l'aveugle guéri un mot défavorable
à Jésus. « Cet homme n'est point de Dieu,
disent-ils, puisqu'il ne garde pas le sabbat. Donne gloire à
Dieu ! Nous savons que cet homme est un pécheur. » Donne
gloire à Dieu ! En réalité, la gloire de Dieu
les préoccupait fort peu; ce qu'ils voulaient conserver,
c'était leur ascendant, leur influence, leur propre gloire que
menaçait la gloire croissante de Jésus.
Mais celui que Jésus a guéri est
fort contre toutes leurs injonctions et toutes leurs insinuations. Il
ne discute pas avec les Pharisiens la question de savoir si
Jésus a violé ou non le sabbat ; il sait que sur ce
terrain-là l'avantage ne sera pas du côté d'un
homme sans lettres. Mais un fait s'est passé, miraculeux,
divin, qui lui permet d'asseoir son opinion sur Jésus sur une
base inébranlable.
Je sais une chose : j'étais aveugle et
maintenant je vois ! Cette puissance souveraine de Jésus
déployée en sa faveur lui atteste hautement que
Jésus est un prophète, le Fils de Dieu Il semble dire
aux Pharisiens : Vous direz ce que vous voudrez, vous argumenterez
comme vous voudrez, tous vos raisonnements, toutes vos
démonstrations n'ébranleront jamais la conviction qu'a
fait naître en moi le miracle accompli en ma faveur. «
Vous ne savez, dites-vous, d'où il est. C'est une chose
étrange que vous ne sachiez d'où il est, et pourtant il
m'a ouvert les yeux. Or, nous savons que Dieu n'exauce pas les
méchants, mais si quelqu'un honore Dieu et fait sa
volonté, il l'exauce. On n'a jamais ouï dire que
quelqu'un ait ouvert les yeux à un aveugle-né. Si
celui-ci n'était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire de
pareil. » Et c'est ainsi que toutes les attaques dirigées
contre la foi de cet homme viennent se briser pour lui contre ce fait
: J'étais aveugle et maintenant je vois !
La tentative faite par les Pharisiens contre
l'aveugle-né est renouvelée constamment contre chaque
âme fidèle. Au nom de la science, de la raison , du
plaisir, du progrès, de l'esprit du siècle, de je ne
sais quoi encore, on veut ôter la foi en Jésus du coeur
qui l'a reçue. On ne crie plus : Donnez gloire à Dieu !
En général , les attaques sont plus franches, moins
déguisées ; les ennemis se montrent à visage
découvert. On dit : Donnez gloire à la raison, à
la science, au progrès ! Cet homme, Jésus, est un
imposteur ! - Cet homme est un imposteur ! C'est là, en
définitive, la conséquence à laquelle doivent
aboutir toutes les attaques dirigées contre celui que nous
adorons comme la Parole faite chair: Jésus étant un
sage seulement, celui qui s'est élevé au plus haut
sommet de l'humanité, mais non point Dieu béni
éternellement, Jésus est un imposteur, car
lui-même a affirmé sa pleine, sa réelle
divinité. On veut donc, mes frères, et cela au nom de
toute espèce de raisons, que nous arrachions du front de
Jésus la couronne de divinité qu'ont posée sur
sa tête les prophètes, les apôtres, sa vie, sa
mort, sa résurrection; on veut que nous le fassions descendre
de son trône de gloire ; on nous dit que c'est une immense
folie de croire en Lui comme en notre unique Sauveur; on fait avancer
contre notre foi une armée innombrable de faits, de preuves,
de raisonnements.... Que faire? Comment lutter? Que répondre?
Plaçons-nous sur le terrain de l'expérience
personnelle. Mes frères, nous serons plus que vainqueurs si,
comme l'aveugle-né, nous pouvons dire : J'étais aveugle
et maintenant je vois !
En parlant ainsi, je suis loin de penser que
l'incrédulité ne puisse et ne doive pas être
combattue sur son propre terrain. J'ai la persuasion
très-ferme qu'il n'est pas un des faits qu'elle allègue
contre l'Evangile qui ne puisse être réfuté et
tourner à la gloire de l'Evangile; je sais persuadé que
tel fait qui peut paraître aujourd'hui contraire à
l'Evangile, s'accordera pleinement avec lui lorsque les
progrès de la science permettront de le mieux connaître;
l'histoire nous apprend que, de siècle en siècle,
l'incrédulité a trouvé son maître et
qu'elle a une longue liste de batailles perdues à enregistrer,
et une preuve de ses défaites, c'est que la religion la plus
combattue qui fut jamais est encore debout, vivante et pleine
d'espérance ; je pense aussi que ceux qui combattent
l'incrédulité en se plaçant sur le terrain de
l'histoire, des sciences naturelles, de la philosophie, et qui
travaillent à mettre à la portée de tous les
résultats de leurs recherches et de leurs travaux, font une
oeuvre des plus excellentes, car l'Evangile est un fait, et ce fait
comme tous les autres s'appuie sur des preuves extérieures ;
l'Evangile est la seconde révélation du Dieu dont la
Création fat la première révélation, et
il ne peut pas se faire qu'il y ait opposition entre ces deux
révélations ; l'Evangile est la sagesse de Dieu, et il
faut qu'il y ait accord entre cette sagesse et les restes de cette
lumière d'en haut qui subsistent encore dans l'homme. Ils font
donc une oeuvre bénie ceux qui combattent de cette
manière pour Jésus-Christ !
Mais ne pourrai-je posséder une foi
qu'aucun doute n'ébranle plus qu'après avoir
réfuté toutes les objections de
l'incrédulité et repoussé toutes ses attaques?
Ne pourrai-je être chrétien que lorsque j'aurai acquis
une science telle qu'il me sera possible de réfuter les
objections nouvelles qui pourront se présenter? A ce prix, le
nombre des chrétiens serait infiniment restreint, et
l'Evangile ne pourrait plus être que la religion de
quelques-uns. - Mais , grâces en soient rendues au Seigneur, il
n'en est pas ainsi ! Il est possible que nous ne sachions que
répondre à ceux qui nous opposent ceci ou cela; que nos
connaissances ne soient pas assez grandes pour les poursuivre jusque
dans leurs derniers retranchements ; que nous ne puissions soutenir
la discussion avec eux; cela est possible; mais ce qui est possible
aussi, c'est que, mal gré notre faiblesse, notre foi demeure
inébranlable, invulnérable, et cela arrive lorsque nous
pouvons dire avec l'aveugle-né : Je ne sais que penser de ce
vous dites, mais je sais une chose : j'étais aveugle et
maintenant je vois !
Quand l'âme est entrée en contact
avec son Sauveur, quand elle a senti sa sainte présence, quand
elle a été éclairée et réjouie par
lui, sa foi ne peut plus être détruite. Demandez
à tous ces disciples de Jésus-Christ, savants ou
ignorants, petits on grands, dont la foi demeure comme un roc que les
vagues de la mer ne peuvent émouvoir, d'où vient qu'ils
croient encore, qu'ils croient toujours , ils vous répondront
: J'étais aveugle et maintenant je vois ! Oh ! qu'elle est
belle, riche, variée, glorieuse, cette histoire intime de tous
ceux à qui le Sauveur s'est manifesté, et qu'il a
appelés des ténèbres à sa merveilleuse
lumière, de la mort à la vie ! - Celui-ci vivait dans
le péché, et cherchait, mais en vain, dans tous les
plaisirs du monde la paix de son âme; trompé , ne
rencontrant qu'amères déceptions, il s'est enfin
décidé à crier à Dieu, comme ce serviteur
de Christ dont la première prière fut : 0 Dieu, si tu
existes, révèle-toi à moi ! Puis il y a en dans
la vie de cet homme un jour, une heure, où les écailles
sont tombées de ses yeux et oit la lumière d'en haut a
chassé les ténèbres où il était
plongé. - Celui-là vous racontera comment il fut
absorbé longtemps par l'amour et la poursuite des choses
visibles, incapable de voir, de comprendre, d'aimer, de rechercher
les invisibles; comment, lorsqu'il disait paix et sûreté
, une violente tempête fondit sur lui, brisa son frêle
esquif, en dispersa au loin les débris, et le laissa seul,
éperdu, au milieu de l'océan du monde; comment, alors,
un nouveau sens lui fut donné, qui lui permit de voir les
choses où il s'était complu tout autrement qu'il ne
l'avait fait auparavant, et de distinguer ce monde nouveau auquel il
ne croyait pas, ce inonde invisible, ce monde éternel, qui est
aujourd'hui le point lumineux vers lequel il dirige ses pas. - Et
moi, dira un autre, les ténèbres du néant
m'avaient envahi; je me demandais : Cette âme dont on parle
où est-elle? qui l'a vue? Est-elle autre chose que le jeu des
organes de mon corps ? En contemplant un cadavre, je me disais : Ces
os pourraient-ils bien revivre? Et à toutes mes questions, le
doute seul répondait. Mais, qu'est-il arrivé? Le
Seigneur me prit l'être que j'aimais le plus au monde, et une
sombre tristesse, une incurable douleur remplissait mon âme....
Mais là, près de la fosse ouverte , pendant que je me
disais à moi-même : il est perdu ! quelqu'un
prononçait ces paroles : « Je suis la résurrection
et la vie ; celui qui croit en moi vivra quand même il serait
mort. Et quiconque vit et croit en moi ne mourra point pour toujours.
» Aussitôt le souvenir de la foi de celui que je pleurais
comme perdu et de son départ joyeux que j'attribuais à
quelque exaltation maladive, se présente à moi, je le
vois s'élançant dans les régions célestes
et de cieux en cieux parvenant au pied du trône de Dieu , je
vois la vie triomphant de la mort, Christ terrassant son dernier
ennemi, et la lumière dissipe mes ténèbres
!
Oui, mes frères, c'est une belle
histoire que celle de ceux en faveur desquels le Sauveur a accompli
un miracle non moins manifeste qu'en faveur de l'aveugle-né.
Et lorsque le jour a succédé à la nuit, lorsque
l'on se sent attiré aussi naturellement vers les choses
invisibles qu'on l'était vers les choses visibles, lorsqu'on a
revêtu des pensées et des sentiments d'un autre ordre,
lorsqu'on se repent, lorsqu'on aime , lorsqu'on croit, lorsqu'on
obéit, lorsqu'un nouvel homme a été
créé en nous et qu'une vie nouvelle nous anime, lorsque
ce passage des ténèbres à la lumière a
été accompli, - oeuvre de la grâce du Sauveur
envers nous, oeuvre de sa puissance et de son amour ! - lorsque le
Sauveur est devenu sensible, visible à notre coeur, quand nous
le connaissons non par ce qu'on nous a dit de lui, non par ce que
nous avons vu de lui, mais par ce que nous sentons de lui en nous,
alors notre foi ne peut plus être ébranlée. Nous
ne saurons peut-être que répondre aux objections que
l'on nous fera, parce que la réponse à ces objections
demande du temps pour étudier, des connaissances que nous
n'avons pas ; mais nous saurons toujours rendre raison de notre foi
et de l'espérance qui est en nous, et dire : Je crois parce
que je suis un monument vivant de la grâce de mon Sauveur; je
crois parce qu'il s'est révélé à mon
coeur; je crois parce que sa main s'est posée sur moi; je
crois parce je le sens vivre en moi; je crois parce que
j'étais aveugle et que maintenant je vois ! Non, il n'est pas
un imposteur, il est le fidèle et le véritable, mon
Seigneur et mon Dieu !
S'il n'est pas donné à tous de
posséder des connaissances assez vastes pour repousser les
attaques de l'incrédulité, tous, en revanche , peuvent
parvenir à cette conviction personnelle, vivante, intime,
inébranlable, qui n'est pas la foi de l'intelligence, mais la
foi du coeur, qui n'est pas la foi traditionnelle, celle que nous ont
léguée nos pères et que nous conservons par
respect pour leur mémoire, mais la foi qui est fondée
sur notre propre expérience de l'oeuvre de Jésus dans
nos coeurs. Oui, tous peuvent y parvenir. Oh ! qu'elle est vraie
cette parole du Sauveur rendant grâce à son Père
de ce qu'il a révélé ces choses aux enfants et
aux petits ! C'est partout, non-seulement chez les hommes instruits
avec soin, éclairés, mais chez les simples et les
ignorants; non-seulement dans les hautes classes, mais aussi chez les
pauvres, les chétifs, les petits; c'est partout que l'on
retrouve cette foi basée sur l'oeuvre miraculeuse de
Jésus. Non, notre Dieu n'a pas voulu qu'au milieu de toutes
les négations qui se déchaînent autour de
Jésus, il n'y eût de repos que pour ceux à qui
leur vaste savoir permettrait de dominer tous les bruits ; il a
préparé pour sa colombe un asile dans les fentes du
rocher; il y a un repos pour son peuple, il y a une foi que rien
n'ébranle, la foi dont le fondement est l'oeuvre
miséricordieuse accomplie par Jésus au plus profond de
nos âmes. C'est ici la vraie foi, celle qu'il nous faut
poursuivre, celle qu'il nous faut conquérir, celle qui est
fondée sur la puissance de Dieu et qu'aucune puissance d'homme
ne renversera.
Mais, cette foi, comment l'obtenir?
demanderez-vous.
A mon tour, je vous ferai une question : Cette
foi, désirez-vous l'obtenir? Comme l'aveugle-né
soupirait après cette lumière qu'il ne connaissait pas,
mais dont on lui parlait sans doute souvent, soupirez-vous
après la lumière, la vérité ? Etes-vous
décidés à la suivre où qu'elle vous
mène, quelque sacrifice qu'elle exige de vous? S'il en est
ainsi , soyez bien persuadés que Celui qui est la
lumière du monde répondra à vos prières
en dissipant vos ténèbres. « Quiconque est de la
vérité, dit le Seigneur Jésus, écoute ma
voix. » Quiconque aime la vérité, lui est
fidèle autant qu'il est en son pouvoir, en sent le besoin,
quiconque agit selon la vérité, vient à la
lumière ; Christ s'approche de lui et le sauve. Il ne laissera
pas sans réponse le besoin de pardon d'une femme
pécheresse, d'un Zachée pénitent, la soif de
sainteté d'un irréprochable Nicodème ; il
entendra la prière du jeune homme , de la jeune fille, qui
soupire après lui dans le désert de ce monde; il
comprendra les larmes qu'arrachent à ce vieillard les
déceptions dont sa vie a été largement
semée. Comme l'oiseau accourt aux cris de ses petits, comme la
mère accourt aux cris de son enfant, il accourra aux cris des
siens.... C'est pourquoi je vous demande, mes frères, si vous
soupirez après la vérité, si vous la
désirez réellement.
Il viendra donc, ce bon et
miséricordieux Sauveur, et comme il oignit les yeux de
l'aveugle avec de la boue, il vous fera avoir part à
l'aspersion de ce sang, que le monde estime comme de la boue et dont
il se moque, mais qui est la rançon voulue de Dieu pour nos
péchés et qui nous purifie de tout péché.
Il vous lavera dans les eaux de Siloé, dont la source est au
pied du trône de la Grâce ; comme Naaman , vous en
sortirez nettoyés de votre lèpre ; comme
l'aveugle-né, vous en reviendrez voyant clair. Toutes choses
alors deviendront nouvelles pour vous ! Et l'hymne de la
délivrance éclatera sur vos lèvres :
J'étais aveugle et maintenant je vois ! Et vous aurez
trouvé le bouclier de la foi par le moyen duquel vous pourrez
éteindre tous les traits enflammés du malin !
Lorsque l'aveugle eut été
guéri, des voisins et ceux qui l'avaient connu auparavant se
disaient : N'est-ce pas celui qui se tenait assis et qui demandait
l'aumône? Et il répondait : c'est moi-même. Et ils
lui demandaient :
Comment tes yeux ont-ils été
ouverts? Il répondit en donnant gloire à Jésus :
Cet homme qu'on appelle Jésus a fait de la boue, en a oint mes
yeux et m'a dit Va au réservoir de Siloé et t'y lave, ;
j'y suis donc allé je m'y suis lavé et je vois ! - Vos
voisins, vos parents s'étonneront peut-être du
changement survenu en vous, et peut-être vous blâmeront;
ils diront : N'est-ce pas là celui qui autrefois vivait dans
la mondanité , dans l'impiété, assis avec nous
au banc des moqueurs ? Que veut dire ceci ? Oh ! n'ayez pas honte !
Racontez-leur les choses merveilleuses faites en votre faveur et la
délivrance signalée accomplie envers vous ! Confessez
hautement le nom de Jésus ! Proclamez hardiment la grandeur de
ses compassions !
Comme les parents de l'aveugle-né
craignirent de se compromettre en le soutenant devant les Pharisiens,
et le laissèrent seul aux prises avec eux, il pourrait arriver
aussi que le secours de ceux sur lesquels vous comptiez le plus vous
fît défaut. Ne vous effrayez pas de cette
désaffection, de cette solitude. Un jour le roi de Syrie
envoya de grandes troupes qui vinrent de nuit et environnèrent
la ville où était le prophète Elisée. Au
matin, son serviteur voyant toute cette multitude, s'écria :
Hélas! comment ferons-nous? Et Elisée lui
répondit : Ne crains point, car ceux qui sont avec nous sont
plus nombreux que ceux qui sont avec eux. Et il demanda à
l'Eternel d'ouvrir les yeux de son serviteur; et ils furent ouverts,
et il vit la montagne couverte de chevaux et de chariots de feu
autour d'Elisée. - Non, vous ne serez pas seuls.
Une grande nuée de témoins vous
contemple, et les armées du Dieu vivant vous
protègent.
- L'ange de l'Eternel se campe avec
puissance
- Autour de ses enfants,
- Il les garde et soutient, il est leur
délivrance
- Dans leurs dangers pressants.
Et lorsque, comme l'aveugle-né, vous
aurez à rendre raison de votre foi, vous pourrez le faire sans
faiblesse. La position, l'autorité, le renom de ceux contre
lesquels vous aurez à lutter ne vous intimideront pas; leurs
impuissantes injures n'auront pas le don de troubler la
sérénité de votre âme ; appuyés sur
le fait miraculeux accompli en vous, vous supporterez tous les
dédains et triompherez de tous les arguments. «
J'étais aveugle et maintenant je vois ! » - Le monde
croira peut-être que vous êtes hors de sens, il haussera
les épaules, il vous prendra en pitié, mais vous n'en
porterez pas moins avec vous, partout et toujours,
l'irréfutable preuve que Jésus est le bien-aimé
du Père et votre miséricordieux Sauveur. Et s'il arrive
que le monde vous chasse, vous excommunie, eh bien !
réjouissez-vous ! L'excommunication du monde, c'est la
bénédiction de Jésus; celui que le monde jette
loin, tombe dans les bras du Sauveur. - Et c'est là qu'il fait
beau, là qu'il est bon de vivre et qu'il sera bon de mourir !
Sur ton sein, ô Jésus, dans tes bras, gardé par
toi, porté par toi, béni par toi, oh ! amen ! Dans tes
bras pour l'éternité !