De la
réforme
du
caractère
à
la lumière de l'Evangile
par Adèle
Pélaz
Delachaux & Niestlé S.
A.
Neuchâtel (Suisse)
Janvier 3003
Fac-similé de la
couverture
Ces pages sont nées de
circonstances particulières. Lues une dizaine de
fois, dans des Alpes ou localités de la Suisse, elles
ont trouvé de bienveillants auditeurs. Quelques-uns
ont insisté pour que l'auteur les publie.
Pour traiter un sujet de si haute
importance, il eût fallu lui donner une tout autre
ampleur, et de tout autres développements. Il
eût fallu, surtout, une plume plus capable et plus
digne de la cause que ce sujet est destiné à
servir. Néanmoins, puisse ce petit opuscule trouver
grâce auprès des « jeunes ».
Puisse-t-il mettre, face à face, quelques-uns d'entre
eux, avec le vide et la stérilité de certaines
théories philosophiques. Puisse-t-il, surtout, leur
faire découvrir le facteur le plus actif de la
régénération d'un mauvais
caractère : la puissance libératrice que Dieu
met à la disposition de quiconque la demande. A.
P.
|
De la reforme du
caractère
à la lumière de
l''Evangile
Je ne fais pas le bien que
je veux, et je fais le mal que je ne veux pas. (Rom. VII, 19.)
Notre Père qui es aux
cieux... c'est à Toi qu'appartient la puissance...
(Matth. VI, 13.)
ON lisait, dernièrement, dans un journal
de la Suisse romande: «On demande, pour l'éducation de
deux fillettes, une institutrice chrétienne, mais
aimable.»
Pourquoi ce « mais aimable » chez les
auteurs de l'annonce? Sans doute, parce que témoins de plis
défectueux de caractère, restés dans la
physionomie morale de certains chrétiens.
La piété et
l'intégrité du caractère ne devraient-elles pas,
par une intime pénétration, s'influencer
réciproquement : la piété provoquer la
guérison du caractère, et celui-ci, en s'affinant,
ennoblir celle-là?
Il est de bons caractères.
Il en est, et ce sont les plus nombreux, de
médiocres, de déformés ou de
décidément mauvais.
Mauvais? Nous n'entendons pas, par là,
de dépravés, de corrompus, mais simplement
révélateurs de défectuosités
indiscutables, de défauts s'associant, parfois, à de
brillantes qualités.
«Il est des hommes, a écrit Henry
Drummond, qui sembleraient approcher de la perfection, si ce
n'était un caractère facilement froissé, prompt
à s'offenser, et susceptible à l'excès. Cette
possibilité, d'allier l'irritabilité de
caractère à de hautes qualités morales, est un
des problèmes les plus singuliers et les plus tristes de la
psychologie. »
La réforme ou la
régénération du caractère est-elle
possible?
Les mauvais caractères peuvent-ils
être transformés?
Cette transformation, réalisée,
supprime-t-elle la progression?
Pouvons-nous n'être plus jamais ce que
nous fûmes toujours ?
L'Ethiopien, - pour parler le langage biblique,
- peut-il changer sa peau, et le léopard ses taches?
(Jér. XIII, 23.)
Bien plus, pouvons-nous non seulement voir
disparaître notre défaut dominant, mais acquérir
la qualité contraire? La violence peut-elle faire place
à la douceur?
L'égoïsme à l'oubli de
soi?
L'avarice à la
générosité?
Sommes-nous condamnés à voir
toujours les racines de notre vie morale plonger dans le sol de la
médiocrité; ou bien, osons-nous ambitionner un
caractère de haut vol. comme celui d'un Gaston Frommel, dont
on a pu dire : « L'intégrité de son
caractère était telle, que le seul fait de prononcer
son nom, assainissait l'atmosphère d'un salon ou d'une
assemblée, où sa présence faisait défaut.
»
Pouvons-nous laisser derrière nous un
sillon semblable à celui d'un Paul Minault? « Voir les
richesses de ce caractère, - a-t-on écrit, - suivre ce
chrétien dans sa vie quotidienne, c'est vouer une haine
féroce à la médiocrité. »
Cette parole de l'apôtre Paul, est-elle,
oui ou non réalisable dans nos vies: « Nous tous qui contemplons, comme dans un
miroir, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés
à la même image... » (2
Cor. III, 18.)
Cette contemplation du Maître,
Jésus-Christ, ne peut-elle pas imprimer, sur nous, les traits
de Son caractère?
Au foyer paternel
Comment l'homme qui se met face à face
avec les lacunes de son caractère, et voudrait les combler,
peut-il sortir de cette longue agonie, où, sa vie durant, il
cherche, par des résolutions toujours renouvelées, mais
sans cesse brisées, à toucher le port de la
délivrance où sa barque n'aborde jamais?
- Est-ce toujours sa faute?
Non.
- A-t-il été
encouragé?
A-t-il acquis, au foyer paternel, la
certitude qu'il est des forces invisibles capables de
réprimer les mauvaises tendances de son tempérament
naturel?
Consciemment ou inconsciemment, quand il
pose le pied sur les premiers degrés de la vie, l'enfant se
forge un idéal moral. il le porte en germe.
Si la certitude de pouvoir l'atteindre lui
fait défaut, si l'on n'a pas su imprimer, dans son esprit,
la merveilleuse devise de Jésus-Christ :
« Tout est possible à
celui qui croit »,
devenu homme, il s'écriera,
désespéré :
Ne puis-je pas, dites-le-moi donc, recevoir
du ciel une secousse électrique capable de me guérir
du coup?
Dieu ne permettra-t-Il pas à ma main
débile, de toucher le bouton de ses énergies
divines, source d'une victoire définitive?
Tempérament et
caractère
On confond souvent tempérament et
caractère. Distinguons.
« Le tempérament (Dict.
Larousse), c'est la constitution particulière du corps. Par
extension - constitution morale. »
Constitution morale, c'est-à-dire
l'ensemble des penchants, des tendances, bonnes OU mauvaises, avec
lesquels nous venons au monde.
De même que nous naissons avec une
constitution, soit un tempérament sanguin ou lymphatique,
robuste ou maladif, de même, nous ouvrons les yeux à
la vie, avec un tempérament généreux ou
avare, patient ou irritable.
Qu'est-ce alors que le
caractère?
La répétition des actes ou
manifestations du tempérament.
En effet, ne peut-on pas, par
tempérament, être porté à la violence,
et ne jamais se livrer à des actes d'emportement ou de
colère?
L'apôtre Paul, en voilà un qui
naquit avec un tempéra, ment fougueux, violent, vindicatif!
Ce héros de l'Eglise apostolique nous retrace, dans
l'épître aux Romains, une époque de sa vie,
où il voulut, en vain, dompter ce tempérament. Il en
fait l'humble aveu : « Je fais le mal que je ne veux pas, et
je ne fais pas le bien que je veux. »
Je suis charnel, dit-il, j'ai la
volonté et non le pouvoir; le mal est attaché
à moi, malheureux homme que je suis, qui me
délivrera de ce corps de mort?
La fin du chapitre septième de cette
même épître pivote sur ces deux mots: moi et
je, je et moi, toujours attachés à
l'incapacité absolue de l'apôtre de faire le bien,
par lui-même.
Et, ce même homme, devenu le plus
saint, ou l'un des plus saints, après Jésus-Christ,
est obligé de faire la douloureuse déclaration,
qu'il fut un temps où sa volonté fléchissait,
en face du bien qu'il voulait faire, et cédait, devant le
mal qu'il baissait. En d'autres termes, un temps où il fut
l'esclave de son tempérament violent.
Plus tard, ce même apôtre,
« blasphémateur, persécuteur, ne respirant que
meurtres et menaces », fait cet autre aveu, aussi
sincère que le premier : «J'ai été plein
de douceur au milieu de vous. » (I Thess. II, 7.)
Que s'était-il
passé?
Par un principe nouveau, une
pénétration, une infiltration, une instauration de
la vie d'En-Haut, le caractère de l'apôtre avait subi
une telle transformation, qu'il pouvait s'écrier
- «Ce n'est plus
moi, - l'homme violent, - qui vis,
- C'est
Jésus-Christ,
- - l'homme doux et
humble de coeur, -
- qui vit en
moi.»
Cette transformation, opérée
sur le chemin de Damas, il l'affirme (Rom. VII, 2) et
déclare que l'Esprit du Christ, devenu Sien, l'a affranchi
de la loi du péché, a brisé son esclavage, et
lui a communiqué, avec le vouloir, le pouvoir. Cet Esprit,
devenu le moteur de sa volonté, a
métamorphosé son caractère de lion en
caractère d'agneau.
Le tempérament qu'il a reçu,
à sa naissance, - et il faut insister là-dessus, -
sera toujours un tempérament de fer et d'acier, - mais la
vie nouvelle qui s'est emparée de tout l'homme, soumet,
discipline ce tempérament indomptable, et le maintient dans
la douceur de l'Esprit.
De là, réforme de son
caractère, parce que, désormais, absence des
manifestations de son tempérament.
L'expérience de saint Paul ne
peut-elle pas devenir nôtre? Là où
l'éléphant a passé, le mulet peut passer
aussi, dit un antique proverbe.
Efforts infructueux
En dehors de cette infiltration de la
puissance divine, l'homme réduit à ses propres
forces peut-il espérer, par l'effort individuel, même
très sincère, la guérison de son
caractère?
L'histoire ne nous donne-t-elle pas des
exemples de grandeur morale, de vertus signalées, en dehors
de l'action de la foi chrétienne?
Jules Payot, dans son volume sur l'Education
de la volonté, cherche à prouver que «vouloir
c'est avoir».
Mais, si la volonté est
anémiée par les tendances corruptrices d'un mauvais
caractère, comment recourir à celle-là, - la
volonté, - pour influencer celui-ci, - le
caractère?
« Il faut la fortifier », dit J.
Payot.
Fortifier la volonté? mais avec quel
moteur?
« Seul, le coeur, répondra
Gustave Tophel, dans une étude psychologique, seul, le
coeur pourrait l'être, ce moteur.... et voici, il est le
foyer même du poison, du mal, du péché, car le
coeur, comme toutes les autres facultés de l'homme, y
compris la volonté, a été vicié,
dénaturé par la chute. »
Combien d'adultes, combien de jeunes,
lassés de résolutions toujours brisées, se
sont mis, avec ardeur, à lire les ouvrages de Marden, de
Trine et consorts, ouvrages qui ne font appel qu'à la
volonté de l'homme, et ne nous apportent, sur le sujet qui
nous occupe, que ce qui a été dit, maintes et
maintes fois, au cours des siècles?
Où sont ceux qui ont recouvré
une pleine santé par ces lectures?
- Influencés....
momentanément.... peut-être?
- Guéris, transformés,
c'est autre chose.
En face de ces systèmes soi-disant
nouveaux, quelqu'un s'est écrié : « Cela ne
mord plus; l'homme qui veut réagir contre tel ou tel
défaut invétéré, a beau mettre son
énergie et sa volonté au premier plan, il verra la
stérilité de la plupart de ses efforts.
»
A l'appui de ces réflexions, laissez
faire à un homme, doué cependant d'une forte
volonté,
la douloureuse confession
suivante
« Pour me corriger, dit-il, de mon
mauvais caractère: aigre, contredisant, faux, orgueilleux,
égoïste, susceptible, j'ai essayé en
vain
- des méthodes
philosophiques
- de tous les temps.
- Résolu à trouver
le chemin de la victoire,
- Je ne voulais pas rester ce que
j'étais,
- je me suis imposé des
règles,
- et me suis soumis à de
mâles pratiques.
- Je me suis efforcé de
solidifier mes muscles moraux.
- Je me suis
considéré l'élève d'une
école de privations.
- J'ai fourbi journellement mes
armes.
- J'ai
répété, chaque matin, vingt fois certaines
formules. (Méthode Coué.)
- Que de vaines résolutions
n'ai-je pas prises ?
- Ai-je assez pleuré?
- Ai-je assez gémi?
Me suis-je assez puni avec le marteau, le
fouet, la trique, - pour tomber dans le plus noir
désespoir, en face de tendances invaincues?
Parfois, je gagnais une ou deux
victoires.... et j'étais battu peu après.
Aussi bien, las de frapper, de
piétiner vainement, découragé par mes
insuccès et mes échecs répétés,
je me suis écrié:
Seigneur ! le ressort de mes énergies
humaines est brisé; mes forces naturelles ont fait
faillite, il me faut une puissance qui vienne hors de moi, qui
vienne de Toi, qui vienne d'En-Haut. Il me faut ton Esprit.
Dieu répondit à ce cri
d'angoisse, de détresse et de désespoir. La
guérison me fut accordée. je pus, désormais:
vouloir et pouvoir. »
C'est ainsi qu'à travers tous les
siècles, des glaces du pôle à
l'équateur, retentit ce cri déchirant : Je veux...
mais je ne peux pas. Mon caractère, que j'exècre,
reste le même.
Bien obligé est l'homme de
reconnaître la vérité du vieil adage :
«Entre le vouloir et le faire
court la mer. »
Bien obligé est-il aussi de constater
que sa volonté, parce que viciée, cède dans
la lutte contre le péché.
Dans son remarquable volume A l'école
de Calvin, M. de Saussure écrit: «Le
péché qui vicie tout notre être, sens, coeur,
volonté, conscience, fausse aussi le jeu de notre
entendement. »
Evidemment, nous ne parlons pas, ici, de
cette volonté de fer, qu'exercent certains hommes, pour
arriver à la gloire ou à la richesse. Ils y
arrivent, parfois, et même souvent; mais, à y
regarder de près, la volonté de ces mêmes
hommes reste stérile en face d'un défaut de
caractère. Non, non. Nous parlons de l'exercice de la
volonté en face du mal inné dans le coeur de
l'homme.
- Nous nous demandons donc,
- « Si cette impuissance de
la volonté de l'homme,
- ne rentre peut-être
pas,
- dans le plan éducatif de
Dieu,
- après la chute?
En effet, si, par lui-même, l'homme
Pouvait ce qu'il veut, dans l'ordre de pensées qui nous
occupe, ne deviendrait-il pas son propre Dieu? tandis que, de la
stérilité de ses efforts personnels naît,
très souvent, la recherche de Dieu. »
N'est-on pas autorisé à le
croire en S'appuyant sur l'ensemble des vérités
évangéliques?
On allègue: Mais Jésus-Christ
a toujours fait appel à la volonté de l'homme:
« Veux-tu être guéri? » - Sans doute. Mais
pourquoi celui-ci recourt-il à une puissance qui lui fait
défaut, à celle du grand Médecin des
âmes et des corps? parce que incapable, par lui-même,
d'obtenir la guérison.
Le self ne disciplinera jamais le self,
disent les Anglais.
Aussi bien, quand on affirme que la
victoire, sans Dieu, est possible, on le fait, inconsciemment, par
des méthodes philosophiques dont les racines plongent
encore dans le sol nourricier des vérités
évangéliques. (On s'impose des moments de silence,
d'examen de soi-même, etc.)
Sur le terrain
religieux
Voyez cet homme attelé à un
char trop lourd pour ses forces. Elles vont le trahir. La pente
est raide. Il va lâcher prise. Témoin de ce
spectacle, un passant à l'aspect robuste, aux bras
vigoureux, s'approche, par derrière, et donne à
l'équipage une impulsion nouvelle.
Aussitôt l'homme et le char changent
d'allure.
Que s'est-il passé?
La force d'un autre est venue au secours de
celui qui en manquait.
La solution du problème religieux est
tout entière dans cette image.
Jules Delapierre (2),
avec son sens pédagogique remarquable,
déclarait: «Le plus beau spectacle que peut donner le
monde, c'est la transformation, par la religion, d'un
caractère réputé incorrigible. »
Si nous interrogeons la Bible, guide
infaillible de l'éducation morale, nous n'y trouvons pas,
croyons-nous, le mot «caractère» dans le sens
où nous l'étudions ici. N'importe le mot, si la
chose y est. Les Ecritures nous parlent de
régénérés et
d'irrégénérés, c'est-à-dire de
corrigés, transformés, métamorphosés.
(1 Pierre I, 3 et 23.)
L'homme, lassé des théories
terre à terre, trouvera la source de la puissance
libératrice dans ce code-là.
Attitudes à
prendre
1. Pas de
découragement.
Pas de découragement, eussions-nous
été battus à plate couture, mille et mille
fois.
Nous voulons vaincre, nous vaincrons, parce
que, non pas à l'école des prophètes de
néant, mais à celle du Maître sous le
règne duquel on apprend à vaincre.
2. Appelons nos
défauts par leur nom.
Appelons nos défauts par leur nom.
Rien avant; rien après.
- « La précision est
un autre nom de la vérité. » (Vinet.)
- Je suis lâche, non pas: je
manque de courage.
- Je suis menteur, non pas : il
peut m'arriver d'exagérer.
- Je suis colère, non pas :
je m'indigne devant l'injustice.
- Je suis jaloux, médisant,
obstiné, hargneux.
- Je conjugue habituellement tous
les verbes
- à la première
personne: « je».
De tels aveux expirent, souvent, sur les
lèvres du coupable.
Le bienheureux Alfred de Meuron, ce
chrétien d'élite, auquel des centaines de
confessions avaient été faites, affirmait : «
Personne ne m'a jamais dit, carrément: « Je suis
avare. »
Dès lors, pas de changement de
caractère, là où demeure un interdit.
3. Pas un jour de
plus...
Persuadons-nous que nous ne sommes pas
obligés de rester, un jour de plus, ce que nous avons
été jusqu'à aujourd'hui.
«Sous la grâce, écrivait
le professeur de théologie, Charles Porret (1), nous sommes appelés
à la vie de gens guéris et non pas à
traîner perpétuellement une vie de convalescents.
Fixer une limite à la puissance de Dieu serait
insensé et criminel. » Nous dirions
blasphématoire. Persuadons-nous, en effet, que la
réforme du caractère n'est pas nécessairement
longue.
Les meilleurs procédés
curatifs s'inspireront du reste, toujours, des méthodes du
Christ.
Il n'a jamais dit:
- Va, et fais de mieux en
mieux.
- Les «peu à peu
» ne rentrent pas
- dans son plan
éducatif.
Jésus place toujours l'absolu et
l'immédiat devant ses auditeurs :
- «Va et ne
pèche plus. »
- « Va et ne
pèche plus à l'avenir. »
- « Soyez
parfaits, comme votre Père qui est dans les cieux est
parfait. »
Il ne dit pas : «Pries-tu?» mais :
« Crois-tu que je puisse faire cela?» Celui qui croit,
prie.
Le grand Educateur des consciences ne laisse
pas la porte entr'ouverte aux défectuosités du
caractère. Ce serait attaquer la racine même de son
enseignement, que de lui faire dire autre chose.
Les éducateurs qui ont fait
école, après Lui, tiennent le même
langage.
« On ne rompt pas, écrit
Frédéric Godet, petit à petit avec le
péché. On consomme d'un seul coup la rupture
complète.
On ne gravit pas, un à un, les
degrés du trône, on s'élance et on s'assied en
Christ par la foi... Si une convoitise s'élève dans
le coeur du régénéré, l'Esprit-Saint
qui fait vivre Jésus-Christ, en lui, excite, à
l'instant, une protestation contre ce commencement de
péché et empêche absolument la volonté
d'y adhérer. »
Néanmoins la guérison du
caractère, non pas seulement l'amélioration de
celui-ci, ne supprime pas la progression. Elle l'enfante. Elle en
est le point de départ, pour arriver à l'état
de permanence.
Le symptôme significatif de cette
progression, c'est l'évolution intéressante du
caractère, dont les défauts font place aux
qualités contraires.
Si la piété n'engendre pas
cette pureté de caractère, c'est la meilleure preuve
que la puissance d'En-Haut n'a pas pénétré
tous les départements du coeur, de la conscience et de la
volonté.
Evidemment, une rechute peut toujours se
produire, mais ce n'est pas parce qu'un cheval vicieux a fait, une
fois, un saut de côté, qu'il est condamné
à répéter cette expérience sa vie
durant.
4. Avant tout,
croyons.
Croyons à la puissance de l'Esprit
pour rénover toutes nos facultés.
Burinons sur nos coeurs cette parole :
« Tout est possible à celui qui croit. » Tout,
c'est-à-dire «tout »
Demandons-la, cette puissance.
« Ne semble-t-il pas, écrivait
un auteur chrétien, que le credo de certains croyants est,
parfois, celui-ci :
- Je crois en Dieu,
- le Père impuissant,
incapable de régénérer mon mauvais
caractère.
- Je suis ainsi fait. Il n'y peut
rien, ni moi non plus. »
Frédéric Godet, commentant la
parole de l'apôtre Paul: « La loi de. l'Esprit de vie qui est en
Jésus-Christ, m'a affranchi de la loi du
péché et de la mort »
(Romains VIII, 2), écrit: « Cette loi, en
Jésus-Christ, est intérieure, elle
pénètre, entraîne, subjugue, fortifie la
volonté, c'est l'Esprit de vie qui est en
Jésus-Christ. Jésus nous la communique, et transmet,
par là, sa propre sainteté réalisée
ici-bas. »
Autrement dit, opère la
transformation du caractère.
Conclusion
La synthèse du sujet que nous
étudions est donc tout entière dans la
réception d'un principe nouveau, dans l'infiltration, dans
la pénétration, l'instauration d'une force
mystérieuse, ressort intime, rendant l'homme capable d'agir
dans la direction des ordres de Dieu. Force mystérieuse
susceptible de purifier les sources les plus profondes de la vie
naturelle,
- sans supprimer le rôle
important
- de la volonté,
- régénérée par cette force
elle-même.
Seule, cette puissance, que l'on
reçoit à genoux, donne à l'homme
avec le vouloir, le faire.
Puis, quand elle a fait invasion dans un
coeur, il faut que la bénédiction reçue soit
alimentée, par une assimilation toujours renouvelée
des certitudes bibliques, et par une vie de prière
quotidienne.
- Il faut
- Qu'en saisissant son bâton
de voyage,
- Au clair matin, le
pèlerin pieux
- Croise les mains,
- Lève les yeux,
- Et fasse son pèlerinage
- Au pays de Dieu.
La réforme du caractère est
donc possible. Nier cette possibilité ne l'anéantit
pas.
- ****************
«J'adhère, disait un
chrétien très âgé, à la doctrine
de la sanctification. je la crois biblique. Mais, avant de
«toucher l'autre rive », j'aimerais voir défiler,
devant moi, quelques-uns de mes contemporains, hommes et femmes,
au caractère intègre : exemples à suivre et
devant lesquels on s'incline. »
On lui cita parmi les morts: Charles
Rochedieu, Alfred de Meuron, Ernest Favre-Iselin, Gaston Frommel,
Hudson Taylor, Alexandre Morel, puis Otto Stockmayer dont Francis
Chaponnière écrivait (Semaine religieuse du 18
août 1907): « Tous ceux qui avaient suivi le
développement moral et religieux de Otto Stockmayer
attestaient que son caractère altier avait
été transformé par la puissance de sa vie
religieuse. » On lui cita encore : Nanette Bovet,
Joséphine Butler, Renée de Benoît, tous
chevaliers du Christ, parce que touchés par la grâce
de Dieu.
- D'accord, Mais ce sont des
exceptions.
On fit passer alors devant lui une longue
série de noms, vrais phares dans le monde
protestant.
- C'est vrai, dit-il, mais ces exceptions
devraient être la règle dans toutes nos Eglises et
dans tous nos groupements religieux.
Exceptions qui devraient être la
règle, mais c'est le but même de ces pages.
On entendit, un jour, dans l'antique
Judée, La voix du Fils de Dieu, Jésus de
Galilée. le suis doux, disait-Il, doux et humble de
coeur.
. . . . . . . . . . . . . . . . . .
.
L'humilité, racine de toutes les
vertus, parce que révélation de la mort à
soi-même. L'humilité, vertu caractéristique de
Jésus-Christ.
Contemplons-Le jusqu'à ce que
disparaisse de nos caractères la dernière
dissemblance d'avec le sien.
.