QUI A SOIF ?

1849

 

SERMONS

par

ADOLPHE MONOD

 

TROISIEME ÉDITION

TROISIEME SÉRIE

 

G. FISCHBACHER, ÉDITEUR 33, RUE DE SEINE, 33

1881

 Septembre 1999 


« Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive. » (JEAN VII, 37.

 

Y a-t-il ici quelqu'un qui ait soif? Quelqu'un qui ait soif de jouissance, et qui n'a jamais pu trouver de plaisirs capables de le satisfaire ; quelqu'un qui ait soif de lumière, et qui n'a jamais pu arriver à rien connaître jusqu'au fond ; quelqu'un qui ait soif d'amour, et qui n'a jamais pu faire échange de tout son coeur avec tout le coeur d'un autre; quelqu'un qui ait soif de sainteté, et qui n'a jamais pu se dégager tout de bon des enlacements du péché quelqu'un, enfin, qui se soit consumé jusqu'ici à poursuivre un but qu'il n'a pu atteindre, et qu'il désespère d'atteindre désormais ? « Vous tous qui êtes altérés, » prêtez l'oreille à Jésus-Christ, votre frère et votre Dieu., frère pour sentir votre peine et Dieu pour la guérir, qui vous appelle, au nom de cette soif qui vous dévore, pour vous rassasier en lui-même (*1), et vous renvoyer d'autant plus remplis que vous serez venus à lui plus vides : « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive. »

 

Il y a de ces paroles du Saint-Esprit que l'on craint de gâter en y touchant; et ce n'est qu'avec une sorte de répugnance que je me hasarde à développer la tendre invitation du Sauveur. Je souhaiterais de m'en tenir à cet empressement instinctif avec lequel chacun de vous vient de s'ouvrir à elle, comme une terre desséchée à une pluie pénétrante, sans y ajouter de ces raisons humaines, qui ne savent se rendre saisissables qu'à la condition de mêler à l'onction céleste quelque chose de la pesanteur de la terre. Aussi, je me ferais volontiers quaker devant mon texte, et préférerais à tous les discours une demi-heure de silence, si je pouvais me flatter qu'elle se passerait dans « ces soupirs inexprimables, par lesquels l'Esprit lui-même prie pour nous(*2). » Mais je n'ai cette confiance que dans le petit nombre. Ce que la plupart ne feraient pas seuls, j'ai clone à coeur de le faire, je ne dis pas pour eux, mais avec eux; et je le fais avec un désir plus qu'ordinaire de vous apporter non le travail de la sagesse humaine, mais le fruit de la Parole de Dieu, interrogée par la prière et commentée par l'expérience.

 

La soif suppose deux choses; un besoin senti, au dedans; au dehors, rien qui le satisfasse. Si ce besoin trouvait de quoi se satisfaire au dehors, la soif ferait place au rassasiement, et deviendrait une source de bien-être; si le besoin n'était pas senti au dedans, la soif ferait place à l'indifférence, et cesserait au moins d'être une source de peine. Mais souhaiter sans obtenir, chercher sans trouver, vouloir sans pouvoir : voilà la soif - hélas ! et voilà la condition présente de l'homme; voilà notre condition, à vous et à moi. Dans notre coeur, un vide immense; dans la vie, rien pour le remplir: tout au plus quelques contentements mesquins et trompeurs, qui ne se jettent dans ce vide que pour s'y perdre, comme une feuille sèche dans le Niagara.

 

Notre coeur : eh ! qu'y a-t-il de plus insatiable ? mais qu'y a-t-il aussi de moins rassasié ? Essayez de nommer une seule de nos aspirations qui ne se tourne en amertume par les déceptions qu'elle rencontre. Toutes ces soifs qui nous tourmentent, et que la lecture de mon texte a suffi pour réveiller en vous, sont autant de facultés naturelles qui ont fait appel à l'existence et auxquelles l'existence n'a point répondu. La soif de jouissance : désespoir de la faculté de sentir. Laissons à une « science faussement ainsi nommée » son mépris superbe et superficiel pour l'homme physique. Apprenons de la sainte Écriture à rendre plus de justice à ce corps formé de la poussière de la terre, mais d'une poussière que la main de Dieu a organisée, et où l'Esprit de Dieu a soufflé la vie (*3); à ce corps, dont le Psalmiste ne peut assez reconnaître la structure merveilleuse, et dont Dieu lui-même n'a point dédaigné d'inscrire dans son livre les accroissements confiés au sein maternel, jusqu'au jour où le mystère de la naissance devait mettre en lumière le mystère plus grand de la vie (*4). Dans les plans d'un Créateur dont la bonté s'étend à toutes ses oeuvres (*5). » les organes de ce corps, domicile et instrument de l'esprit, ne devaient être que des moyens de légitime jouissance et d'une activité heureuse autant que salutaire. Que deviennent-ils en réalité ? Je veux qu'ils ne soient pas mis au service de la douleur par la maladie ou par les accidents, c'est-à-dire par ce bel ordre de la création ou miné sourdement ou subitement brisé: du moins ils s'émoussent, ils s'usent, ils se détruisent par l'âge, c'est-à-dire par le développement propre et régulier de notre être. Chose étrange et cruelle ! le mouvement seul de la vie se charge de nous jeter en dehors des douceurs pour lesquelles la vie nous a été prêtée, en attendant qu'il nous jette en dehors de la vie elle-même - j'ai soif. La soif de lumière : désespoir de la faculté de connaître. Ce besoin curieux que nous apportons en naissant de nous enquérir et du monde, et de nous-mêmes, et du Dieu invisible qui a fait toutes choses ; ce besoin, également sensible dans l'enfance naïve, où il fournit à l'instruction un point de départ naturel, et dans la studieuse maturité, où il sert d'aiguillon à toutes les recherches et de base à toutes les sciences; ce besoin, qui ne s'arrêterait que parvenu aux limites les plus reculées du temps et de l'espace, et rais au clair sur tous les grands problèmes de l'esprit humain, que dis-je ? qui même alors ne saurait s'arrêter, qui ne peut vivre qu'en marchant, et qui se jetterait à l'aventure dans le vide plutôt que de se renier en disant: C'est assez... pourquoi tout cet immense appareil? Pour aboutir enfin à savoir le peu que nous savons, vous ou moi, pauvres créatures bornées en avant par la faiblesse et en arrière par la fatigue, à droite par la brièveté du temps et à gauche par les nécessités de la vie, de tous les côtés par une invincible ignorance: tout au plus, en cas d'exceptions rares, inouïes, séculaires, pour aboutir à savoir ce que sait un Aristote, un Jérôme, un Anselme, un Descartes, un Leibnitz, c'est-à-dire un homme qui s'est un peu plus instruit que les autres de son ignorance, en usant son génie et son travail en efforts stériles pour se rendre compte, je ne dis pas du secret des perfections divines ou des taches qui noircissent le soleil, mais de ce qui pense au dedans de lui-même ou du brin d'herbe qui pousse à ses pieds - j'ai soif. La soif d'amour: désespoir de la faculté d'aimer. S'il y a quelque chose qui nous distingue d'avec les créatures d'un ordre inférieur, quelque chose qui fasse reconnaître en nous « la race de ce Dieu en qui mus avons la vie, le mouvement et l'être (*6), » quelque chose enfin qui nous fasse savourer le sentiment, la félicité, la gloire de l'existence, c'est à coup sûr cette faculté mystérieuse et tendre que nous possédons de doubler la vie, en sortant hors de nous-mêmes pour vivre dans un autre: c'est l'amour. Aimer, quand on aime non de cet amour d'intérêt ou de convoitise qui n'est qu'un égoïsme déguisé, mais de cet amour qui a son principe et son modèle en Dieu, aimer, c'est refléter l'image d'un « Dieu qui est amour; » aimer, c'est faire descendre le ciel sur la terre. Oui; mais ce ciel, où est-il sur cette terre? Mais l'amour, tel que le coeur de l'homme l'appelle et l'aspire, un amour qui le charme sans le séduire, qui l'inonde sans l'enivrer, qui le possède sans le ravir à lui-même, l'amour vrai, pur, saint, divin, où le trouver, où le chercher seulement ici-bas ? Ah ! dites-le-moi, si vous le savez! Avez-vous été si privilégié que de rencontrer une créature à laquelle vous ayez pu donner tout votre coeur contre tout le sien, sans réserve, sans scrupule, sans retour, sans intermittence, comme le coeur de l'homme a besoin de se donner pour pouvoir se dire : J'aime, et je suis heureux en aimant? une créature assez aimable et assez aimante, fût-elle la plus aimable et la plus aimante que la terre ait eue à vous offrir, pour remplir votre capacité d'aimer sans y laisser de vide, et pour contenter un coeur à qui rien ne pèse plus que la solitude, excepté de se donner à demi, et qui va cherchant, avec une persévérance aussi infatigable qu'infructueuse, où se placer sans se mutiler? - j'ai soif. La soif de sainteté: désespoir de la faculté de bien faire. Si l'esprit fait le sel de l'existence et si le coeur en fait le charme, c'est la conscience qui en fait le prix. L'ambition suprême d'imiter le Dieu trois fois saint, la résolution arrêtée de tout soumettre à sa volonté et de tout régler par sa loi, coûte que coûte, voilà le besoin le plus profond, le plus impérieux, le plus inaliénable de la nature humaine, et sans doute aussi, pensez-vous, le plus assuré, par la fidélité de Dieu même d'une satisfaction complète... Satisfaction complète ! hélas ! et ne voyez-vous pas le sourire amer que cette espérance provoque chez les meilleurs entre tous, qui sont aussi entre tous les plus mécontents d'eux-mêmes ! Croyez-en un homme qui n'a vraisemblablement jamais été surpassé en sainteté par aucun autre, peut-être jamais égalé. Écoutez saint Paul, répandant devant l'Église contemporaine et devant les générations futures le témoignage de son impuissance, d'une impuissance passée, je le veux, mais qu'il n'eût jamais exprimée en ces termes, s'il ne lui en fût resté quelque chose au moment qu'il en gémit si douloureusement par le Saint-Esprit: « La loi est spirituelle; mais moi, je suis charnel, vendu au péché. Je n'approuve pas ce que je fais; car je ne fais pas ce que je veux, mais je fais ce que je hais Je sais qu'en moi, c'est-à-dire dans ma chair, il n'habite rien de bon; car j'ai le vouloir, mais je ne trouve pas le moyen d'accomplir le bien. Je ne fais pas le bien que je veux, mais je fais le mal que je ne veux point... Je trouve donc cette loi en moi, que quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi. Car je prends plaisir à la loi de Dieu quant à l'homme intérieur; mais je vois dans mes membres une autre loi qui combat contre la loi de mon entendement, et qui me rend captif sous la loi du péché qui est dans mes membres. » Quand un saint Paul a parlé, dirai-je ? ou pleuré de la sorte sur la nature humaine, ce serait prendre un soin superflu que de recueillir, une à une, les humiliantes confessions d'un Socrate ou d'un Kant, d'un Augustin ou d'un Luther. Aussi bien, il ne vous faut pas d'autre témoignage que celui de votre propre conscience, sondée de bonne foi. Quand avez-vous réalisé, quand avez-vous seulement approché de réaliser l'idéal de sainteté que vous portez au dedans de vous ? Quand avez-vous pu contenir sous la seule loi divine vos pensées, vos discours, vos actes ni mêmes? Quand avez-vous pu faire tout ce que vous vouliez, tout ce que vous deviez, j'ai presque dit tout ce que vous pouviez ? Ah ! qui ne reconnaîtrait, pour peu qu'il soit sincère avec lui-même, que ce point où la satisfaction de nos voeux intérieurs est le plus nécessaire, et en apparence le plus promise, est aussi celui où elle nous échappe le plus invariablement ? Qui pourrait se rappeler ce qu'il doit être en piété, en charité, en pureté, en patience, et ne pas s'écrier des plus intime,-, profondeurs de son âme: J'ai soif?

 

J'ai soif : c'est par où il en faut toujours finir, chaque fois que l'on compare les besoins du coeur avec les réalités de la vie. Telle est la disproportion, j'allais dire tel est le contraste, entre les deux moi

tiés de notre existence, que l'on a peine à se persuader qu'elles aient été faites l'une pour l'autre. Donnez-moi le coeur de l'homme, ce coeur si grand, si ambitieux, si ardent : jamais, non jamais, je ne pourrai lui pressentir pour théâtre la vie qui est mise devant nos yeux; donnez-moi à son tour la vie telle qu'elle est, cette vie si étroite, si froide, si vite épuisée : jamais, non jamais, je ne pourrai lui pressentir pour acteur le coeur que nous sentons battre au dedans de nous. On dirait d'une union mal assortie, où le rapprochement forcé ne sert qu'à faire ressortir l'incompatibilité des humeurs; et l'on serait tenté de croire, tant qu'on n'a pas appris de l'Évangile le secret de ce déchirement, que ce coeur a été fait pour un autre monde ou ce monde pour un autre coeur, et qu'ils n'ont été jetés ensemble que par une étrange et aveugle confusion. Quoi qu'il en soit, une chose est certaine: c'est que la coupe de la vie, douce peut-être à qui ne fait que l'effleurer , garde à qui la boit jusqu'au fond une lie amère, que l'inexpérience appelle déception et l'expérience mélancolie. La mélancolie. n'est pas, comme l'estime le vulgaire, le songe creux d'un cerveau malade: elle est la conscience réfléchie d'une situation trop réelle; elle n'est pas dans un homme qui s'exalte, elle est dans l'humanité qui se connaît. Présente chez tous, quoique inégalement sentie et plus inégalement comprise, croissant en tranquillité apparente à proportion qu'elle se dépouille par degrés de ce qui lui restait d'espoir, la mélancolie est le dernier 'mot de l'existence terrestre; et ceux sur qui elle pèse le plus sont ces esprits et ces coeurs privilégiés, qui, en se préoccupant plus que les autres de la véritable fin de l'homme, constatent mieux aussi l'impossibilité d'y atteindre. Elle respire, cette mélancolie, dans toutes les choses humaines, à commencer par les meilleures : dans les méditations du philosophe, dans les imaginations du poète, dans les créations de l'artiste, dans les conceptions de l'homme d'État; dans les privations de l'isolement, et dans les mécomptes de la vie commune, dans le mariage et dans la famille, dans la naissance et dans l'éducation; dans le commencement et dans la fin de toute entreprise, dans nos peines et dans nos plaisirs, surtout dans nos Plaisirs;, dans le développement! de cette vie toujours mourante, qui ne s'entretient comme un flambeau, qu'à la condition de se consumer; que dis-je? elle respire dans la nature elle-même, dans l'animal qui se lasse, dans la fleur qui se penche, dans la feuille qui tombe, dans l'eau qui s'écoule, dans le jour qui décline, dans la saison qui se renouvelle, enfin dans tout cet échange incessant dont se compose le mouvement des êtres, se déplaçant les uns les autres, se succédant les uns aux autres, se nourrissant les uns des autres... Ne prenez pas ce langage pour l'élégie de la vie : ce n'en est pas l'élégie, c'en est l'histoire. La fiction poétique se fait en sens inverse: elle embellit la vie avant de l'avoir connue, et sourit à une peinture dont le monde réel n'a pas fourni les couleurs. Trouvez-moi un coeur qui s'attende encore à la vie pour le satisfaire : ce sera, je vous le dis à l'avance, quelque jeune adolescent faisant ses premiers pas dans la vallée, et y cueillant sa première fleur ; quelque jeune ami des arts rêvant son premier chef-d'oeuvre, quelque jeune troubadour chantant ses premiers vers, ou peut-être quelque jeune couple favorisé coulant sa lune de miel... Eh bien, jeunesse aimable jusque dans vos illusions, allez, faites vos expériences, puisqu'elles sont encore à faire ; mettez le dehors d'accord avec le dedans, si vous le pouvez; rassasiez votre oeil de voir et votre oreille d'entendre; contentez jusqu'au bout la curiosité de savoir qui vous travaille; découvrez l'objet unique qui doit répondre de tout point à votre besoin d'aimer; réalisez l'idéal moral auquel aspire votre homme intérieur; trouvez enfin le bien que votre coeur demande - et trouvé, fixez-le - faites cela, et puis venez me démentir : je vous attends. Mais nous, hommes faits, nos expériences sont faites. Eh bien! nous ne trouvons rien qui les dépasse dans le début si profondément triste, mais non moins profondément vrai, de l'Ecclésiaste, et nous disons avec lui : « Vanité des vanités, tout est vanité... J'ai regardé tout ce qui se fait sous le soleil : voici, tout est vanité et rongement d'esprit... J'ai considéré toutes les oeuvres que mes mains avaient faites, et tout le travail auquel je m'étais occupé en les faisant: voici, tout est vanité et rongement d'esprit... Alors, j'ai haï cette vie, et je me suis dégoûté de tout ce qui se passe sous le soleil; car tout est vanité et rongement d'esprit. » Nous avons demandé, et n'avons point obtenu nous avons crié, et on ne nous a point répondu nous avons soif. Tout ce que nous avons jeté dans le vide de notre coeur n'a fait que l'agrandir, tout ce dont nous avons essayé pour apaiser ses désirs, n'a servi qu'à les irriter : nous avons soif. Non seulement la vie ne nous a point rassasiés, mais nous ne comptons plus sur elle pour nous rassasier jamais; nous avons si bien connu qu'elle n'a pas ce que nous réclamons, que nous ne le lui demandons plus : nous avons soif. Pour prix de toutes nos recherches et au bout de tous nos soupirs, nous voici, le coeur altéré et béant, devant une existence qui n'a cessé de nous faire illusion que pour cesser de nous contenter : nous avons soif, toujours soif, de plus en plus soif !

Cette contradiction perpétuelle entre le coeur et la vie est intolérable à la longue; s'y reposer est impossible, il en faut sortir à tout prix. Pour en sortir, l'homme n'a que le choix de ces deux moyens : ou découvrir une vie qui s'élève au niveau du coeur, ou, si cette vie n'existe pas, abaisser le coeur au niveau de la vie.

 

Abaisser le coeur au niveau de la vie : voilà le moyen vulgaire, auquel ont recours les neuf dixièmes du genre humain. Le coeur est trop grand pour la vie? Qu'à cela ne tienne : on remettra le coeur à sa place, on le comprimera jusqu'à ce qu'il sache régler ses exigences sur les dons de la vie, comme on taille le branchage trop luxuriant d'un arbre jusqu'à ce qu'il s'aligne dans les charmilles de Versailles, ou comme le barbare Procuste raccourcissait le corps de ses victimes de tout ce qui dépassait la mesure de son lit. Notre être physique a une faculté de sentir, capable de jouissances douces autant que délicates, mais qui ne trouve pas de contentement digne d'elle dans les choses de la terre : eh bien ! il faut se contenter à moins, et réduire l'admirable machine de notre homme naturel aux proportions de la bête, qui se renferme dans la satisfaction de ses besoins et de ses appétits. Notre esprit a une faculté d'interroger et de connaître, qui ne se lasse jamais de chercher et qui ne découvre nulle part ici-bas le lieu de son repos : eh bien ! il faut sevrer cette curiosité importune, détourner la soif de l'étude dans l'ardeur des spéculations commerciales ou des discussions politiques, et exercer notre intelligence trompée à tourner sur elle-même sans fin ni fruit, comme le malheureux écureuil condamné à s'étourdir sans relâche par le mouvement immobile de la roue qui lui sert de cage. Notre coeur a une faculté d'aimer, que les meilleures des créatures ne font qu'irriter par l'impuissance où elles sont de la satisfaire : eh bien ! il faut dire adieu à l'amour, il faut se fabriquer un coeur moins difficile, il faut s'accommoder en affection de la mesure reçue, à peu près, passez-moi mes comparaisons familières, comme le boeuf ou le cheval s'accommode de son ordinaire. Notre conscience a une faculté de sainte obéissance, qui ne connaît rien de trop haut pour son vol sublime, mais qui ne peut tenter de prendre son essor sans se heurter à chaque pas ou contre les pièges cachés dans le fond de l'âme, ou contre les suggestions du malin, ou contre les maximes d'une société corrompue : eh bien ! il faut lui couper les ailes, il faut faire son deuil d'une perfection chimérique, il faut se résigner à vivre comme vit tout le monde, et prendre son parti avec soi-même pourvu qu'on évite les égarements d'une sensualité grossière, d'une avarice sordide, d'une prodigalité folle ou d'un égoïsme sans pudeur. on ne se dit pas tout cela à soi-même, mais on agit dans cet esprit; on ne se propose pas ce but ignoble, mais on y tend par un vague instinct; hélas ! et l'on finit par y atteindre. Ainsi se forment - je devrais dire, se déforment - des hommes, auxquels il ne manque plus pour être hommes que d'être hommes ; des hommes, qui se dépouillent insensiblement de l'image de Dieu gravée au dedans d'eux, pour se tenir à celle de la race déchue au sein de laquelle ils se trouvent jetés; des hommes, qui ont su, comme ils disent, se faire une raison - dites plutôt une ration ! - et qui ne retiennent de sentiment, de curiosité, d'amour, de sainteté, que ce qui est à la hauteur des choses, de ces choses dont ils devraient être les maîtres et dont ils se sont fait les esclaves. C'est déjà un spectacle assez douloureux que celui d'un seul homme qui a consenti à se mutiler de la sorte: mais que dire de toute une race qui se serait résignée à faire sur elle-même cette honteuse opération? et pourtant quel autre tableau présente le monde, que le mouvement perpétuel et infini d'une multitude qui s'est arraché le coeur pour s'arranger avec la vie ? Que s'il s'élève du sein de cette multitude quelques esprits d'élite qui aiment mieux garder leur soif, avec, tous les tourments qu'elle leur cause, que de s'en débarrasser en s'anéantissant, ceux-là même peuvent-ils se flatter de porter cette noble résolution jusqu'au bout? En est-il un seul qui soit absolument à l'abri de l'abaissement général, un seul qui ne se soit en quelque mesure amoindri pour se prêter à la coutume, à l'exemple, à l'opinion, à la nécessité, en un mot à ce qui est, parce qu'il est ?

 

N'accablons pas la nature humaine : elle est plus digne ici de pitié que d'indignation. Encore une fois, la force des choses entraîne, condamne le coeur et la vie à se mettre d'accord; et il ne nous reste d'autre ressource que d'éteindre graduellement notre coeur dans l'atmosphère étouffante de la vie, à moins que nous ne connaissions quelque moyen de renouveler au contraire la vie par le foyer du coeur. Au lieu d'abaisser le coeur au niveau de la vie, élever la vie au niveau du coeur : voilà, voilà à ce problème terrible la seule solution digne de nous, parce qu'elle est seule capable de nous satisfaire sans nous humilier - mais cette solution est-elle possible ? Elle l'est, car elle doit l'être. Elle l'est, car quelque chose en nous nous le dit de la part de Dieu. Elle l'est, car Dieu nous le déclare par l'organe de son Fils, cet autre lui-même : « Si quelqu'un a soif.. » que doit-il faire ? étouffer sa soif ? non, mais lui donner un libre cours et la satisfaire en Jésus-Christ - « si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive. » Il y a donc, grâces à Dieu, il y a une vie qui répond pleinement à tous les besoins du coeur humain, rendu à ses instincts les plus élevés; cette vie est en Jésus-Christ, d'où elle se communique à nous par la foi.

 

De tous les hommes que notre terre a nourris, quel est celui qui a offert dans sa personne l'exemple, disons mieux, le type le plus accompli de la paix et de l'harmonie intérieure ? Vous avez répondu : « Jésus-Christ homme; » c'est le nom que saint Paul donne au Fils de Dieu contemplé dans l'humble perfection de sa nature humaine. Cette paix, cette harmonie suppose que le coeur de Jésus-Christ homme, à la différence du nôtre, avait trouvé une vie qui lui répondait de tout point : cette vie, quelle était-elle?

 

Ce n'était pas la vie terrestre. A ne voir que la vie terrestre, Jésus-Christ homme est celui de tons les hommes en qui la rupture que je viens de signaler entre les besoins du dedans et le contentement du dehors, a dû être à la fois le plus complet et le plus sensible. Car, nul autre n'eut le coeur aussi grand ; pour nul autre la vie ne fut aussi amère. Jésus-Christ, que Pilate a plus fidèlement dépeint qu'il ne pensait lui-même en disant aux Juifs : « Voici l'homme (*7) , » Jésus-Christ n'est pas un homme seulement, il est l'homme ; le plus homme des hommes; l'homme en qui l'humanité se résume tout entière, et porte ses caractères distinctifs à leur plus haute puissance. Toutes les parties de son être, conscience, coeur, esprit, corps même, ont dû être pourvues d'une aptitude et d'une délicatesse exquise, qui, tout en l'ouvrant plus qu'un autre aux douceurs, oserai-je dire aux jouissances, pour lesquelles l'humanité normale est formée, le livrait plus qu'un autre aussi au sentiment des amertumes et des privations réservées à l'humanité déchue. Aussi, quand ce Fils de l'homme, touchant au terme suprême où tout va être accompli pour lui et par lui, laisse échapper ce soupir annoncé depuis mille ans par les Écritures divines : « J'ai soif (*8), » il exprime, faut-il le dire? plus qu'un besoin matériel que satisferait un peu d'eau recueillie sur le sein de notre pauvre terre; la soif physique de Jésus est l'emblème d'une autre soif plus cachée et plus grande, qui travaille tout son être humain. Soif de félicité, soif de lumière, soif d'amour, soif de sainteté, toutes les soifs qui nous consument concentrent en lui leurs ardeurs; et nul n'éprouvera jamais un besoin égal au sien ni de jouir de l'existence sans mélange, ni de contempler la vérité sans ombre, ni d'aimer et d'être aimé sans réserve, ni de goûter la communion de Dieu sans nuage,

 

Cette soif des soifs est-elle apaisée? Hélas ! une éponge trempée de vinaigre, voilà tout ce que le divin crucifié obtient, dans son agonie, de la miséricorde de ses bourreaux ! L'Écriture l'a prévu dans le même endroit : « Ils m'ont donné du fiel pour mon repas, et dans ma soif ils m'ont abreuvé de vinaigre. » C'est que ce fiel, ce vinaigre est à son tour l'emblème de la réponse que fait la terre à la soif qui dévore le Fils de l'homme. A sa soif de félicité, elle répond par cette coupe qu'il ne peut voir approcher de ses lèvres sans se rejeter en arrière en s'écriant : « Père, s'il est possible, fais que cette coupe passe loin de moi ! » A sa soif de lumière, elle répond par ces ténèbres qui voilent la face du soleil, gage mystérieux de ces autres ténèbres qui couvrent dans cette heure obscure les plans de la justice divine, et au sein desquelles le Fils de Dieu lui-même a peine à se retrouver : « Ne détourne point ta face de ton serviteur !... Mon coeur est agité ! la lumière même de mes yeux n'est plus avec moi ! » À sa soif d'amour, faisant appel par son sacrifice expiatoire à une terre maudite et perdue, elle répond, cette terre ingrate, par l'indifférence qui se détourne de la victime, par la lâcheté qui l'abandonne, par la perfidie qui la trahit, par la haine qui la condamne, par la fureur qui l'égorge : « Ils ont percé mes mains et mes pieds Même celui qui avait la paix avec moi a levé le talon contre moi J'ai attendu quelqu'un qui eût compassion de moi, mais il n'y en a point eu, et des consolateurs, mais je n'en ai point trouvé. » Que s'il se réfugie enfin dans le sein de son Dieu et de son Père, à sa soif de sainte communion avec son Dieu et son Père elle répond par ces péchés sans nombre ni mesure dont elle se décharge sur sa tête innocente, qui appellent sur lui toutes les vengeances célestes, et qui pèsent d'un poids insupportable sur la prière même de son âme : « Mes iniquités ont surmonté ma tête, elles se sont appesanties au delà de ce que je puis porter... Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné, t'éloignant de ma délivrance et des paroles de mon rugissement (*9)? » Mais, si la vie terrestre de Jésus-Christ homme irrite sa soif au lieu de la satisfaire, quelle est-elle, encore une fois, cette autre vie qui le désaltère, qui l'abreuve, qui l'inonde de paix et d'harmonie? Cette autre vie est celle qu'il contemple, dans le psaume XVI, succédant à sa résurrection d'entre les morts : « Tu me feras connaître le chemin de la vie; » celle que le Père lui promet, dans Ésaïe, pour prix de sa vie terrestre sacrifiée : « Après qu'il aura donné sa vie en oblation, il prolongera ses jours; » celle enfin par laquelle l'Apôtre nous explique le secret de son renoncement à la vie et à la gloire de ce monde : « Portons les yeux sur le chef et le consommateur de la foi, Jésus, qui, en échange de la joie qui lui était proposée, a souffert la croix, ayant méprisé la honte, et s'est assis à la droite du trône de Dieu (*10). » Au travers de la vie terrestre, rendue transparente par la foi, Jésus découvre une vie de second plan, où le jour de demain va le faire entrer; une vie qui a été faite pour son coeur, comme son coeur a été fait pour elle; une vie que sa soif n'a qu'à attendre pour être rassasiée à souhait. S'il a soif de félicité, voici, dans cette vie nouvelle, « un rassasiement de joie en la présence de Dieu, et à sa droite des plaisirs pour jamais (*11). » S'il a soif de lumière, voici tous les voiles levés, et la plénitude de la vérité divine resplendissant en lui et pour lui. S'il a soif d'amour, voici la famille de ses rachetés lui rendant amour pour amour, et redisant entre eux et avec les saints anges la leçon d'amour qu'ils ont apprise de lui. S'il a soif de communion avec Dieu, voici le Père comblant le Fils de sa direction ineffable, et la sainte volonté du Père s'accomplissant, par le Fils, dans la création affranchie et renouvelée (*12). Qu'à la soif du Fils de l'homme crucifié la terre ne réponde que par le fiel et le vinaigre - regardez un peu plus haut, un peu plus loin, et vous allez voir le ciel lui répondre par « ses canaux ouverts (*13) » se déchargeant à pleins bords dans la capacité divine du Fils de l'homme, que les douleurs de la chair et le sacrifice de la croix n'ont tourmentée que pour l'agrandir !

 

Voilà celui qui vous dit, à vous qui avez soif aujourd'hui, comme il a eu soif : « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne à moi et qu'il boive. » Cette vie éternelle, au sein de laquelle il reforme l'harmonie de son existence que la vie de la terre a brisée, ce n'est pas pour lui seul qu'il l'a conquise, c'est pour ces pauvres créatures déchues qui ont gâté la vie et troublé la terre par le péché. Qu'elles croient seulement en lui; qu'elles se jettent sans réserve entre les bras de ce Fils de Dieu devenu le Fils de l'homme pour les racheter; qu'elles ne veuillent savoir autre chose que Jésus-Christ et lui crucifié, » d'autre justice que son obéissance, d'autre expiation que son sacrifice, d'autre salut que sa grâce, mais sa grâce toute gratuite (*14): c'en est assez pour qu'il partage avec elles tout ce qu'il a reçu du Père, et qu'il leur communique, au lien de cette mort qu'elles ont attirée sur lui, cette vie divine qu'il a méritée pour elles. Aussi, dans le plus prophétique de tous les psaumes prophétiques que je viens de citer, à peine a-t-il commencé de se réjouir dans la délivrance que Dieu lui réserve après toutes ses douleurs, que passant tout à coup de lui-même à « ses frères, » il leur garantit la vie de leur coeur dans la vie du sien : « Votre coeur vivra à perpétuité » promesse qu'il reprend en saint Jean après onze siècles écoulés : « Parce que je vis, vous aussi vous vivrez (*15) . » - « Celui qui a le Fils a la vie (*16) ; » la vie du Fils, la vie qui répond au coeur, la vie enfin qui est la vie. Que si « cette vie est aujourd'hui cachée avec Christ en Dieu, » il ne faut pour la voir mise en lumière qu'attendre à demain : « Quand Christ, votre vie, paraîtra, vous paraîtrez aussi avec lui en gloire. (*17)» Là, et seulement là, vous trouverez de quoi étancher la soif qui vous consume, dans la vie de Jésus devenue la vôtre.

 

Vous avez soif de sainteté: voici de quoi vous rassasier. Eh ! qui pourrait troubler encore votre obéissance? Le spectacle que vous avez sous les yeux ? vous avez hérité de « nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habite, » sous l'empire de Jésus. Le tentateur? il ne saurait « vous suivre où vous allez, » et n'a plus rien' en vous, parce qu'il « n'a rien en Jésus. » Votre corruption propre? elle a fait place à l'Esprit de Dieu, vous remplissant dans cette mesure « sans mesure » qui est le partage de Jésus. Votre entourage ? vous êtes dans la société des élus de la terre affranchis du péché, des anges du ciel qui ne l'ont jamais connu, que dis-je? dans la société de ce Jésus qu'adorent les uns et les autres, et auquel « vous aurez été rendu semblable, parce que vous le verrez tel qu'il est (*18). » Pur comme lui est pur, saint comme il est saint, un avec lui comme il est un avec le Père, vous n'êtes plus affamé et altéré de la justice » que pour « être rassasié, » que pour « être rempli jusqu'en toute plénitude de Dieu (*19). » Vous avez soif d'amour: voici de quoi vous rassasier. Vous n'avez pu trouver ici-bas de créature assez aimable et assez aimante pour répondre à la capacité de votre coeur : mais, devant ce « Fils de l'homme qui est dans le ciel, » aimable jusqu'à faire « les délices » de l'amour éternel (*20), aimant « jusqu'à la mort, et à la mort de la croix, a, la difficulté est toute contraire. Vous cherchez vainement en vous-même un coeur capable de contenir tout l'amour qu'il vous inspire et qui vous déborde de tous les côtés; sans parler de l'amour que vous inspirent désormais, après lui et en lui, les créatures elles-mêmes, sanctifiées et transformées à sa ressemblance. Au sein de cette famille céleste dont nulle famille sur la terre ne peut donner l'idée, vous vivrez dans l'amour, vous vivrez d'amour, vous serez amour comme Dieu lui-même. Vous avez soif de lumière : voici de quoi vous rassasier. Ce Jésus en qui sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance, » si vous pouviez chaque jour l'entretenir et l'interroger, que manquerait-il à votre besoin de connaître, aussitôt satisfait que senti ? Eh bien ! vous voici admis à son entretien de tous les jours, vous voici libre de l'interroger tout à votre aise; lui, glorifié, et non plus tel que l'interroge aient ses disciples dans les jours de sa chair, lorsque cette chair mortelle se mettait entre eux et lui; vous, glorifié avec lui, et non plus emprisonné dans ces organes d'aujourd'hui, qui semblent quelquefois, telle en est l'insuffisance, tenir moins du secours que de l'obstacle et découvrir moins la vérité que l'intercepter. Mais, au reste, Jésus vous promet plus encore : « En ce jour-là vous ne m'interrogerez plus sur rien (*21); » tant il est vrai que rien ne pourra plus se dérober à vos recherches, disons mieux, se cacher à votre vue, toute pleine de la vive lumière de Dieu. Vous avez soif enfin de félicité, et d'une félicité qui contente tout l'homme : voici encore de quoi vous rassasier. La félicité que Jésus vous réserve dans « le lieu qu'il « est allé préparer pour vous » est pour tout l'homme, pour son corps ressuscité aussi bien que pour son esprit sanctifié. Que la philosophie n'ait à vous promettre (si elle savait promettre quelque chose !) qu'une immortalité froide, où l'âme séparée du corps peut prétendre tout au plus à une existence incomplète et incompréhensible, qu'elle semble devoir consumer à courir après cette moitié de soi-même qui n'est plus avec elle : l'Évangile de Jésus vous appelle à revivre tout entier dans un corps que l'Apôtre nomme tour à tour « céleste, glorieux, incorruptible » et enfin « spirituel, (*22) » comme s'il désespérait de le définir autrement que par une contradiction indéfinissable; dans un corps dont toutes les puissances, à la fois exaltées et purifiées, servent avec une égale aptitude la gloire de Dieu et votre propre bien-être; dans un corps enfin que vous nourrissez « d'un fruit nouveau dans le royaume des cieux, assis à table avec Abraham, Isaac et Jacob, » et contemplant face à face l'objet de leur foi et de la vôtre (*23). Que dirai-je encore ? Penché sur cette source inépuisable de sainteté, d'amour, de lumière et de joie qui est en Jésus, vous n'avez plus qu'à vous courber pour boire à longs traits tout ce dont vous avez soif, tout ce dont vous pourrez avoir soif désormais.

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-1. J'emploie les mots rassasier et rassasiement dans cette acception générale qui s'applique à la soif aussi bien qu'à la faim. Cette licence de langage me paraîtrait autorisée par la nécessité, quand elle ne le serait pas par Matthieu V, 6.

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-2. Rom. VIII, 25, 26. -3. Gen. II, 7. -4. Ps. CXXXlX, 13-16. -5. Ps. CXLV, 9.

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-6. Actes XVII, 28. -7. Jean XIX, 5. -8. Jean XIX 28; Ps. LXIX, 22.

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-9. Ps. XXII, 2, 17; XXXVIII, 5, 11; XLI, 10; LXIX, 18, 21.

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-10. Ps. XVI, 11; És. LIII, 10; Hébr. XII, 2. C'est la vraie interprétation de ce passage; le mot hébreu emprunté aux exercices de la carrière, décide la question à lui seul.

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-11. Ps. 16, 11. -12. Rom. VIII, 21. -13. Mal. III, 10.

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-14. Rom. III, 123. -15. Ps. XXII, 26; Jean XIV, 19. -16. 1 Jean V, 12.

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-17. Col.. III, 4. -18. 2 Pierre III, 13; Jean XIV, 30; III, 34; 1 Jean III, 2.

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-19. Éph. III, 19. -20. Prov. VIII, 30. -21. Jean XVI, 23, -22.1 Cor. XV, 44,

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-23. Matth. VIII, 11; XXVI, 29, Job XIX, 25.


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