LA
CRÉATION ou LA PREMIÈRE PAGE DE LA
BIBLE
CHAPITRE XII
LA PREMIÈRE
ET LA SECONDE CRÉATION
« Ce
sont ici les origines des cieux et de la
terre, lorsqu'ils furent
créés, au jour que
l'Éternel Dieu fit les cieux et la
terre. »
(Gen. II, 4).
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Dieu avait donc créé le monde. La
Genèse nous raconte les créations
successives ; l'Évangile de saint Jean
nous dit comment et par qui Dieu les fit.
« Au commencement était la
Parole ; la Parole était avec
Dieu ; et la Parole était Dieu. Toutes
choses furent faites par elle, et sans elle pas une
chose ne fut faite de ce qui a été
fait. »
(Jean I, 1, 3.) Jésus-Christ,
le Fils, la seconde personne de la Trinité,
la Parole, prononça ce qu'Il voyait dans le
Père. Il le dit, et cela fut. Qu'y avait-il
avant que le monde fût ? Dieu et son
grand Nom qu'Il voulait révéler, qui
devait être sanctifié.
L'énonciation de ce nom infini par le Fils,
voilà la création. Chaque être
est l'expression visible d'une pensée de
Dieu. Et il y a encore des gens qui nient que Dieu
se soit révélé à
l'homme ! Qu'est-ce donc que la
création tout entière,
sinon la
révélation du Créateur, comme
l'oeuvre d'un artiste celle de sa
pensée ? Qui a peint la fleur,
dessiné le papillon et le scarabée,
et donné à chaque plante les formes
toujours nouvelles, toujours
élégantes de ses feuilles ?
Ce penser divin est aussi une loi, la
loi de l'univers. Comment en serait-il autrement de
la pensée absolument juste et sage d'un
Dieu ? Nous parlons des lois de la
nature : qui est cette nature, et comment
peut-elle se donner à elle-même des
lois ? Le gland s'est-il imposé les
lois en vertu desquelles il deviendra un
chêne ? Non ; la loi suppose un
législateur qui la dicte ; une loi qui
se ferait elle-même serait une
absurdité aussi grande qu'un amour sans un
être aimant ni aimé, qu'une
volonté sans personne qui veuille. Quand
Dieu prononce en une Parole divine le mot de
« plante », cette Parole
contient toutes les lois qui régissent ce
végétal et qui lui donnent sa vie, sa
forme et sa beauté, son utilité et
son but. De même notre corps est la
réalisation, l'application de lois
innombrables. Nous ne pouvons pas faire un pas,
mouvoir un doigt, voir et entendre, ou manger un
morceau de pain, parler ou penser sans accomplir
des lois immuables, inexorables. Nous sommes des
lois vivantes, et, aussi loin que les soleils
brillent, il n'y a pas un atome de matière
qui n'existe en vertu de lois divines et qui n'en
soit la représentation.
Le principe fondamental de ces lois
c'est le bien car Dieu est le bien suprême.
Une loi qui n'a pas le bien pour
but et Dieu comme objet final est une loi injuste,
inique. Ces lois de la création sont
vraies ; comment les pensées de Dieu ne
le seraient-elles pas ? Et parce que, comme le
disait Platon, « la beauté est la
splendeur du vrai » et que la Bible nous
prêche un Dieu de beauté, toutes ces
lois produisent la beauté. Sans loi il n'y a
que le chaos absurde et laid. Ce sont les lois de
la lumière qui produisent le monde
magnifique des couleurs, les nuances
délicates des fleurs, et, dans les airs, les
palais d'or et de pourpre du soleil couchant. Ce
sont les lois du son qui produisent la musique et
l'harmonie des êtres et des choses, du vent
qui résonne comme l'orgue à travers
la forêt, du ruisseau qui murmure et enchante
l'aveugle, du tonnerre de la cataracte, et la
beauté des mélodies de Mozart, de
Beethoven et de Bach. Ce sont les lois si simples
de la cristallisation autour de trois axes qui
produisent un monde de beaux cristaux, le diamant,
le rubis et l'émeraude ; et, par le
développement selon deux axes, des centaines
de coquillages variés et toujours
élégants. C'est la loi unique de la
disposition des feuilles autour de la tige qui
produit l'architecture si individuelle du
chêne et du sapin, du saule et du palmier. Ce
que nous admirons dans la nature, c'est toujours -
que nous le sachions ou non - la loi et la force.
Ainsi le magnifique Niagara mugissant, c'est la loi
de l'attraction combinée avec les lois de
l'eau, et la force, égale à celle que
produirait la combustion de 50.000 millions de
kilos de houille. La loi, c'est l'idée
première, divine ; c'est la
beauté.
Le principe fondamental de la loi est le
nombre, qui est aussi le Logos divin, Dieu. Le
grand Un, insaisissable à la
créature, s'est manifesté dans le
Fils, la deuxième, et dans l'Esprit Saint,
la troisième personne de la Trinité
divine. De là toute la logique
mathématique de l'univers. Ce n'est pas ici
le lieu d'exposer la métaphysique biblique
du nombre. Mais remarquons qu'il est à la
base de toutes les lois que nous venons de citer et
que nous appelons « lois de la
nature ». L'atome, le cristal, la plante,
l'animal, l'homme obéissent aux lois des
nombres, par exemple à la loi profonde et
mystérieuse de la symétrie. Un quart
des plantes connues sont des crucifères,
régies, comme les quadrupèdes, par le
nombre 4 ; d'autres, comme le montre si bien
la belle fleur de l'iris, par le nombre 3. Pas une
des 400,000 espèces de scarabées,
dont la forme et la vie ne soient
réglées par le nombre 3 ou 6. Le
corps humain aussi est un cristal symétrique
à droite et à gauche,
dissymétrique par en haut et par en bas, par
devant et par derrière. Nos arts reposent
sur le nombre. La musique est l'expression, par le
son, de lois numériques ;
l'architecture nous montre le nombre ; de
même la chimie et la physique et toutes nos
connaissances de la matière sont
basées sur lui.
Ces pensées de Dieu, ces lois
divines, ne sont pas, comme les lois humaines, des
formules stériles et inorganiques ;
elles renferment des semences de vie d'où
peut sortir l'infini. Ainsi le grand Un contient
en germe toutes les
mathématiques ; l'a, b, c, toutes les
langues du monde, et d'autres encore ; la loi
de l'attraction, celles des rapports de tous les
esprits entre eux ; celle de la nutrition
existe à divers degrés pour tous les
êtres, car Dieu seul ne se nourrit pas.
Une propriété belle aussi
de la loi divine, c'est que toute loi plus haute
contient la loi inférieure en paraissant la
transgresser, et la développe avec plus de
liberté. C'est ainsi que la loi de la
pesanteur domine le règne minéral,
quoique le cristal s'efforce de s'en affranchir. La
plante s'en sert en paraissant la transgresser,
quand le sapin, le palmier s'élèvent
à 65 mètres de hauteur. La plante a
besoin d'un point fixe pour prendre racine ;
l'animal, le coursier agile et l'aigle qui plane ne
subissent plus cette loi. De même le corps
ressuscité sera l'accomplissement et la
perfection de toutes les lois de l'espace et du
temps, de la matière, de la force et de la
mécanique qui régissent maintenant
notre corps imparfait.
Plus la loi est haute, plus grande est
la liberté. La plante est plus libre que le
cristal ; l'animal que la plante ;
l'homme que l'animal ; et l'ange que l'homme.
Déjà, sur la terre, l'artiste le plus
grand et le plus libre à la fois est celui
qui, comme Phidias ou Michel-Ange, Raphaël ou
Mozart, connaît le mieux les lois de son
art ; pour lui elles ne sont pas, comme pour
l'homme ordinaire, des entraves mais bien des
moyens d'action. - Et Dieu, de qui émane
sans cesse la loi éternelle, est la
liberté même.
Parce que Dieu est un seul Dieu, parce
que dans son penser absolument unique et
harmonieux, Il a créé la
matière et l'esprit, il n'y a qu'une
loi ; et les mêmes lois valent
également pour la matière et pour
l'esprit, comme la Bible nous l'enseigne, et comme
Christ nous le montre dans ses paraboles, par
exemple dans celle du semeur. Voilà ce que
ne comprennent pas nombre d'esprits superficiels,
qui s'imaginent que notre âme, son amour et
sa haine, sa volonté et sa connaissance, la
formation de ses idées et ses sensations,
ses douleurs et ses joies ne sont soumises à
aucune loi, mais qu'elles se condensent ou se
dissipent, ou flottent ça et là
à leur propre gré, comme un nuage au
hasard des vents et des circonstances. Quelle
fausse et indigne conception de ce que Dieu a
créé de plus haut sur la terre !
Ne voient-ils donc pas que la pensée, ce
qu'il y a de plus libre en l'homme, n'existe que
par et selon les lois inexorables de la
logique ?
Nous avons dit plus haut que toutes les
lois de l'univers veulent le bien.
« Observe ma loi », dit Dieu
à son peuple, « car c'est
là ta vie ». Il n'y a pas d'autre
sagesse pour la créature que de chercher
à observer partout les lois divines de la
matière et de l'esprit. La sagesse et le
bonheur suprême seraient de les
connaître et de les observer toutes
entièrement, comme le dit Salomon dans un
magnifique chapitre des Proverbes. Les transgresser
c'est folie, démence, suicide.
« Car les gages du péché,
c'est la mort »
(Rom. VI, 23). Le malheur, la
malédiction des individus, des peuples et
des empires, de l'humanité tout
entière, c'est son mépris de la loi
du Créateur, et l'idée
insensée, dans son fol orgueil, qu'elle peut
en imaginer de nouvelles et de meilleures.
Et Dieu eut achevé au
septième jour son oeuvre, et il se reposa au
septième jour de toute son oeuvre. Et Dieu
bénit le septième jour, et le
sanctifia ; car en ce jour il se reposa de
toute son oeuvre que Dieu avait créée
en la faisant.
(Gen. II, 2,3.) « Quand
Dieu eut fait l'homme, » dit un
géologue, « il se reposa. Nous
sommes les témoins de ce repos. La
Providence laisse dormir les grands agents
physiques ; nous sommes dans une
période géologique de
tranquillité. »
Comment un Dieu se repose-t-il ? je
n'en sais rien. Comment comprendrais-je, moi,
pauvre créature finie, le travail ou le
repos de la divinité ? Mais je vois ici
l'origine d'une grande loi de la création,
de l'alternance du travail et du repos, de
l'expansion et de la concentration. C'est ainsi
qu'aucune planète ne se meut dans un cercle
où tous les rayons sont égaux, mais
dans des ellipses plus ou moins
allongées ; tantôt elles
augmentent de vitesse en se rapprochant du soleil,
tantôt elles diminuent en s'éloignant
de lui. Ainsi le soleil a ses périodes de
repos et de plus grande activité,
indiquées par le maximum de ses
taches ; même son diamètre,
d'après le Dr Poor et d'autres observateurs,
diminue et augmente régulièrement.
Ainsi la nature se repose en hiver pour se
réveiller au
printemps ; l'homme et des
millions de créatures passent
alternativement du sommeil à l'état
de veille. Et tout cela parce qu'il y a en Dieu des
alternances de travail et de repos.
Dieu nous révèle ici que,
puisqu'Il bénit le septième jour, le
sanctifie, et en fait un jour de fête pour
son peuple parce qu'Il s'est reposé
Lui-même ce jour-là, le repos est dans
la Divinité encore plus grand, plus beau,
plus élevé et plus saint que le
travail de la création. Quelle pensée
étonnante et mystérieuse !
Et, à nous aussi, Dieu promet un
repos, « de notre travail sur la terre
que Dieu a maudite ». Un jour un
voyageur, chargé d'ans et de chagrins
arriva, sur une colline au bord d'un lac,
près d'un vieux clocher gris. Il poussa la
porte de l'enclos désert, s'assit sur une
tombe et, la tête dans ses mains, se laissa
aller à ses amères pensées,
lorsque son regard tomba sur une pierre, où
il lut en lettres frustes : « Ici
repose en Dieu X. » ;
consolé, il reprit son sac et son
bâton et continua d'un pied plus ferme son
voyage. - Oui, pauvre âme fatiguée,
mon frère, toi aussi tu te reposeras un jour
du bruit et de la fièvre de la vie. Une
autre génération viendra, et,
persuadée elle aussi qu'elle seule est sage
et puissante et que le monde lui appartient, elle
bâtira et plantera, vendra et
achètera, se mariera et donnera en mariage,
poursuivra à grands cris ses illusions et
ses fantômes, et remplira la terre de son
agitation et de sa vanité. Mais toi, tu te
reposeras, à l'abri de tous les maux, dans
le Dieu auquel tu as cru, plus doucement,
plus paisiblement que jamais
enfant sur le sein de sa mère. Dieu l'a
promis aux siens : « Toi, Daniel, va
jusqu'à ta fin et tu te reposeras et tu
ressusciteras pour ton héritage à la
fin des jours »
(Dan. XII, 13). - « Il y a
encore un repos pour le peuple de
Dieu. »
Dieu avait donc achevé sa
création et l'avait donnée à
l'homme. Nous savons ce qu'Adam en fit ;
comment, séduit par la femme et le serpent,
il voulut s'élever jusqu'à la
connaissance divine du bien et du mal ;
comment il tomba et comment le chérubin,
à l'épée flamboyante, le
chassa du jardin que Dieu avait planté pour
lui. Là commence l'histoire de
l'humanité sur la terre. Qu'a-t-elle fait de
cette terre et de la création que Dieu lui a
donnée ? A-t-elle trouvé,
a-t-elle même cherché dans cette
création le Créateur ? Que lui
répondra-t-elle quand, au jour du jugement,
Il lui demandera compte de l'emploi de son oeuvre,
du talent qu'Il lui a confié ?
Qu'avez-vous fait de ma
création ? demandera Dieu aux peuples
et aux individus. Je vous ai donné la
lumière, et des yeux pour la voir. Vous vous
en êtes servis pour la convoitise des
yeux ; vous avez souillé le rayon
lumineux, et il porte à travers l'espace les
images de votre vanité et de votre folie. Je
vous ai donné l'air et le son, et la voix
pour me louer et pour vous dire l'un à
l'autre des paroles de bonté et de
consolation. Mais de votre terre, de vos capitales
montent jour et nuit vers moi, comme la
fumée de l'abîme, des millions de
blasphèmes et de malédictions, des
paroles de colère et
d'envie, d'orgueil et de luxure, de mépris
et de menace, et les plaintes des malheureux
opprimés. - Je vous ai donné la
terre, ses pierres et ses métaux. Qu'en
avez-vous fait ? Vous y auriez tous place,
mais vous vous égorgez les uns les autres
pour quelques arpents de terrain. Vous
bâtissez des palais inutiles pour votre
orgueil ; des forteresses pour la guerre
contre vos frères ; des prisons pour
votre prochain. Avec le fer vous vous forgez des
armes, des canons, des vaisseaux pour le carnage.
Vous frappez mon or à votre image, et puis
vous vendez vos âmes pour ces morceaux de
métal et pour des trésors que la
rouille dévore et que les larrons
dérobent. - J'ai commandé à ma
plante de vous nourrir et de vous
vêtir ; vous vous étourdissez
avec le vin, l'alcool, le haschisch et
l'opium ; vous inventez des modes ridicules
pour parer votre corps mortel.
Je vous ai établis maîtres
et seigneurs sur les animaux. Était-ce pour
les maltraiter, pour trouver plaisir à les
tuer et à en détruire des
espèces entières afin de vous orner
de plumes ou d'ivoire ? - Je vous avais
bénis pour que vous multipliiez et
remplissiez la terre et viviez en paix sur elle. 0
hommes, qu'avez-vous fait de vos
frères ? La voix de leur sang crie
jusqu'à moi Ah ! l'histoire de
l'humanité est une histoire de sang et de
larmes, une suite de guerres impitoyables, de
massacres et de destructions, de villes
incendiées et de peuples exterminés.
De barbares conquérants, Attila et ses fils,
Alaric, Genséric et ses
Vandales, ont fait périr
sans pitié des millions de créatures
humaines. Des centaines de cruels tyrans dans
l'Inde et dans la Chine, à Carthage et
à Rome, en Russie et en Afrique, Cortez au
Mexique et Pizarre au Pérou, des races de
pirates et de brigands ont inventé d'atroces
supplices, des tortures affreuses pour leurs
semblables. Et l'inquisition, la guerre de Trente
ans, celles de Napoléon et
dernièrement la guerre entre la Russie et le
Japon ! - L'homme a abreuvé la terre du
sang de l'homme ; et Dieu lui avait dit :
Tu aimeras ton prochain comme
toi-même !
Est-ce là toute la dette, la
coulpe immense de l'humanité ?
Non ! Celle qui dépasse toutes les
autres et dont elles découlent, c'est son
mépris, sa haine du Dieu qui lui avait
commandé : « Tu aimeras le
Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton
âme et de toute ta pensée ; car
c'est là ta vie ! » Où
est le Dieu des nations qui leur ait jamais
donné une loi si sublime ? Je suis
votre Créateur et veux être votre
Père, dit Dieu à ses
créatures ; mais elles crient :
Non, ce monde s'est fait lui-même ; nous
descendons de la cellule et du singe et nous ne
voulons pas de père ! - Il leur
dit : Je vous donne ma Parole pour vous guider
à travers la vie ! - Ouvrage de
prêtres menteurs, superstitions ! disent
les incrédules - Je vous donne mon Fils pour
qu'il porte votre péché ! Ils
répondent : Ce n'est pas vrai ; tu
n'as pas de fils, et il ne peut pas devenir
homme ! - Touché de leurs maux, Il leur
fait cette promesse : Je veux vous prendre
à moi dans mon ciel et y
essuyer toutes larmes de vos yeux. Mais les hommes
refusent : Nous ne voulons pas de ton ciel,
nous préférons tomber, avec les
soleils qui s'éteignent, dans la nuit
éternelle ! - N'est-ce pas justice
qu'un jour « le Seigneur vienne, au
milieu de ses saintes myriades, pour convaincre
pleinement tous les pécheurs impies des
paroles dures qu'ils ont prononcées contre
lui ? »
(Jude 15.)
Et pourtant ce Dieu de
miséricorde fait, depuis 6000 ans,
« lever son soleil sur les
méchants et les bons, et envoie sa pluie sur
les justes et les injustes ». Et non
seulement Il prend soin des corps de ces
pécheurs, mais Il voudrait sauver leurs
âmes. Il leur envoie « des
prophètes, des sages et des
scribes ». « Il leur envoya
encore un autre serviteur, et celui-là ils
le tuèrent et plusieurs autres, battant les
uns et tuant les autres ». Mais sa
patience n'est pas encore lassée.
« Ayant un fils unique et
bien-aimé, il le leur envoya, lui aussi, le
dernier, disant : Ils auront du respect pour
mon fils. Mais ces vignerons dirent entre
eux : Celui-ci est l'héritier ;
venez, tuons-le et l'héritage sera à
nous. Et l'ayant pris, ils le tuèrent et le
jetèrent hors de la vigne. »
(Marc XII, 6-8.) - Comment ce Dieu,
en voyant périr dans les tourments sur la
croix son Fils bien-aimé, n'a-t-il pas fendu
les cieux, saisi ses foudres, et réduit en
poussière cette misérable terre et
cette humanité plus misérable
encore ? Depuis deux mille ans l'Agneau. de
Dieu, qui porte le péché du monde, se
rassemble pour prix de ses
souffrances « de toutes nations et tribus
et peuples et langues, une grande
foule », son Église. Quand la
dernière âme « élue
en Christ avant la fondation du monde »
(Eph. I, 4) aura été
sauvée, alors les destins d'un monde
coupable s'accompliront.
Que fera alors Dieu de sa
création ? Cette terre, souillée
par l'homme, trempée de sang et de larmes,
poussière de corps morts, entourée
d'une atmosphère chargée de
blasphèmes, avec tous ses êtres
rongés par le péché et la mort
- un tel monde n'est pas digne de vivre
éternellement. La Bible nous le dit :
Il périra par le feu. « Les cieux
passeront avec un bruit sifflant, les
éléments embrasés seront
dissous, et la terre et ses oeuvres qui sont en
elle, seront brûlées
entièrement. »
(2 Pierre III, 10.) « Les
peuples travaillent pour le feu. »
(Habacuc II, 13.)
Mais Dieu renonce-t-il pour cela
à son plan de création ? Jamais.
« Il n'est pas homme pour mentir, ni fils
d'homme pour se repentir, » et ni
l'homme, ni l'enfer tout entier ne
l'empêcheront d'accomplir ses décrets.
« Le ciel et la terre passeront devant la
face de celui qui est assis sur le grand
trône blanc, mais alors Lui, le
Tout-Puissant, prononcera la grande parole
déjà confiée aux
prophètes comme fin et but définitif
du plan de Dieu à travers les
siècles : Voici, je crée de
nouveaux cieux et une nouvelle terre, et on ne se
souviendra plus de ceux qui ont
précédé, et ils ne monteront
plus au coeur »
(Esaïe 65, 17). La
Révélation de Jésus-Christ,
« qu'il a envoyée par son
ange a son serviteur
Jean » nous décrit cette nouvelle
création, son admirable correspondance avec
l'ancienne qu'elle remplace, et la dernière
page de la Bible nous répète la
première dans une plus haute harmonie.
Il est triste que bien des
chrétiens n'osent pas croire pleinement,
joyeusement à ces magnifiques
déclarations. Par pauvreté d'esprit
et par faiblesse de foi, ils spiritualisent les
réalités éternelles, et se
figurent la vie future comme quelque chose de
nébuleux, de vague,
d'incompréhensible et d'insaisissable, alors
que le Christ est ressuscité en force et en
gloire. Pourquoi douter que le Dieu, qui par sa
parole puissante a fait sortir du chaos la terre
que nous habitons et ses milliers de
créatures, puisse faire sortir, des
éléments de cette même terre
dissous mais non anéantis par le feu de sa
colère, une terre nouvelle, aussi
véritable et réelle que la
présente. Une création reconstruite
pour l'éternité, et
préservée désormais de tout
mal et de toute souillure, ne sera-t-elle pas
autrement glorieuse, et en même temps plus
réelle et plus substantielle que notre
demeure actuelle et périssable.
« Si ce qui devait prendre fin a eu de la
gloire, combien ce qui demeure sera-t-il plus
glorieux ? »
(Il Cor. III, 11.) Mais on fait des
promesses de Dieu des images poétiques ou de
fades allégories. « Les rues d'or
pur de la nouvelle Jérusalem »
(Apoc. XXI, 21), me disait un
théologien, « sont la
prédication de l'évangile
(!) » ; et un autre
m'écrivait : Des fleurs au paradis,
allons donc ! (Voir
Ap. XXII, 2). - S'il doit s'y
trouver des fruits et des feuilles, pourquoi pas
des fleurs ? Ces esprits étroits ne
comprennent pas la parole décisive :
« De nouveaux cieux et une nouvelle
terre. » La distinction subsiste donc
entre les cieux et la terre ; ce n'est pas sur
le soleil ou les étoiles ou dans un ciel
immatériel, hors de l'espace et du temps,
que « les nations rachetées
marcheront à la lumière de l'Agneau
de Dieu »
(Apoc. XXI, 24) ; mais sur une
nouvelle terre purifiée et faite d'une
matière céleste, indestructible, et
faisant partie de nouveaux cieux, comme l'ancienne
fait partie des cieux d'à présent.
C'est sur cette terre, est-il écrit, que
descendra du ciel « parée comme
une épouse ornée pour son
mari, » la nouvelle Jérusalem
gigantesque
(Apoc. XXI, 16), étincelante
de la lumière divine et de pierres
précieuses et éternelles,
« tabernacle de Dieu avec les hommes
où Il habitera avec eux ».
« Les cieux des cieux sont à
Jéhova ; mais la terre il l'a
donnée aux fils des hommes. »
(Ps. CXV, 16.)
« Bienheureux les
débonnaires ; car ils hériteront
la terre »
(Matth. V, 5).
D'autres chrétiens ont bien un
Sauveur pour leur usage personnel, et c'est
l'essentiel ; mais ils ne connaissent pas
assez Celui auquel est donné toute puissance
dans le ciel et sur la terre ; qui porte
toutes choses par sa parole puissante ; qui
est la lumière du monde, de son histoire et
de sa politique, de son commerce et de son
industrie, de ses arts et de ses sciences. Trop
préoccupés de leur petite personne et
de leurs petites expériences spirituelles,
ils n'entendent pas
« les soupirs de la création tout
entière en travail jusqu'à
maintenant, qui attend la révélation
des fils de Dieu, » comme dit
l'apôtre. « Car la création
a été assujettie à la
vanité, (non de sa volonté, mais
à cause de celui qui l'a assujettie) dans
l'espérance que la création
elle-même aussi sera affranchie de la
servitude de la corruption, pour jouir de la
liberté de la gloire des enfants de
Dieu ! »
(Rom. VIII, 19-22.) Ils ne se
réjouissent pas d'entendre un jour
« toutes les créatures qui sont
dans le ciel et sur la terre, et au-dessous de la
terre, et sur la mer et toutes les choses qui y
sont, dire : « A celui qui est assis
sur le trône et à l'Agneau soient la
louange et l'honneur et la gloire et la force aux
éternités des
éternités. Amen ! »
(Apoc. V, 13).
La Bible nous révèle avec
une clarté absolue une matière
céleste, bien plus réelle que celle
que nous voyons ici-bas. Elle révèle
des espaces divers, une terre et une ville
céleste et « plusieurs demeures
dans la maison de mon Père ». Elle
parle aussi de temps célestes de
siècles des siècles, immenses jours
de la Divinité ; Dieu est même
appelé « le Roi des
éternités » (Basileus
tôn
aiônôn. 1 Tim. I, 17) ; et nulle part
elle ne connaît l'éternité en
dehors du temps, dont parlent des chrétiens,
peut-être induits en erreur par une
traduction inexacte
d'Apocalypse X, 6. Un peu d'attention
suffit à le démontrer,
puisqu'après la trompette du septième
ange, le temps, loin d'être aboli, se montre
dans les mille ans cinq fois
répétés du
chapitre XX ; et que,
même sur la nouvelle terre, l'arbre
de vie produit son fruit chaque
mois. La Bible enseigne donc une nouvelle,
magnifique et éternelle création,
mais Dieu la créera suivant le plan, les
principes et les types de l'ancienne, comme
réalisation d'une parfaite harmonie de la
matière et de l'esprit. Comme l'arbre de vie
du premier paradis était un arbre
véritable, les vêtements blancs des
saints ressuscités seront aussi vrais,
réels et palpables que ceux du Christ sur le
Thabor, ou après sa résurrection, et,
lorsqu'il se montra à son disciple Jean
(Apoc. I, 15) ; et en même
temps, ils sont par une magnifique
expression : la justice des saints.
Remarquons l'accord entre la
première et la dernière page de la
Bible. En cela aussi la Parole se manifeste comme
un tout, une révélation des
éternels décrets de Dieu à
l'égard de la création et de
l'humanité : « Au
commencement Dieu créa les cieux et la
terre ». À la fin Il créera
de nouveaux cieux et une terre nouvelle. Nous
voyons la première arrosée de quatre
fleuves. Sur la seconde un fleuve de cristal sort
du temple. « Il y a donc un fleuve ;
ses ruisseaux réjouissent la ville de Dieu,
le saint lieu des demeures du
Très-haut. »
(Ps. XLVI, 4.) Le premier Eden
possède un arbre de vie, un seul ; il y
en a beaucoup dans le Paradis céleste. Sur
la première terre se trouvent des
montagnes ; la seconde en a une,
élevée au-dessus de toutes les
autres, couronnée par les splendeurs de la
nouvelle Jérusalem (Ezéch. et
Apoc.).
Cependant, les différences aussi
entre la première et la
seconde création sont dignes d'être
remarquées. Le soleil et la lune
éclairaient la première, et
même dans le Paradis terrestre des nuits
succédaient aux jours.
(Gen. III, 8.) De la terre nouvelle
il est dit : « Il n'y aura plus
là de nuit, et ils n'auront point besoin de
lampe, ni de la lumière du soleil, parce que
le Seigneur Dieu les éclairera ».
(Apoc. XXII, 5.) Adam et Eve
étaient nus, symbole et signe d'innocence
primitive. Sur la terre nouvelle les élus
seront revêtus de vêtements blancs,
portant ainsi le signe visible de la justice des
saints, acquise par le sang de Christ. Dans le
premier paradis l'homme demeurait sous les ombrages
d'Eden ; dans le second, il habitera des
demeures magnifiques que Christ est allé
préparer pour nous dans la Ville
éternelle, parée d'or et
resplendissante de gloire. Au premier homme il fut
dit : « Tu ne mangeras pas de
l'arbre de la connaissance du bien et du
mal » ; de la seconde il est
écrit : « Il n'y aura plus
d'interdit ». Or, là où il
n'y a plus de défense il ne saurait y avoir
de transgression. Au centre du premier Eden se
trouvait un formidable
« non » ; dans le second,
tout sera « oui et amen ».
« Et Dieu essuiera toute larme de leurs
yeux, et la mort ne sera plus ; et il n'y aura
plus ni deuil, ni cri, ni travail ; car ce qui
était auparavant, sera
passé ».
(Apoc. XXI, 4.)
Parce que le père du mensonge
veut avant tout nous nier cette nouvelle
création ou tout au moins l'entourer de
brouillards, pour en cacher la
réalité, en voiler la beauté,
et nous ôter l'envie d'y parvenir,
Jésus-Christ, notre
frère, est venu, ressuscité, montrer
à ses disciples ses pieds et ses mains, les
leur faire toucher, et leur déclarer qu'il
était là en chair et en os
(Luc. XXIV, 16-39). Et comme, dans
leur joie, ils ne croyaient point encore, et qu'ils
étaient dans l'étonnement, il leur
dit : Avez-vous ici quelque chose à
manger ? Ils lui présentèrent du
poisson rôti et un rayon de miel. Il en prit
et il mangea devant eux
(Luc XXIV, 41-43). Et
« nous lui serons faits
semblables » ; nous mangerons avec
lui, et à table avec Abraham, Isaac et
Jacob, les fruits de l'arbre de vie
(Apoc. II, 7) et boirons avec lui du
fruit de la vigne
(Luc. XXII, 18), jouissance à
la fois du corps ressuscité et de
l'esprit ; nous en avons déjà
une faible image dans un festin terrestre, avec des
parents et amis bien-aimés.
Fait immense ! incroyable à
l'homme naturel, révélation
étonnante d'une vie éternelle,
inconcevablement réelle, beaucoup plus vraie
que l'illusion des sens et de la matière
qui, depuis la chute, nous enlacent et nous
trompent ; plus vraie surtout qu'une
soi-disant vie éternelle souvent
prêchée, oeuvre toute d'imagination,
composée uniquement de sentiments
édifiants et de jouissances purement
spirituelles. Que ceux qui n'ont pas d'autre ciel
nous disent alors pourquoi la résurrection
du corps ? Laissons-leur leurs idées
vagues et confuses ; ne nous laissons tromper
ni par un rationalisme incrédule, ni par une
fausse théologie qui s'appelle
libérale, ni par un sentimentalisme
religieux malsain ; mais, simplement, comme
des enfants, croyons-en la
Bible ; elle nous dit que le Créateur
qui, au commencement, créa les cieux et la
terre, peut et veut en créer à la fin
de nouveaux ; que Lui, qui planta un jardin en
Eden, peut et veut en planter un second sur la
nouvelle Terre. Ce Dieu d'amour veut rendre
absolument heureux et satisfaits le corps et
l'esprit ; Lui, qui a créé
l'âme qui s'attriste ici-bas de ce que
l'arbre périt, la fleur se fane, la source
tarit et l'homme meurt, peut et veut lui donner un
jour l'arbre qui porte éternellement son
fruit, et dont le feuillage ne se flétrit
jamais
(Ezéch. XLVII, 12), la fleur
qui ne se fane plus, la source qui ne tarit pas, et
la vie qui ne meurt pas. Qui pourrait l'en
empêcher ? Le bras de l'Éternel
est-il raccourci ? Ou notre
incrédulité, notre petite foi, nos
mesquines idées
l'arrêteront-elles ?
Non seulement Dieu créera pour
nous une terre nouvelle, et infiniment meilleure
que celle-ci, « où la justice
habitera »
(2 Pierre III, 13), mais Il nous
transformera nous-mêmes aussi, en corps et en
âme ; et la Parole :
« Celui qui est en Christ est une
nouvelle créature », sera alors
pleinement accomplie. Notre âme,
renouvelée et purifiée,
développera des forces matérielles et
spirituelles dont nous n'avons ici pas
d'idée ; car nous « luirons
comme le soleil ». Elle embrassera d'un
regard d'aigle la nouvelle création, sondera
tous ses mystères - « alors je
connaîtrai à fond, comme aussi j'ai
été connu »
(I Cor. XIII, 12), - jouira de toutes
ses joies, aimera toutes ses créatures; et,
saisie d'adoration, d'une reconnaissance
inexprimable, d'un amour immense
pour Celui qui l'a rachetée, elle entonnera,
avec la grande multitude des bienheureux, et
accompagnée du tonnerre des harpes d'or, le
chant céleste : « A celui qui
est assis sur le trône et à l'Agneau,
la louange, et l'honneur, et la gloire, et la
force, aux siècles des
siècles ! »
(Apoc. V, 13.)
Et la béatitude parfaite, le
bonheur ineffable qui ne laissera plus la
possibilité d'un souhait, « ce
qu'aucun oeil n'a vu, aucune oreille n'a entendu,
ce qui n'est point entré au coeur d'aucun
homme, mais que l'Esprit nous a
révélé », elle en
jouira quand la promesse des promesses sera enfin
accomplie : « Ils verront
Dieu »
(Matth. V, 8.). Voir dans sa
lumière la lumière, et
reconnaître le penser même du
Créateur, et les profondeurs infinies de sa
sagesse, être embrasé du feu ardent
d'un amour éternel, Le connaître comme
il nous connaît, et Le sentir, Tout en tous,
voilà le but, voilà le bonheur,
voilà le ciel.
- « Que tes oeuvres sont
grandes, ô Dieu ! Tu les as toutes
faites avec sagesse ».
- « C'est Toi, qui as
créé toutes choses, et c'est par
Ta volonté qu'elles devinrent et furent
créées. »
- « Jéhova !
Mon Dieu, Tu es très
grand ! »
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