Les Temps Héroïques de
la Croix-Bleue
Mémoires
d'un
Vétéran
À
toi Françoise,
Ma chère petite-fille,
Je dédie ce volume.
Je l'ai écrit aux heures tragiques de
ta maladie et de ton agonie, alors que les
gémissements transperçaient notre
âme comme des pointes
d'épée.
Dans les pages de ce livre, je parle des
victoires de Jésus-Christ sur la puissance
du péché. Le jour viendra où
« toute domination, toute autorité
et toute puissance ayant été
détruite », nous chanterons
ensemble Sa victoire sur la Mort.
Introduction.
Dans mon dernier volume sur les papillons,
(1) j'ai
parlé des merveilles de la nature ;
dans celui-ci, je voudrais raconter celles, plus
extraordinaires encore, que j'eus le
privilège de contempler dans l'ordre de la
grâce. Si, dans le premier, j'ai fait chanter
l'âme d'un vieux collectionneur, dans
celui-ci je désire, comme
vétéran de la Croix-Bleue, entonner
mon plus beau cantique.
Pendant longtemps j'ai gardé ces
souvenirs dans mon coeur, craignant de divulguer
des faits où j'avais dû
forcément jouer un rôle personnel.
Aujourd'hui, j'ai changé d'idée. J'ai
été le témoin de
manifestations divines si remarquables,
l'oeuvre de la Croix-Bleue
en
particulier m'a fait voir tant de miracles de
l'amour de Dieu, que je me sentirais coupable de
les taire. Il faut que les hommes de notre
génération sachent ce que Dieu a fait
hier et ce qu'il serait capable de faire
aujourd'hui et demain, si nous savions mieux nous
attendre à Lui.
C'est donc moins l'histoire de la
Croix-Bleue dans notre pays, que l'histoire de la
Croix-Bleue dans ma propre vie, que je vais
raconter. Elle a été dans mon
ministère « une
démonstration de puissance ».
Aussi voudrais-je apporter ici quelques-uns de mes
souvenirs les plus frappants. J'en oublierai sans
doute et des plus beaux ; comme le
moissonneur, en face d'un sac rempli d'un lourd
froment, se contente d'y plonger la main et d'en
retirer une poignée pour en montrer la
qualité, puisse celle que je vais offrir aux
regards de mes lecteurs, réveiller dans le
coeur de plus d'un le saint désir de tenir
à son tour le soc de la charrue et de
parcourir les plaines de cette terre pour y creuser
de nouveaux sillons !
Dans une première partie, je
raconterai ce que j'ai vu immédiatement
autour de moi, en prenant Moutier où
j'étais pasteur comme centre de mes
observations. Dans une seconde partie, Je
raconterai mes relations avec nos amis catholiques
de la partie nord du Jura bernois ; enfin,
dans une dernière partie, je parlerai de
cette « extrémité de la
terre » qui s'appelle la Légion
étrangère, où je fus le
témoin de si remarquables manifestations de
l'amour de Dieu.
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