Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

INTRODUCTION

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À M. COUESLANT,
avec l'expression de ma reconnaissance pour sa collaboration dévouée, laquelle m'a permis de publier des livres utiles, nécessaires, de l'avis de bien des correspondants; livres qui, autrement et à vues humaines, n'auraient pu paraître.


C'est à la demande d'amis chrétiens que j'ai entrepris de rédiger un récit de la vie de George Müller ; et pour ce travail je me suis surtout servie de l'autobiographie du Centenaire publiée par M. Bergin, mais pas uniquement de ce livre. À notre connaissance, trois ouvrages ont été déjà publiés en français : En 1848, une traduction du premier volume du « RÉCIT
DES DiSPENSATIONS DE DIEU ENVERS G. MÜLLER » ; en 1899, « GEORGE MÜLLER ET SON OEUVRE », par M. le pasteur Challand ; et plus récemment, la traduction faite par M. le Pasteur Lortsch du livre du Docteur Pierson : « GEORGE MÜLLER DE BRISTOL ». Ces trois éditions sont épuisées.

Nous avons consulté pour notre travail plusieurs ouvrages anglais : celui de F.-G. Warne, publié en mars 1898 à Bristol même, et quelques jours après la mort de M. Müller : « G. MÜLLER, THE MODERN APOSTLE OF FAITH » ; celui de Mme Müller publié en 1883 :

« PREACHING TOURS AND MISSIONARY LABOURS or G. MÜLLER OF BRISTOL » ; celui du Dr Pierson paru en 1899 et que nous croyions le dernier : « G. MÜLLER OF BRISTOL ». Nous commencions à prendre des notes ici et là, lorsque par suite d'un arrêt forcé à Bruxelles dû au vol d'un passeport, nous entendîmes parler de L'AUTOBIOGRAPHIE BERGIN, un volume grand format de 736 pages préparé en vue du Centenaire de la naissance de George Müller, et publié en 1905. Cet ouvrage me fut communiqué par M. Norton, directeur de la Mission belge évangélique.

M, F. Bergin [co-directeur des orphelinats de Bristol avec M. Wright, gendre de M. Müller, et qui, à la mort de celui-ci devint directeur] donna ce titre à son livre: AUTOBIOGRAPHY OF GEORGE MULLER OR A MILLION AND A HALF IN ANSWER TO PRAYER (1). Ce gros volume est an abrégé des quatre livres écrits par M. Müller lui-même, auxquels on ajouta le résumé des treize dernières années de sa vie. C'est une transcription pour laquelle l'auteur s'est constamment servi de la rédaction même de G. Müller. Lorsqu'une phrase est ajoutée, elle est placée entre parenthèses.

Dans son Introduction, M. Bergin explique que bien des correspondants demandent toujours soit à II. Wright, soit à lui, les volumes mêmes qu'avait publiés G. Müller sous le titre de RÉCIT DES DISPENSATIONS DE DIEU ENVERS G. MÜLLER. Son travail résume les dits volumes, qu'il ne pouvait publier in extenso ; il espère donc que l'Autobiographie répondra à leurs désirs ».

Ainsi conçue, la rédaction du livre entraînait forcément un long labeur ; et peut-être M. Bergin n'aurait-il pu l'achever sans son fils, le Dr Bergin, missionnaire en Chine, qui revint en Angleterre à cette époque. Avec l'aide de celui-ci, l'Autobiographie fut terminée avant la date du Centenaire, en septembre 1905.
Nous donnons ci-après les quelques lignes de préface que le Dr Pierson, l'auteur de « George Müller of Bristol », écrivit pour le livre de M. Bergin :

« Je crois que c'est Dieu qui a mis au coeur de M. Bergin la préparation de cette Autobiographie du bien-aimé NI. Müller. AUCUNE BIOGRAPHIE, QUEL QU'EN SOIT L'AUTEUR, NE SAURAIT AVOIR LA VALEUR DE, CE QUE M. MÜLLER A ÉCRIT LUI-MÊME. Je suis heureux que M. Bergin ait pensé à préparer ce travail ; je demande à Dieu qu'il soit largement répandu et qu'il vivifie en tous lieux la foi en Celui qui entend la prière. »

Placée devant une grande abondance de matériaux et obligée pour plusieurs raisons (2) de restreindre la longueur du livre relativement restreinte, j'ai essayé de dégager les traits saillants, les choses essentielles, tout en veillant à ne pas fractionner le récit. Comme M. Bergin, j'ai cru devoir nie servir presque uniquement des écrits, récits, commentaires de Müller lui-même ; toutefois, pas exclusivement. Mais quand c'est un autre que lui qui s'exprime, le texte est en caractères plus petits. La majeure partie de cet ouvrage donne donc une traduction des paroles de celui que M. Warne a si justement nommé L'APÔTRE MODERNE DE LA FOI. »

I. BRUNEL.

Le Mont-Dore, août 1925 ; Metz, mai 1926.




LETTRE DE M. BERGIN
(3)

The New Orphan Houses. Ashley Down, Bristol.

14 mai 1926.

Mme Brunel m'a demandé quelques lignes pour LA VIE DE G. MÜLLER qu'elle va faire paraître...
Il y a plus de quatre-vingt-dix ans que le vénéré fondateur des Orphelinats commença l'Oeuvre sous la direction du Saint-Esprit, pour prouver que Dieu est toujours le Dieu vivant, et qu'aujourd'hui comme durant les milliers d'années écoulées, Il entend la prière de ses enfants et aide quiconque met sa confiance en Lui. Il fonda l'Oeuvre (les Orphelinats en s'attendant uniquement à Dieu ; et depuis, des milliers de croyants ont appris par son exemple la leçon de la foi calme et de la confiance.
Aujourd'hui les circonstances ne sont plus les mêmes, mais Dieu, est toujours le même ; et bien que M. Müller soit entré dans son héritage éternel depuis plus de vingt-huit ans, ceux qui lui ont succédé à la tête de l'Oeuvre ont aussi fait l'expérience de la miséricorde divine. Du fait que les conditions ne sont plus aujourd'hui en Angleterre ce qu'elles étaient autrefois, nos Maisons ne sont pas pleines d'orphelins. Nous avons cependant neuf cent vingt-deux chers enfants à élever, et nous regardons à Dieu pour qu'il en envoie davantage, si telle est sa volonté. Nos dépenses ont beaucoup augmenté depuis la grande guerre, mais Dieu a subvenu à tous nos besoins. Durant la dernière année financière, Il nous a envoyé 45.305 livres sterling 5 shellings 6 pence 314 (4), et nous avions une encaisse de £ 6.762, 19 s. 2 p. au moment de la clôture des comptes, ce pourquoi nous louons le Seigneur.

Je crois que Dieu se servira grandement de cet ouvrage pour la gloire de son Nom et pour l'édification de la foi de ses enfants.

WM. M. BERGIN, M. B.,

Directeur honoraire.




PRÉFACE DE M. MÜLLER
QU'IL ÉCRIVIT POUR LE PREMIER VOLUME DU «RÉCIT»
PUBLIÉ EN 1837
(5)

C'est après de longs mois de réflexion, an examen sérieux et prolongé de mes motifs et bien des prières, que je me suis décidé à écrire ce petit ouvrage. Pour aucune des décisions que j'ai été appelé à prendre an service du Seigneur, je n'ai autant prié qu'à ce sujet. Il m'est désagréable d'augmenter le nombre des livres religieux, et cela seul aurait suffi à m'empêcher de publier celui-ci, si je ne chérissais l'espoir d'être, pour mes frères, un instrument qui les conduira à estimer davantage les saintes Écritures et à juger les principes de leurs actions à la lumière de la Parole de Dieu. Mais la raison qui m'a surtout décidé, c'est que je crois, d'après les constatations que j'ai pu faire, que la plupart des épreuves survenant aux chrétiens proviennent de leur manque de confiance en Dieu pour les choses du domaine temporel, ou du fait qu'ils dirigent leurs affaires d'une manière qui n'est pas conforme à ce qu'enseignent les Écritures. À cause de la façon merveilleuse dont Dieu a agi à mon égard dans les choses de cette vie, je me considère comme le débiteur de l'Église de Dieu, et je crois devoir dire, plus particulièrement à mes frères pauvres, comment le Seigneur m'a conduit. Il a déjà béni pour bien des personnes ce que j'ai eu l'occasion de leur dire à ce sujet ; je crois donc bien faire en employant un moyen qui permettra que beaucoup d'autres en aient le bénéfice...

Si, au cours de ce travail, j'ai parlé ouvertement des péchés de mes années sans Dieu, c'est afin que soient magnifiées les richesses de la Grâce dont j'ai été l'objet, moi, misérable pécheur ! J'ai longtemps pesé le pour et le contre de cette confession, sachant bien qu'elle peut m'attirer le mépris. Mais puisque l'objet de ce livre est de souligner la bonté de Dieu, il m'a semblé que je devais dire en quelques mots ce que j'avais été autrefois, afin qu'apparût clairement aussi ce que le Seigneur avait fait pour moi. Il m'a aussi semblé que ceux qui vivent encore dans leurs péchés pourraient voir par mon exemple où conduit la vie que je menais alors, même en ce monde ; et par contre, le bonheur qui est comme lié an service de Dieu : voyant ce que Dieu a fait pour moi, ils seront encouragés à se tourner vers Lui.

J'ai agi en insensé; je m'avilis aux jeux des habitants de Bristol, afin que vous, chers compagnons de péché encore inconvertis qui lirez ces lignes, vous deveniez sages. L'amour de Christ m'a poussé à parler de mes mensonges, de mes vols, de mes fraudes d'autrefois. N'imaginez pas que je sois fou, et que c'est pour cela que j'ai dit tout ce que j'avais dans le coeur ; non, mais si j'ai parlé comme un insensé, c'est par amour pour les âmes. Dieu fasse, dans sa bonté, et pour l'amour de son Fils, que ces pages soient pour vous « en odeur de vie », et que vous viviez.

Si je parle ouvertement de quelques-uns des péchés. et des erreurs dans lesquels je suis tombé après ma conversion, si je publie les exaucements de prière accordés et la façon dont Dieu a subvenu à mes besoins temporels, si je livre certains détails de ma vie de famille et dis le succès que Dieu a accordé à mes travaux, ce n'est pas que j'ignore que ceci est contraire aux coutumes du monde et aux intérêts de ma réputation terrestre ; ce n'est pas que je traite mes fautes à la légère, ni que je veuille me glorifier de l'exaucement accordé à mes prières, non plus que d'avoir été de bien des manières an instrument utile dans l'oeuvre du Seigneur. Non ; mais ce que j'ai écrit je l'ai écrit dans la pensée que cela pourrait être utile à mes frères. Si je mentionne quelques-uns de mes péchés, quelques-unes de mes erreurs, c'est afin que ce qui a été pour moi une perte devienne pour eux un gain. Si je publie les exaucements accordés, c'est pour qu'ils soient encouragés à exposer à Dieu tous leurs besoins. Si j'ai parlé des biens temporels reçus, si j'ai dit avec quelle abondance Dieu avait subvenu à tous mes besoins depuis l'époque de mon départ de Londres an commencement de 1830, c'est afin de les inciter à chercher premièrement le royaume de Dieu et sa justice, dans l'assurance que Dieu leur donnera alors tout ce qui est nécessaire à cette vie terrestre. Si j'ai noté certaines circonstances familiales, c'est pour que les enfants de Dieu soient encouragés à se décharger sur le Père céleste de tous leurs fardeaux, de tous les soucis du foyer. Enfin, si je publie les succès que le Seigneur a accordés à l'activité de son serviteur, c'est pour montrer que lorsque nous réglons notre vie d'après les principes de la Bible, nous avons Dieu polir nous et qu'Il bénit notre prédication pour les âmes.

Si de quelque manière j'ai commis quelque erreur en ce que j'ai écrit (et quel travail d'homme n'est pas entaché d'erreur ?), j'ai erré après avoir longuement prié. En écrivant, j'ai constamment demandé le secours de Dieu. En révisant mon travail, il m'est constamment arrivé de tomber à genoux... Fréquemment, j'ai supplié le Seigneur de bénir mes pauvres efforts pour dire ses louanges ; et, à cause de la joie éprouvée tandis que je priais ainsi, à cause du très sincère examen de mon coeur, je puis dire sans la moindre hésitation que je sais que Dieu bénira ce livre.

George MÜLLER.

Bristol, 5 juillet 1837.


(1) « AUTOBIOGRAPHIE DE G. MÜLLER, OU UN MILLION ET DEMI EN RÉPONSE A LA PRIÈRE. » il s'agit ici de livres sterling, mais cette somme était de beaucoup dépassée lorsque parut l'Autobiographie. 

(2) Des amis m'ont dit Faites un travail plutôt court, du genre de la biographie Spurgeon, on n'a plus le temps de lire » D'autres mont dit : « Si vous écrivez la vie de G. Müller, qu'elle soit complète. » À défaut de toute autre considération la hausse constante des prix d'impression et de toutes choses m'aurait obligée à suivre le premier conseil. Cependant ce travail a une cinquantaine de pages de plus que la biographie de Ch.-H. Spurgeon. 

(3) M. Bergin a bien voulu me prêter, ou m'autoriser à reproduire, les clichés qui ont servi à illustrer cette biographie (I. Brunel). 

(4) 1.132.632 fr. 40, si la livre sterling était au pair. Aujourd'hui, avec le change actuel, cette somme représente à peu près : 6.000.000 de francs. 

(5) La traduction française en fut publiée en 1818. 
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