C'est à la demande d'amis
chrétiens que j'ai entrepris de
rédiger un récit de la vie de George
Müller ; et pour ce travail je me suis surtout
servie de l'autobiographie du Centenaire
publiée par M. Bergin, mais pas uniquement
de ce livre. À notre connaissance, trois
ouvrages ont été déjà
publiés en français : En 1848, une
traduction du premier volume du « RÉCIT
DES DiSPENSATIONS DE DIEU ENVERS
G.
MÜLLER » ; en 1899, « GEORGE
MÜLLER ET SON OEUVRE », par M. le
pasteur Challand ; et plus récemment, la
traduction faite par M. le Pasteur Lortsch du livre
du Docteur Pierson : « GEORGE MÜLLER
DE BRISTOL ». Ces trois éditions
sont épuisées.
Nous avons
consulté
pour notre travail plusieurs ouvrages anglais :
celui de F.-G. Warne, publié en mars 1898
à Bristol même, et quelques jours
après la mort de M. Müller : « G. MÜLLER, THE MODERN APOSTLE OF
FAITH » ; celui de Mme Müller publié
en 1883 :
« PREACHING
TOURS
AND MISSIONARY LABOURS or G. MÜLLER OF
BRISTOL » ; celui du Dr Pierson paru en
1899 et que nous croyions le dernier : « G. MÜLLER OF BRISTOL ».
Nous
commencions à prendre des notes ici et
là, lorsque par suite d'un arrêt
forcé à Bruxelles dû au vol
d'un passeport, nous entendîmes parler de L'AUTOBIOGRAPHIE
BERGIN,
un volume grand format de 736 pages
préparé en vue du Centenaire de la
naissance de George Müller, et publié
en 1905. Cet ouvrage me fut communiqué par
M. Norton, directeur de la Mission belge
évangélique.
M, F. Bergin
[co-directeur
des orphelinats de Bristol avec M. Wright, gendre
de M. Müller, et qui, à la mort de
celui-ci devint directeur] donna ce titre à
son livre: AUTOBIOGRAPHY OF GEORGE MULLER OR A
MILLION AND A HALF IN ANSWER TO PRAYER
(1). Ce
gros
volume est an abrégé des quatre
livres écrits par M. Müller
lui-même, auxquels on ajouta le
résumé des treize dernières
années de sa vie. C'est une transcription
pour laquelle l'auteur s'est constamment servi de
la rédaction même de G. Müller.
Lorsqu'une phrase est ajoutée, elle est
placée entre
parenthèses.
Dans son
Introduction, M.
Bergin explique que bien des correspondants
demandent toujours soit à II. Wright, soit
à lui, les volumes mêmes qu'avait
publiés G. Müller sous le titre de RÉCIT DES DISPENSATIONS DE
DIEU ENVERS
G. MÜLLER. Son travail résume les
dits volumes, qu'il ne pouvait publier in extenso ;
il espère donc que l'Autobiographie
répondra à leurs désirs
».
Ainsi conçue,
la
rédaction du livre entraînait
forcément un long labeur ; et
peut-être M. Bergin n'aurait-il pu l'achever
sans son fils, le Dr Bergin, missionnaire en Chine,
qui revint en Angleterre à cette
époque. Avec l'aide de celui-ci,
l'Autobiographie fut terminée avant la date
du Centenaire, en septembre 1905.
Nous donnons
ci-après
les quelques lignes de préface que le Dr
Pierson, l'auteur de « George Müller of
Bristol », écrivit pour le livre de M.
Bergin :
« Je crois que c'est
Dieu
qui a mis au coeur de M. Bergin la
préparation de cette Autobiographie du
bien-aimé NI. Müller. AUCUNE
BIOGRAPHIE, QUEL QU'EN SOIT L'AUTEUR, NE SAURAIT
AVOIR LA VALEUR DE, CE QUE M. MÜLLER A
ÉCRIT LUI-MÊME. Je suis heureux que M.
Bergin ait pensé à préparer ce
travail ; je demande à Dieu qu'il soit
largement répandu et qu'il vivifie en tous
lieux la foi en Celui qui entend la prière.
»
Placée devant
une
grande abondance de matériaux et
obligée pour plusieurs raisons
(2) de
restreindre la longueur du livre relativement
restreinte, j'ai essayé de dégager
les traits saillants, les choses essentielles, tout
en veillant à ne pas fractionner le
récit. Comme M. Bergin, j'ai cru devoir nie
servir presque uniquement des écrits,
récits, commentaires de Müller
lui-même ; toutefois, pas exclusivement. Mais
quand c'est un autre que lui qui s'exprime, le
texte est en caractères plus petits. La
majeure partie de cet ouvrage donne donc une
traduction des paroles de celui que M. Warne a si
justement nommé L'APÔTRE MODERNE
DE LA FOI. »
I. BRUNEL.
Le Mont-Dore, août 1925 ; Metz, mai 1926.
The New Orphan Houses. Ashley Down,
Bristol.
14 mai 1926.
Mme Brunel
m'a demandé
quelques lignes pour LA VIE DE G. MÜLLER
qu'elle va faire paraître...
Il y a plus
de
quatre-vingt-dix ans que le
vénéré fondateur des
Orphelinats commença l'Oeuvre sous la
direction du Saint-Esprit, pour prouver que Dieu
est toujours le Dieu vivant, et qu'aujourd'hui
comme durant les milliers d'années
écoulées, Il entend la prière
de ses enfants et aide quiconque met sa confiance
en Lui. Il fonda l'Oeuvre (les Orphelinats en
s'attendant uniquement à Dieu ; et depuis,
des milliers de croyants ont appris par son exemple
la leçon de la foi calme et de la
confiance.
Aujourd'hui
les circonstances
ne sont plus les mêmes, mais Dieu, est
toujours le même ; et bien que M. Müller
soit entré dans son héritage
éternel depuis plus de vingt-huit ans, ceux
qui lui ont succédé à la
tête de l'Oeuvre ont aussi fait
l'expérience de la miséricorde
divine. Du fait que les conditions ne sont plus
aujourd'hui en Angleterre ce qu'elles
étaient autrefois, nos Maisons ne sont pas
pleines d'orphelins. Nous avons cependant neuf cent
vingt-deux chers enfants à
élever, et nous regardons à Dieu pour
qu'il en envoie davantage, si telle est sa
volonté. Nos dépenses ont beaucoup
augmenté depuis la grande guerre, mais Dieu
a subvenu à tous nos besoins. Durant la
dernière année financière, Il
nous a envoyé 45.305 livres sterling 5
shellings 6 pence 314 (4), et
nous avions une encaisse
de
£ 6.762, 19 s. 2 p. au moment de la
clôture des comptes, ce pourquoi nous louons
le Seigneur.
Je crois que
Dieu se servira
grandement de cet ouvrage pour la gloire de son Nom
et pour l'édification de la foi de ses
enfants.
WM. M. BERGIN, M. B.,
Directeur honoraire.
C'est après de longs mois de
réflexion, an examen sérieux et
prolongé de mes motifs et bien des
prières, que je me suis décidé
à écrire ce petit ouvrage. Pour
aucune des décisions que j'ai
été appelé à prendre an
service du Seigneur, je n'ai autant prié
qu'à ce sujet. Il m'est
désagréable d'augmenter le nombre des
livres religieux, et cela seul aurait suffi
à m'empêcher de publier celui-ci, si
je ne chérissais l'espoir d'être, pour
mes frères, un instrument qui les conduira
à estimer davantage les saintes
Écritures et à juger les principes de
leurs actions à la lumière de la
Parole de Dieu. Mais la raison qui m'a surtout
décidé, c'est que je crois,
d'après les constatations que j'ai pu faire,
que la plupart des épreuves survenant aux
chrétiens proviennent de leur manque de
confiance en Dieu pour les choses du domaine
temporel, ou du fait qu'ils dirigent leurs affaires
d'une manière qui n'est pas conforme
à ce qu'enseignent les Écritures.
À cause de la façon merveilleuse dont
Dieu a agi à mon égard dans les
choses de cette vie, je me considère comme
le débiteur de l'Église de Dieu, et
je crois devoir dire, plus particulièrement à
mes frères pauvres, comment le Seigneur m'a
conduit. Il a déjà béni pour
bien des personnes ce que j'ai eu l'occasion de
leur dire à ce sujet ; je crois donc bien
faire en employant un moyen qui permettra que
beaucoup d'autres en aient le
bénéfice...
Si, au cours
de ce travail,
j'ai parlé ouvertement des
péchés de mes années sans
Dieu, c'est afin que soient magnifiées les
richesses de la Grâce dont j'ai
été l'objet, moi, misérable
pécheur ! J'ai longtemps pesé le pour
et le contre de cette confession, sachant bien
qu'elle peut m'attirer le mépris. Mais
puisque l'objet de ce livre est de souligner la
bonté de Dieu, il m'a semblé que je
devais dire en quelques mots ce que j'avais
été autrefois, afin qu'apparût
clairement aussi ce que le Seigneur avait fait pour
moi. Il m'a aussi semblé que ceux qui vivent
encore dans leurs péchés pourraient
voir par mon exemple où conduit la vie que
je menais alors, même en ce monde ; et par
contre, le bonheur qui est comme lié an
service de Dieu : voyant ce que Dieu a fait pour
moi, ils seront encouragés à se
tourner vers Lui.
J'ai agi en
insensé;
je m'avilis aux jeux des habitants de Bristol, afin
que vous, chers compagnons de péché
encore inconvertis qui lirez ces lignes, vous
deveniez sages. L'amour de Christ m'a poussé
à parler de mes mensonges, de mes vols, de
mes fraudes d'autrefois. N'imaginez pas que je sois
fou, et que c'est pour cela que j'ai dit tout ce
que j'avais dans le coeur ; non, mais si j'ai
parlé comme un insensé, c'est par
amour pour les âmes. Dieu fasse, dans sa
bonté, et pour l'amour de son Fils, que ces
pages soient pour vous « en odeur de vie
», et que vous viviez.
Si je parle
ouvertement de
quelques-uns des péchés. et des
erreurs dans lesquels je suis tombé
après ma conversion, si je
publie les exaucements de prière
accordés et la façon dont Dieu a
subvenu à mes besoins temporels, si je livre
certains détails de ma vie de famille et dis
le succès que Dieu a accordé à
mes travaux, ce n'est pas que j'ignore que ceci est
contraire aux coutumes du monde et aux
intérêts de ma réputation
terrestre ; ce n'est pas que je traite mes fautes
à la légère, ni que je veuille
me glorifier de l'exaucement accordé
à mes prières, non plus que d'avoir
été de bien des manières an
instrument utile dans l'oeuvre du Seigneur. Non ;
mais ce que j'ai écrit je l'ai écrit
dans la pensée que cela pourrait être
utile à mes frères. Si je mentionne
quelques-uns de mes péchés,
quelques-unes de mes erreurs, c'est afin que ce qui
a été pour moi une perte devienne
pour eux un gain. Si je publie les exaucements
accordés, c'est pour qu'ils soient
encouragés à exposer à Dieu
tous leurs besoins. Si j'ai parlé des biens
temporels reçus, si j'ai dit avec quelle
abondance Dieu avait subvenu à tous mes
besoins depuis l'époque de mon départ
de Londres an commencement de 1830, c'est afin de
les inciter à chercher premièrement
le royaume de Dieu et sa justice, dans l'assurance
que Dieu leur donnera alors tout ce qui est
nécessaire à cette vie terrestre. Si
j'ai noté certaines circonstances
familiales, c'est pour que les enfants de Dieu
soient encouragés à se
décharger sur le Père céleste
de tous leurs fardeaux, de tous les soucis du
foyer. Enfin, si je publie les succès que le
Seigneur a accordés à
l'activité de son serviteur, c'est pour
montrer que lorsque nous réglons notre vie
d'après les principes de la Bible, nous
avons Dieu polir nous et qu'Il bénit notre
prédication pour les
âmes.
Si de quelque
manière
j'ai commis quelque erreur en ce que j'ai
écrit (et quel travail d'homme n'est pas entaché
d'erreur ?), j'ai
erré après avoir longuement
prié. En écrivant, j'ai constamment
demandé le secours de Dieu. En
révisant mon travail, il m'est constamment
arrivé de tomber à genoux...
Fréquemment, j'ai supplié le Seigneur
de bénir mes pauvres efforts pour dire ses
louanges ; et, à cause de la joie
éprouvée tandis que je priais ainsi,
à cause du très sincère examen
de mon coeur, je puis dire sans la moindre
hésitation que je sais que Dieu
bénira ce livre.
George MÜLLER.
Bristol, 5 juillet 1837.
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