Le 15 août 1939, l'auteur de ces
quelques lignes, qui est fier de compter dans les
deux branches de ses ascendants, des Vaudois du
Piémont émigrés pour la foi,
assistait à la Balsille (le Grütli des
Vallées) au 250e anniversaire, de la
« Glorieuse Rentrée »,
cette immortelle anabase d'un peuple
passionnément attaché à son
sol.
En cette émouvante journée,
où plusieurs milliers de Valdesi
s'étaient rassemblés autour des
autorités de leur Église, on voyait
resplendir, sur une banderole de toile blanche qui
traversait la prairie, ces paroles
impérieuses et toniques :
Que rien ne soit plus fort que votre foi !
Et ce mot d'ordre n'émanait pas d'un
pasteur d'un théologien, ou d'un membre de
la Table Vaudoise ; c'était celui
qu'avait autrefois envoyé de Genève,
où il payait de l'exil son amour
opiniâtre de l'indépendance, le simple
montagnard en qui certains ont vu un condottiero
chrétien.
Lorsque s'affirme à travers
l'histoire un caractère de cette trempe, il
a sa place marquée parmi « les
Vainqueurs ». C'est pourquoi,
après Pierre Valdo, après le
Poverello ou Savonarole, Janavel vient
témoigner ici de la, grandeur que veut
atteindre un fils de l'Italie, grandeur qui lui
vaut d'être représenté
largement dans une telle galerie de portraits.
Mais outre le fait que les Vaudois du
Piémont peuvent invoquer des origines
ethniques et spirituelles qu'on doit localiser en
déçu des Alpes, il faut rappeler ici
que Genève n'a cessé d'être
pour eux la Cité du Refuge à laquelle
ils doivent leur langue naturelle, la ville
prédestinée où des vaincus,
apparemment anéantis, ont su préparer
une ardente revanche.
Janavel, autant qu'Henri Arnaud, en est le
vivant exemple.
Lorsqu'après tant d'années de
luttes pour la liberté qui
préfigurent celles des Partisans de
l'époque actuelle, ce Résistant
intégral, ce Banni indomptable dut prendre
le chemin de l'étranger, il ne cessa de
mériter le titre que lui donnèrent
ses amis genevois : Le Capitaine des
Vallées. Et, comme on se plaît
à le souligner ici par ce titre, non
seulement il fut leur rempart au combat mais
encore, dans l'exil, leur stratège et leur
inspirateur.
Aux jeunes qui, nous voulons le croire,
n'ont pas perdu le goût de l'action ni le
sens de l'énergie, aux jeunes qui
écoutèrent aussi ce mot
d'ordre :
Que rien ne soit plus fort que votre foi !
- Josué Janavel apparaîtra, dans
sa calme majesté, sous l'aspect que ses
compatriotes ont exprimé par ces mots :
Le lien de Rora.
Grand capitaine. certes et n'ayant que peu
d'égaux dans l'art douloureux de la guerre
de partisans, Janavel s'impose avant tout comme, un
pasteur de peuple qui, solitaire et recueilli,
reçut de Dieu seul ses consignes.
G.-DG
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