Intermède.
La paix avait été
signée le 18 août 1655. Du 22 au 24,
selon les conventions établies, les Vaudois
levèrent le camp et se dispersèrent.
Chacun regagnant sa demeure, Josué Janavel
retourna solitaire à la sienne.
- Quelle triste chose qu'un foyer
vide ! - songeait le vaillant chef, en ce beau
soir d'été, tandis que son regard
errait sur les lieux familiers mais couverts de
décombres.
Il ne se doutait point qu'à cette
heure même, sur les chemins montagneux que
baigne le soleil couchant, Marguerite, sa fille
aînée et Catherine sa femme, montaient
lentement vers la demeure familiale de
Liorato.
- Le Seigneur est fidèle !
Il nous réunit enfin ! prononça
tout à coup, calme et forte, une voix
féminine.
Et Josué Janavel, tressaillant
d'une joie profonde, voit apparaître sur le
seuil de la maison, la compagne de sa vie. Demain,
son fils, confié, durant la, guerre, aux
mains de quelque ami à Château
Queyras, les rejoindra à son tour ainsi que
Jeanne et Marie ses deux cadettes.
- Que n'avez-vous enduré, mes
bien-aimées murmure le père lorsque,
sobrement et par bribes, sa femme et sa fille lui
content les dramatiques péripéties de
leur emprisonnement.
- Après le massacre de
Rumé, nous avons été
traînées, plus mortes que vives mais
ensemble encore, dans les
souterrains de Luserne. Hélas ! peu
après les soldats nous ont cruellement
séparées : Jeanne et Marie
furent envoyées en service forcé dans
des familles du Piémont pour être
instruites en la foi catholique, Marguerite et
moi-même, avec deux cents autres prisonniers,
nous avons langui des jours et des semaines dans
les prisons du château de Turin...
Marguerite, qui a écouté
sans mot dire et mains jointes, interrompt :
- Grâce à Dieu,
père, nous n'avons pas renié notre
foi. Nos malheureux ministres, Pierre Gros, du
Villar et François Aghit, de Bobbio, eux,
ont été assiégés par
l'Inquisition ; accablés de maux,
terrifiés par les menaces, ils ont dû
céder. Nous les avons vu venir dans nos
cellules pour nous persuader d'abjurer à
notre tour...
Horribles visites ! reprend
Catherine, la voix sourde. Sais-tu bien que le
vénérable Jacques Michelin, de
Bobbio, déjà affaibli par la
torturé, en a été si
bouleversé qu'il est mort peu
après ! Mais, hélas ! quant
prisonniers se sont laissé persuader et le
18 mai, devant la cathédrale, ils ont
abjuré solennellement. Que le Seigneur ait
pitié d'eux !
- Et les autres ? Et
vous-mêmes ? s'exclamâtes
Josué, mâchoire serrée et
poings nouée.
- Beaucoup sont morts à nos
côtés, les jours suivants, des suites
de leurs blessures ou d'inanition. Nous fûmes
seulement trente-sept à sortir des cachots
du château...
- Oh ! père, le navrant
spectacle que notre cortège gagnant
péniblement Pignerol ! Nos hommes
marchaient et nous les femmes étions sur de
pauvres charrettes surveillées par les
soldats. Vingt-trois de ceux qui avaient
abjuré furent autorisés à
cheminer à nos côtés.
Grâce au traité de paix, ils peuvent
reprendre leur foi, et on dit que d'autres, avec
Pierre Gros et François Aghit, se sont
enfuis déjà vers les
Vallées...
- Enfin cet après-midi, le
Modérateur Léger noues a reçus
à Saint-Jean, nous a échangés
contre les moines et les prisonniers faits par les
nôtres, et nous voilà enfin chez
nous !
- Plions le genou devant Dieu, chers
miens, car Sa main, n'a pas été trop
courte pour nous sauver ! s'écrie alors
le chef de famille en ouvrant la vieille Bible au
Psaume 62e,
- Mon âme se repose en paix sur Dieu seul,
C'est de Lui que vient mon salut.
Seul il est mon rocher, mon salut,
Ma haute retraite : je ne chancellerai pas...
Janavel reprit sa vie coutumière. On a
peine à imaginer les impressions et les
sentiments qu'il dut éprouver, lui, paisible
cultivateur, dans son vallon écarté,
à la suite des terribles
événements qui avaient
bouleversé son existence durant les six mois
précédents : d'abord l'abandon
de la maison, l'attente énervante, la
persécution déchaînée,
les massacres, la dispersion des siens ; puis
les quatre mois de guerre, les victoires, les
défaites, la blessure, le répit de
Pinache, la dernière entreprise et, plus
encore, les fatigues excessives, la tension de tout
l'être, bref, la grande et terrible aventure
qui avait fait de lui le sauveur de sa patrie... Et
maintenant, tandis que vibraient encore dans sa
pensée et dans son coeur les échos
de, la farouche épopée, voilà
revenue la paix sereine du foyer, le sourire de la
famille retrouvée, l'humble et fécond
travail des champs ! On peut supposer que son
esprit simple et positif ne s'arrêta
guère aux contrastes exceptionnels de sa
vie ; dans sa prière, il les portait
tout simplement à Dieu.
À son retour au foyer, il avait
trouvé les traces trop visibles du pillage
et de la destruction. Mais peu à peu se cicatrisèrent
les
blessures infligées aux choses Comme aux
gens. La nature, dans son infatigable effort de
renouvellement, effaça les
dégâts commis par les hommes. Un
labeur intelligent et tenace rendit aux champs leur
fécondité. Bientôt, Janavel put
refaire sa situation. Les documents de cette
époque parlent de lui comme du
propriétaire le plus aisé de la
région.
D'autre part, la renommée qu'il
s'était acquise, son jugement sain et
équilibré, son expérience, son
courage, son attitude
désintéressée avaient fait de
lui une personnalité estimée de tous
les Vaudois.
Il fut nommé ancien de son
quartier, c'est-à-dire de sa
circonscription, dans le Consistoire de Rora, en,
remplacement de Jean Gignous Gay dont on a
rappelé le martyre au cours des Pâques
Piémontaises ; c'est ainsi qu'il put
remplir l'utile mission spirituelle et sociale qui
correspondait à cette charge.
Délégué de sa paroisse
à plusieurs synodes de l'Eglise, notamment
à celui de la Tour, il figurera parmi les
signataires d'une pétition au Roi
d'Angleterre où l'on sollicitait la
continuation d'un subside auparavant accordé
par Cromwell. (1).
Le 3 juin 1657, il fut appelé
à faire partie de la
délégation vaudoise qui devait mener
à terme la laborieuse procédure
tendant à la séparation des communes
de Saint-Jean et de Luserne. Jusqu'en 1655, la
première avait été unie
à la seconde ; or, l'expulsion des
Vaudois du territoire de Luserne et la brutale
séparation topographique des confessions
religieuses, exigée par les Patentes de
Pignerol, devaient avoir comme conséquence
leur disjonction administrative. Bien qu'on n'ait
pas été long à se mettre
d'accord sur le principe, un obstacle surgit au
sujet de l'attribution des parcelles du quartier
des Vignes ; situées en entier sur le
territoire de Luserne, elles auraient dû
topographiquement lui appartenir
et conséquemment les Vaudois être
expulsés ; d'autre part, étant
entièrement habitées par des Vaudois,
elles auraient dû logiquement être
rattachées à Saint-Jean. Le premier
point de vue était naturellement soutenu par
les délégués
catholiques ; le second par les Vaudois. Ces
derniers emportèrent la décision et
Janavel n'y fut pas étranger.
Enfin, en 1658, le propriétaire
de Liorato fit partie, comme représentant de
Rora, de la commission qui conclut l'achat, dans le
bourg de la Tour, d'une Maison des Vallées.
Cet immeuble devait être le siège de
l'administration de l'Eglise et de
l'« école générale
pour l'instruction moyenne des Vaudois
cultivés » et d'autres
institutions. Il fut utilisé plus ou moins
régulièrement jusqu'en 1686. L'acte
d'achat, daté du 3 août de cette
année-là, porte, entre autres, sa
signature.
Mais l'influence dont il jouissait parmi
les Vaudois devait tout naturellement le
désigner pour résoudre des questions
autrement plus difficiles ; elle l'arracheront
une fois encore à la vie paisible de son
vallon et l'entraîneront à de plus
dramatiques aventures...
L'inévitable reprise des
hostilités.
Car en dépit de tout, les
Patentes de Grâce de Pignerol n'avaient pas
apporté la paix aux Vaudois. Leurs
irréductibles adversaires ne pouvaient
consentir à ce qu'ils reprissent
régulièrement l'exercice d'une foi
détestée. Des circonstances
favorables à leur désir autant que
leur puissance et leur habileté, les
poussèrent à entreprendre une
nouvelle campagne.
Par leur forme équivoque,
certaines clauses de ces Patentes pouvaient
être interprétées au
préjudice des Vaudois, et c'est ainsi qu'on
s'efforça de les appliquer ; d'autres, accordées
à
contre-coeur, furent plus ou moins ouvertement
violées ou même complètement
oubliées. Un mémoire,
présenté ; par les Vaudois au
Duc, le 22 avril 1662, contient une longue liste
d'actes injustes et vexatoires accomplis contre eux
en violation des articles du pacte, actes tels que
restrictions intolérables à
l'exercice de leur culte, spécialement
à la Tour et à Saint-Jean,
limitations humiliantes, souvent offensantes, aux
activités civiles les plus modestes,
entraves continuelles au cours normal de la vie, et
bien d'autres !
Plus encore, en dépit des
assurances formelles prodiguées par les
représentants du Duc à la
conférence de Pignerol, la reconstruction du
fort de la Tour fut immédiatement entreprise
sur la colline qui domine le bourg ; la
garnison y était à peine
établie - c'était vers la fin de 1656
-, qu'elle se mit à tourmenter la population
des alentours par de fréquentes vexations et
d'inutiles cruautés. Léger cite
dix-sept cas de violences injustifiables, des vols
et pillages de produits agricoles, des ruines, des
destructions, des tortures, des homicides. Et quand
les victimes s'adressaient au noble gouverneur du
Fort, M. de Senantes, pour obtenir de lui justice
et protection, on leur répondait par des
moqueries et des affronts.
De plus, les Vaudois qui contraints
d'abandonner les territoires de Luserne et des
communes de la plaine, se préparaient
à céder leurs biens à des
catholiques, étaient obligés de les
vendre à la hâte et à des prix
dérisoires, ou même de les abandonner
sans nulle compensation. Les autorités,
sourdes à leurs prières et à
leurs protestations, les livraient à
l'arbitraire des violents : c'était les
condamner à la misère.
Enfin, à cette longue suite de
calamités, s'ajoutèrent deux
questions particulières se rapportant
personnellement au Modérateur Léger
et à ses collaborateurs, en tant que chefs
du peuple et de l'Église Vaudoise. Janavel
aussi y fut impliqué.
Léger, comme pasteur de Saint-Jean, crut
pouvoir profiter de la nouvelle paix pour reprendre
ses fonctions ecclésiastiques dans sa
paroisse, le Consistoire et tout le peuple
étant entièrement en sa faveur ;
mais contre lui, surgirent, du côté
adverse, chicanes et provocations. D'autre part, ce
conducteur spirituel qui avait
Présidé à la distribution des
subsides accordés aux Vaudois par leurs
grands amis et protecteurs de l'étranger,
fut accusé par des calomniateurs d'avoir
usé de ces fonds pour des
intérêts personnels, ou de s'en
être servi dans d'autres buts illicites.
D'où recours, enquêtes, contestations
pénibles dans lesquelles furent
impliqués d'autres Vaudois coupables ou non.
En fin de compte, on apprit l'inique condamnation
à mort de Léger et de ses
collaborateurs. Dans cet amas d'injustices, de
calomnies, d'accusations sans cesse renaissantes,
comment ne pas discerner l'effort tenace d'une
volonté mauvaise ayant constamment pour
objet la totale destruction du peuple
vaudois ?
Naturellement bien des
persécutés recoururent aux conseils
et à l'aide de Josué Janavel,
considéré comme le défenseur
et le libérateur de son peuple. Il avait
suivi avec une attention passionnée le
développement de cette vaste et louche
entreprise. Tout lui faisait prévoir la
renaissante des luttes antérieures.
Janavel n'aimait pas la guerre. Sa vie
était celle de l'agriculteur, la vie sereine
et vigoureuse qu'on poursuit en face de la nature.
Ses sentiments étaient ceux du
chrétien : la confiance en Dieu, la
solidarité avec le prochain. D'autre part,
il n'avait nullement le caractère d'un
rebelle. Comme tout Vaudois, il était
respectueux des lois et des institutions de
l'État, dévoué au duc de
Savoie, son souverain. Plus tard, dans ses
Instructions, il définira ainsi son attitude
de citoyen :
« Vous voulez plutôt
perdre tous la vie que d'abandonner votre
souverain...
Il sera défendu à tous
indifféremment de mal parler ni murmurer
contre leur souverain, prince... Au contraire, il
faut, prier Dieu qu'il lui donne de bonnes
pensées envers ses sujets et fidèles
serviteurs... ».
Mais il y avait en lui quelque chose de
supérieur au désir de la paix, au
respect des lois, au loyal service du
souverain : c'était le droit de la
conscience religieuse, le devoir de professer la
foi évangélique, le salut du peuple
en vue de l'accomplissement de sa mission
spirituelle. Tous ces éléments
d'inestimable valeur se trouvaient en péril.
Les cris de douleur de ses coreligionnaires lui
parvenaient comme une pathétique
imploration. Les sacrifices du passé
n'exigeaient-ils pas qu'on reprît les armes
pour obtenir enfin une paix juste, sûre,
véritable ? Comment les violences des
adversaires et les souffrances de ses compatriotes
n'auraient-elles pas réveillé en lui
les émotions assoupies, les bouillants
souvenirs des luttes et des victoires ?
À présent, tout cela se transformait
en appels à l'action.
Irrésistiblement et presque malgré
lui, Janavel s'érigea en protecteur des
opprimés, en justicier des torts, en
défenseur des droits les plus sacrés
de son peuple.
La lutte se
rallume.
Ce ne fut pas sous l'effet d'une
impulsion subite que naquit en lui la pensée
d'engager à nouveau l'action. Non, elle
mûrit peu, à peu ; grâce au
lent travail de l'esprit. Sitôt
octroyées les Patentes de Grâce, il
eut l'intuition que la lutte reprendrait
inévitablement. Rien n'était donc
plus nécessaire que de s'y préparer.
Un document intéressant nous le
prouve : c'est la déposition d'un
fondeur de Pignerol qui, le 26 mars 1656, atteste
qu'il avait coulé puis remis à
Janavel six arquebuses analogues à celles
dont l'efficacité s'était
avérée durant la guerre de 1655. Des
témoignages analogues
s'appliquent à l'achat d'autres armes telles
que, fusils, couteaux, poignards et tout autant
à des provisions de blé où
d'aliments divers, comme si, dès cette
époque, on prévoyait la
nécessité d'assurer la subsistance de
la population en vue d'une entreprise possible.
C'est dans le courant de l'automne 1658, qu'on
vit se déclencher la lutte. Quelques
vexations sans importance, mais témoignant
d'une criante injustice, devaient être la
goutte qui fait déborder le vase.
En voici des exemples :
Une famille Bastie, établie dans
la campagne de Bricherasio, est obligée de
céder ses vignes au fisc à un prix
dérisoire : aussitôt, à
titre d'avertissement et de punition, Janavel les
fait arracher. Une veuve, Félician, de
Lusernette, est injustement expulsée de son
habitation par un prétendu créancier
qui, tout simplement, s'installe à sa
place : dans la nuit du 25 novembre, Janavel
fait piller la maison de l'usurpateur. Quelques,
jours plus tard, un de ses compagnons, Philippe
Costafort, qui a participé au pillage, est
reconnu à Luserne ; aussitôt il
est arrêté et enfermé dans les
souterrains du palais des comtes : Janavel
décide de le délivrer ; il
mène à bien l'entreprise avec cette
résolution, cette rapidité, cette
adresse, qui sont la caractéristique de son
Style. La nuit du 8 décembre, après
avoir réuni une centaine d'hommes
armés, tous compagnons fidèles qui
se, sont mis à sa disposition pour ces
opérations-là, il entrera
silencieusement dans le. bourg, entourera le
palais, en bloquera toutes les sorties.
Bientôt quelques hommes, franchiront
l'enceinte de la ferme au moyen d'une
échelle et pénétreront jardin.
Puis, à grands coups, ils commenceront
à démolir le portail.
Réveillés en sursaut, les domestiques
sont saisis de terreur. Le jeune comte
Amédée Manfredi et la marquise
mère paraissent à la fenêtre du
premier étage et cherchent à calmer
les assaillants. Ceux-ci annoncent leur intention
d'ouvrir la porte,
même à défaut des clefs. Leurs
rudes coups retentissent dans l'ombre et personne
n'ose intervenir. Les soldats de la garnison
restent prudemment tapis. Pour lors, faisant
irruption dans le souterrain, les Vaudois
délivrent Costafort et disparaissent dans la
nuit.
Naturellement, pour ce haut fait,
Janavel fut invité à se
présenter devant le tribunal de Turin. Il ne
s'y rendit pas. On l'accusa d'autres crimes, vrais
ou supposés. Cité derechef, il
s'abstint de répondre. Aussi fut-il mis
à ban et condamné à
mort.
D'autres de ses compatriotes se
trouvaient déjà dans la même
condition : cités au tribunal pour des
actes de légitime défense ou de
résistance aux pouvoirs établis, ils
ne s'étaient pas non plus
présentés et avaient
été condamnés, par contumace,
aux galères ou à la mort.
Spontanément, ils se
groupèrent autour de Janavel leur chef et
furent dès lors appelés les
Bannis.
Ce devait être désormais la
tâche des soldats ducaux en garnison à
Luserne et à la Tour que de donner la chasse
à ces rebelles auxquels la population
marquait au contraire toutes ses sympathies, car,
reconnaissant en eux les victimes d'accusations
iniques, elle les considérait comme les
défenseurs et protecteurs naturels des
persécutés. Aussi se sentant
solidaire, cherchait-elle à les aider et
leur faciliter la vie. Mais la troupe
réagissait brutalement contre une telle
attitude ; sous prétexte de rechercher
les coupables et de refréner toute
connivence, elle pénétrait dans les
demeures pour exercer continuellement des
vexations, voire des sévices. Il en
résultait des protestations, des
résistances et des condamnations nouvelles.
Sans l'avouer ouvertement, on entendait acculer les
Vaudois à la révolte.
À ce moment, le gouvernement
ducal, par un édit solennel qui aurait
dû être un instrument de pacification, sanctionna
officiellement de
telles injustices, et de la sorte, poussa à
la guerre ses sujets des Vallées :
« Informés que dans la vallée de Luserne... les Bannis catalogués et scélérats de la dite vallée sont publiquement tolérés et abrités... et au mépris de la justice, sont également soutenus par les particuliers des mêmes lieux, lesquels publiquement conversent avec les dits bannis et scélérats, les fréquentant librement, par les présentes, de nôtre sûre science et pleine puissance et autorité, ayant ouï notre Conseil... nous mandons et expressément ordonnons aux communautés, lieux et hommes de la dite Vallée de Luserne de ne plus donner asile aux susdits bannis fameux et autres scélérats, qui vont en troupe, armés, et particulièrement Josué Janavel, Esaïe Fina, Philippe Costafort, Jean Grass, Barthélemy Bellin, Jean et Marc, frères Vachier ! ou Imberti ; mais, au contraire, de sonner cloche et marteau dès que les dits scélérats ou l'un d'eux comparaîtront, afin de les prendre et de les remettre ensuite à la justice morts ou vivants, sous peine de trois mille écus... En outre, pour mieux stimuler chacun à l'observance de nos ordres, au zèle pour la justice et au bénéfice du public, nous promettons en foi et parole de Prince, à quiconque présentera à la justice les susnommés ou l'un d'eux, la somme de trois cents ducats qui seront payés immédiatement au comptant... Délivré à Turin le 25 janvier 1661.
« Signé : Charles-Emmanuel ».
Ainsi, pour la deuxième fois, et dans les
mêmes conditions, Josué Janavel se
trouvait, sans le vouloir, considéré
comme ennemi de l'État et par ces moyens
extrêmes, on l'obligeait à se faire
corps et âme le défenseur de son
peuple.
Durant cette période, sa maison
des champs à Liorato devint naturellement le
centre des « Bannis ». Les
petites chambres basses et fumeuses, les murs
brunis par le temps, le balcon
délabré qui conservent, les traces de
multiples aventures, évoquent encore ces
jours d'agitation, d'angoisses et de luttes.
Catherine Janavel, femme entendue et vigilante,
tenait le ménage et entourait de soins
affectueux son mari, qui, à l'ordinaire
énergique et plein d'ardeur, connaissait
parfois la fatigue et le découragement. Le
garçonnet animait la maison de sa
juvénile gaîté et les filles,
mariées à des jeunes gens de familles
estimées (Marguerite à
Barthélemy Marauda, de Saint-Jean ;
Maria à Étienne Bonnet,
d'Angrogne ; Jeanne à Jean Muston, dit
le Manchot, l'un des plus fidèles et
vaillants soutiens des proscrits) ne laissaient pas
d'entourer leur père de leur respectueuse
tendresse. Aux alentours, dans les granges et les
écuries, étaient cantonnés les
« Bannis », qui, à
présent, atteignaient la centaine. Janavel
réunissait, dans la sombre cuisine, ses
collaborateurs les plus immédiats, ses
frères Jacques et Joseph, son
beau-frère Garnier, son gendre Muston, son
très fidèle lieutenant Étienne
Revel et encore Jean Bellin, de la Tour, Jean
Grass, de Bobbio, tous, sauf ses deux
frères, « bannis » et
condamnés à mort, pour avoir
résisté à l'oppression et
hardiment défendu leurs frères
persécutés. Et surtout pour avoir
voulu conserver intacte à liberté de
conscience ! Ils pourvoyaient ensemble aux
nécessités communes, à la
défense contre d'éventuelles
attaques. Contre la population, on ne les voyait
commettre aucun acte de violence ; ils
n'intervenaient que pour défendre les
faibles, résister à l'injustice et
rétablir le droit.
De cette époque date la grotte
ménagée dans le fond de la maison de
Liorato à la hauteur de la cave. C'est une
anfractuosité d'un peu moins d'un
mètre de hauteur, creusée dans la roche
vive, d'abord en ligne droite, puis tournant
à gauche et continuant sur une longueur de
quelques mètres en se
rétrécissant graduellement. À
l'angle se trouve, gravé dans la pierre,
l'inscription W. G. G. 1660 c'est-à-dire, en
italien, Viva Giosué Gianavello. Janavel
voulait probablement continuer à creuser
plus loin ce souterrain pour le faire
déboucher dans le vallon et s'assurer ainsi
une issue en cas de surprise. Il en fut
empêché par les
événements.
Telle qu'elle était, cette grotte
constituait un excellent refuge. Le visiteur n'a
pas de peine à évoquer ici, le vivant
souvenir du défenseur des Vaudois.
Jusqu'alors, les soldats ennemis
n'avaient pas osé relancer les
« Bannis »
réfugiés dans leurs montagnes. Mais,
le 12 février 1662, à la suite d'un
nouvel édit de condamnation, un officier
supérieur, le comte de Saint-George, arriva
à Luserne avec des troupes de cavalerie et
d'infanterie appartenant à la garde
ducale ; il avait pour mission
d'exécuter les ordres s'appliquant aux
rebelles. Le 17 février, après avoir
saccagé, à Saint-Jean, la maison
abandonnée du Modérateur
Léger, banni lui aussi et condamné
à mort, il monta jusqu'au quartier des
Vignes, pour y attaquer la maison de Janavel.
À coups de fusil, il en fut repoussé.
Intervenu une seconde fois avec des forces
écrasantes, il réussit à
pénétrer dans le vallon, força
les « Bannis » à la
retraite, livra au pillage maisons et champs ne
laissant derrière lui que la
désolation.
La vie dangereuse et
préservée des
« Bannis ».
Force était à Janavel et
aux siens, de fuir l'ennemi. Ils se
réfugièrent d'abord dans les gorges
sauvages du vallon des
« Bannis » dont le nom - il
convient de le remarquer - remonte à une
époque bien antérieure. De sa
maisonnette, Janavel avait pu observer cette combe
étroite et escarpée qui, d'une
crête surplombant le vide, semble choir dans
un précipice ; les pentes rapides, les
ravins encaissés étaient recouverts
de châtaigniers et de hêtres touffus.
Un profond silence enveloppait ces lieux
austères que la voix grave du torrent
rendait plus impressionnants encore. Ce fut pour
les persécutés un refuge vraiment
providentiel.
Sous Rocca Boudet (cime qui domine le
nord du vallon), le village de Tribolet est
formé de vieilles maisons serrées les
unes contre les autres, sur, la pente abrupte,
comme pour se défendre du choc des
tempêtes. C'est là qu'à
certains moments les « Bannis »
établirent leur quartier
général, là qu'ils
conduisaient les prisonniers et rassemblaient leur
butin. Un curieux document de l'époque
signale qu'ils se réunirent
précisément dans ce village, le 11
juin 1663, après le pillage de
Luserne : sur un pré voisin
étaient entassés
pêle-mêle les cloches enlevées,
aux églises, les objets et parements, tant
sacrés que profanes, les ustensiles de
cuisine, les instruments de travail qu'on avait
dérobés. Dans le ravin creusé
de l'autre côté du vallon, sous les
rochers de Rocca Bera, se trouve le village de
Bera, qui fut aussi un refuge pour les compagnons
de Janavel. Au delà du lieu dit
« Bric des Bannis », qui
s'arrondit à l'ouest, on peut voir deux
autres refuges, dont l'un est une cavité
creusée sous un rocher en surplomb, vrai nid
sauvage où
subsistent les débris d'un mur de soutien
(c'est la « Balme des Bannis »)
et l'autre, à peu de distance, est
constitué par un étroit orifice dans
le rocher appelé le « Pertuis des
Bannis ». Selon la tradition, c'est
là qu'on se cachait au moment du danger.
Dans la solitude sévère de ces gorges
boisées, les pauvres gens retrouvaient enfin
quelque sécurité !
Mais ils purent également se
réfugier dans une région plus
ouverte, plus riante, la haute-vallée du
Pellice qui, exclusivement habitée par les
Vaudois, était pour les proscrits un nouvel
asile. On y. arrivait sans peine et sans retard, en
traversant la crête boisée qui
sépare les deux vallées. Ils
s'établirent plus spécialement au
Villar, de sorte qu'entre le refuge du vallon des
Bannis et celui du Villar s'établirent, par
les sentiers de montagne, des rapports et
échanges quotidiens..
La Magna
Gianna.
Au Villar, Janavel possédait une
admiratrice, une amie sûre qui devait
être pour lui et ses amis une vraie
providence, C'était la vieille Jeanne
Charmis, veuve Coïsson, populairement connue
sous le nom de Magna Gianna (la tante Jeanne) du
Villar. Figure vraiment caractéristique de
femme vaudoise de ces temps orageux, elle comptait
une soixantaine d'années ; les
documents contemporains nous la représentent
comme une femme saine et robuste, qui gérait
avec intelligence et habileté ses biens
personnels et ceux hérités de son
mari ; de plus, elle était
l'accueillante propriétaire d'une petite
auberge où l'aidaient sa fille Judith et son
gendre Jacques Pellegrin. À l'époque
des Pâques Piémontaises ; elle
avait assisté à de vraies
atrocités : sa soeur massacrée
avec ses sept enfants, son frère exterminé lui
aussi et son
neveu Jean Ronc, le pieux instituteur de Rora,
torturé jusqu'à la mort, tandis que
sa femme, enfermée dans les prisons de
Luserne, donnait le jour à un enfant
immédiatement baptisé catholique. Que
de catastrophes, hélas communes aux familles
vaudoises de ce temps Magna Gianna n'avait dû
son salut qu'à la fuite. Ces terribles
événements avaient renforcé
chez elle les sentiments de fidélité
à la' cause vaudoise. Sensiblement plus
âgée que Janavel, elle avait pour lui
une admiration profonde et dévouée,
et de toute son âme soutenait son action.
Elle lui avait donc cédé l'usage de
sa maison paternelle, au village du Charmis,
situé non loin du Villar. Elle offrait en
outre à tous les
« Bannis » la cordiale
hospitalité de son auberge.
Celle-ci se trouvait au nord de la
place, entre le presbytère et l'ancien four
communal aujourd'hui disparu. Du côté
opposé se profilaient les ruines du vieux
palais de Casapiana, transformé en couvent
et détruit par le feu en 1653. Les passants
qui montaient et descendaient la vallée, les
ouvriers de la forge située au bord du canal
voisin, les commerçants qui, du
Dauphiné, s'acheminaient au marché de
Luserne ; faisaient naturellement une halte
chez Magna Gianna ; et tandis qu'ils buvaient
un verre de vin ou consommaient un repas frugal,
ils voyaient des groupes de
« Bannis » aller et venir,
s'arrêter, s'entretenir comme s'ils
étaient chez eux. Plus tard, les
autorités militaires recueillirent à
ce sujet de curieux témoignages qui ont
toute la saveur d'une chronique villageoise. Les
« Bannis » étaient tous
armés, mais ils circulaient paisiblement
sans causer d'ennui à personne. Janavel
également, passait de temps en temps avec
ses plus fidèles compagnons :
Étienne Revel, Esaïe Fina, Jean Bellin
ou Joseph Janavel, son frère. Quelquefois,
des blessés étaient amenés
après une escarmouche et trouvaient
là accueil cordial et soins empressés. On se
plaît à imaginer, dans ce milieu
vivant, la vaillante hôtesse allant de table
en table, gaie, un brin bavarde, mais active au
service et s'approchant de quelques
« Bannis » nouvellement
arrivés pour leur témoigner son
intérêt :
- Quelles nouvelles aujourd'hui ?
interroge-t-elle.
Et, le frère du chef, de
répondre avec fougue :
- Josué a remis en liberté
les paysans de Bricherasio, qu'Esaïe Fina
avait arrêtés et il leur a même
fait rendre leurs quatre paires de
boeufs !
- Vrai ?
- Oui, oui ! Pas de violence
injuste, pas d'inutiles vexations ! a-t-il
dit. Quand nos hommes ont pris à Lydie
Martina, de Lusernette, dix lires d'argent,
Josué les a restituées de suite,
tandis qu'au village des Chabriols deux passants,
privés de leurs vêtements, ont
été fort surpris de voir revenir leur
bien !
- Ah ! notre Josué,
s'exclame l'hôtesse en hochant la tête,
en sus du courage, il a le sens de la
justice ! Mais tenez, le voici en
personne ! Entrez, capitaine,
entrez !
Sur la porte se profile la solide
carrure de Janavel. De suite, un mouvement se
produit dans la salle de l'auberge, un
échange empressé de salutations, de
récits, de nouvelles, puis les hommes se
groupent autour des pots de vin
Magna Gianna les suit de son regard
maternel.
Il peut paraître étrange
que, dans un lieu considéré par
l'État comme un nid de rebelles, la vie
pût continuer aussi calme et paisible. On se
l'explique par le fait que les autorités et
la troupe ne se hasardaient pas volontiers dans des
centres purement vaudois où la nature
même leur semblait contraire ; les
« Bannis » circulaient
librement depuis le haut de la vallée
jusqu'aux environs de Luserne et de la Tour, plus
rarement dans les bourgs. La population leur
était unanimement favorable et faisait avec eux
cause commune. De leur
côté, les
« Bannis » s'abstenaient de
tout acte pouvant troubler l'ordre public ou nuire
à la propriété privée.
C'est avec une grande sérénité
qu'étaient accueillis les édits
ducaux les menaçant des pires condamnations.
Ainsi, toujours davantage, par la faute d'ordres
injustes dû à un mauvais gouvernement,
se prolongeait dans ces hautes vallées la
situation dangereusement anormale d'un territoire
considéré comme hors la loi,
c'est-à-dire comme hors du contrôle de
l'État et dans lequel, néanmoins,
l'existence civile et sociale était
pratiquement normale, grâce au sens
spontané d'ordre et de discipline des
habitants. Par consentement mutuel des deux
parties, les chocs étaient pour l'heure
évités.
Janavel continuait de séjourner
dans le riant village du Charmis, à l'ombre
de magnifiques châtaigniers. La maisonnette
qu'il habitait se trouvait au centre du village,
entre le four public et le petit temple que
remplace aujourd'hui un bâtiment
d'école. De là il dirigeait et
réglait les faits et gestes des
« Bannis » et veillait sur le
sort de son peuple. Souvent on le voyait circuler
dans la vallée. Accompagne comme il
l'était par des groupes de coreligionnaires,
entouré par la sympathie de la population,
il se sentait en pleine sécurité. On
le voyait, armé de son infaillible arquebuse
et un large couteau passé à la
ceinture, parcourir librement campagnes et
villages, traverser la Tour à brève
distance du Fort, franchir la plaine de Saint-Jean,
et même visiter le marché de Luserne.
Personne n'aurait osé toucher à lui.
Même les soldats de la garnison, même
ses adversaires les plus acharnés lui
marquaient un prodigieux respect. Le dimanche, avec
quelques camarades, il se rendait au culte,
tantôt dans un lieu, tantôt dans un
autre. Des témoignages du temps nous
rapportent qu'il fréquentait souvent le
temple des Coppiers, à la portée de fusil du fort
de la Tour.
Quelques sentinelles étaient placées.
aux abords, d'autres montaient sur le toit de
l'église pour éviter les surprises.
En ce rustique sanctuaire, le capitaine et ses
compagnons s'unissaient aux fidèles dans la
méditation de la Parole de Dieu, dans la
prière et dans le chant des psaumes qui
étaient les seuls hymnes des Églises
vaudoises. Plus leur vie était
irrégulière et dangereuse, plus ils
sentaient pour l'accomplissement de leur
tâche le besoin d'une forée divine.
Leur condition de « Bannis »
n'en tachait en rien leur conscience religieuse ni
n'altérait leur personnalité morale.
Ils se considéraient non comme des rebelles,
mais comme des soldats au service de la plus noble
cause, celle du salut de leur Église et de
leur peuple.
Janavel veillait constamment à la
rectitude de leurs actes, afin que leur action se
maintînt pure et sans tache. Il entendait que
toute vexation ou violence en fût exclue.
Mais s'il se montrait exigeant en matière
d'ordre et de discipline, il était d'autant
plus inflexible à l'égard de tout
acte d'injustice ou de violence commis contre les
Vaudois et il reprenait sévèrement
les tentatives de lâcheté ou de
trahison, considérant ces actes non, comme
des torts faits à l'individu, mais comme des
crimes contre la communauté.
L'élément essentiel pour gagner la
bataille était la solidarité entre
Vaudois. Un pour tous, tous pour un, à cette
condition seulement on pourrait atteindre le
but !
Un épisode caractéristique
de cette époque nous a été
transmis par la tradition. Janavel
fréquentait, de temps à autre, le
petit temple de la bourgade de Bouïsse
située près de la Tour, temple
remplacé aujourd'hui, comme au Charmis, par
un édifice scolaire. Dans la maison voisine
habitait alors un armurier vaudois, nommé
David Oudry qui du fait de son métier se
trouvait en rapport avec M. de Coudré, le
commandant du fort ; Oudry céda aux requêtes
de ce dernier qui
le pressa de l'avertir, lorsque Janavel se rendrait
au culte, car il comptait bien ainsi le surprendre
et l'arrêter. Peut-être Oudry
croyait-il de bonne, foi que la disparition du
fameux capitaine contribuerait à la
pacification générale;
peut-être obéissait-il à des
intérêts personnels plus
vulgaires.
Quoiqu'il en soit, le dimanche 7 mai
1662, voyant Janavel entrer dans le temple avec une
trentaine de ses compagnons, il monta sur le toit
de sa maison pour y étendre un drap blanc,
ce qui était le signal convenu, signal
clairement visible du fort. Mais, averti de la
trahison, Janavel, au lieu d'entrer au temple avec
les autres, s'était caché dans une
vigne voisine. De là, au moment où le
traître déployait son drap, il le
foudroya d'un coup d'arquebuse. Oudry,
frappé à mort, roula du toit dans la
cour de sa maison. Les «Bannis»
accoururent sur les lieux et enfoncèrent la
porte pour rechercher le fils du coupable, jeune
homme de vingt-deux ans, son complice,
astucieusement caché dans la paille de la
grange. Toutefois ils ne réussirent pas
à le trouver et s'éloignèrent
rapidement vers le Villar.
Douloureuses expériences que ces
échauffourées et manifestations d'un
état anormal qui ne pouvait manquer de
ramener à la longue une pénible
tension dans toute la vie d'un peuple A plusieurs
reprises, les Vaudois avaient
présenté au gouvernement ducal des
mémoires et des suppliques exposant les
violations continuelles des pactes, les injustices,
les torts dont ils étaient victimes et
réclamant sans relâche un
régime d'équité et de
bienveillance. Toujours en vain ! Nulle
réponse, nul espoir. Au commencement de
1663, les cantons protestants de la Suisse
intercédèrent encore pour eux,
demandant, une fois de plus, la grâce des
« Bannis», le pardon
général et le rétablissement
intégral du pacte. Une fois de plus aussi,
tout échoua.
Le Duc répondit qu'il exigeait,
comme condition préalable à la
pacification, la remise des « Bannis »
déclarant que « la punition de ces
scélérats serait conforme à
leurs crimes et ne serait pas moins un service
rendu à sa personne qu'à la justice,
au public et aux Vallées mêmes
».
Tout espoir d'une solution
équitable semblait entièrement exclu.
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