Sermons et
Méditations
Mon secours.
POUR LE JOUR DE L'AN.
J'élève mes yeux
vers les montagnes d'où me viendra le
secours. Mon secours vient de l'Éternel qui
a fait les cieux et la terre. Il ne permettra pas
que ton pied chancelle ; voici, Celui qui te
garde ne sommeillera point.
Ps.
121, 1. 2. 3.
Au début de toute nouvelle journée
qui lui est accordée, le chrétien
cherche la face de son Dieu. Il ne voudrait pas se
remettre au travail, reprendre son fardeau et sa
place au milieu de ses compagnons de route et de
labeur, sans s'être approché de Celui
qui seul lui donnera force, sagesse, patience et
amour, et dirigera ses pas dans un chemin
sûr. À combien plus forte raison
n'éprouvera-t-il pas un besoin
impérieux de se remettre, avec tout ce qui
le concerne, sous le regard tutélaire du
Seigneur, son Maître, à une heure
semblable à celle que nous traversons ?
Dans cette matinée qui est celle de la
longue journée qui s'appelle une
année, nous sommes pressés de
demander à la Parole du Seigneur
l'instruction qu'il nous faut et d'implorer, sur
notre faiblesse et notre insuffisance, la
bénédiction de Dieu. Alors seulement
que le seul Puissant et le seul Bon nous aura
dit : Va, avec la force
que
je le donne, nous descendrons encouragés et
joyeux dans la lice où nous aurons à
courir. Si c'est son oeil qui nous guide, tout ira
bien ; si c'est son bras qui nous soutient,
nous pourrons faire notre oeuvre.
I
On voudrait savoir dans quelles circonstances se
trouvait l'auteur du psaume 121, lorsqu'il s'est
écrié : J'élève
mes yeux vers les montagnes d'où me viendra
le secours.
Était-il dans une situation
difficile, pleine d'incertitudes, de complications
et de peines ? Était-il en voyage,
menacé par quelque ennemi, courait-il
quelque danger ? Était-il en exil, sur
quelque terre étrangère, où il
avait besoin de toute sa foi pour demeurer ferme et
ne pas douter du Dieu d'Israël ? Qui le
dira ? Le fait est qu'au lieu d'arrêter
son regard sur les choses et les hommes, sur tout
ce monde qui voudrait le troubler ou l'intimider,
ou sur quelque détail assez puissant pour
appeler son attention, il élève les
yeux vers les montagnes d'où lui viendra le,
secours. Et ces collines qu'il cherche du regard,
ce sont celles de la Ville sainte, ce sont celles
où se trouve le temple de l'Éternel,
ce sont celles sur lesquelles, tant de fois, on
avait vu descendre la gloire du Seigneur et
où, tant de fois, le pauvre, le
misérable et le perdu
avaient trouvé le salut. C'est vers
Jérusalem, la cité de Dieu, c'est
vers le Dieu vivant lui-même que le Psalmiste
élève les yeux.
Bel et bon exemple que celui qu'il nous
donne ! Le coeur de l'homme est disposé
à interroger la terre sur son avenir. Il
voudrait savoir ce que sera pour lui le lendemain
rempli de mystère au-devant duquel il
marche, et lui arracher ses secrets, ses promesses
et ses garanties. Il voudrait pouvoir se dire qu'il
échappera à ce qu'il redoute et que
sa main réussira dans ce qu'il entreprend.
Il voudrait prendre des mesures et des
précautions, bien établir son calcul,
planter les jalons de sa route. Hélas !
plus il fixe les yeux sur cette terre où il
va poursuivre sa course, plus aussi il se trouble,
plus il doit se dire qu'il demande et qu'il tente
l'impossible et que, dans la voie choisie par lui,
tout est peine perdue. Qui donc ne le
saurait ? Il n'y a dans les choses d'ici-bas
rien qui soit de nature à nous
rassurer ; tout, dans ce domaine-là,
est incertitude ; il n'y a que du sable
mouvant. Oh ! qu'il a été bien
inspiré, qu'il a été sage, cet
homme de l'ancienne alliance, qui, au milieu d'une
vie semblable à la nôtre, a dit cette
parole : J'élève mes yeux vers
les montagnes d'où me viendra le secours.
Élever nos yeux, ne plus leur permettre de
planer, effort inutile, sur le long chemin qui est
ouvert devant nous ; leur interdire de
chercher la terre qui, pour les attirer, exerce un
étrange pouvoir - élever les porter
notre regard vers les montagnes
inébranlables,
arrêter notre âme sur le rocher, c'est
là ce qu'il faut dans ce jour. Et le rocher,
pour nous, enfants de la nouvelle alliance,
rachetés de Jésus-Christ, ce n'est
plus celui qui portait le sanctuaire d'Israël,
image et figure seulement de ce qui nous
était réservé à nous.
Le rocher vers lequel nous regardons, C'est ce
Dieu, qui, par le sacrifice du Calvaire, est devenu
un Père pour ceux qui croient ; c'est
ce Dieu Sauveur dont l'Eglise de Christ
connaît la puissance et l'amour et dont elle
bénit le saint et grand nom. Plein de
bonté, il demande que notre oeil le cherche
et que notre main, faible et impuissante, se pose
dans la sienne pour trouver du secours.
II
Mon secours vient de l'Éternel qui a fait
les cieux et la terre, s'écrie le croyant
d'autrefois. Au nom de Jésus-Christ et dans
la foi que donne ce Sauveur, répétons
cette parole ; gravons-la sur les linteaux de
nos portes. On a dit non sans raison que le
chrétien est tout à la fois l'homme
le plus craintif et l'homme le plus courageux. Bien
mieux que l'enfant de ce monde, l'enfant de Dieu
sait que le secours ne lui viendra pas de la terre.
Pour lui, les illusions sont détruites. Il
connaît la vérité, puisque,
à la lumière de ses
expériences, de la Parole de son Dieu et du
Saint-Esprit, la vanité et l'inconstance des
chosesd'ici-bas se sont
pleinement dévoilées à ses
yeux. Il se connaît avant tout
lui-même ; il sait que ce serait faire
preuve de témérité et de folie
que de se fier à un coeur semblable à
celui qui bat dans sa poitrine et qui tant de fois
déjà, n'a pu suivre le droit chemin.
Non, ce ne sont ni les hommes, ni les
circonstances, ni sa prudence, ni son
expérience, ni l'excellence de ses
intentions qui lui feront trouver la voie du
bonheur et de la paix. Rien de tout cela ne le
maintiendra debout dans l'épreuve et dans la
détresse. Rien de tout cela surtout ne lui
donnera d'échapper à son ennemi
redoutable, le péché. Que de fois
n'a-t-il pas déjà été
surpris, terrassé, dépouillé
de son dernier reste de gloire, en un clin d'oeil,
au moment où il s'y attendait le
moins ! 0 heures de défaillance
spirituelle et morale, heures de suprême
humiliation, c'est vous qui avez achevé de
faire de celui qui, de nature, portait le front
haut et se flattait de tenir tête aux
événements, un homme faible et
craintif ! C'est vous qui, après avoir
anéanti l'orgueilleuse présomption
d'un St-Pierre, avez accompli le même
ministère de dépouillement pour tant
d'autres ! C'est vous qui avez appris à
un St-Paul à tenir ce langage d'une grande
humilité : Ce n'est pas que nous soyons
capables de penser quelque chose comme de
nous-mêmes. Vraiment, je ne puis
m'étonner qu'un chrétien, aussi
longtemps qu'il songe à ce qu'il est, lui,
et à ce que sont les hommes et la terre,
soit envahi de crainte et se demande comment tout
cela se terminera.
Mais ce même homme, ce même
chrétien sera-t-il vaincu par le
découragement, continuera-t-il à
craindre, lorsque, en suivant l'exemple du
Psalmiste, et en élevant son regard vers les
montagnes, il se sera écrié par la
foi : Mon secours vient de l'Éternel
qui a fait les cieux et la terre ?
Il serait difficile de l'admettre, et
l'histoire de plus d'un d'entre ceux qui ont cru
m'apprend qu'il n'en sera pas ainsi. Convaincu de
sa faiblesse et de son manque de savoir-faire,
craignant une tâche trop lourde pour ses
épaules, Moïse laisse échapper
de son coeur oppressé ce soupir : Si ta
face ne vient, ne nous fais point monter d'ici.
Mais ce même Moïse, comprenant que le
secours de son Dieu lui est assuré, marche,
indomptable héros, à la tête
des tribus d'Israël. Écoutez l'auteur
du psaume 93: Les fleuves ont élevé,
ô Éternel ! les fleuves ont
élevé leur voix ; les fleuves
élèvent leurs flots bruyants.
C'est le cri de l'homme qui sait qu'il
suffirait d'un rien pour le faire périr.
Mais toi, ô Éternel, tu es puissant
dans les hauts lieux : plus que la voix des
grandes eaux, des flots puissants de la mer, tes
témoignages sont la fermeté
même ; tu es de toute
éternité.
C'est l'homme rassuré, l'homme
fort, puisqu'il connaît et qu'il aime le
Tout-Puissant. Voyez St-Paul. Ses confessions vont
au-delà de ces aveux d'impuissance que je
citais tout à l'heure. Il se nomme le
premier des pécheurs et toutefois,
saisissant par la foi la main de son Dieu Sauveur,
il s'écrie : Je puis tout par Celui qui
me fortifie.
Demandez-lui ce qu'il entend par
là et vous apprendrez que
ce croyant, humilié par son passé et
son présent, ne redoute plus ni la
pauvreté ni l'abondance et qu'il a appris
cette grande chose, introuvable chez l'enfant du
siècle présent, qui se nomme le
contentement d'esprit.
Mes frères, nous ne pouvons
penser que cette paix du coeur, cette vaillance
chrétienne ne doivent être le
privilège que de quelques-uns. À tout
homme qui croit, il sera fait selon sa foi ;
sa foi, ne fût-elle pas plus grosse qu'un
grain de sénevé trouvera la
récompense qui lui est promise. Dieu
lui-même n'a-t-il pas donné un signe
aux hommes ? N'a-t-il pas marqué ce
jour de l'an d'un nom qui est le salut
même ? Huit jours après la
naissance de l'enfant de Bethléem, on lui
donna le nom de Jésus, ce qui signifie
secours et Sauveur.
Toutes les fois donc que l'année se
renouvelle et que nous sommes appelés
à reprendre notre bâton de
pèlerinage, le nom qui se présente
à nous le premier, c'est le nom de
Jésus. Nous ne ferons pas un pas de plus
sans avoir appris que nous avons un Sauveur, dans
la personne duquel le Tout-Puissant est venu et
vient encore s'associer à notre vie. Heureux
croyants de la nouvelle alliance ! Vous
serait-il difficile de répéter, vous
qui connaissez Jésus et auxquels
Jésus se donne : Mon secours rient de
l'Éternel qui a fait les cieux et la
terre ? Difficile d'aller de l'avant et de
mettre le pied dans le vide ? Difficile,
d'avoir confiance ?
III
Mes frères, sur les lèvres du
Psalmiste qui ne savait pas tout ce que nous
savons, pour lequel le crépuscule n'avait
pas encore fait place au grand jour, nous trouvons
cette belle parole qui respire le repos et la
paix : Il ne permettra pas que ton pied
chancelle ; voici, celui qui le garde ne
sommeillera point.
Cet homme voit la vie telle qu'elle est.
Il ne se cache pas qu'il trouvera sur sa route des
pierres d'achoppement et de chute ; mais il
sait aussi par la foi que son Dieu, au moment du
danger, se tiendra à ses côtés
et l'empêchera de tomber. Il ne se fait point
illusion quant à sa propre faiblesse ;
le sommeil le surprendra : l'ennemi
s'approchera de lui sans être vu, mais son
Dieu ne sommeillera jamais et saura le garder.
C'est ainsi que cet être fait de
poussière, ce roseau qu'un rien pourrait
briser, ce pécheur au coeur inconstant,
repose avec assurance entre les bras de son Dieu.
Il aime son Dieu et son Dieu l'aime, cela lui
suffit.
Croyons-le, mes frères !
Notre Dieu et Père en Jésus-Christ
veut, cette année encore, se charger de nos
affaires, de la direction de nos vies, être
notre garant, notre protecteur, notre chemin, notre
lumière. Imposons silence, une bonne fois,
à la voix du doute qui
voudrait faire entendre ses mais et ses comment. Il
ne permettra pas que ton pied chancelle ;
voici, celui qui le garde ne sommeillera
point : c'est à cela que nous en
resterons. C'est cette parole de confiance absolue
que nous prierons le St-Esprit de graver dans nos
coeurs, d'expliquer à notre esprit,
d'appliquer à nos circonstances
individuelles, d'illuminer du rayon d'en haut qui
nous est personnellement nécessaire. Qu'elle
apporte, de la part du Maître du ciel et de
la terre, aux uns ceci, aux autres cela, suivant
leurs besoins, et qu'elle nous laisse, nous tous,
sous cette impression que cette nouvelle
année sera encore, pour nous qui croyons,
une année de grâce et de
bienveillance. Or, à Celui qui peut faire et
qui fera bien plus que nous ne demandons et que
nous ne pensons ; à Celui qui peut nous
préserver de toute chute et nous faire
paraître sans tache et comblés de joie
en sa glorieuse présence, à lui, le
Roi des siècles, immortel, invisible,
tout-puissant, seul sage et notre Sauveur, soient
hommage, louange et gloire. Amen.
Jésus-Christ à la porte de l'homme.
Voici, je me tiens à la
porte et je frappe ; si quelqu'un entend ma
voix et m'ouvre la porte, j'entrerai chez lui et je
souperai avec lui et lui avec moi.
Apoc.
III, 20.
La marche spirituelle des chrétiens de
Laodicée, l'une des sept Églises
d'Asie Mineure du premier siècle,
était loin d'être satisfaisante. Il y
avait là de grandes faiblesses et des
défaillances effrayantes. Cette
Église, envahie par la tiédeur,
était sous la menace de cette parole
sévère entre toutes : Je te
vomirai de ma bouche. Mais, ô patience,
ô bonté, ô miséricorde
divines ! c'est à elle aussi qu'est
adressée cette parole presque sans
égale pour mon coeur, tant elle respire
l'amour de Dieu pour les égarés et sa
grâce offerte au pécheur : Voici,
je me tiens à la porte et je frappe ;
si quelqu'un entend ma voix et m'ouvre la porte,
j'entrerai chez lui et je souperai avec lui et lui
avec moi.
L'appel, aujourd'hui, s'adresse à
nous. Il nous cherche, nous qui, peut-être,
sommes spirituellement timides comme les
chrétiens de Laodicée. Que Celui qui
ne veut pas la mort du pécheur, mais qui
n'aspire qu'à sauver ce qui est perdu, nous
donne aussi d'écouter.
I
Dans une belle page de l'Évangile,
Jésus, désireux d'encourager à
la prière ceux qui l'entouraient, place
l'homme faible et indigent à la porte de
Dieu : Frappez, dit-il, et l'on vous ouvrira.
Il n'y a là rien qui étonne, si ce
n'est la permission qui nous est donnée,
à nous, pauvres pécheurs, de nous
approcher du Seigneur des cieux et de la terre,
d'avancer notre main, de faire signe que nous
sommes là, que nous attendons et que nous
demandons à être reçus. Mais
après tout, la situation, ici, est normale.
Le petit à la porte du grand, l'indigent
à la porte du riche, la créature
à la porte du Créateur, dont elle
dépend pour toutes choses : cela ne
surprend personne.
Mais intervertissez les rôles,
mettez le riche à la place du pauvre, le
maître à la place du serviteur, le
saint à la place du pécheur, Dieu
à la place de l'homme, dites que c'est vous
qui êtes dans la maison, et que celui qui
frappe, c'est Dieu en Jésus-Christ, et il y
aura de quoi vous étonner. Qui donc, si le
Témoin fidèle et véritable ne
l'avait ordonné, aurait osé
écrire cette ligne, employer ces termes
destinés à nous dire la
manière d'agir de Jésus-Christ venant
à nous au nom de Dieu : Voici, je me
tiens à la porte et je frappe !
Comment ? Ce Jésus auquel toute
puissance a été donnée dans
les cieux et sur la terre, qui ouvre et
personne ne ferme, qui
ferme et
personne n'ouvre ; ce Jésus, devant
lequel, un jour, tout ce qui est dans le ciel et
sur la terre et sous la terre fléchira le
genou et que toutes les langues, avec les accents
d'une humble et fervente adoration, appelleront le
Seigneur ; ce Jésus qui a laissé
sa vie pour nous, afin de nous racheter à
Dieu par son sang et auquel seul nous devons notre
salut ; ce Jésus auquel nous nous
devons nous-mêmes en retour de son sacrifice
et auquel nous ne saurions nous refuser, sans nous
rendre coupables de la plus impardonnable
ingratitude, ce Jésus, ce Sauveur se
tiendrait à notre porte comme un suppliant,
l'oreille tendue, se demandant à
lui-même si celui qu'il est venu chercher et
honorer de sa visite, voudra bien lui permettre
d'entrer, daignera lui accorder au foyer la place
qu'il désire, ou bien lui répondra
par un refus ? Comment ?
Quoique assis avec son Père sur
le trône il serait encore aujourd'hui doux et
humble de coeur à tel point qu'il viendrait
à nous plein de condescendance, à
nous, la race orgueilleuse, satisfaite
d'elle-même, fière de ses vertus
jusqu'au milieu de ses misères qui
éclatent de toutes parts ? Eh
bien ! oui ; cette humiliation devant
laquelle nous reculerions, Jésus
l'accepte ; cette douceur, cette patience que
nous refuserions si elles nous étaient
demandées, Jésus les pratique, non
point ici et là seulement, mais partout,
mais toujours, mais aujourd'hui et pour chacun. Mon
frère, quelque nom que tu portes,
Jésus se tient à la porte et il
frappe.
As-tu compris ? Jésus, ton
invisible et céleste Ami auquel,
peut-être, tu as peu pensé, que tu as
peut-être renié par ta conduite,
oublié, attristé et couvert
d'opprobre, Jésus auquel tu as
préféré les hommes et les
objets de ton choix, Jésus se tient à
la porte et il frappe. Sais-tu qu'il lui serait
facile d'en forcer l'entrée et de
pénétrer dans ce coeur qui a l'air de
vouloir lui demeurer fermé, par la voie de
ses jugements, dans le chemin de l'épreuve,
laissant à droite et à gauche les
débris de ce que tu appelles ton bonheur,
semant la désolation et répandant les
frayeurs de son nom redoutable ?
Quelquefois, par amour, se trouvant
privé de tout autre moyen, il a recours,
pour vaincre la résistance d'un pauvre coeur
humain, à cette extrémité
qu'il redoute. Mais, le plus souvent, n'abandonnant
pas la confiance dont il nous juge encore dignes,
nous dont il connaît pourtant le
péché ; se convainquant
lui-même que nous finirons par
écouter, - le plus souvent, dis-je, il
frappe avec douceur, il frappe avec la
persévérance de la charité, il
frappe comme quelqu'un qui espère tout et
qui croit tout. Ces appels qui te parviennent par
le moyen de sa parole, par l'étude de la
Bible, par la prédication chrétienne,
comme aussi par la voix des
événements de ta vie, des choses que
tu apprends et qui attirent tes regards, ou bien
par celle d'un ami, d'un voisin, d'un parent ;
ces appels que le Saint-Esprit t'a adressés
sans intermédiaire humain ; ces appels
dont tu te souviens, mais
auxquels, peut-être, tu
n'as point pris garde, c'est la main de
Jésus-Christ, frappant à la porte,
c'était ton Seigneur et ton Dieu te
demandant de le recevoir. Ces appels qui
retentiront encore à ton oreille, qui se
multiplieront, qui revêtiront des formes
toujours nouvelles, ce sera encore lui,
Jésus, te priant d'ouvrir. Cet appel,
qu'à ce moment, au nom de mon divin
Maître, je t'adresse, je n'hésite pas
à le dire : c'est lui, s'approchant de
toi.
II
Et la suite ? Tout appel demande sa
réponse. La réponse, l'avons-nous
donnée, la donnerons-nous aujourd'hui ?
Et notre réponse, qu'a-t-elle
été, ou que sera-t-elle ?
Ah ! si c'était nous qui eussions
frappé à la porte de Dieu, je ne
serais pas embarrassé pour vous dire comment
nous aurions été reçus :
Cherchez et vous trouverez, demandez ; et il
vous sera donné, frappez et l'on vous
ouvrira. Jésus l'a affirmé au nom de
son Père, et l'expérience
chrétienne de tous les siècles vient
à l'appui de sa parole. Dieu ouvre quand la
main souillée du pécheur touche
à la porte de son palais ; le mendiant
est admis, écouté, nourri,
vêtu, fortifié d'âme et de
coeur ; il est accueilli comme un enfant
bien-aimé ; il est pardonné,
justifié, sanctifié et tous les
trésors du ciel sont à lui. Mais
souvenons nous que le cas qui
nous occupe est autre. Ce n'est pas nous qui sommes
à la porte de Dieu ; c'est Jésus
qui se tient à la nôtre.
Hélas ! l'accueil que lui fait l'homme
diffère fort souvent, d'une manière
étrange, de l'accueil que Dieu
réserve au pécheur venant à
lui.
Laissez-moi, mes frères, examiner
ici de près la conduite de ceux par lesquels
Jésus voudrait être reçu. Elle
ne sera pas toujours identique, là
même où elle a ceci de commun qu'elle
équivaut à un refus. Je remarque,
d'abord, dans nos rangs des hommes qui trouvent sa
visite gênante, qui se demandent ce qu'il
peut bien leur vouloir, qui s'effraient et qui
s'irritent à la pensée qu'il puisse
venir réveiller leur conscience endormie,
leur ordonner de couper la main qui les fait tomber
dans le péché, d'arracher l'oeil qui
les fait broncher. Ils feront savoir à ce
Sauveur qui frappe, qu'ils ne sont pas chez eux.
Chez eux, ils le seraient pour leurs amis, leurs
compagnons de plaisir, les hommes de leur parti,
n'importe qui, mais pour ce Sauveur qui les jugera
au dernier jour et qui vient les presser
d'être réconciliés avec Dieu,
non, quand il vient, lui, ils sont absents ! -
Je remarque, en second lieu, les affairés,
les hommes, les femmes, j'allais dire les enfants
même, pour lesquels la vie quotidienne se
remplit, chaque jour de nouveau, de tâches
qu'il faut accomplir. Toujours plus difficile,
parce qu'elle s'éloigne de plus en plus de
la salutaire simplicité d'autrefois,
toujours plus laborieuse et plus envahie par les
inquiétudes et les
soucis, se compliquant
d'année en année, l'existence humaine
a l'air de dégénérer en une
lutte qui ne connaît pas de repos.
Seriez-vous surpris, dès lors, que plusieurs
d'entre ceux à la porte desquels
Jésus vient heurter, lui répondent,
avec regret, je le veux bien, avec une parole
d'excuse, ou bien une promesse pour l'avenir :
Je n'ai pas de temps à te donner !
Pas de temps ! pour le grand
réparateur des forces de l'âme et du
corps ?
Pas de temps ! pour ce Jésus
qui répondit au tentateur : L'homme ne
vit pas de pain seulement ?
Du temps pour le travail, les champs,
l'établi, les soins de la maison,
l'instruction de l'école, la lecture, les
mille devoirs qui se pressent sur le chemin de la
vie, mais pas de temps pour Jésus-Christ et
ses divines leçons ! Ne vous
êtes-vous jamais dit ce qu'il y a là
d'affligeant pour le visiteur céleste, et de
dangereux pour ceux qui l'éconduisent de la
sorte ? Une seule chose est
nécessaire ; à quoi donc
servirait tout le reste à ceux qui
l'oublieraient ? - Je remarque encore d'autres
portes qui ne s'ouvrent pas. Jésus frappe et
demande à entrer, parce qu'il voudrait enfin
s'approcher du coeur avec les directions
spirituelles qu'il a à lui donner, lui
parler, dans le silence, de ceci et de cela, le
rendre attentif à tel devoir de la vie
chrétienne qu'il a négligé,
l'instruire par son Saint-Esprit, le fortifier pour
le combat, le remplir de plus de patience,
d'humilité, de foi, de charité et
d'espérance. Il y a là toute une
éducation spirituelle qui n'est pas faite et
qui doit se faire. Sinon, cet
homme, cette femme ne
seront pas
propres pour le royaume de Dieu.
Mais voici qu'aucune voix ne
répond à Celui qui frappe. Pas
à la maison ? Mais où
donc ? Absents au service de quelque bonne
oeuvre, en tournée de visites
chrétiennes, à quelque réunion
intéressante, à quelque
comité, à quelque vente de
bienfaisance ! Absents pour travailler
à l'avancement du règne de Dieu, pour
remplir le devoir de témoins, pour en gagner
d'autres à une vie nouvelle et pour les
amener à la foi ! Absents !
oh ! pour quelque ministère excellent,
pour quelque cause digne d'efforts et de
sacrifices, mais absents, absents à l'heure
où Jésus aurait voulu nous trouver
seuls, absents pour parler, nous, à l'heure
où il nous aurait voulus silencieux et
recueillis, à ses pieds, occupés de
notre salut personnel et remplis d'une seule
préoccupation : gagner Christ pour
nous-mêmes et être trouvés,
nous, eu lui. Il est des choses, - et ce ne sont
pas les moins importantes de la vie
chrétienne, - que l'on n'apprend que seul
à seul avec Jésus-Christ. Et
n'être pas là quand il vient nous les
enseigner, oh ! quelle erreur !
III
Mes frères, qui n'aurait jamais vu, qui
ne connaîtrait pour s'en être rendu
coupable lui-même, quelqu'un de ces
refus ? Hâtons-nous de mettre en regard
de ces souvenirs qui
devraient
nous couvrir de confusion, le devoir dont
l'accomplissement sera pour nous une suprême
bénédiction. Que nous dit le
Seigneur, à nous qui ne méritons pas
qu'il s'occupe dé nous ? Voici, je me
tiens à la porte et je frappe ; si
quelqu'un entend ma voix et m'ouvre la porte,
j'entrerai chez lui et je souperai avec lui et lui
avec moi.
Ouvrir, comme l'on ouvre à un
hôte de distinction ; ouvrir, en
acceptant l'honneur qui nous est fait ;
ouvrir, avec l'empressement du perdu qui voit
entrer son salut ; ouvrir, en disant à
Celui qui vient : Parle, Seigneur, car ton
serviteur écoute ; ouvrir, en
permettant à ce Sauveur de disposer à
son gré de la demeure de notre coeur, d'y
apporter ce qui lui semble y faire défaut,
d'en faire disparaître ce qui lui
déplaît ; ouvrir, en le suppliant
de répandre sa lumière sur notre
être tout entier et de faire de nous des
créatures nouvelles ; ouvrir
résolument et pleins de joie : oui,
voilà pour nous le devoir. Être
attentifs pour que les bruits de la terre ne
couvrent pas la voix de Jésus-Christ qui
nous cherche ; ne pas laisser passer le moment
béni où sa fidèle et tendre
main fera entendre le signe de sa visite,
voilà encore et toujours pour nous le
devoir, et ce devoir, voilà le bonheur, le
grand bonheur, le seul bonheur que ni le temps, ni
la terre, ni aucune puissance ne pourront ravir
à celui qui le possède, le bonheur du
ciel, descendu sur ce monde de misère. Chez
cet homme que le péché et la terre
avaient rendu aveugle, misérable, pauvre et
nu, chez cet homme qui ignorait
la paix et le repos de l'âme, entrera
Jésus-Christ, Celui dont on disait, dans les
jours de sa chair : Il mange et il boit avec
les gens de mauvaise vie. Il s'installera à
la table de celui qui l'a reçu, non point
comme un intrus qui serait venu prendre le bien
d'autrui, mais comme un ami apportant avec sa
personne de quoi répondre à n'importe
quel besoin. Je souperai avec lui et lui avec
moi : me demanderez-vous
l'interprétation de ces images ?
Le repas pris en commun, en Orient,
c'est la communion établie entre les
convives ; ce sont des relations
d'amitié nouées aux yeux de
tous ; ce sont des promesses de confiance et
de protection mutuelles. Je ne puis douter,
après cela, que Jésus, dans
l'emblème qu'il a choisi, n'ait voulu
signaler à l'homme qui lui aura ouvert la
porte, une grâce grande entre toutes, la
grâce de vivre dans sa communion, de l'avoir
pour ami de tous les jours, pour Sauveur dans
toutes les détresses, pour rédempteur
miséricordieux et tout-puissant.
Pourvu que je gagne Christ, s'est
écrié un apôtre, en
dévoilant par là le dernier
désir de son coeur et la suprême
ambition de son âme. Et Jésus-Christ,
avant même que nous ayons
répété cette parole de
St-Paul, se montre pour nous d'une infinie
bonté. Il est là, mon frère,
Celui dont ton coeur a soif plus que tu ne le
penses. Il est là, à la porte, ce
Sauveur qu'il te faut à tout prix, parce
que, sans lui, il n'y aura pour toi ni paix
ici-bas, ni bonheur dans la vie à venir. Il
est là, il frappe, il attend, il s'offre,
il te demande de lui ouvrir
la
porte, il te rend ton salut bien facile. Et tu
pourrais lui refuser ce coeur où il cherche
sa place, donner ce coeur, - puisqu'il faut qu'il
se donne, - à quelque maître qui le
tyrannisera et le plongera dans le malheur ?
Non, mon frère, cela ne se doit
pas ! Cela ne se peut pas ! Sans retard,
dis à Jésus, dis-lui aujourd'hui,
dis-lui tous les jours : Entre, béni de
l'Éternel, pourquoi te tiendrais-tu
dehors ? Amen.
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