VOIR JÉSUS
LES QUATRE ÉVANGILES
-
Sermon prêché
à l'Oratoire du Louvre,
-
le 2 Mai 1937,
-
par le pasteur WILFRED MONOD.
À
Jérusalem, des Grecs abordèrent
Philippe lors de la fête, et lui
dirent : Nous voudrions bien voir
Jésus !
Jean
12/20, 21.
Lire :
Proverbes IV et
VIII, 1 à 13,
30 à 36.
Marc 1/14 à 45.
MES FRÈRES,
Ce chétif incident, vieux de deux mille
années, resté inaperçu des
pèlerins qui remplissaient le temple de
Jérusalem et ses vastes dépendances,
revêt un aspect tout moderne. Voir, encore
voir, toujours voir, se ruer sur les journaux
illustrés, étouffer devant
l'écran du cinématographe, ou bien
s'écraser mutuellement au long d'un trottoir
durant d'interminables heures dans l'attente
fiévreuse d'un cortège, voilà
quelques traits de l'humanité
présente ; on pourrait lui appliquer la
remarque ironique de l'Ecclésiaste :
« L'oeil ne se rassasie point de
voir. »
Les religions spiritualisées
condamnent cet insatiable appétit de la
vue ; elles abandonnent aux sorciers
préhistoriques, penchés sur de
palpitantes victimes, la sauvage passion de scruter
du regard des entrailles. Les pionniers de la
piété « pure et sans
tache », et du culte « en
esprit et en vérité », se
dressèrent ici-bas en audacieux champions du
monde moral et de l'univers impondérable.
Saint Paul s'écrie : « Les
choses visibles sont passagères, les
invisibles sont éternelles. » On
lit dans l'épître aux
Hébreux : « La foi est une
certitude absolue des choses qu'on ne voit
point. » Le Christ lui-même
déclare dans le quatrième
Évangile : « Heureux ceux qui
n'ont pas vu et qui ont
cru ! »
Ces affirmations convergentes et
décisives devraient, semble-t-il,
empêcher les chrétiens d'accepter
l'idéal formulé dans notre
texte : « Voir
Jésus. » Et pourtant, l'un des
auteurs du Nouveau Testament écrivait aux
membres de l'Eglise primitive : « Ne
quittons point Jésus des
yeux ! »
(Hébreux XII :
2).
Il n'y a là nulle
contradiction. Nous savons tous par
expérience que la contemplation du Sauveur,
loin de nous détourner des
réalités invisibles, célestes,
spirituelles, nous introduit dans l'ineffable
communion d'un Dieu qui est Esprit. Mais ce Dieu,
précisément - (et voilà le
paradoxe inouï, le paradoxe libérateur,
de la révélation chrétienne) -
ce Dieu Esprit est le Dieu de l'Incarnation,
manifesté dans la Parole faite chair :
Jésus homme centralisait comme un miroir des
rayons diffus, telle une lentille convergente qui
recueille dans l'espace des énergies
inaperçues et allume une soudaine
flamme.
On m'objectera :
« Ne
jouez pas sur les mots !
Impossible de voir Jésus
ici-bas, d'une manière concrète, au
sens où les prosélytes grecs le
souhaitaient ; voeu que partageait le
percepteur qui grimpa dans un arbre pour apercevoir
le Messie ; désir aussi, ou
plutôt fantaisie, du triste sire, le roi
Hérode, pendant la matinée du premier
Vendredi saint. »
Voilà une remarque pleine de
bon sens ; elle n'avait pas
échappé à l'apôtre
Pierre quand il écrivait :
« Jésus ? Vous croyez en lui
sans le voir. » Les visions mêmes
du Seigneur glorifié, octroyées
à saint Paul, n'intéressaient pas le
nerf optique : « Étais-je
dans mon corps, se demande l'apôtre, ou hors
de mon enveloppe corporelle ? »
Question qu'il aurait formulée aussi
à propos de l'éblouissement sur le
chemin de Damas : « N'ai-je pas vu
Jésus, notre Seigneur ? »,
écrit-il. Certes. Mais une telle vision se
distinguait de la simple vue.
Aujourd'hui, la forme de
Jésus ne s'inscrit plus
matériellement sur aucune
rétine ; elle n'est perceptible que sur
le plan spirituel. Les chrétiens, par
exemple, prennent an sérieux la parole du
Fils de l'homme : « Ce que vous avez
fait à l'un de ces plus petits de mes
frères, c'est à moi que vous l'avez
fait. » Dans ce sens-là, vous
pourriez tout à l'heure visiter le Christ
à l'hôpital ou dans une prison. Vous
l'avez sans doute rencontré aussi dans une
réunion de prière, on dans le culte
public : « Quand deux ou trois sont
réunis en mon nom, je suis
là. » Bien plus, vous avez le
droit et le devoir de saluer sa présence
dans tout disciple sincère, humble et
transfiguré, qui ose
répéter : « Ce n'est
plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en
moi. » Dans l'épître aux
Hébreux, il est même affirmé
que l'esprit d'un Christ universel, éternel,
animait déjà Moïse quand il
accepta la souffrance pour défendre un
peuple opprimé.
Je m'incline donc devant ces
réalités transcendantes ; si
l'on ne peut plus, de nos jours, apercevoir
Jésus dans le domaine matériel, on
peut le contempler spirituellement. Nous sommes
là devant un mystère ineffable, que
l'Eglise reflète en partie.
Mais prenons garde !
Attention
à l'illuminisme, aux fantaisies de
l'imagination, au vertige mystique. Si la
chrétienté en était
réduite, pour voir le Christ, à se
regarder elle-même, quelle désillusion
affreuse ou quel délire d'orgueil !
L'Eglise ? oui, mais contrôlée
sans cesse par l'Évangile. La vie
chrétienne ? oui, mais
vérifiée rigoureusement par
l'Évangile. « Pierre et
Paul » dans la paroisse, ou même
saint Pierre et saint Paul dans l'histoire, ou
encore Luther et Calvin au catéchisme ?
Oui, mais sous l'expertise, et sous l'exploration
suprême de l'Évangile, qui
apprécie en dernier ressort, et juge
souverainement. À nous d'essayer,
d'expérimenter, de tenter l'épreuve
décisive, en recourant toujours et partout
au creuset divin de l'Évangile.
Et ici, usons de précision.
J'entends par
« Évangile » un message,
assurément ; toutefois cet
Évangile est contenu dans quatre
« évangiles », dont le
texte demeure intangible ; et ces
récits historiques ne sont eux-mêmes
que les cadres d'un tableau, ou plutôt d'un
portrait, celui de Jésus le Christ.
Là, et seulement là, celui-ci restera
proposé, d'âge en âge, non
seulement à l'adoration de l'Eglise, mais
à la vénération du genre
humain ; je dirai, d'une manière plus
simple, qu'il s'agit pour chacun de nous,
pratiquement, de le contempler lui,
ici-bas.
Ainsi le christianisme
appartient,
sur notre planète, non à la fiction
mais à l'histoire ; il ne relève
même pas de la littérature, puisque
les auteurs sacrés nous ont rapporté
la Passion de leur Maître, sans une
épithète, sans un point
d'exclamation. Ils essayent de ne point
s'interposer entre le modèle et
l'image ; celle-ci est pour ainsi dire
stylisée, spiritualisée,
burinée en ses contours les plus nets ;
le noir et le blanc suffisent pour que le dessin de
la narration défie les siècles des
siècles.
Cela posé, je voudrais
maintenant concentrer votre attention sur les
besoins moraux, ou les circonstances religieuses,
auxquelles correspondent, tour à tour, dans
notre piété quotidienne, les
différents aspects des quatre
Évangiles.
Voici, d'abord, une remarque d'ordre
général. Dans le domaine des choses
de l'âme, la poussière de
l'accoutumance est particulièrement
nocive ; car les rouages de la vie
intérieure, très délicats,
sont vite obstrués ; de plus, les
nuances de la piété vraie sont d'une
telle finesse, qu'il faut les protéger
contre l'averse de cendre grise, impalpable et
obstinée, qui semble tomber sur notre coeur
du haut de quelque invisible volcan. Banales
conséquences du phénomène de
l'habitude. Oh ! combien cette poudre morne et
morte envahit notre conscience ! Oh !
combien l'on soupire après le souffle de
l'Esprit saint, capable de dissiper ce nuage
pulvérulent !
Mes frères, dans ces heures
de sécheresse et de langueur, recourez
à l'évangile de Marc, le plus bref,
le plus rapproché des
événements, le plus pittoresque.
L'auteur ne prend pas le temps de rien raconter sur
la naissance ou la jeunesse de son
héros ; il bondit vers le but, il
s'écrie : « Commencement de
l'Évangile de
Jésus-Christ. » Nous voilà
déjà en plein tourbillon de
l'activité du Sauveur ; celui-ci nous
est dépeint sous les traits d'un travailleur
puissant, d'un animateur que rien n'arrête ou
ne ralentit, et qui ne trouve pas le loisir de
manger. Et quels détails
inopinés ! « Jésus
dormait à l'arrière de la barque, la
tête sur un coussin... Il fit asseoir la
foule sur l'herbe verte... Levant les yeux au ciel,
il poussa un soupir ... Il promena son regard
à la ronde, avec indignation ...
Jésus marchait devant les disciples, et ils
le suivaient, tout effrayés... Jésus
ayant regardé le jeune homme,
l'aima. » Et les mots en araméen,
extraordinaires, conservés tout vibrants
dans cet évangile primesautier comme dans un
disque phonographique : Talitha koumi !
(5 ;
41), Ephphata !
(7 :
34), Abba !
(14 :
36).
Je vous en supplie, résistez
à la torpeur de l'ennui, à
l'insidieuse léthargie spirituelle, à
l'engourdissement par le froid des vieilles
traditions figées ! Ne murmurez jamais,
sur un ton dégoûté :
« La religion le culte, la prière,
c'est du déjà vu, du
déjà connu ; cela sent le
fossile. »
Non, non, alerte !
Ouvrez
l'évangile de Marc. Il ne faut pas longtemps
pour lire d'un trait cette brochure ; les
événements s'y pressent dans un va et
vient de navette rapide ; à peine
Jésus a-t-il prononcé quelques
paroles significatives, qu'on perçoit
déjà l'homicide rumeur des menaces
qui le survolent... Quel zèle du
Messie ! Quel élan ! Quel
branle-bas ! On est saisi soi-même,
entraîné. On est envahi par
l'impression merveilleuse qu'il s'est passé
quelque chose de définitif, de surnaturel,
en Galilée, sous le règne de
Tibère César ; et l'on croit
naïvement, joyeusement, que « c'est
arrivé ! » Alors on
s'enrôle ; on met l'épaule
à la roue, on offre subitement ses propres
services dans l'Eglise, on devient un volontaire du
Royaume de Dieu.
Maintenant, écoutez la suite. Une fois
lancés dans l'activité pratique,
même utile, aimante et belle, nous
découvrons avec mélancolie qu'elle ne
suffit pas à entretenir la vie de notre
âme ; nos réserves spirituelles
s'épuisent, quand nous n'essayons plus de
penser notre foi. Le surmenage ne nous fatigue pas
seulement, il nous vide. On remarque parfois dans
nos paroisses des hommes dévoués, des
femmes zélées, qui ne déplient
aucun journal religieux, qui ne consultent jamais
un livre élémentaire de
théologie, qui affament leur intelligence.
Grave péril pour la Vie spirituelle
profonde.
Voici le remède : lire
l'évangile de saint Matthieu. Il est
dominé, non plus seulement par le souci
de raconter, mais par la
préoccupation d'enseigner. L'auteur se
propose peut-être moins d'inspirer que de
démontrer ; il veut fonder la foi au
Christ, en prouvant que celui-ci était
préfiguré dans l'Ancien Testament,
comme le papillon dans la chrysalide.
« La formule : afin que fût
accompli, est comme un refrain,
répété à chaque page du
livre. »
Lisez le premier évangile en
notant les cinq chaînes de discours qui en
forment l'armature ; si l'on pouvait
représenter cet écrit-là en
relief, comme une carte géologique, on y
compterait au moins cinq massifs
parallèles : le sermon sur la montagne,
une instruction sur l'apostolat, une série
de paraboles consacrées au royaume des
cieux, des règles sur la discipline morale
à exercer entre chrétiens, enfin le
groupe de discours liés par l'idée
d'un jugement final que Jésus exercera en
vertu de sa dignité royale.
Quelle excitation à
l'étude, et en tous les cas au
recueillement ! Quel appel à la
pensée, et en tous les cas à la
méditation ! Certes le devoir, dans
l'Eglise, est de travailler : les plus humbles
activités sont voulues d'En-haut, sont
bénies, mais le labeur pratique, à la
longue, séparé de l'idée qui
l'éclaire et du savoir qui le
féconde, s'enlise ou s'endurcit dans une
monotonie désolante ; alors c'est le
mécanisme stérile, l'entêtement
de l'ignorance, ou le fanatisme
sectaire.
Et pourtant la pensée,
à son tour, demeure insuffisante pour
balancer les divers éléments du
caractère chrétien et en assurer
l'harmonie. Il exista une époque où
l'Eglise chrétienne donna une place
exagérée, démesurée,
à l'intelligence, à la raison, pour
interpréter l'Évangile ; on
versa la religion dans un moule philosophique,
emprunté à l'antiquité, et il
en sortit la théologie. Ce produit, assez
inattendu, offrait des signes de
fragilité.
Alors le clergé, inquiet,
soucieux de protéger contre la critique et
le doute l'orthodoxie officielle, finit
hélas ! par aboutir aux
anathèmes, aux persécutions ;
des fleuves de sang rejoignirent des fleuves
d'encre.
Pour échapper à la pente fatale de
l'intellectualisme, riche en aberrations et en
crimes, il faut méditer l'évangile de
Luc. Ici les paroles manquent pour formuler
l'impression exquise d'apaisement qui nous
envahit ; celle que nous éprouvons en
hiver, lorsqu'un pan de mur, ou un bouquet
d'arbres, nous abritent soudain contre la morsure
d'une bise glaciale.
Dans la dure civilisation
romaine,
celle des esclaves crucifiés et des combats
de gladiateurs, quel suave climat, quelles fleurs
de tendresse, quels parfums du coeur ! jamais
le genre humain n'avait respiré dans un tel
printemps de l'âme. Repassez les
récits ou les détails particuliers au
troisième évangile. Les
méprisés, les spoliés, les
parias, l'étranger et
l'hérétique, - et la femme
(séculaire et muette sacrifiée) - et
les disqualifiés, ceux qui ont manqué
leur vie, les gaspilleurs d'occasions perdues, et
les infirmes, et les pécheurs, tous les
voilà debout ; sans bruit, ils avancent dans
la direction du grand Miséricordieux, comme
les hôtes silencieux des forêts,
à l'aube, se dirigent vers une source
cachée. Une pitié intense et sainte
désaltère la soif des âmes.
« Mon fils, tes péchés sont
pardonnés ! Ma fille, ta foi t'a
sauvée ! » Et c'est le
paralytique, déposé devant le Messie
comme un paquet de souffrance, et Zachée
dans le sycomore, - c'est la malheureuse qui
effleure le bord de son manteau, - et la
méprisée qui baigne de ses larmes les
pieds qu'on devait clouer au pilori, - et ce sont
les paraboles du bon Samaritain, de la brebis au
désert, du fils prodigue, du péager
repentant, - et c'est le larron transfiguré
sur la croix.
Devant un pareil tableau, des
larmes
de gratitude et d'admiration mouillent nos
paupières ; car il ne s'agit pas
seulement d'une mièvre
sentimentalité, mais d'une compassion
virile, inséparable d'une capacité
magnifique d'indignation. Luc, par exemple, ne nous
transmet point la parole : « Heureux
les pauvres en esprit ! » Voici la
formule qu'il place hardiment sur les livres du
Messie : « Heureux, vous, les
pauvres ! Malheur à vous, riches !
car vous avez votre
consolation. »
Vous apercevez à quel point
les traits caractéristiques du
troisième évangile, joints à
ceux qui forment l'originalité respective
des récits de Marc et de Matthieu,
érigent devant nous la figure d'un
personnage extraordinaire, et qui dépasse
vraiment de la tête l'ensemble de
l'humanité. Assurément, le Messie ne
prétend pas rayonner sur le terrain de la
science ou de la philosophie, de l'art ou de la
littérature ; mais, dans le domaine qui
est le sien, celui de la conduite et de la
sainteté, il règne. Il s'impose tour
à tour, nous venons de le constater, soit
à la volonté avec
l'évangéliste Marc, soit à la
pensée avec l'évangéliste
Matthieu, soit au coeur avec
l'évangéliste Luc, - prouvant de la
sorte qu'il s'adresse non seulement à tout
homme, ici-bas, mais à tout l'homme,
c'est-à-dire à l'être humain
dans sa riche complexité, dans son
mystère insondable.
On ne peut nier que notre race
dévoyée, mise en face de lui, a
frémi d'un étrange
pressentiment ; elle devine une harmonie
préétablie entre sa propre
destinée, prolongée au-delà du
tombeau, et ce prince du monde moral qui nous fait
signe. Jésus lui-même avait
prévu, prophétisé ce
phénomène ineffable :
« Quand j'aurai été
élevé, par mon supplice, entre ciel
et terre, j'attirerai tous les hommes à
moi. » Attraction
irrésistible ; comme le métal
magnétisé soulève la limaille
de fer, le bois de la Croix amène à
soi les âmes. Par Jésus-Christ, en
Jésus-Christ, et sans savoir comment, elles
se découvrent elles-mêmes ;
unifiées intérieurement, elles
échappent à la dissolution
intime ; elles trouvent une raison de vivre et
un moyen de survivre ; bref, elles acclament
un Sauveur. Pourquoi ? Parce qu'elles
savourent avec stupeur, avec délices, dans
toutes les fibres de leur substance et dans les
retraites ultimes de leur être, le goût
miraculeux de la guérison, de
l'affranchissement, de la réhabilitation, du
salut.
Et voilà ce que nous garantit
avec splendeur le quatrième évangile,
celui que symbolisent, à la fois, la colombe
et l'aigle, terrestre colombe et aigle
céleste. Autour de quel visage tournent ces
ailes étendues ? Bien-aimés
frères, ne vous posez point de questions
subtiles et abstruses au sujet du dogme
traditionnel de la Trinité, selon
Athanase ; contentez-vous des vastes
affirmations du Nouveau Testament sur le
Père, manifesté dans le Fils, et
révélé par l'Esprit.
Bornez-vous à ouvrir l'Évangile selon
saint Jean ; lisez-le, relisez-le ;
emportez ces quelques feuillets dans vos
allées et venues ; scrutez-les à
genoux dans la solitude. Peu à peu, votre
coeur se réchauffera, votre âme
s'illuminera, et aucune puissance au monde ne vous
arrachera plus la certitude indéracinable
que vous possédez un Sauveur, le Sauveur.
Les orthodoxes chérissent avec raison le
quatrième évangile, parce qu'ils y
adorent le « Fils de Dieu ».
Les libres croyants chérissent de même
ces pages, où ils acclament le
« Fils de l'homme ». Plongez
éperdument dans ce gouffre de
lumière !
Pour conclure, entendez ces
paroles
sans analogue, si calmes et si puissantes qu'elles
dominent le tonnerre des bombardements
aériens sur notre frontière,
écoutez dans tout votre être le
retentissement (prolongé sans fin, à
la vie et à la mort), de ces paroles
glorieuses, qui resplendissent dans
l'évangile selon saint Jean comme le soleil
de minuit au-dessus de la banquise :
« Celui qui me voit, voit Celui qui m'a
envoyé... Celui qui m'a vu, a vu le
Père... La volonté de mon
Père, c'est que quiconque voit le Fils et
croit en lui ait la vie
éternelle. »
Ainsi soit-il. Amen.
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